JohnSmith a écrit :
Pourriez vous lire ceci s'il vout plait ???
Ce n'est pas un playdoyé de mauvaise fois pour le NON, c'est pour ca que je me permets de le mettre
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/02/CASSEN/11908
Mais lisez le texte en entier s'il vous plait, je pense que ca vaut le coup pour tout le monde. PLUS SPECIALEMENT : STEPHEN (et Zyx aussi) lis le texte STP et donne moi ton avis la conclusion est bien je trouve :
"Si les électeurs sont convoqués par le président de la République pour dire « oui » ou « non » à un texte, on peut présumer que chacune des réponses est pleinement légitime et quaucune ne met en danger la République ou lUnion. Sinon il serait irresponsable, voire passible de la Haute Cour, de la poser... Cest donc libéré de tout chantage et de toute tentative de manipulation que chacun, texte en main, doit faire son opinion avant de déposer son bulletin dans lurne"
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Moi je veux bien te donner mon avis mais ça risque d'être un peu sanglant
Sur le début :
Citation :
Ce nest pas le cas. Le débat, lorsquil a lieu, évacue à dessein la troisième partie dun traité dans lequel dominent les termes « marché », « banque », « concurrence » ou « capitaux ».
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Tout d'abord je trouve ça assez hallucinant de critiquer une partie III qui correspond à la mise au point de la politique économique de l'Union sous prétexte qu'elle contienne majoritairement des termes du champ lexical de l'économie. Ensuite je ne trouve pas du tout que le débat soit évacué à ce sujet, c'est du foutage de gueule intégral, il porte là-dessus depuis un bon moment.
Le journaliste enchaîne par un hors-sujet :
Citation :
Sil savise de comparer cette « Constitution » à celle de son propre pays, il constatera quelle est de dix à quinze fois plus longue (14,7 fois pour la France), ce qui ne plaide pas pour lobjectif proclamé de « rapprocher lEurope des citoyens »
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Tout d'abord, si le texte dit rapprocher l'Europe des citoyens c'est parce qu'il est plus clair que les précédents, et ça c'est incontestable : il remplace l'intégralité des traités et modifications de 57 à maintenant, à quelques exceptions près (EURATOM par exemple). Il oeuvre aussi pour le rapprochement dans le sens où il donne aux élus issus du suffrage universel direct plus de poids. Je ne vois pas comment on peut contester le rapprochement.
Je dis que c'est un hors sujet parce qu'à la rigueur la complexité du texte est un argument contre la procédure référendaire, pas pour ou contre le texte lui-même (pour lui faut être con pour voter oui à un texte qu'on ne comprend pas, je vois pas en quoi c'est plus con que de voter non).
Citation :
Se piquant au jeu et disposant de bons logiciels, il découvrira, pour sen tenir aux quatre parties du traité, que « banque » apparaît 176 fois ; « marché » 88 fois ; « libéralisation » ou « libéral » 9 fois ; « concurrence » ou « concurrentiel » 29 fois ; « capitaux » 23 fois ; « commerce » et ses dérivés immédiats 38 fois ; « marchandises » 11 fois ; « terrorisme » 10 fois ; « religion » ou « religieux » 13 fois (2).
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Encore une fois on joue au jeu de compter le nombre de fois où les mots apparaissent, ce qui est assez particulier comme exercice (j'avoue que je n'en comprends pas le sens, étant donné qu'on n'a pas le contexte). Je vois pas le problème avec le fait que le terme "terroriste" apparaît alors que le Traité parle aussi de sécurité intérieure (il me semble que négliger cette chose serait assez irresponsable, sans verser dans les délires sécuritaires), pareil pour le terme "religion" qui souligne probablement ici ou là que les discriminations sur la religion sont interdites.
Bref, je commence à trouver ce genre d'argumentaires assez déplaisant, pour ne pas dire gonflant. Il consiste à éviter le problème, mais c'est clair que c'est plus facile de demander à Word de compter le nombre de fois où le mot "marché" apparaît dans un traité parlant du marché commun que de se pencher sérieusement sur le texte et de démontrer ce en quoi il est un infâme brûlot libéral (j'en attends toujours la preuve d'ailleurs).
Citation :
Aucun de ces termes ne figure dans la Constitution française, à lexception de « commerce », que lon trouve deux fois, et de « religion », présent une fois. Le doute sinstalle alors chez notre amateur de mots : sagit-il bien dune « Constitution » européenne, quon lui a par ailleurs présentée comme laïque, ou bien dun copié-collé des statuts du Fonds monétaire international (FMI) et de la charte de lOrganisation mondiale du commerce (OMC), agrémenté dun coup de chapeau à M. George W. Bush pour le « terrorisme » et au Vatican pour la « religion » ?
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Voilà : on balance OMC, FMI, et Bush parce qu'on retrouve les mêmes mots. Remarquons au passage que le monsieur n'a pas compris que le mot "Constitution" n'est que symbolique et que le traité en remplace un autre. Je trouve ça complètement odieux, puant et délirant de parler de Bush ici, c'est de l'alarmisme pur et crétin. Si je prends le monde Diplo et que je compte le nombre de fois où "marché" apparaît c'est le chiffre du Diable qui est là. Est-ce la marque du FMI ?
On remarquera qu'il pose une question qui consiste à faire peur avec des épouvantails à la mode (le FMI, l'OMC et Bush), mais qu'il ne répond pas à sa question : est-ce la marque de ces gens là ? Je pense que c'est parce que l'affirmation est parfaitement grotesque et délirante, et qu'il n'a aucun moyen d'aller plus loin.
La suite du texte consiste à dire que les institutions sont méchantes parce qu'elles ne font pas voter les citoyens. Je trouve ça assez fort de café parce qu'il dit au début de son texte que le Traité est trop complexe pour être compris par monsieur tout le monde. En gros, il fallait un texte simple, si j'ai bien compris. C'est con, mais un texte simple pour gérer les rapports commerciaux et politiques de 25 pays c'est pas possible.
Il enchaîne avec "l'essence néolibérale" du texte toujours étayée par son argument ridicule du nombre de mots, visiblement prise pour acquise : il a donc répondu dans l'intervalle à sa question sur le FMI, l'OMC et Bush, malheureusement pas de manière très rigoureuse. Il revient encore une fois sur son décompte (trois fois dans le texte, c'est visiblement son seul argument). Il n'évite hélas pas les poncifs (on y trouve le classique "néoblibéralisme gravé dans le marbre" ). Lorsqu'il tombe sur une remarque parfaitement valide du Nouvel Obs ( "La Constitution européenne est-elle sociale ou libérale ? » : « Ni lun ni lautre. Une Constitution est un contenant et un contenu. Ce sont les dirigeants politiques qui influent sur le contenu et non les institutions " ), il l'évacue en tronquant un article :
Citation :
Admirable analyse juridique qui donne à penser que les rédacteurs nont pas lu la troisième partie, pourtant la plus volumineuse, intitulée, répétons-le cest nous qui soulignons « Les politiques et le fonctionnement de lUnion », et où est en permanence rappelé le primat de la concurrence et du marché. Jusquà labsurde : larticle III-131 stipule en effet que toutes dispositions doivent être prises pour « éviter que le fonctionnement du marché intérieur ne soit affecté par les mesures quun Etat membre peut être appelé à prendre en cas de troubles intérieurs graves affectant lordre public, en cas de guerre ou de tension internationale grave constituant une menace de guerre ». Pendant la guerre, les affaires continueront...
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Alors que l'article dit :
Citation :
Article III-131
Les États membres se consultent en vue de prendre en commun les dispositions nécessaires pour éviter que le fonctionnement du marché intérieur ne soit affecté par les mesures qu'un État membre peut être appelé à prendre en cas de troubles intérieurs graves affectant l'ordre public, en cas de guerre ou de tension internationale grave constituant une menace de guerre, ou pour faire face aux engagements contractés par lui en vue du maintien de la paix et de la sécurité internationale.
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En d'autres termes, ce que dit l'article c'est qu'un pays peut en cas de guerre prendre des mesures qui iront à l'encontre de la politique de l'Union, et que dans ce cas les autres pays tenteront de limiter la casse de leur côté. Dans l'esprit, c'est l'inverse de ce que l'article tronqué tend à faire croire, et c'est d'ailleurs confirmé par l'article qui suit immédiatement :
Citation :
Article III-132
Si des mesures prises dans les cas prévus aux articles III-131 et III-436 ont pour effet de fausser les conditions de la concurrence dans le marché intérieur, la Commission examine avec l'État membre intéressé les conditions dans lesquelles ces mesures peuvent être adaptées aux règles établies par la Constitution.
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En gros, on peut parfaitement déroger aux règles du marché. On regarde sur le moment si on peut faire quelque chose pour concilier. Le texte ne dit pas du tout que la concurrence aura le dernier mot sur le reste, tout au plus elle dit que si on peut faire les deux alors tant mieux (je vois pas ce qui choque). Bref, foutage de gueule délibéré ou interprétation bancale du texte.
Citation :
Dans le même livret, Le Nouvel Observateur indique que « la principale innovation concerne la reconnaissance de droits sociaux » dans la deuxième partie du traité, intitulée « La Charte des droits fondamentaux de lUnion ». En fait, ces droits nont de « fondamentaux » que le nom. Outre que leur contenu constitue une régression par rapport au droit national de nombreux pays (13) il y est question du « droit de travailler » et non du droit au travail ; d« accès aux prestations de sécurité sociale et aux services sociaux », ce qui suppose leur existence préalable, et non de droit à la sécurité sociale et aux services sociaux, etc. , leur champ dapplication est strictement circonscrit : ils engagent les Etats et les institutions européennes « uniquement lorsquils mettent en uvre le droit de lUnion » (article II-111).
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Visiblement il y a encore une grande méconnaissance ici. La Charte des Droits Fondamentaux est bien constituée de droit fondamentaux, je ne vois pas ce qu'il l'autorise à dire qu'ils ne le sont pas (ou alors il faut le justifier). Le fait qu'ils constituent une régression par rapport à certaines dispositions nationales ne gêne pas du tout étant donné que les législations se superposent. Ca améliorera les choses là où ça peut l'être, et ça ne changera rien ailleurs. Par ailleurs, leur champ d'application a beau être circonstrit il a le mérite d'exister par rapport à la situation qui prévaut actuellement. Au passage, la Charte pourra maintenant être invoquée lorsqu'il s'agit de contrôler si un acte est légal ou non, y compris s'il n'est pas du droit de l'Union, et il faudra tenir compte de l'esprit du texte et non du droit à la lettre. Que du bon, donc. Le type n'a RIEN compris, et c'est assez désespérant.
Je suis d'accord avec la conclusion : chaque réponse est légitime et le non n'entraînerait pas l'Europe dans le chaos. Ca ne veut pas dire que ce serait une bonne chose.
Je suis déçu par le Diplo sur le coup : il y a des choses à dire, mais ça, c'est du gros nawak. Se baser sur un décompte des mots pour dérouler une liste de griefs et lire des articles de travers c'est un coup à retourner Bourdieu dans sa tombe et ça me navre assez (m'enfin il ne peut pas y avoir que du bon).
Message édité par Profil supprimé le 24-03-2005 à 22:19:12