Un article que j'ai trouvé assez intéressant en ce sens qu'il résume pas mal la situation en Israel
http://www.lavoixdunord.fr/vdn/jou [...] ART1.shtml
PROFESSEUR de sciences politiques et de civilisation française à l?université de Tel-Aviv, Denis Charbit, 43 ans, a fait ses études secondaires en France avant de s?installer en Israël. Il est actuellement « professeur invité » , jusqu?au 13 février, à l?université de Lille III.
? Quels sont les enjeux de ce scrutin ?
« Ils sont majeurs au regard de la situation internationale et économique que connaît Israël. Pourtant, nous avons vécu une campagne décevante, très pauvre en thèmes et en projets. Comme dans toutes les démocraties, la publication des sondages tue la confrontation des projets. Ce scrutin prend la forme d?une compétition jouée d?avance. L?écart reste relativement important entre les travaillistes et le Likoud.
Les accusations de népotisme contre le Premier ministre n?ont pas renversé la tendance. Toutes les discussions portent sur les combinaisons gouvernementales et sur la future coalition introuvable. Sharon sait très bien qu?il lui sera extrêmement difficile de former un gouvernement avec une extrême droite qui mettra des conditions inacceptables à sa participation et dont la majorité de la population ne veut pas.
Finalement, il y a un côté désespérant dans ces élections. On ne sera pas plus avancé après. Nous serons même moins avancés puisqu?il n?y aura probablement plus de gouvernement d?union nationale. »
? Ariel Sharon s?est montré incapable de ramener la paix. Comment expliquer sa facile réélection ?
« En termes stratégiques, l?opinion israélienne est favorable à une négociation avec les Palestiniens incluant un retrait considérable des territoires occupés. Mais, au plan tactique, elle estime que, tant qu?Arafat préside l?Autorité palestinienne, élire le représentant de l?opposition à Sharon constitue une preuve de faiblesse. Comme nous sommes dans un combat, on ne change pas de champion ; sinon, on donne à l?adversaire un sentiment de victoire. Tout changement de direction apparaît comme une concession. »
? Pourquoi les travaillistes n?ont-ils pas réussi à imposer leurs thèmes durant la campagne ?
« Ils ont participé au gouvernement d?union nationale durant deux ans. Il leur est difficile d?incarner l?alternance, même s?ils ont choisi un nouveau leader qui peut légitimement revendiquer un droit d?inventaire. La campagne a été trop rapide et trop courte pour permettre à Amram Mitzna de décoller. De plus, il traîne toutes les casseroles travaillistes. Or, dans ces élections, on vote pour un parti et non pour un homme. Paradoxalement, en raison de la conjoncture, un courant de l?opinion estime qu?il vaut mieux un Premier ministre retors et roué, comme Sharon, plutôt qu?un homme intègre et honnête comme Mitzna. »
? Les Palestiniens « font-ils » encore les élections israéliennes ?
« Ils les font moins que lors de celles de 2001. Si, quelques semaines avant ce scrutin, nous avions signé un protocole de paix, les Israéliens auraient réfléchi à deux fois avant d?élire Sharon. Une période d?accalmie du terrorisme se traduit rapidement par le retour des travaillistes au pouvoir comme en 1999. En 1996, Shimon Perez a perdu à cause des attentats.
Pour que la situation évolue et donne une chance aux travaillistes, il faudrait que les Palestiniens considèrent clairement la deuxième Intifada comme un échec. Beaucoup d?Israéliens pensent qu?ils payent le retrait unilatéral du Liban. Les organisations palestiniennes ont déduit de ce retrait qu?elles pouvaient gagner par la violence. Aujour-d?hui, dans l?esprit des Israéliens, l?idée que la restitution des territoires occupés garantit automatiquement la paix est morte. »
? Ce scrutin peut-il déboucher à nouveau sur un gouvernement d?union nationale ?
« Mitzna joue son intégrité politique sur cette question. Il a pris l?engagement de ne pas participer à un gouvernement d?union nationale. En formulant un non préalable, il a certainement commis une erreur politique. Ses adversaires l?accusent de compromettre l?avenir du pays. Une position plus nuancée subordonnant une participation à des conditions claires aurait renvoyé la balle dans le camp de Sharon. Cette position l?oppose également à une fraction importante de son parti favorable à la formation d?un gouvernement d?union nationale. Après le 28 janvier, Mitzna peut très bien se retrouver en minorité au sein de son mouvement et quitter la vie politique aussi vite qu?il y est entré.
Cela dit, les critiques émises à son encontre ont des côtés totalement inconséquents. Souvent, on tient les travaillistes pour des arrivistes uniquement intéressés par les portefeuilles ministériels. Mais, quand leur candidat prend des positions claires et dénuées d?ambitions politiciennes, on les accuse d?enfoncer Israël dans la crise. »
? « Professeur invité » à l?université de Lille III, comment réagissez-vous au débat sur le boycott universitaire d?Israël ?
« Je me réjouis d?être invité par le président de l?université Charles-de-Gaulle et la responsable de la section d?hébreu. Après la décision regrettable de Paris VI, Lille III indique une bonne direction. Après le voyage de son président à Naplouse, ma venue montre un souci d?équilibre et de coopération. Les chercheurs palestiniens ne veulent pas d?un boycott. Eux-mêmes souhaitent une poursuite de leur coopération avec les chercheurs israéliens.
Elle existe toujours, même si l?Intifada a réduit les échanges. Notre première vocation à tous, c?est le partage du savoir. Le boycott n?aide pas au règlement du conflit. Les universités israéliennes sont certainement des lieux où le dialogue pour la paix se poursuit entre les intéressés. Dans ce conflit, il faut se garder d?identifier les bons et les méchants. Quiconque se penche un peu sur le dossier en reconnaissant sa complexité et la justesse des revendications des deux côtés comprend très vite que la pire chose, c?est le boycott des Israéliens ou des Palestiniens. »
Message édité par Dworkin le 06-02-2003 à 10:53:10
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