patrice778 | liveandplay a écrit :
Un patrimoine net de 700K à moins de 40 ans, c'est + que la majorité des HFRien. J'ai l'impression que tu ne veux pas prendre de crédit, (c'est-à-dire comme tout le monde depuis toujours et partout pour acheter un bien immo), pour acheter un beau bien familial, alors que tu en as vraiment la possibilité avec ton apport pour une ville de province, ce qui est loin d'être le cas de tout le monde. De mon point de vue tu n'as pas l'air à plaindre..
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boulgakov a écrit :
Ah ouais, t'as raté ta vie Même à Paris avec 700 k€ en banque et 2 salaires tu commences à être pas mal, donc à Rennes... Je ne sais pas comment tu te débrouilles, ça m'a l'air confus. En tous cas je vais avoir du mal à te plaindre. Si le marché est débile, attends quelques mois ?
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Je n'ai pas dit que je suis à plaindre sur le plan du patrimoine financier. J'ai dit que la loose me poursuit sur la bulle immobilière.
A Paris, j'étais trop jeune et pas assez riche pour acheter. Et la bulle gonfle quand on y était.
A Lyon on savait qu'on n'avait pas de perspective de changement de postes dans notre secteur, avec ma femme. On décide de louer dès 2016. Et la bulle gonfle quand on y était, sur le graphe de Friggit, la courbe verte de Lyon est rajoutée, et c'est la pire de toutes.
On arrive en banlieue pavillonaire de Rennes, et là tout le monde part dans l'ouest de la france, et veut une maison en banlieue (c'est le discours que nous tiennent les agents immobiliers, en tout cas).
Après, pas à plaindre individuellement, peut-être. Mais niveau générationnel, pour la partie immobilier, bien sûr que oui on est à plaindre. Ce n'est pas parce qu'on a les moyens d'acheter cher qu'on doit se résoudre de le faire en étant content. C'est un transfert inter-générationnel (organisé par les politiques monétaires, qui font semblant de ne pas comprendre leur rôle dans le gonflement des prix des actifs, boursiers aussi d'ailleurs) des plus jeunes vers les plus vieux. Et c'est un non-sens économique d'injecter collectivement autant d'argent dans le foncier. Et après on va se plaindre du coût de l'essence, du forfait télécom, du coût de la voiture... bref tous les postes qui n'ont pas ou peu augmenté, sans regarder la cause de tous nos maux : l'explosion des prix immobiliers à l'achat par la solvabilisation artificielle de la demande (durée d'emprunt, taux, % autorisé des revenus).
Ma femme me dit de ne pas m'énerver, que je ne contrôlerai jamais toutes ces choses, je sais bien que c'est vrai. Mais je suis trop rationnel et je n'arrive pas à accepter que les décisions soient TOUJOURS dans ce sens.
Dans un marché libre, parfois c'est aux vendeurs d'ajuster leurs prix à la baisse. Mais là jamais : dès que le marché bloque, les lobbies immobiliers vont chouiner partout pour "faciliter le crédit", pourtant déjà trop facile. Et le HCF accepte : allons-y pour 35% des revenus au lieu de 33%, allons-y pour l'allongement de la durée des emprunts. Quelle est la suite ? Du 60% des revenus sur 50 ans pour nos enfants ? Et après on va dire "vous voyez, les prix augmentent" ? C'est écoeurant.
Si cela te semble confus, c'est possible car je pense que je couve une crise de la quarantaine. Et si on a 700k, c'est qu'on a bossé comme des ânes et ce n'est pas une vie. Je ne veux pas continuer comme cela. Les enfants grandissent, on les voit peu, 1h le matin en vitesse, 2h le soir en vitesse, et on re-télétravaille quand ils sont au lit. Tout cela n'a aucun sens. Il me manque du temps, pas de l'argent. Et pourtant, j'ai le sentiment d'être ultra-minoritaire avec cette vision : les gens ne parlent jamais de manque de temps, mes collègues sont connectés jusqu'à 20h, bien plus tard que nous, pourtant dans une grosse boite, pas du tout une startup. Donc l'idée est aussi d'arrêter de travailler à tour de rôle avec ma femme dans les années qui viennent.
Et oui, avoir fait tous ces efforts pour avoir 700k et au final tout mettre dans une maison de banlieue de province me donne le sentiment de "tout gâcher". Tout le temps que j'ai donné jusque là, tous les bons choix de placements financiers construites sur la durée. Hop, je balance tout sur l'immobilier, acheté au plus haut pour la province. J'ai du mal à l'encaisser.
Autre point : je pense à mes enfants. Collectivement, ce modèle va se perpétuer ? Eux aussi devront subir cela ? En achetant, je participe à toute cette merde. Sauf que comme je disais, à Cesson, il n'y a pas d'offre locative, sauf à la campagne au sud mais trop loin des écoles. Donc je me sens piégé, je ne vois pas de solution.
kiwai10 a écrit :
Dans quel univers on ne trouve pas une baraque en banlieue de Rennes pour 700k ?
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On est d'accord, j'hallucine. Et j'ai surtout la sensation qu'on me prend pour un con.
On cherche à Cesson Sévigné. On est venus ici car c'est là où on travaille.
En plus, quelque soit le budget, on nous dit qu'il n'y a rien. Chronologie : comme je ne savais pas quoi répondre à la question "quel est votre budget?" , j'ai regardé etalab et j'ai vu qu'à 500k on était bien pour une maison de 150m2 (on veut 5 chambres).
Donc je commence par dire : budget 500k, en voyant ce qui s'était vendu sur etalab.
Aucun appel. Limite on me rit au nez. Il y a même un agent immobilier qui m'a dit de nous barrer d'ici, qu'on doit aller à Betton (c'est une autre bourgade), car ici à Cesson, on ne trouvera rien.
Bon. Donc on passe à 550k. Rien.
600k. 650k. 700k. 750k. Très peu de visites, et toujours prix d'affichage au-dessus de ces budgets, si on inclut les travaux. J'ai dit de me tenir au courant de tout en-dessous d'un million : un agent me dit qu'un client a mis 5 ans pour réaliser son projet d'un million. Ce n'était pas ma question, j'ai un mauvais feeling avec cet exercice de recherche.
Donc oui, je ne comprends rien au marché.
Est-ce qu'on nous prend pour des touristes ? Est-ce que des transactions se font en off ?
Est-ce que le marché a vraiment pris 40% depuis que j'ai mis la pieds dans cette banlieue ?
LooKooM a écrit :
Merci pour le témoignage, il est poignant.
Quelques remarques :
Tu souffres surtout de tes origines et de la façon de penser qui en découle, pas mal de choix personnels anti capitalistiques malheureusement. 1/ Premier enfant jeune, second "jeune" également, nettement plus que la moyenne des gens qui font des études. Résultat, besoin de place beaucoup plus tôt dans la vie et DONC obligé de louer plus longtemps, retardant l'achat et donc ta protection contre la hausse immobilière.
2/ Refus du crédit, ce qui est hallucinant très sincèrement en 2021
3/ Carrière mouvementée géographiquement, pas de votre faute mais probablement qu'avec des origines plus aisées vous auriez eu plus de réseau familial pour vous stabiliser en CDI quelque part plus jeune dans la vie. Pierre qui roule amasse moins de mousse malheureusement quand on est encore locataire.
Et pourtant ... patrimoine net ENORME pour votre âge et étant donné l'instabilité géographique, l'absence de capitalisation immo, etc... c'est phénoménal Felicitations sincères pour ce parcours patrimonial.
Maintenant, s'enerver contre les AI, les prix atroces, etc... je comprends tout à fait. Le fait qu'ils te prennent de haut est un corrollaire de tes origines, qu'ils sentent probablement. Rare d'avoir de tels moyens si tu "présentes" (désolé) avec un style qui n'est pas revelateur d'une éducation bourgeoise. 700-800k de budget est gigantesque pour ce secteur selon moi.
Que te conseiller ? Attendre en location le temps que l'offre revienne malgré un logement sous optimal ? Ravaler ta langue et accepter le jeu de théatre avec les AI ? Rien de bien satisfaisant je le crains.
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Merci pour ton retour, c'est impressionnant comme tu as du cerner des points que je n'avais même pas vus.
Par contre sur le côté anti-capitalistique, je ne crois pas trop quand même : j'ai des actions sur lesquels j'ai investis sur le temps longs (30 ans si possible), je ne sais pas si je suis de gauche ou de droite, ou de rien, bref, je ne pense pas être un communiste ! Exemple : l'extrême-gauche trouve que les banques centrales n'en font pas assez. Euh, avec les taux négatifs et les masses monétaires injectées, je ne vois pas comment ils pourraient en faire plus. Et justement, les banques centrales gonflent le prix des actifs, dont celles de mes actions, et augmentent donc les inégalités. Du coup, schématiquement, l'extrême-gauche voudrait que les banques centrales renforcent toujours plus les inégalités : ils sont cons ou quoi ?
Et sur tes commentaires :
1) premier enfant à 31 ans, 2ème à 35 ans : je ne trouve pas que c'est jeune, au contraire. Et le choix de location n'en était pas vraiment un à Paris (pas assez riche). Et à Lyon, pas stable. Mais de toute façon, est-ce que j'aurais vraiment été plus riche si j'avais acheté ?
2) Refus du crédit : je me suis peut-être mal exprimé. C'est vrai qu'au début je ne voulais pas prendre de crédit long, mais comme je veux garder un peu d'actions, je m'étais résolu à prendre un crédit long. C'est d'ailleurs votre topic voisin qui m'a convaincu (sur le hfr crédit immobilier) récemment.
Par contre, là où vous avez raison, c'est que prendre un long crédit comme tout le monde fait que du coup, les prix ne baisseront pas, du moins tant que les banques centrales ne le décideront pas. Les prix sont donc administrés. Cela mériterait des débats nationaux quand même, non ? Plutôt que de parler pour la 1000ème fois de sujets à la con, sur la place de l'islam ou je-ne-sais-quoi. C'est fondamental pour une écrasante majorité de la société française, où l'achat immobilier est le plus important achat de la vie.
3) Je n'y avais pas pensé mais tu as parfaitement raison. On est tout seuls, sans aide de grand-parents, car on vient de régions éloignées (en France pour moi, en Asie pour ma femme). D'ailleurs, c'est peut-être ce qui explique notre absence totale d'attachement à une ville, et qui fait donc que mettre autant d'argent dans un logement sur un territoire donné nous paraît complètement irrationnel.
Sur le patrimoine, on a surtout :
- travailler comme des ânes
- j'ai eu un début de carrière où je devais voyager et tout était payé (mais trop fatigant, je ne le referai pour rien au monde)
- bons choix de placements financiers avec une perspective de long-terme
- habitudes de milieu modeste ; et tu as bien cerné : je n'en ai rien à secouer de mon apparence, signe extérieure de richesse, de ce que pensent ou pas les autres sur le côté "argent". Du coup, à part de bon produits, et des voyages, pas de dépenses couteuses superflus.
Et un grand merci sur tes conseils. Ma femme m'avait dit aussi de fermer ma gueule avec l'agent immobilier qui me prenait de haut, mais cela n'a pas servi. Attendre en location, oui c'est ce qu'on fait par défaut. Mais la priorité, bien au-dessus de tout le reste, est d'avoir un 3ème enfant. Or, cela risque de vraiment coincer, avec un bébé, dans ce logement. C'est ce qui fait que je "panique". On se retrouverait avec 700k et ratatinés à 5 en location d'une banlieue de ville moyenne, c'est quand même paradoxal. Donc on cherche à acheter, mais on ne nous propose rien. On tourne en rond.
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