FrenchFrogger a écrit :
Petites mises aux points:
1. Le monde dans lequel on vit n'est pas un monde de bisounours, et ne l'a jamais été. Peut-être que dans un jour très lointain, lorsqu'il n'y aura que des bisounours, on pourra casser notre armée, mais pour l'instant on ne peut pas. Que l'on casse notre armée, que l'on s'équipe ou non d'un second porte-avions, les autres pays continueront a avoir une armée. On préserve la paix en préparant la guerre, contrairement à ce que veulent faire croirent certains pacifistes. Je hais les pacifistes à cause de leurs attitudes lors de l'entre-deux guerres. Nos dirigeants ont même été jusqu'à signé un traité mettant les guerres hors-la loi (les traités de ce genre, ça sert à se torcher...), et ils ont fortement baissé le budget de la Défense. Ce n'est pas cela qui a empêché Hitler de déclarer la guerre, bien au contraire... le budget n'a été fortement augmenté que trop tard, à partir de 1936, par... les très pacifistes du Front Populaire, lorsqu'ils ont pris conscience de la menace nazie...
2. On entend des boutades du genre "2 milliards pour le second porte-avions, c'est nul, il faut financer l'éducation nationale, il faut 15 milliards pour cela...".
Premièrement, ces dépenses concernant l'Education Nationale sont des dépenses ANNUELLES, alors que les 2 milliars du second porte-avions sont étalées sur un certain nombre d'années, au moins sur toute la durée du programme, voire plutôt sur toute la durée de vie du porte-avions. Cela s'appelle l'amortissement, non?
Ca doit nous ramener la note au maximum à 200-300 millions d'euros par an...
Deuxièmement, l'armée, c'est comme les assurances, on pense toujours que cela coûte trop cher jusqu'au jour où on a un accident: là on est vraiment content de l'avoir, cette assurance, à condition qu'elle ne soit pas mauvaise...
3. "Un second porte-avions, ça nous sert à rien, on en a déjà un, pour faire quoi d'ailleurs?"
3.1. Un porte-avions a des périodes d'indisponibilité pendant lesquelles on se retrouve "nue" si on a pas de second porte-avions. Je fait allusion par exemple à l'IPER du Charles de Gaulle qui arrive tous les 7 ans et qui entraine une indisponibilité de 18 mois. D'éventuels ennemis peuvent en profiter...
3.2. Un porte-avions, c'est entre autres une arme de dissuassion, au même titre que la dissuassion nucléaire. Si un ennemie envahie un de nos DOM/TOM, on pourra toujours aller le reprendre grâce en partie à l'appui aérien d'un porte-avions. Si un ennemie nous embête d'une manière ou d'une autre, ou pourra toujours aller bombarder son territoire de manière classique avec un porte-avions. Le porte-avions nous permet de nous affranchir de certaines contraintes inhérentes à l'armée de l'air: éventuel refus de survol d'un pays tiers, pas de base aérienne à proximité du pays ennemi,...
Avoir 2 porte-avions, en plus d'assurer une permanence maritime, nous permettrait d'avoir ainsi plus d'avions disponibles, pour pouvoir ainsi muscler notre dissuassion, notre pouvoir de riposte.
Les militaires invoquent souvent comme argument(valable) pour avoir un second porte-avions celui de la permanence maritime, mais presque jamais celui du doublement de notre force aéronavale (et ainsi de notre pouvoir de nuisance) probablement parce que cela fait trop "guerrier", beaucoup de gens ont du mal à imaginer que une armée classique(hors nucléaire), ça sert aussi à faire de la dissuassion.
3.3. La question de l'indépendance: cela nous permet d'accroitre notre pouvoir de projection, et donc de nous passer plus facilement de l'assistance d'un pays tiers, assistance qui peut très bien être conditionnel, par exemple un "léchez nous les bottes" de la part des USA...
4. "Pfff, il vaut mieux le faire Européen..."
Alors là, il y a deux catégories:
4.1. "Il vaut mieux le construire en coopération, au niveau européen..."
4.1.1. Euh, pour les incultes, si porte-avions il y a, il sera construit avec les britanniques (1 porte-avions pour la France, 2 pour la GB).
4.1.2. Il faudrait d'abord que les autres pays européens en ait la volonté... et l'utilité. Seul la France et la GB en ont l'utilité (protection des territoires d'outremer, ambitions sur la scène internationale,...), voire l'Italie et l'Espagne mais ceux-ci ont des unités adaptés à leurs besoins et leurs budgets (porte-aeronefs). Quant à l'Allemagne, elle a plus une posture défensive et d'auto-flagellation en matière de défense depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
4.1.3. Faire un matériel soit même, cela réduit les bisbilles (luttes de pouvoir) des programmes multinations (Eurofighter, Airbus,...) cela coûte plus cher mais en même temps cela permet d'avoir plus d'emplois en France qu'un programme multinations.
Plus d'emplois restant en France, mais aussi plus de capacité de productions restant en France, en cas de bisbilles c'est bien utiles. Du genre une guerre, ou des représailles d'un pays participant au programme, qui décide de ne plus nous fournir de composants...
Faire un matériel soit même ou avec d'autres nations, cela nous permet d'acquérir ou de conserver des compétences. Mais en multi-nations on doit aussi effectuer des transferts de technologies. Résultat, pas souvent réjouissant, comme par exemple: http://www.air-defense.net/forum/viewtopic.php?id=7557
ou bien le coup de la coopération avec les Espagnols sur les sous-marins classiques (les Espagnols n'avaient aucune compétence dans le domaine), puis ceux-ci nous larguent pour faire amis-amis avec les USA et concurrencer DCN.
Quant on voit aussi l'attitude de vassalité de pas mal de pays européens vis-à-vis des USA... pourquoi faire un porte-avions avec eux?
Avoir des compétences que nos voisins n'ont pas (en faisant notre matériel seul), cela nous permet d'accroître notre influence, notre pouvoir. Ce n'est pas tout le monde qui dispose d'un siege à l'ONU, même si au départ ce n'était pas lié au nucléaire.
Cela nous permet aussi d'accroître notre pouvoir de dissuassion face à nos voisins: si nous faisons notre matériel seul (pas de transferts de technologie vers nos voisins) et que nos voisins n'étaient déjà pas "capables" de fabriquer ce matériel, ils ne pourront donc pas en fabriquer après (sauf en faisant des efforts considérables selon le matos, comme les SNA) et seront donc moins dangereux.
Avoir des compétences que nos voisins n'ont pas, c'est avoir une position de maître d'oeuvre, de "meneur" lorsqu'on fait un programme avec ces voisins. Notre voix dans ce programme est donc plus écoutée, moins diluée...
4.2. La deuxième catégorie, c'est: "Partageons l'utilisation d'un second porte-avions avec les autres pays européens"...
Il faudrait d'abord que ces autres pays européens, GB en tête, aient des avions à décollage horizontaux dans leurs marines et/ou aient l'utilité d'un tel navire! Et ensuite, comment ont le partageraient, hein? Expliquez-moi, parce je vois pas comment on pourrait faire... Les phrases de ce genre servent justes à justifier des économies, un abandon du programme ("bein puisque c'est pas possible de le faire européen, on le fait pas du tout!" )...
4.3. L'argument européen...
Lorsqu'il y aura une vrai union politique au niveau européen, et une réelle volonté d'indépendance vis-à-vis des USA, alors on pourra peut-être envisagé de vrais programmes européens. Mais pour l'heure, et pour longtemps encore, on ne peut compter que sur soit même, à moins d'être aussi prêts à faire des sacrifices si on rogne sur le budget de la Défense (baisse de notre influence dans le monde, de notre indépendance... sans parler de tous les emplois liés à la défense)
5. L'indépendance, la puissance.
Doit-je préciser encore une fois que des programmes de ce genre permettent d'accroitre ou de conserver notre indépendance et notre influence dans le monde?
Certains me diront que l'Espagne et l'Italie (lorsqu'ils ont retirés leurs troupes d'Irak), et l'Allemagne sont moins indépendants que la France mais qu'ils n'ont pas pour autant vraiment subi de représailles de la part des USA lors de l'affaire irakienne. Mais qui a pris tous les coups de la part des USA, dans cette affaire? La France, et elle peut se le permettre. Vers qui l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne peuvent se tourner pour acheter ou développer en commum du matériel militaire, remplacer des composants étasuniens par d'autres composants dans leurs matériels si les USA cessent toute collaboration et tout approvisionnement en pièces détachées en représailles? Vers la France.
La France est un de ces pays qui peut, dans une certaine mesure, servir de substitut en matière de fourniture d'armes indépendant (la GB est trop dépendante des USA) à un pays qui subit des représailles de la part des USA (si la volonté politique est présente du côté des dirigeants français, mais c'est une autre histoire...)
C'est aussi cela, la puissance.
Je cite souvent les USA car ils sont un obstacle à notre indépendance, ils ont du mal a accepté que la France ne soit pas à leurs bottes.
6. "De toute façon le matos français est vieux, on a plus les moyens".
Erreur: on NE SE DONNE PLUS les moyens.
Les USA ont bien un déficit et une dette plus élevés que la France (sisi), pourtant ils se donnent bien les moyens de leurs ambitions.
De plus nos ambitions ne sont pas aussi élevées que les leurs, nous n'avons pas besoin d'un pourcentage du PIB consacré au budget de la Défense aussi élevé qu'eux.
Certains invoqueront le déficit, blablabla, mais moi je ne suis pas d'accord: ce n'est pas une façon efficace de réduire les déficits en vendants les entreprises publiques et en se privant, en supprimant tel ou tel programme dans tel ministère. C'est en gaspillant moins, en étant plus efficace et en réduisant la masse salariale que l'on pourra dégager les moyens de nos ambitions. Dans les armées françaises, 80-90% du budget est consacré à la masse salariale...
Je ne sais pas si j'ai oublié certaines choses, je reposterait si c'est le cas...
|