Informations Ouvrières N° 778- L'éditorial du 24 janvier
Jai confiance...
Informations ouvrières publie, avec son autorisation, la lettre que Daniel Jeannin, maire de Montenois (Doubs), a adressée à la rédaction de LEst républicain.
Le vendredi 19 janvier, est paru dans votre journal un article intitulé : « Si précieuses signatures », signé de M. Olivier Bouras. Cet article veut donner le ton de la campagne des parrainages, pour ça il fait parler quelques maires, et le tout se résume facilement : les maires des grandes communes sont marqués politiquement et ils réservent leur parrainage pour Nicolas Sarkozy ou pour Ségolène Royal, les autres, les maires des petites communes, ne signeront pour personne.
Cet article appelle plusieurs remarques, car cest un véritable encouragement à ne pas parrainer.
Certes, ce système des parrainages nest pas démocratique. La loi fait appel aux élus pour éviter les candidatures farfelues ou commerciales. On se demande pourquoi cette mission leur « tombe dessus ».
Mais faut-il pour autant encourager les maires à se défiler devant cette tâche ?
Non ; je suis maire et je considère cette tâche comme une partie de mon devoir électoral.
Dailleurs, quand, nous, les maires, nous allons voter aux élections sénatoriales en tant que « grands électeurs », ce nest pas non plus la formule la plus démocratique qui soit, mais, là, peu de maires sabstiennent et lon ne met pas en avant les abstentionnistes.
Alors, pourquoi dire dun côté aux citoyens « de base » quil faut aller sinscrire, quil faut voter, et montrer comme modèles des élus, des grands électeurs qui refusent de remplir le rôle que leur demande la loi électorale ?
Une phrase a particulièrement retenu mon attention. Un maire dit : « Cela pourrait être pénalisant pour la commune.»
Alors, il faut dire comment cela pourrait être pénalisant. Ce maire est-il victime dun chantage aux subventions ?
M. le Préfet doit intervenir et démentir immédiatement. Sil ne le faisait pas, cela signifierait que, dans ce pays, les élus du peuple peuvent être sanctionnés pour exercer leurs prérogatives légales dune façon qui ne plaît pas aux potentats locaux
Enfin, il faut rétablir les faits. Jai moi-même rencontré des maires, comme mes camarades le font, pour proposer le parrainage de Gérard Schivardi. Les maires ruraux nous reçoivent très bien, ils discutent, ils réfléchissent. Cest vrai que beaucoup hésitent. Qui pourrait le leur reprocher ?
Je ne crois pas que les maires se détermineront par rapport aux pressions. Quand on leur supprime une classe, ou leur poste, ils en subissent, des pressions, et pourtant la plupart résistent et font tout ce quils peuvent pour sauver les services publics.
Beaucoup de maires ont conscience que, dans leur commune, comme dans toute la France, la majorité de la population a voté non le 29 mai, parce que cette majorité refuse le traité de Maastricht (qui était intégré dans le projet de Constitution) et ses terribles conséquences. Ils ne comprendraient pas que les seuls candidats autorisés à se présenter soient les candidats qui situent leur programme dans le cadre de Maastricht. Mon collègue Gérard Schivardi est le seul qui dit quil faut sortir du traité de Maastricht, pour avoir le droit, par exemple, de renationaliser EDF-GDF ou dinterdire les délocalisations.
Tous les maires qui ont vu leurs électeurs se prononcer majoritairement pour le non à la Constitution le 29 mai se sentent-ils investis pour signer pour des candidats qui ont prôné le oui ?
Jai confiance, les maires ruraux, malgré les pressions, permettront lexpression de la démocratie.
Daniel Jeannin,
maire de Montenois