Salut. Suite à un conseil, je poste donc le début de mon texte sur le forum. Merci, faîtes moi part de vos impressions, des fautes à corriger, des erreurs... Merci beaucoup.
Voici donc le prélude ainsi que le chapitre 1.
La véritable légende de Peter et Rulian
Prélude :
Lorsque Philippe Quolère sortit de la Haute Tour du Grand Conseil Pompeux, l'horloge venait de sonner onze heures. Il était épuisé, comme chaque soir, mais ses hautes responsabilités au sein du clan des Pompeux l'empêchaient de rentrer plus tôt à son logis. Il portait sans doute aucun les plus lourdes responsabilités de son clan, il en était le plus sage et le plus éminent représentant.
Il descendit les escaliers de marbre blanc et s'engagea dans la Grand-Rue du Pompissîme, la plus importante de tout Morsmuth. Il marchait d'un pas sur et hardi, quand soudain, se produisit un événement pour le moins incongru. Il s'aperçut qu'il était suivi par un être on ne peut plus étrange. Une bouteille de verre, haute d'un bon demi-mètre, dévalait la rue derrière lui, suivant une trajectoire on ne peut plus régulière.
Philippe crut d'abord à une nouvelle farce des Bouseux, le clan ennemi, destinée à le ridiculiser, et fit mine de ne pas s'en soucier. Mais lorsque il bifurqua et qu'il entendit la bouteille ralentir pour amorcer son virage, il n'eut plus de doute. Cette chose était belle et bien enchantée.
Il s'arrêta, se retourna calmement, et attendit. La bouteille tourna, puis, comme si elle avait compris, se redressa sur son culot, et se posta fièrement devant l'homme qu'elle suivait. A ce moment, le liquide qui la remplissait se mit à reluire d'éclats multicolores et la rue si sombre jusqu'alors fut baignée d'une lumière chaude et bienfaisante, plus douce que celle de la lune et plus puissante que celle du soleil.
Philippe Quolère se croyait en plein rêve, et il se demanda s'il allait finir par se réveiller. Au lieu de cela, il vit l'étrange créature tourner sur elle même et exhiber une vieille étiquette jaunie par le temps. Et à la lumière des rayons, Philippe put lire cette chose étrange qui allait briser sa destinée, celle de sa citée et celle du monde habité tout entier :
Le temps d'ouvrir à nouveau Les Sept Fontaines est arrivé
Trouve le Tire Bouchon
Et rétablit l'Equilibre du Monde
Chapitre 1 - Peter, un pompeux pas comme les autres...
Lorsque Peter ouvrit les yeux ce matin là, il se dit : « l'absurde n'est pas une simple métaphore élevant l'âme vers ses plus cosmiques nimbes. » Et en refermant ses paupières lasses : « L'absurde, c'est bien plus! ». Il lança hasardeusement sa main vers le sol. Elle heurta un verre à moitié plein de whisky. Il s'en saisit, le porta à sa bouche et y but goulûment.
Il posa son pied sur le sol. « Cogito ergo sum, je pense donc je suis » puis, après quelques secondes de paisibles pensées : « Ton père devait être un bandit de grands chemins... Il a volé toutes les étoiles des cieux pour les mettre dans tes yeux ». Il se saisit d'un petit calepin jaunâtre à la couverture vieillie et y inscrivit ses réflexions. « C'est ça que je lui dirai ! », Fit-il l'air heureux en refermant bruyamment son petit livre.
Il se leva rapidement, et tout s'emballa très vite. Ces pensées le ramenèrent, comme à chaque fois, à son père disparu. Une fureur noire l'envahit tout d'un coup, et il se sentit perdre tout contrôle de sa personne. Ses yeux se révulsèrent, il poussa un cri sourd, se sentit tomber à la renverse et perdit connaissance. Tous ses membres se contractèrent violemment puis se muèrent dans toutes les directions sans aucune logique.
La crise cessa rapidement. Lorsqu'il se releva, il était toujours seul. Il se regarda dans une glace. « Je suis en train de devenir fou, pensa t il. »
Il se leva promptement et se dirigea vers l'urinoir tout proche dans lequel il se soulagea longuement. Il trempa ses mains dans une petite bassine d'eau, se nettoya vigoureusement la frimousse et s'habilla. Ses habits étaient déjà prêts, bien disposés sur sa table de nuit. Pour cette journée de rentrée, sa mère lui avait offert un costume neuf en velours bleu, sur lequel elle avait joliment brodé ses initiales : P-Q. Il le passa et alla se contempler dans la glace. « Beau gosse, pensa t il. Avec ça, je vais toutes les faire craquer... » Il enfila ses chaussures de cuir qu'il avait soigneusement ciré la veille, noua ses lacets puis s'éclipsa discrètement derrière une petite porte qui s'ouvrait sur un petit escalier de pierres grises.
Peter vivait dans une luxueuse Villa des Hauts Faubourgs de Morsmuth. C'était un véritable manoir, construit sur des colombages, avec de nombreuses pièces richement décorées et des couloirs interminables. On montait à l'étage par un grand escalier de marbre blanc dont les rampes de bois étaient joliment sculptées. La chambre de Peter était spacieuse et confortable. Il possédait un grand lit a Baldaquin avec d'épais rideaux bleus. Près de la fenêtre, on avait disposé un large bureau taillé dans le cèdre sur lequel ne demeurait qu'une grosse bougie de cire blanche, dans laquelle Peter se plaisait à sculpter le visage de sa bien aimée. A part cela, la pièce était sobre, sans choses superflues, et tout était parfaitement en ordre.
Mais le plus important pour Peter, c'était cette petite porte qu'il venait d'emprunter et qui menait à son laboratoire. L'escalier en colimaçon montait dans une petite tour accrochée à la toiture, et s'achevait sur un plancher craquant et vermoulu. La pièce, toute ronde et au plafond bas, n'était éclairée que par une maigre fenêtre, ce qui laissait à Peter tout le loisir de travailler dans l'intimité. Il ne supportait pas que quiconque entre dans cette pièce, et il l'avait bien signifié à tous les domestiques, ainsi qu'à sa mère. Une grande pancarte était d'ailleurs clouée à la porte d'entrée sur laquelle il avait gravé : DEFENSE D'ENTREE. DANGER DE MORT, suivi d'un délicieux crâne de pirate.
C'était là qu'il menait toutes ses expériences et qu'il fabriquait l'alcool qu'il appréciait tant. Sur son établi, toujours bien en ordre, il y avait des centaines de petits flacons aux couleurs étranges, des récipients de formes bizarroïdes, des ballons, des filtres papiers, une balance, des sabliers, un brûleur, toute une collection de bouchons de liège... Sur une petite étagère, étaient disposés tout un tas de vieux manuscrits dans lesquels Peter avait rajouté nombre de notes et de corrections. Il disposait d'ingrédients aussi nombreux qu'exotiques : une perle noire, de l'huile de palme, une sélénite, de l'annelle, de la résine de baobab, qu'il savait utiliser avec parcimonie pour donner à ses breuvages des propriétés extraordinaires.
Peter s'assura que tout était bien en place, vérifia le contenu d'un bocal en en touillant le contenu. Après en avoir humé l'odeur, il se saisit d'une pincée de poudre d'Elemnia qu'il rajouta dans la concoction, puis regagna sa chambre. Il se contempla une nouvelle fois devant sa glace, puis sorti tout fringant, l'air satisfait.
Il descendit les longs escaliers, salua nonchalamment Greta, la domestique, et se rendit à la cuisine d'où se dégageait une odeur de pommes et de café bien chaud. Il embrassa tendrement sa mère et prit place à table.
- Bonjour mon tout beau. Tu as eu un petit souci en te levant ce matin ? J’ai cru entendre un cri bizarre. Tu ne t’es pas fais mal j’espère ?
- Non, non, mère, balbutia Peter un peu gêné. Tout va bien.
- La nuit a été bonne mon chéri ?
- Très bonne, mère, je vous remercie. J'ai fait des rêves extraordinaires. J'étais un preux chevalier, et je sauvais tous les bons pompeux de Morsmuth.
- Oh ! Mon petit Peter. Quel rêve magnifique ! Lui répondit sa mère en lui glissant un baiser. J'espère qu'un jour, tu réaliseras tous ces beaux projets.
Elle lui servit une tasse de café, et posa dans son assiette une part toute chaude de tarte aux pommes. Peter en raffolait. Il en engloutit trois grosses parts.
- Mange bien, mon petit, tu en auras besoin aujourd'hui, lui dit-elle en passant ses mains dans ses cheveux. Une dure journée t'attend! »
Elle ne croyait pas si bien dire. Car en cette belle matinée de septembre, Peter allait recevoir autant de coups qu'il en avait reçu de toute sa vie.
Elle s'assit quelques instants auprès de son bon garçon, lui prit la main, et ils discutèrent quelques minutes. Hermine, la mère de Peter, était une femme dans la force de l'âge, qui gardait une beauté toute sauvage. Mais on la sentait accablée et pleine d'une fatigue triste. La vie ne l'avait pas épargné, racontait-elle souvent, et l'avait chargé de biens lourds fardeaux. Mais elle avait su trouver les forces pour continuer à vivre. Son petit Peter, c'était tout ce qu'il lui restait ici, et elle aurait tout fait pour lui, tout donné, tout laissé.
Puis, Peter se leva et gagna le hall. Il ajusta une dernière fois son col, passa sa cravate, et enfila sa veste, recouverte de laine de mouton.
- Quel beau p'tit bout d'homme! Dit sa mère en lui passant un dernier coup de peigne. Un bien beau pompeux...»
Il lui souri, l'embrassa et sortit.
Peter avait quinze ans. C'était un beau et jeune pompeux qui habitait la grande citée de Morsmuth-la-Vieille. Etudiant très doué, ses professeurs ne cessaient de la congratuler et de le pousser à embrasser une brillante carrière. Tout le monde le voyait bientôt dans les hautes sphères du pouvoir, grand mage ou architecte de renom. Il avait déjà trois ans d'avance sur ses camarades et entrait cette année en PrimoMathos option carré magique.
Il traversa les jardins, salua poliment Berte, la jardinière, et s'engagea sur la Grand Rue du Pompissîme en passant sous un grand porche. Lionel, son domestique personnel, lui ouvrit le portail en lui souhaitant une bonne journée. Leur cocher Roberto, un grand homme maigre, l'attendait assis sur leur diligence en tortillant les deux mèches de sa moustache.
Peter grimpa les marches et prit place dans la cabine. Il s'installa confortablement sur la banquette, à côté du hublot.
Peter se mit à contempler cette magnifique avenue. La rue était nettoyée trois fois chaque jour, les haies toujours bien entretenues, et des fleurs venaient en colorer les places. Cet endroit respirait la pureté et les pompeux de tout le pays se pressaient pour venir en admirer la splendeur.
Il contempla avec émerveillement ce fleuron d'architecture pompeuse. Comme chaque fois qu'il partait de chez lui, il se sentait fier d'habiter ce si beau et riche quartier.
Il en aimait la rigueur toute mathématique. Tout y était droit, rangé, sans écarts. Les plus grands monuments de Morsmuth y étaient construits : la grande bourse, la bibliothèque blanche, la tour du grand conseil...
Roberto fit claquer ses fouets et héla les chevaux. Le carrosse bringueballa et se mit doucement en route. Il poursuivit l'avenue quelque temps puis s'engagea sur la gauche, vers l'école. La circulation était bien souvent dense, les matins de semaine, mais en ce jour de rentrée, c'était particulièrement le cas. Heureusement, Roberto avait jadis été un pilote renommé de « stock Carrosse ». Ce sport, peu connu à Morsmuth, connaissait ses heures glorieuses au Royaume des Nuages, un pays lointain d'où était originaire le cocher de Peter. Il connaissait les rues de la ville comme sa poche, et parvenait à l'accompagner à l'école en des temps records.
Après moult virages et quelques hauts le cœur, Peter reconnut la rue des écoliers. De loin, derrière quatre jolies pompeuses qui criaient son nom, il reconnut ses amis : Edouard de Bauvois, Augustus dit « Coquelet », Charles von der Bruchte... Ils étaient tous là, attendant leur chef avec respect. Il scruta la cour de récréation à la recherche d'une autre personne. Mais son cœur ne s'illumina pas.
Le carrosse ralentit et finit par stopper. Roberto descendit et vint ouvrir la portière à son petit maître. Lorsqu'elle s'ouvrit sur Peter, les cris redoublèrent d'intensité. Peter descendit les marches du carrosse avec l'aisance et la majesté d'un roi, s'avança, serra respectueusement la main de ses camarades en répétant à chaque fois : Respect Robustesse. Il regarda avec dédain et indifférence les quatre petites pompeuses qui étaient venu l'attendre. Il franchit les hautes grilles de l'entrée et gagna sa classe, entouré de ses plus proches lieutenants.
- Bon les gars, j’ai vraiment besoin de me défouler ce matin. Venez avec moi, on va se trouver un bon petit bouseux avant de rentrer en classe ! Chuchota Peter à Edouard et Augustus.
A toute.
Pedro