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Auteur Sujet :

Ecrire un livre : vos romans amateurs (Màj du 1er post)

n°54459127
Adalbert
Posté le 17-09-2018 à 09:13:31  profilanswer
 

Reprise du message précédent :

Merome a écrit :


 
Si tu veux un retour au-delà de ton cercle de connaissance, je doute qu'Amazon soit la bonne façon d'y arriver. Il n'y a strictement aucune chance qu'on tombe sur ton bouquin par hasard.
 


 
Ou alors, tant qu'à faire, jouer avec la couverture médiatique des gros sites d’autoédition lors d'un concours.
Ton livre a une meilleure exposition, en plus d'avoir une chance d'être réellement lu.  
Une fois le concours terminé, retirer le livre de la plateforme et passer par la case éditeur classique.

mood
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Posté le 17-09-2018 à 09:13:31  profilanswer
 

n°54459169
jamere
Posté le 17-09-2018 à 09:18:11  profilanswer
 

Il y a le bouquin du type du Nanowrimo qui est sorti. Il fait un peu moins de deux cent pages et donne quelques conseils intéressants pour écrire.

n°54459568
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 17-09-2018 à 09:57:53  profilanswer
 

vous voulez parier qu'un livre qui mérite d'être lu sera toujours lu ?

n°54459930
BoraBora
Dilettante
Posté le 17-09-2018 à 10:25:22  profilanswer
 

Adalbert a écrit :


 
Ou alors, tant qu'à faire, jouer avec la couverture médiatique des gros sites d’autoédition lors d'un concours.
Ton livre a une meilleure exposition, en plus d'avoir une chance d'être réellement lu.  
Une fois le concours terminé, retirer le livre de la plateforme et passer par la case éditeur classique.


La version audio Audible sera la propriété exclusive d'Amazon pour 10 ans :
 

Citation :

b)  le  droit  exclusif  de  mettre  à  disposition,  sur  les  sites  internet  tenus  ou  exploités  par  Amazon  ou  ses sociétés affiliées et les applications et matériels distribués par Amazon, la première édition audio Audible en français du Manuscrit, en format numérique, en streaming, par téléchargement ou tout autre moyen de diffusion, et ce dans le monde entier, pendant une durée de 10 ans.


 
Et le prix des lecteurs est du P4W donc il faut acheter un paquet d'exemplaires de son propre livre et mettre la main à la pâte (écrire beaucoup de commentaires dithyrambiques de son livre et aller casser ceux de ses concurrents les plus dangereux) :
 

Citation :

La «Plume des Lecteurs» sera attribuée au Manuscrit sollicité par les lecteurs. Cette attribution sera  déterminée  sur  la  base  de  critères qualitatifs (notamment,  note moyenne  et contenus  des commentaires clients) et quantitatifs (notamment, la popularité du titre) tels que déterminés par Amazon


---------------
Qui peut le moins peut le moins.
n°54460402
Uchinaa
Posté le 17-09-2018 à 11:06:04  profilanswer
 

BoraBora a écrit :


Des auteurs auto-édités ?  :o


 
Uniquement si ça implique des dinosaures et du sexe  :o

n°54460982
Adalbert
Posté le 17-09-2018 à 11:55:13  profilanswer
 

BoraBora a écrit :


(écrire beaucoup de commentaires dithyrambiques de son livre et aller casser ceux de ses concurrents les plus dangereux) :


 
Une saine activité !


Message édité par Adalbert le 17-09-2018 à 11:55:20
n°54493870
Foncky
Posté le 20-09-2018 à 12:18:48  profilanswer
 

talbazar a écrit :

vous voulez parier qu'un livre qui mérite d'être lu sera toujours lu ?


Une copine à moi est éditée (en e-book) et mérite d'être lue. Son livre a été lu, oui. Par quelques dizaines de personnes.

n°54494517
Uchinaa
Posté le 20-09-2018 à 13:35:44  profilanswer
 

Après faut aussi remettre dans l'ordre des choses. Le nombre de vente moyen est assez faible. C'est pas toujours facile pour un Gallimard NRF alors tartampion en ebook avec une couverture dégueulasse sous photoshop ....
Ebook ou pas, faut exister au milieu de 70k nouveautés (sans compter ceux qui lisent en VO !)

n°54495059
Foncky
Posté le 20-09-2018 à 14:13:24  profilanswer
 

Je ne parle pas d'auto-édition avec une couverture dégueulasse, mais oui, faut exister.
 
Reconnaissons simplement que les dés sont un peu pipés dès le départ, que ce soit en littérature, en cinéma ou en musique.
 
Heureusement que dans le lot, des tartampions qui le méritent deviennent encore des noms parfois. Parfois...

n°54495454
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 20-09-2018 à 14:39:45  profilanswer
 
mood
Publicité
Posté le 20-09-2018 à 14:39:45  profilanswer
 

n°54495511
biezdomny
MONSTERS DO NOT EAT QUICHE!
Posté le 20-09-2018 à 14:43:14  profilanswer
 

 

Hugo à propos de la lecture du Rouge et le Noir : « c’est comme si on m’arrachait une dent. »

 

(J'aimerais tellement que cette citation soit authentique :D)

 


Message édité par biezdomny le 20-09-2018 à 14:43:28

---------------
Expos et muséesÉgyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo
n°54496079
BoraBora
Dilettante
Posté le 20-09-2018 à 15:25:46  profilanswer
 

Foncky a écrit :

Je ne parle pas d'auto-édition avec une couverture dégueulasse, mais oui, faut exister.
 
Reconnaissons simplement que les dés sont un peu pipés dès le départ, que ce soit en littérature, en cinéma ou en musique.
 
Heureusement que dans le lot, des tartampions qui le méritent deviennent encore des noms parfois. Parfois...


On n'a jamais autant lu qu'à notre époque (explosion du temps de loisirs + scolarisation prolongée depuis les années 60), les éditeurs n'ont jamais été aussi nombreux et n'ont jamais publié autant de livres, y compris et surtout à petit tirage (dégringolade des frais d'impression avec l'informatisation dans les 90's) et on ne s'est jamais autant plaint de la difficulté à être édité.  :whistle:


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Qui peut le moins peut le moins.
n°54496401
Grenouille​ Bleue
Batracien Azuré
Posté le 20-09-2018 à 15:50:38  profilanswer
 

BoraBora a écrit :


On n'a jamais autant lu qu'à notre époque (explosion du temps de loisirs + scolarisation prolongée depuis les années 60), les éditeurs n'ont jamais été aussi nombreux et n'ont jamais publié autant de livres, y compris et surtout à petit tirage (dégringolade des frais d'impression avec l'informatisation dans les 90's) et on ne s'est jamais autant plaint de la difficulté à être édité.  :whistle:


 
J'ai l'impression (peut-être fausse) qu'autrefois, le plus difficile était d'être édité.
Aujourd'hui, c'est plus simple, mais le plus difficile est de percer.


---------------
Ma chaîne YouTube d'écrivain qui déchire son père en pointillés - Ma page d'écrivain qui déchire sa mère en diagonale
n°54496529
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 20-09-2018 à 15:59:56  profilanswer
 

Comme le dit Bora, je ne sais pas si on jamais autant lu, mais je crois qu'on a surtout jamais eu autant le désir d'écrire. Ce qui fait du monde au bataillon devant les claviers.

n°54496917
BoraBora
Dilettante
Posté le 20-09-2018 à 16:30:16  profilanswer
 

Grenouille Bleue a écrit :


 
J'ai l'impression (peut-être fausse) qu'autrefois, le plus difficile était d'être édité.
Aujourd'hui, c'est plus simple, mais le plus difficile est de percer.


Les deux, en fait. On a vu une augmentation vertigineuse du nombre de livres édités mais l'augmentation du nombre d'écrivains amateurs est encore 4 fois supérieure. L'effet internet, la me generation, toussa... Il y a une blinde de gens qui aiment écrire et qui n'auraient même pas envisagé d'être publiés, il y a de ça 30 ans. Aujourd'hui, tout le monde ou presque veut être lu, entendu, regardé. C'est le seul point sur lequel McLuhan ne s'est pas planté. :D
 
Mais la surproduction éditoriale a aussi entraîné une difficulté croissante à être remarqué, c'est évident. Sans compter que le fonds de titres dispos et lus croît lui aussi. Les gens ne lisent pas que des nouveautés, il suffit de voir le topic lecture ici même : Fante, Zola, Buzzati, Simenon, Steinbeck, Fajardie, Duchaussoy , rien que dans les 2 dernières pages (et aucun auteur contemporain si ce n'est une évocation de Legardinier pour en dire du mal :D ).
 
Ce qui fait la différence entre un auteur qui "perce" et un autre qui stagne au fond d'une étagère, c'est comme à toutes les époques le professionnalisme, tu en sais quelque chose. Mais ça c'est quelque chose que peu parmi ces dizaines de milliers auteurs ont envie d'entendre. ;)


---------------
Qui peut le moins peut le moins.
n°54500079
Foncky
Posté le 20-09-2018 à 22:03:38  profilanswer
 

Bien sûr. C'est pour ça que le professionnalisme comme seule différence, ça me semble un peu court.
 
Pour être visible à coup (presque) sûr, c'est assez simple : investir en masse dans la promo. Et pour investir en masse, on choisit plutôt des noms déjà connus, ou des auteurs "bankable" parce qu'ils sont comme ci ou comme ça (la télégénie au hasard :o ) ou que leur livre raconte une histoire pleine de potentiel commercial à l'instant T.
 
Je connais mieux le cinéma... Heum. Disons que ce qu'on voit en salle n'est pas vraiment le reflet de ce qu'il existe en réalisateurs très talentueux et bosseurs (et leurs œuvres associées).
 
Oui, y'a des belles histoires aussi qui contredisent tout ça. Y'en a toujours heureusement.
 
Tout le monde peut "percer", je ne vais pas répandre un discours d'aigreur non plus, mais tout le monde ne peut pas percer au même rythme, à mérite égal.
 
Ma copine est un petit peu tombée de haut. Je ne sais pas si elle a un profond talent ou pas, mais pour le coup, elle ne fait pas partie des gens qui ont eu envie d'écrire hier matin. Chez elle, c'est une urgence depuis longtemps, c'est deux ans d'écriture sur son premier roman, des semaines entières passées en interviews et en bibliothèque pour documenter. Je pense qu'elle peut percer dans X années et X romans si elle continue, malheureusement, elle a laissé beaucoup d'elle-même dans l'aventure, déjà.
 
Je suis aussi proche d'un auteur de polars (qui n'aime pas trop les étiquettes pour autant). Un style vraiment affuté, de la recherche, des héros récurrents, il en est à son 15 ou 20ème (toujours en papier). Il a une petite communauté de fans, il se déplace dans les festivals, les librairies, etc, mais ça ne décolle pas comme certains autres. Trop désintéressé par les ventes et trop intéressé par son univers !
 
Je crois qu'en musique c'est encore pire.
 
J'ajoute que de tout temps, les écrivains ont souvent exercé un autre métier à côté, au moins pendant un moment. Donc osef de percer :o

Message cité 2 fois
Message édité par Foncky le 20-09-2018 à 22:28:06
n°54500717
BoraBora
Dilettante
Posté le 20-09-2018 à 23:07:18  profilanswer
 

Foncky a écrit :

Pour être visible à coup (presque) sûr, c'est assez simple : investir en masse dans la promo.


Quasiment aucun best-seller de ces 10 dernières années (avant, ma mémoire risque de me faire défaut) n'a bénéficié de promo de masse pour décoller. Allez, disons De Vigan et Houellebecq, et encore ne peuton pas parler de promo "de masse" et je dois en oublier un ou deux. De toute façon, la promo en matière de livres, c'est que dalle, rien à voir avec les campagnes marketing à coups de millions pour le cinoche grand public.

Citation :

Et pour investir en masse, on choisit plutôt des noms déjà connus


Mais ils n'ont pas toujours été visibles et pourtant ils le sont devenus. [:spamafoote]
 

Citation :

ou des auteurs "bankable" parce qu'ils sont comme ci ou comme ça (la télégénie au hasard :o )


Vraiment au hasard, alors, vu le peu de ventes que suscite la télé par rapport à la presse et surtout, loin devant, la radio. Sorti de La grande librairie, c'est zéro impact.

Citation :

ou que leur livre raconte une histoire pleine de potentiel commercial à l'instant T


Ce qui laisse déjà une concurrence féroce entre milliers d'auteurs...
 

Citation :

Tout le monde peut "percer", je ne vais pas répandre un discours d'aigreur non plus, mais tout le monde ne peut pas percer au même rythme, à mérite égal.


Tu as bien fait de mettre "percer" entre guillemets, mais justement : qu'appelle-t-on "percer" ? Grenouille Bleue vit de son clavier mais je doute qu'il soit invité par Ardisson ou Barthès, il n'a pas de ventes de folie et l'essentiel de sa promo, c'est sa pomme qui se la cogne. A-t-il "percé" ?
 

Citation :

Ma copine est un petit peu tombée de haut. Je ne sais pas si elle a un profond talent ou pas, mais pour le coup, elle ne fait pas partie des gens qui ont eu envie d'écrire hier matin. Chez elle, c'est une urgence depuis longtemps, c'est deux ans d'écriture sur son premier roman, des semaines entières passées en interviews et en bibliothèque pour documenter. Je pense qu'elle peut percer dans X années et X romans si elle continue, malheureusement, elle a laissé beaucoup d'elle-même dans l'aventure, déjà.


Elle est chez qui ? Elle s'attendait à "percer" dès son premier roman ?
 

Citation :

Je suis aussi proche d'un auteur de polars (qui n'aime pas trop les étiquettes pour autant). Un style vraiment affuté, de la recherche, des héros récurrents, il en est à son 15 ou 20ème (toujours en papier). Il a une petite communauté de fans, il se déplace dans les festivals, les librairies, etc, mais ça ne décolle pas comme certains autres. Trop désintéressé par les ventes et trop intéressé par son univers !


Le prescripteur que l'on oublie toujours, c'est le lecteur. C'est normal, c'est le prescripteur embarrassant pour les auteurs, le seul totalement désintéressé donc le plus difficile à blâmer. Quand on a vraiment aimé un livre, on en parle autour de soi, on l'offre, parfois plusieurs fois. Tu viens de parler d'un auteur et d'une autrice dont tu déplores le manque de lecteurs et tu ne cites même pas leur nom. [:spamafoote]


Message édité par BoraBora le 20-09-2018 à 23:08:38

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Qui peut le moins peut le moins.
n°54503385
Foncky
Posté le 21-09-2018 à 11:05:26  profilanswer
 

Boah, c'est pas le genre à chercher la fortune ou la reconnaissance, non. C'est une intello avec une vie torturée, elle n'écrit pas du très marrant quoi. Elle espérait juste que le sujet puisse provoquer davantage de réflexion et de discussions en dehors de son cercle. Elle écrit justement pour elle et pour ses personnages, pas pour vendre. Elle sait très bien ce qu'elle pourrait écrire pour être plus visible mais elle veut rester fidèle à elle-même, donc elle abandonnera probablement l'écriture éditée… Elle n'a pas cherché à être réaliste en abattant ce travail titanesque, juste à sortir ce qu'elle avait à dire.
 
C'est qu'un exemple, on peut lui reprocher de ne pas y croire assez ou de manquer de recul dans son écriture, je suis le premier à l'avoir engueulée d'accepter une parution en e-book seulement. Je dis juste qu'elle n'est pas seule dans ce cas, à s'épuiser avant l'heure. Vous allez me dire que la sélection se fait aussi comme ça et vous aurez raison. Je répondrai qu'à défaut d'abandonner, on peut aussi oublier pourquoi on écrit et changer complétement de perspective en vue d'intégrer cette sélection.
 
Je sais très bien que je vais passer pour un pleurnicheur vieux con et que mes arguments peuvent être démontés indéfiniment. Je pourrais moi-même écrire l'argumentaire inverse et ça ne me pose pas de soucis :D Soyons juste pas trop naïfs quand même.
 
Je répondrai à Bora plus tard, il a une vision bien plus globale que moi.

n°54504285
Grenouille​ Bleue
Batracien Azuré
Posté le 21-09-2018 à 12:06:26  profilanswer
 

Foncky a écrit :


Tu as bien fait de mettre "percer" entre guillemets, mais justement : qu'appelle-t-on "percer" ? Grenouille Bleue vit de son clavier mais je doute qu'il soit invité par Ardisson ou Barthès, il n'a pas de ventes de folie et l'essentiel de sa promo, c'est sa pomme qui se la cogne. A-t-il "percé" ?


 
On en parlait récemment avec des amis écrivains, et effectivement tout le monde a une définition différente de "percer". Comme je ne sais plus quel strip qui passait sur internet il y a quelques temps, on envie tous l'échelon du dessus.
 
Celui qui fait 30 ventes en autoédition va envier les collègues édités chez un petit éditeur et leurs 100 ventes.
Ceux qui sont chez un petit éditeur vont saliver sur les 500 ventes d'un plus gros.
Etc, ad libitum, et ceux qui arrivent à en vivre vont baver sur les poids lourds du secteur.
 
Ceci dit, pour moi, il y a un effet de seuil assez significatif autour de 15-20k exemplaires. C'est là qu'on commence à avoir facilement des traductions, des sorties poches, des options ciné/télé (qui même si elles ne sont jamais levées fournissent un peu d'argent), des intégrales, des reprises France Loisirs...  
 
Par ailleurs, le succès engendre le succès et un livre qui se vend bien se verra dans la liste des meilleures ventes, donc en tête de gondole et dans les hypers, donc se vendra encore mieux.
 


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Ma chaîne YouTube d'écrivain qui déchire son père en pointillés - Ma page d'écrivain qui déchire sa mère en diagonale
n°54507930
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-09-2018 à 17:15:30  profilanswer
 

Foncky a écrit :

Boah, c'est pas le genre à chercher la fortune ou la reconnaissance, non. C'est une intello avec une vie torturée, elle n'écrit pas du très marrant quoi.


 
L'écriture comprise en tant qu'acte exutoire, même sur une fiction, ok, mais je doute qu'un lecteur se fende de 18 euros pour un livre qui va débattre en long et en large sur un divorce, un cancer du sein, un bébé mort, une enfance battue, un profil bipolaire, une rupture douloureuse, un handicap. Ce sont des thèmes négatifs volontiers romanesques, pourtant, mais il faut un sacré recul pour introduire autant d'intimité dans un personnage, lequel doit quand même au final se battre plus avec une intrigue qu'avec lui-même. Introduire la distance nécessaire en voulant évoquer son propre vécu dans le but de simplement divertir un public large et peu concerné, c'est un art difficile. On a déjà parlé de ça ici, je me demande si ce n'était pas avec ta copine, justement.  :hello:  

n°54508147
Foncky
Posté le 21-09-2018 à 17:39:18  profilanswer
 

Nope c'était pas elle.
 
Elle a écrit une vraie fiction avec une intrigue éloignée de sa vie, il faut la connaître pour lire entre les lignes.
Elle a déjà fait ce chemin, au quotidien, pas seulement dans l'écriture, d'aller vers des thèmes et des questionnements qui dépassent largement sa propre histoire, même si tout part de là.
 
Après, pour moi qui suis un lecteur médiocre, j'avoue sans mal que ses bouquins (des nouvelles puis le premier roman) sont assez difficiles.
 
Je parle des exemples que j'ai autour de moi et je sais bien qu'il est impossible d'en tirer des généralités.

n°54508295
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-09-2018 à 17:57:31  profilanswer
 

Disons que c'est moi qui généralise à outrance, mais j'ai trouvé pas mal de ce genre de travers en direct du confessionnal, dans certaines productions d'amateurs. Ce qui ne prouve cependant rien, puisqu'un univers outrageusement idyllique ne serait pas lu avec intérêt non plus.

n°54508351
Foncky
Posté le 21-09-2018 à 18:04:32  profilanswer
 

C'est toi qui avait parlé du type qui avait pondu une merde sur son divorce (si douloureux soit-il) sans jamais chercher à tendre vers un développement plus universel que son nombril ?
 
Là, c'est sûr…
 
C'est comme dans le monde de l'entrepreneuriat : on a fait croire à beaucoup de gens qu'ils pouvaient devenir leur propre patron ces dernières années. C'est super dangereux. Dans le monde de la littérature, je ne sais pas pourquoi on fait ça. Dans le monde de l'entreprise, c'est juste pour diminuer les chiffres officiels du chômage  :whistle:  

n°54508373
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 21-09-2018 à 18:07:10  profilanswer
 

3 startups sur 10 vont survivre, en étant optimiste, cette génération qui n'est pas la mienne se déchire elle-même à cause d'un mirage pénible.

n°54534008
Merome
Chef des blorks
Posté le 25-09-2018 à 10:30:39  profilanswer
 

La mort du roman, ou les dernières heures d’une préhistoire de la fiction (?)
 

Citation :


au regard du marché, trop de romans sont écrits. Il est matériellement impossible qu’ils soient tous édités, voire même simplement qu’ils soient tous lus. En conséquence, cette « matière première » devient trop bon marché pour espérer en tirer quoi que ce soit en tant qu’auteur. La rémunération symbolique joue pour beaucoup dans le fait que l’économie actuelle du livre ne se soit pas encore effondrée : beaucoup d’auteurs préfèrent ne pas être payés (ou préfèrent même carrément payer de leur poche) plutôt que de ne pas être édités. Passons les avances qui se réduisent à peau de chagrin – et pour cause, le roman ne fait plus recette : le fait d’être édité est en soi la rémunération la plus précieuse. Ajoutez à cela le fait que nos cerveaux ont été tellement transformés par les nouvelles formes de connexion et de sociabilité que nous ne disposons plus, sauf exceptions, de la concentration nécessaire pour nous enfiler une histoire de 600 pages (oui, je sais sauf toi, et toi aussi… j’utilise un « nous » de civilisation)… Bref, pénurie de la demande, explosion de l’offre… on coincera forcément à un moment.


---------------
Ceci n'est pas une démocratie
n°54534528
Uchinaa
Posté le 25-09-2018 à 11:11:07  profilanswer
 

Le roman a déjà été tué par la radio, le cinématographe, la télévision, la VHS, le DVD, les autoroutes de l'information, les réseaux sociaux, etc. On a déjà fat le deuil depuis longtemps.

n°54534670
biezdomny
MONSTERS DO NOT EAT QUICHE!
Posté le 25-09-2018 à 11:22:03  profilanswer
 

Wtf les discours déclinistes, on n'a jamais autant lu que maintenant.

 

Pour le message de Merome : pas sûr que ça coince, et je le vis de l'intérieur dans un autre domaine qui fonctionne comme ça depuis des décennies et qui fonctionne de plus en plus comme ça aussi.

 
Citation :

beaucoup d’auteurs préfèrent ne pas être payés (ou préfèrent même carrément payer de leur poche) plutôt que de ne pas être édités

 

Woké, et à leur place on ferait pareil (de toute façon tu veux faire quoi d'autre), mais c'est pas les seuls. En ce moment je fais un métier passion et je vois ça en vrai y compris en moi. J'ai bossé gratos plutôt que de ne pas bosser, et je suis dans cette logique du don de soi pour un retour hypothétique plus tard, dans ce rapport d'amour-haine à ce que je fais parfois, dans des rémunérations ultra tendax et des projets que tu fais sur ton temps libre du « vrai job » que tu as trouvé si tu as vraiment de la chance.

 

C'est loin d'être un problème d'écrivains.

Message cité 2 fois
Message édité par biezdomny le 25-09-2018 à 11:23:10

---------------
Expos et muséesÉgyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo
n°54534892
Uchinaa
Posté le 25-09-2018 à 11:41:12  profilanswer
 

biezdomny a écrit :

C'est loin d'être un problème d'écrivains.


 
Effectivement, c'est le cas dans pas mal de domaines qui ne sont pas considérés comme des "vrais métiers" : tous les artistes au sens large (chanteur, dessinateur, illustrateur, etc.) mais aussi les réalisateurs, graphiste, monteurs, journalistes et pas mal de choses que tu peux fais en free-lance ou dans ton coin.  
 
Sans parler des stagiaires dans watmille domaines qui font ça gratos par dépit :whistle:  

n°54535114
biezdomny
MONSTERS DO NOT EAT QUICHE!
Posté le 25-09-2018 à 11:59:44  profilanswer
 

Uchinaa a écrit :

Sans parler des stagiaires dans watmille domaines qui font ça gratos par dépit :whistle:


 
taggle :o


---------------
Expos et muséesÉgyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo
n°54535947
Critias
Posté le 25-09-2018 à 13:31:32  profilanswer
 

CyrilleTelmer a écrit :


 [:cerveau klem]  [:cerveau klem]  [:cerveau klem]  
Je trouve que le style, les dialogues et la narration sont propres, mais je n'aime pas vraiment la nouvelle. Je dirais qu'elle ne contient que de l'excipient et pas de principe actif, du coup elle ne se suffit pas à elle-même.
Comme partie/introduction d'un tout (roman), ce serait pas mal (quoique assez rapide), mais tout seul ça ne fonctionne pas assez bien, à mon avis. Parce que tu dois mettre dedans le plus rapidement possible l'exposition de l'univers, une présentation des personnages, une exposition d'intrigue, quelques actions pour donner une idée du caractères des gens, mais tu n'as pas assez de place pour créer un suspense ou un attachement aux personnages.
Et tu n'as pas une assez bonne chute (je dirais même que tu n'as pas de chute tout court), pour justifier toute la peine que le lecteur prend pour lire l'exposition du truc.
Je ne suis pas ni un grand producteur ni un grand lecteur de nouvelles, donc prends ce que je vais dire avec des pincettes, mais pour moi, une nouvelle qui prend le temps de décrire un univers et un background détaillé des personnages ne peut pas se passer d'une chute, parce que le lecteur n'aura pas l'occasion de s'attacher, ni le temps d'apprécier un suspense que ce sera déjà fini. La seule chose qui lui ferait ressentir quelque chose serait donc la chute.


 
Merci beaucoup pour ton retour et pardonne moi je te prie de n'y réagir que si tard.
 

n°54535992
Critias
Posté le 25-09-2018 à 13:36:56  profilanswer
 

CyrilleTelmer a écrit :


 [:cerveau klem]  [:cerveau klem]  [:cerveau klem]  
Je trouve que le style, les dialogues et la narration sont propres, mais je n'aime pas vraiment la nouvelle. Je dirais qu'elle ne contient que de l'excipient et pas de principe actif, du coup elle ne se suffit pas à elle-même.
Comme partie/introduction d'un tout (roman), ce serait pas mal (quoique assez rapide), mais tout seul ça ne fonctionne pas assez bien, à mon avis. Parce que tu dois mettre dedans le plus rapidement possible l'exposition de l'univers, une présentation des personnages, une exposition d'intrigue, quelques actions pour donner une idée du caractères des gens, mais tu n'as pas assez de place pour créer un suspense ou un attachement aux personnages.
Et tu n'as pas une assez bonne chute (je dirais même que tu n'as pas de chute tout court), pour justifier toute la peine que le lecteur prend pour lire l'exposition du truc.
Je ne suis pas ni un grand producteur ni un grand lecteur de nouvelles, donc prends ce que je vais dire avec des pincettes, mais pour moi, une nouvelle qui prend le temps de décrire un univers et un background détaillé des personnages ne peut pas se passer d'une chute, parce que le lecteur n'aura pas l'occasion de s'attacher, ni le temps d'apprécier un suspense que ce sera déjà fini. La seule chose qui lui ferait ressentir quelque chose serait donc la chute.


 
Merci beaucoup pour ton retour et pardonne moi je te prie de n'y réagir que si tard.
 
Je ne peux qu'abonder dans ton sens pour ce qui est des critiques émises.
 
C'est essentiellement dû au fait que ce que j'ai un peu inconsidérément présenté comme une nouvelle... n'en était pas vraiment une.
 
Comme dit plus haut, il s'agit de l'historique de présentation d'un personnage de JDR, un peu plus développé qu'à l'ordinaire.  
 
Cet historique contient également l'incipit de quelques éléments scénaristiques destinés à être développés lors de la campagne.
 
Et là, nous quittons allègrement le terrain de la seule production littéraire.
 
Merci encore à toi pour ton retour !


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n°54536436
Foncky
Posté le 25-09-2018 à 14:11:16  profilanswer
 

biezdomny a écrit :


Woké, et à leur place on ferait pareil (de toute façon tu veux faire quoi d'autre), mais c'est pas les seuls. En ce moment je fais un métier passion et je vois ça en vrai y compris en moi. J'ai bossé gratos plutôt que de ne pas bosser, et je suis dans cette logique du don de soi pour un retour hypothétique plus tard, dans ce rapport d'amour-haine à ce que je fais parfois, dans des rémunérations ultra tendax et des projets que tu fais sur ton temps libre du « vrai job » que tu as trouvé si tu as vraiment de la chance.
 
C'est loin d'être un problème d'écrivains.


Tu as un poste alimentaire à côté ?
 

Uchinaa a écrit :


Effectivement, c'est le cas dans pas mal de domaines qui ne sont pas considérés comme des "vrais métiers" : tous les artistes au sens large (chanteur, dessinateur, illustrateur, etc.) mais aussi les réalisateurs, graphiste, monteurs, journalistes et pas mal de choses que tu peux fais en free-lance ou dans ton coin.  
 
Sans parler des stagiaires dans watmille domaines qui font ça gratos par dépit :whistle:  


Un jour, j'ai envisagé d'être steadycameur dans le cinéma fronçais.
Un ex-gars du métier m'a dit : "Si t'as pas de famille dans l'milieu, alors prépare-toi à passer 15 ans sur des tournages payés en Haribo, avant de peut-être commencer à trouver des places".
 
J'ai fait autre chose. Non sans avoir eu ma dose de Haribo sur les tournages, à d'autres postes…

n°54536856
BoraBora
Dilettante
Posté le 25-09-2018 à 14:35:48  profilanswer
 


Le mélange habituel de foutaises et de clichés, quoi, entre socio de comptoir et économie de PMU avec une touche de futurologie façon madame Irma. Un point quand même pour avoir reporté le bide de ses livres sur la "pénurie de lecteurs". Pas que l'idée que les gens ne lisent plus de livres soit neuve, je l'entends toutes les semaines depuis 40 ans (et le répète toutes les 3 semaines sur ce topic), mais d'habitude l'auteur aigri estime que c'est la faute des éditeurs et des médias. Au moins il s'est trouvé un autre bouc émissaire pour pouvoir se penser génie maudit.
 
N'empêche, les blogs aussi cons et péteux comme celui-là, ça revalorise les vidéos de chats sur Youtube. [:magnasuprema]


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Qui peut le moins peut le moins.
n°54537590
CyrilleTel​mer
magical négro
Posté le 25-09-2018 à 15:34:29  profilanswer
 
n°54538122
biezdomny
MONSTERS DO NOT EAT QUICHE!
Posté le 25-09-2018 à 16:19:08  profilanswer
 

Ce que je préfère, c'est :
 

Citation :

Nous sommes de plus en plus nombreux à écrire de bonnes histoires, en fait nous savons presque intrinsèquement comment fonctionne une bonne dramaturgie : exposés depuis l’enfance à une quantité de fiction titanesque, nous avons intégré ses mécanismes comme une seconde nature.


 
Mais comment expliquer toutes ces daubes alors [:transparency] À moins que ce ne soit le résultat de la Conspiration du Système contre les Vrais Auteurs ?
 

Foncky a écrit :

Tu as un poste alimentaire à côté ?


 
C'est compliqué [:gidoin]  
(j'y travaille mais j'ai peur de me faire écraser en traversant la route :o)


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Expos et muséesÉgyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo
n°54555546
Critias
Posté le 27-09-2018 à 13:55:47  profilanswer
 

BoraBora a écrit :


Le mélange habituel de foutaises et de clichés, quoi, entre socio de comptoir et économie de PMU avec une touche de futurologie façon madame Irma. Un point quand même pour avoir reporté le bide de ses livres sur la "pénurie de lecteurs". Pas que l'idée que les gens ne lisent plus de livres soit neuve, je l'entends toutes les semaines depuis 40 ans (et le répète toutes les 3 semaines sur ce topic), mais d'habitude l'auteur aigri estime que c'est la faute des éditeurs et des médias. Au moins il s'est trouvé un autre bouc émissaire pour pouvoir se penser génie maudit.
 
N'empêche, les blogs aussi cons et péteux comme celui-là, ça revalorise les vidéos de chats sur Youtube. [:magnasuprema]


 
 
A coller dans le dico comme illustration du mot "Violence".


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n°54570696
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-09-2018 à 11:23:41  profilanswer
 

Salut les hippies !  :hello:

 

Gojhib

 

Un Youm ne perd jamais une galwin, jamais, elles sont trop précieuses. On ne doit pas laisser l’une d’elle s’égarer, encore moins lorsqu’on a l’idée idiote de promener son troupeau près de Gojhib, la porte des dieux. Mais j’ai toujours été plus loin que les autres. Jamais personne de ma connaissance ne s’est approché aussi près du grand disque perché sur le flanc de la colline taboue, depuis le temps reculé de l’extinction du deuxième sol et la naissance de la deux-lune. Personne encore, depuis dix mille moissons, n’a jamais osé s’approcher si près de cet endroit mythique. Là où nos anciens ont planté les toms de pierre pour tracer la frontière de ce territoire sacré, celui qui a marqué la naissance des Youms et du monde, afin d’en interdire à jamais l’accès aux tribus. Mais mes pas ont toujours été plus rapides et mes yeux plus curieux que ceux de mon clan des Alaks ou des tribus voisines. Un jour, j’avais largement atteint ma quinzième moisson, j’ai même couru pendant sept sols pour atteindre le grand lac de la Montagne-loin, sur les terres du clan Yosh ; mais même si je me suis absenté du village le temps de quatorze sols en tout, ma mère ne m’a jamais cru. Pourtant, les eaux de ce lac étaient magnifiques, entourées d’arbres sur l’écorce desquels coulaient des larmes d’or. J’ai écarté les hautes cannes vertes et je me suis baigné sans crainte dans les eaux tièdes, après avoir passé sur les rives des instants délicieux. Lorsque je suis rentré au campement, mon père m’a seulement dit : Yarou, je te croyais mort, mais tu ne dois plus courir aussi loin, plus jamais. Tu sais bien qu’il y a parfois des urs et des liow dans les forêts de là-bas. Il me prévenait simplement que je serais puni, si je passais encore outre à son conseil.

 

– Adja, Adja !

 

Le vent d’ouest se levait en emportant son nom, mais ma galwin restait invisible. J’ai poussé mon troupeau devant moi, pour grimper le sentier menant au promontoire rocheux autorisé qui fait face à Gojhib. Le paysage d’un calme absolu était majestueux, l’air était si pur que mes poumons l’avalaient avec reconnaissance. En bas je regardais fuir la lumière jaunie du premier sol, sur les longues pierres levées surgissant de loin en loin, au milieu de la lande, pour empêcher à mon peuple toute amnésie. Les gardiennes stoïques de la frontière infranchissable posée par les dieux, depuis un nombre infini de moissons, pour prévenir et condamner le chemin vers la deux-lune. Pourtant, je voyais clairement son œil colossal me faire face, un spectacle que peu de Youms désiraient en fin de compte admirer trop longtemps. Les épines géométriques couronnant le grand trou noir et menaçant me fascinaient, ces sculptures saillantes et trop régulières dévorées par la jungle ne pouvaient être l‘œuvre de la montagne, mais celle des dieux. Après mes poumons, c’était cette fois au tour de ma cervelle d’être subjuguée. Mes yeux se perdaient dans l’immensité du paysage silencieux, mais seule Gojhib retenait mon attention. La porte des dieux enchâssée dans la muraille arborée, où le deuxième sol avait tant brillé dans la nuit des temps, dessinait sur le flanc de la falaise son cercle parfait. Mais le premier sol, qui brille à présent au-dessus des nuages, ne forme t-il pas lui aussi un rond sans défaut ?

 

Dans le ciel bleu, un vaulk s’est mis à tournoyer au-dessus de la plaine, un rapace aux serres si acérées que ma tribu les utilise pour percer le cuir. A cette époque de l’année, cet oiseau ne chassait pas pour lui, mais pour nourrir ses petits. Je le vis impunément s’approcher de Gojhib, en survolant la vallée. Des traces blanches, bavant sur la surface aux reflets d’argent, à l’orée d’une minuscule excavation cerclant l’énorme disque creux, prouvaient à elles seules qu’il nichait là, qu’il avait pondu et fait son nid quelque part sur l’arête parfaitement arrondie de la deux-lune ! Je constatais avec intérêt que les dieux ne l’avaient donc pas puni pour cet affront. J’étais animé d’un sentiment dérangeant, par l’idée que cet oiseau en savait finalement plus que moi sur la porte des dieux. Sous les paisibles pins tordus et assis dans les ajoncs fleuris, j’aurais moi-aussi voulu posséder des ailes pour aller voir de plus près le gouffre interdit. Peut-être rencontrer les dieux. Je frissonnais un peu d’effroi à cette pensée que je n‘avais jamais osé formuler. J’ai entendu bêler, deux fois, avant de voir enfin dans la cuvette herbeuse le point blanc formé par ma galwin, elle broutait paisiblement en contre-bas, mais elle le faisait dans le territoire interdit, puisqu‘elle avait franchie la barrière des toms. En mettant mes mains en porte-voix, je me suis levé brusquement pour la prévenir.

 

– Adja, Adjiiina !

 

L’écho a répercuté ma voix et Adja a levé la tête avant de bêler à nouveau, puis elle s’est retournée  pour se diriger lentement dans ma direction. Je souffrais par avance, parce que les dieux venaient sans doute de la condamner. Elle était si précieuse. A perdre haleine, je sautais de pierre en pierre en chassant les pacifiques colonies d’iganes gris écailleux, pour redescendre la petite colline en obligeant mon troupeaux à courir lui aussi. Soulagé, j’ai retrouvé Adja, elle a levé ses grandes oreilles droites et je l’ai secouée en empoignant la corne unique de son front, pour la gronder. Il était trop tard pour la punir vraiment, j‘ai finalement tiré sur sa longue barbe fileuse et caressé les longs poils de son dos blanc. La plus juvénile de mes galwins ne semblait pas souffrir, ou montrer quelque séquelle visible de sa téméraire escapade. En dehors du vaulk que j’avais vu voleter sur le pourtour de la phénoménale porte circulaire, rien n’avait bougé en provenance de la deux-lune. Bien que j’en fus toujours très éloigné, elle me dominait de sa masse imposante à présent, mais j’étais protégé par les toms de granite et je me gardais bien de les dépasser ; bien au contraire, j’ai pris rapidement la piste et traversé le gué de la rivière pour retrouver la sécurité de ma tribu. En arrivant, Yuna m’a fait un grand sourire, elle portait entre ses bras un gros grain de bélé prometteur de bonne farine. Ses pieds nus s’enfonçaient dans la poussière rouge, elle en a balancé un peu sur moi d’un rapide coup de jambe, pour m’embêter, puis elle s’est étonnée en voyant mon air tracassé. Je ne répondis rien, j’allais confier les galwins à mon père pour qu’il aille les parquer. Je ne lui dis pas d’où je venais, ni qu’Adja venait de défier le tabou, il n’aurait pas manqué de me prévenir, avant de me punir sévèrement. Je n’avais pas peur pour moi, je craignais juste la mort prochaine d’Adja. J’avais failli à la protéger.

 

Cette nuit-là, sous notre tente, je ne fis pas l’amour à Yuna. Je n’arrivais pas à dormir, la vision de Gojhib m’obsédait. Yuna bougeait un peu dans son sommeil, moi je ne pouvais pas faire un geste. Lassé par cette veille, je me suis levé doucement pour aller près de la tente de mes parents. Je l’ai contournée sans bruit, puis j’ai pénétré dans l’enclos de nos galwins, elles se mirent à bêler toutes ensembles bruyamment, je craignais le réveil de mon père, mais les bêtes se sont finalement calmées. J’ai regarder fixement les grands yeux d’ambre d’Adja, elle est venue vers moi pour me lécher les mains, elle ne semblait pas malade. Un peu rassuré, je suis retourné me coucher près de Yuna. Le lendemain, j’ai traversé le village pour aller parler avec Ourel le sham, qui savait tout de l’histoire des Youms et du Pouvoir Mystère de Gojhib. En me dirigeant vers la tente de l’honorable vieillard, j’ai croisé un gamin qui n’avait que la moitié des jambes et marchait sur les genoux, les enfants mal formés sont des épreuves que nous envoient les dieux. D’autres sont plus chanceux, ils naissent avec des palmes de peau entre les doigts, identiques aux petites grouilles des marais, on les nomment les « nageurs » ; parce qu’ils pêchent très profondément dans notre rivière, en retenant leur respiration mieux que les autres. C’est un honneur remarquable pour les parents de faire naître un nageur. J’étais tendu, je ne savais pas si je devais raconter au sham l’escapade sacrilège de ma galwin. J’ai trouvé Ourel devant chez lui, en train de bourrer de plantes hachées le fourneau de sa pipe. Il était celui qui transmettait le savoir tribal de générations en générations, il perçait les sentiments des Youms, il devina tout de suite mon embarras. Lui aussi savait que j’ai toujours été plus loin que les jeunes de mon âge. Il m’avait annoncé après le froid que je dirigerai la danse de sol, à la prochaine moisson, que je boirai le bong, en communion personnelle avec les dieux. Que je serai pour cette fête le maillon qui fermera le cercle des danseurs.

 

– Alors, Yarou, quelque chose te tracasse ? entre chez moi, si tu veux parler.

 

Dans la tente tissée de fibres végétales, Ourel a rangé ses jambières de cuir qui traînaient et repoussé son grand sac en peau de galwin, pour que je puisse m’asseoir à mon tour. Je regardais l’objet avec une crainte révérencielle, il contenait des articles possédant les vertus de l’étoile rouge.

 

– Ourel, tu guéris les malades et conduis les cérémonies, mais raconte-moi encore l’histoire de Gao.

 

– A l’époque où le deuxième sol brillait encore de tout son feu, Gao n’était qu’une terre sèche et pierreuse baignée par de grandes rivières. Elle n’était pas fertile. Pas de planj et aucun nimo, pas un seul, mais le deuxième sol les a fait naître, tout comme les premiers Youms, créés eux aussi par les dieux, presque comme nous, mais qui ne pleuraient pas du sang mais de l‘eau et possédaient cinq doigts par mains. Seulement, les dieux leur en ont pris un à chaque main, pour les punir de vouloir habiter trop près de Gohjib. Voilà pourquoi nos mains ont quatre doigts. Le deuxième sol s’est éteint après 5000 moissons pour se muer en un gouffre plus obscur que la plus noire des nuit et devenir une lune froide et sans lumière, issue d’une pierre grise plus solide que n’importe quelle pierre du pays. Elle est Gohjib maintenant, fille de deux-sol depuis 5000 moissons elle aussi. Comme les Youms avaient plantés les pierres-toms et qu’ils avaient été sages de ne plus s’approcher, les dieux ont bien voulu que leurs dents repoussent toute leur vie, dès qu’ils en perdent une. D’autres dieux ont donnés des palmes aux doigts des nageurs, pour pêcher mieux. La petite étoile rouge a brillé plus longtemps, pour que personne n’oublie complètement le conseil des dieux qui habitent dans Gohjib, elle a étincelé peut-être pendant 300 moissons, avant de s’éteindre elle-aussi. Les Youms qui naissent aujourd’hui étrangement sont là aussi pour nous rappeler encore l’avertissement des dieux. Tout le monde meure depuis toujours, en s’approchant de Gohjib. Comme je te dis, au commencement, avant que les Youms ne plantent leurs tentes ici, il n’y avait rien d’autres que des montagnes de cailloux et les dieux qui volaient dans le ciel, en grimpant sur des oiseaux de pierre. Il n’y avait qu’eux sur Gao. Tu as quelque chose à me dire que je dois savoir, Yarou ?

 

J’avais le sentiment que le poids de la tente m’écrasait. Ourel le sham me perçait du regard. Je ne pouvais pas lui mentir, pourtant je ne dis rien. La roue médecine immobile pendait ses plumes multicolores au-dessus du vieillard, il avait les oreilles complètement collées contre son crâne, ce qui était assez courant chez nous. Je respectais notre histoire et les traditions, mais franchement, des oiseaux de pierre qui pouvaient voler, j’avais du mal à le croire et l’imaginer. Après des paroles anodines, je remerciais Ourel et pris congé, en lui disant que je serai fier de mener la danse du sol à la prochaine moisson.

 

Trente sols plus tard, Adja allait toujours très bien, pourtant je l’avais vu traverser les toms avant de revenir vers moi. La galwin trottait avec ses sœurs sans montrer le moindre mal. Malgré-tout, j’évitais de franchir à nouveau le gué jusqu’à la moisson. Quand vint le temps de la fête et des réjouissances, je conduisis les autres comme prévu et Adja montrait toujours la meilleur santé. Ourel avait posé sur sa tête le bol des dieux, ce qu’il ne faisait qu’aux mariages et l’importante danse du sol, la ronde chargée de célébrer la fin de nos récoltes. Le visage du sorcier était alors masqué par le vase blanc, aussi rond et lisse que la plus belle des poteries. Un chapeau des dieux conservé précieusement dans la besace sacrée du sham, depuis l’éclat originel de deux sol. Tous les shams des autres tribus en possèdent un aussi. Il y avait sur ce masque sacré, qui englobait totalement sa tête, de petits signes incompréhensibles, comme les bergers en gravent parfois sur les roches pour imager les événements de la tribu : Mitch, formaient ces pictogrammes ; mais personne ne comprenait ce qu’ils représentaient. Il y avait une ouverture par laquelle Ourel voyait parfaitement, mais fermée par une matière très solide, aussi transparente que l’eau la plus pure. A l’intérieur du chapeau, une espèce de mousse noire et usée avait presque disparue, puisque ce couvre-chef avait été porté par les milliers de shams venus avant notre sorcier.

 

Au sol couchant, sous les étoiles familières, j’avais bu le bong au milieu des autres, assis en demi-cercle. La pluie est tombée, tout le monde s’est levé, moi je n’ai pas bougé. Ourel m’a regardé fixement, puis, avec ses maigres forces, il m’a traîné pour me mettre à l’abri sous la longue tente. Dans les visions qui agitaient mon esprit, mon corps s’envolait vers la grotte obscure et circulaire de Gohjib, comme le vaulk que j’avais aperçu. Et puissamment halluciné, j’entrais dans la deux-lune, avec un sentiment glorieux d’immunité. J’entendais autour de moi les voix de la tribu qui chantaient ma bravoure, je n’étais qu’une balle rapide qu’on jette sur un poteau. Mais je ne jouais pas. Yuna m’a veillé longtemps, en usant patiemment de ses talents de femme, je suis resté trois sols sous notre tente, plongé dans un coma profond. Ensuite, à l’issue d’un réveil pénible, je me suis restauré d’un bol de bouillie. Une autre moisson s’est déroulée entièrement, Adja à donné naissance à un premier petit bien conformé. Pendant le froid qui a suivi cette autre récolte, avec trois autres Youms, je portais le corps de Natch lors de sa procession funéraire, en espérant que son esprit ne se mette pas à errer sans fin. En réalité, alors que je semblais vivre comme tout le monde, très occupé quand le climat se réchauffa par les semailles à venir, chaque sol qui passait, je pensais au territoire interdit qui n’avait pas puni ma galwin.

 


 Au temps où les troncs de bélés sortent de la terre avec leurs premières feuilles, j’ai à nouveau traversé le gué en compagnie de Yuna pour faire pâturer le troupeau. En chemin, un liow a voulu attaquer. J’ai attrapé l’une de mes lances et comme il faut toujours prévenir avant de punir, j’ai dit :

 

– Non, liow, tu  ne dois pas dévorer mes galwins.

 

Comme le fauve zébré aux dents longues et sans queue se tassait en rugissant pour bondir tout de même, j’ai serré bien fort mes quatre doigts, afin de lancer mon javelot sur lui. Il est mort sous la deuxième lance projetée par Yuna. Nous sommes arrivés près des toms, au-dessus de nos têtes s’imposait la colossale deux-lune de Gohjib.
 
– Viens, m’a dit Yuna, il ne faut pas rester ici. Elle regroupait en sifflant nos galwins, pour éviter qu’elles ne s’approchent  trop près des hautes pierres levées.

 

– Tu peux les laisser tranquilles Yuna, elles n’auront rien.

 

Elle m’a regardé sans comprendre, si belle dans sa robe de chanvre. Nous étions très près des roches dressées. A présent, je me rendais compte que j’avais fait exprès de la conduire ici. Elle cria d’affolement, les galwins couraient sans prudence au-delà des mégalithes. Pour elle, comme je l’avais imaginé pour Adja, tout le troupeau était perdu. Yarou ! Yarou ! hurlait-elle, fais quelque chose ! Elle était si troublée en voyant les bêtes franchir la barrière qu’elle en avait lâché son bâton dans l‘herbe haute. Alors j’ai dû lui dire. Son air pitoyable me faisait de la peine, je la voyais lutter contre l’idée que je devenais fou. Quand j’ai lâché sa main pour courir à mon tour au-delà du tabou, un filet de larmes rouges a perlé sur sa joue. J’ai repoussé les animaux vers elle, mais au lieu de les suivre, j’ai commandé à Yuna de rentrer au village. Le sang de ses pleurs me faisait de la peine. J’ai agité mes quatre doigts de la main droite, et j’ai insisté pour qu’elle retrouve la tribu. Longtemps, elle est restée immobile au milieu des galwins blanches, en hurlant mon nom. Pitoyable, elle m’a regardé tristement escalader les rocs, m’engager sur la pente ardue, sans discerner le motif de cette désastreuse décision. Je suis monté vers la deux-lune, j’étais en train de grimper dans les bois de Gohjib. J’ai observé Yuna, maintenant minuscule, retourner en courant au village, elle ne s’inquiétait plus du troupeau, bien qu’il se mette docilement à la suivre. Je savais que je risquais ma vie en m’approchant des dieux, pourtant, je continuais mon ascension avec obstination. J’étais le premier Youm à tenter ce formidable exploit. Je me portais enfin au bord du gouffre horizontal, rien de fâcheux ne s‘était manifesté. Je restais là, longtemps, à reprendre mes forces, la colline d’en face me semblait ridicule et là-bas, les croassements de quelques corbs semblaient désapprouver mon imprudence. J’étais arrivé.

 

J’allais mourir en restant trop longtemps au bord du large disque de la deux-lune, j’en étais certain. La pierre lisse où mes pieds se posaient me fut douce au toucher. Je n’osais faire un pas de plus dans la profondeur de ce gigantesque tunnel évasé, que quelques lichens roux tentaient de coloniser en bordure, formant des taches dispersées. Montrant plus de sagesse, les autres plantes ne les imitaient pas, elles germaient et pendaient simplement à la périphérie, en s‘accrochant aux sculptures qui entouraient Gohjib. Je pensais qu’en avançant, j’allais vers ma fin, qu’en pénétrant dans l’antre ténébreux j’allais connaître l’ultime instant de ma mort, faire le chemin inverse du petit de mes galwin, qui pousse hors de sa mère pour respirer la vie. La bouche gigantesque était froide, polie et glacée, cet énorme trou menaçant d’une hauteur démentielle n’avait aucunement la chaleur palpitante du ventre animal. Les dieux allaient sans doute me punir pour vouloir entrer chez eux, mais ils devaient forcément prévenir avant. Attentif au bruit du vent qui hululait en glissant sur le bord du grand cercle au diamètre hallucinant, je n’entendais pourtant que ma seule audace. Un vol d’oiseaux blancs chahutait sans crainte dans les hauteurs du grand cône brillant, le vaulk avait sans doute quitté son nid. J’avais peur bien sûr, je pouvais presque écouter les battements de mon cœur qui cognait dans ma poitrine, mais ce sentiment d’appréhension devant cette bouche étonnante céda bientôt le pas à l’irrépressible excitation de la découverte. Maîtrisant mon angoisse incommensurable, je décidais d’avancer lentement vers le centre de cet abysse inquiétant, pas à pas, tant que mes yeux verraient. J’étais fou de vouloir progresser, oui, aussi insensé que ce vieil Oriel aux bras courts qui a sucé des pierres et décliné des phrases incohérente, en grattant son corps difforme, toute sa drôle de vie. Je me rendais bien compte que le néant m’attendait et qu’au bout d’un moment, il n’y aurait plus rien à voir d’autre qu’une complète nuit. Cette idée m’affolait et posait à ma marche une limite très claire, mais rien n’y faisait, je m’engageais toujours plus loin en avant dans la vaste grotte, je marchais dans la deux-lune ! Privé progressivement de lumière, je plongeais d’un coup dans un vide plus noir que la mort elle-même. J’ai voulu retourner en arrière, enfin pris de raison, mais la surface a cédée sous mes pieds et je tombais, lourdement, heureusement d’une hauteur raisonnable, je ne me fis pas mal. Les dieux ne m’avaient pas prévenu. Je ne voyais plus rien.

 

Privé du moindre repère, j’ai rampé dans le noir dans un tunnel étroit, longtemps. J’avais sans doute perdu en jouant le hasard de ma vie dans le cœur de Gohjib. J’ai vu un petit point lumineux, pupilles agrandies, je l’observais avec l’avidité d’un papillon qui s’approche d’un foyer, tout en refoulant de nouvelles craintes. De près, je vis que la lumière passait par un petit trou percé dans une cloison sur laquelle je plaçais mon œil, je vis qu’il y avait de l’autre côté une grande salle éclairée par une source invisible. Du bout des doigts, je tâtonnais, auscultant chaque endroit de la séparation couverte de bosses sur le côté ; elle s’ouvrit brusquement, en me laissant la possibilité de  pénétrer de l’autre côté. Je pouvais enfin me tenir debout, j’avançais, il  y avait devant moi une pièce aux parois solides, baignant dans une belle atmosphère lumineuse. La grande tente des dieux. Chaque pas que je faisais provoquait des fumées de poussières, j’avais beaucoup de mal à respirer, envahi d’une conscience absolue de contempler un secret dangereux. Au-dessus de ma tête, dormaient de gros serpents brillants comme l‘argent, leur absence de mouvement me rassurait un peu. Tout en vivant l’expérience mystique suprême, je craignais d’être englouti par ces monstres au repos. Comme une gazia étouffée par un bô. Sans les comprendre, je vis sur le mur les grands signes noirs tracés par les dieux : « Coursive 03 ». Aucun dieu cependant ne m’avait invité chez lui. J’étais entré dans l’étrangeté de Gohjib par effraction, comme un voleur, personne pourtant ne m’avertissait, je ne pouvais imaginer quelle serait ma sentence. La lumière de deux-sol pouvait-elle se remettre à briller sur Gao ? Une porte s’ouvrit, découvrant un nouvel espace d’une blancheur parfaite, sans aucune poussière, encore plus haut et plus grand, violemment illuminé lui-aussi. Autour de moi, il y avait de grandes boîtes transparentes, il pouvait s’y trouver des centaines de milliers. Elles étaient toutes vides, leurs couvercles éparpillés sur le sol propre, chacune portaient deux ou trois signes des dieux. Sur une grande table couverte d‘étranges champignons de toutes les couleurs, je vis un bol sacré, identique au chapeau des cérémonies, ses dessins traçaient « Jason », je ne le touchais pas. Un peu plus loin, au-dessus d’une porte fermée, une gros point rouge clignotait avec obstination, l’étoile rouge dormait-elle ici, avant de retourner avertir les Youms qu’on ne doit pas déranger les dieux ? Ce signal luisait-il pour me prévenir que j’étais allé beaucoup trop loin ? En dépit du fait que j’étais chez eux, aucun dieu ne se présentait pour répondre à ma foule de questions. J’avais toujours aussi peur et pourtant, j’étais dans le même temps heureux de me trouver là, entouré des énigmes merveilleuses. Parce que les dieux ne m’avaient pas puni et que j’étais toujours vivant. Sur la porte, en-dessous du globe de l’étoile qui fusait continuellement ses courts rayons de sang, je vis tracé « Navette  F 1 CR ». J’osais touché du doigt le champignon jaune qui se trouvait à côté de la porte.

 

La nouvelle pièce était plus petite, le sol dessinait sans aucun jeux d’ombre un damier noir et blanc. Il n’y avait qu’une plate-forme, où reposait une grande boîte dans laquelle se trouvait une structure qui pouvait ressembler à une sorte de lit. Cet objet me semblait la chose la plus familière que tout ce que j’avais déjà découvert. Je suis resté longtemps au bord de cette couche, mes mains tâtonnèrent la surface moelleuse, il paraissait évident qu’elle puisse offrir à un Youm un sommeil merveilleux. Sans plus réfléchir, je me glissais dans cette barque enchantée et comme je l’avais supposé, je la trouvais très douce à mes épaules. Les mains sur mon ventre, je levais un genoux, très à l’aise. Je réalisais que j’occupais peut-être avec insolence la couchette d’un dieu. Sans prévenir, le long capot que j’avais vu levé au bord du lit de referma sur moi, je voyais au travers, il était fait de la même matière transparente que la visière d’un masque de sham. J’étais désormais pris au piège et enfin puni pour ma témérité insensée. Affolé, je criais et tambourinais de mes huit doigts contre la surface qui m‘emprisonnait, elle refusa de s’ouvrir. Au bout d’un temps infini, quelque chose se mit à trembler doucement sous moi, j’étais terrorisé par cette vibration régulière et nouvelle, qui dura très longtemps. Provenant de nulle part, des signes oranges ont brillés devant mes yeux « Oxygène 100% » Et puis le toit de la pièce s’est ouvert brusquement, une avalanche de grosses racines, de plantes et de branches vermoulues est tombée sur le lit, sans rompre ni fissurer mon sarcophage. Je fus projeté vers le ciel dans lequel je volais. Couché dans le ventre d’un oiseau de pierre façonné par les dieux, qui m‘avait traîtreusement dévoré !
   
 Alors que je montais verticalement, en prenant peu à peu de la vitesse vers le premier sol, je vis en bas, prudemment amassée au-delà des toms, la foule des Youms de ma tribu qui tendaient tous les bras vers moi. Yuna était certainement parmi eux. Je continuais ma formidable ascension, j’étais si haut dans le ciel que j’aperçus la Montagne-loin et son vaste lac, puis, montant encore à travers les nuages, les terres infinies de Gao, les plaines, les vallées, les forêts ; jamais, même dans mes rêves les plus fous, je n’aurai imaginé qu’elles fussent si étendues. Au-delà d’une strate brumeuse, mon lit est entré dans la nuit implacable. Moi, Yarou, jeune homme de vingt-deux moissons du clan des Alaks, j’avais toujours été plus loin que les autres.

Message cité 1 fois
Message édité par talbazar le 02-10-2018 à 09:04:26
n°54574221
BoraBora
Dilettante
Posté le 29-09-2018 à 22:29:11  profilanswer
 

Critias a écrit :

A coller dans le dico comme illustration du mot "Violence".


A coller dans le dico comme illustration du mot "hyperbole".


---------------
Qui peut le moins peut le moins.
n°54575512
MasonAge
Posté le 30-09-2018 à 10:04:11  profilanswer
 

talbazar a écrit :

Salut les hippies !  :hello:  
 
Gojhib
...


Je salue le retour à des textes - même si les débats de ces dernières pages peuvent être intéressants.
 
Très honnêtement, je n'ai pas tout compris... mais j'ai bien aimé  :jap:  
Je trouve que tu t'en sors bien alors que ce genre de fictions est casse-gueule ; tu imagines un décor et des personnages y vivent, tu arrives à leur donner des personnalités, de l'épaisseur.
Nous sommes donc dans le futur, l'humanité a survécu à une catastrophe sans doute nucléaire et a régressé dans son savoir pour revenir au mythe, la première étape d'explication du monde.
 
Une toute petite remarque :

Citation :

entouré des énigmes merveilleuses


"entouré d'énigmes merveilleuses" irait mieux.


Message édité par MasonAge le 30-09-2018 à 10:16:15
n°54575686
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 30-09-2018 à 10:41:17  profilanswer
 

Comment ça, pas compris ? mince ça m'embête, dis-moi ce qui te parait trop flou. Bon, écrite en trois jours, je crois que la difficulté était de prêter une certaine naïveté à mon Icare de la savane, tout en lui donnant la volonté d'agir. L'idée était d' installer un réacteur ayant brûlé pendant 5000 ans, en irradiant le coin, oui. Crédible ou pas, je m'en fous carrément. Mais on ne sait pas si l'humanité des Youms était là avant, ou s'il s'agit des occupants du vaisseau retournés à un état plus primitif, peu importe, en fait. Merci à toi.

n°54581408
k_raf
Totally nuts!
Posté le 01-10-2018 à 06:53:50  profilanswer
 

Dans un mois c'est le nanowrimo. Je ne réexplique pas le concept, vu que les lecteurs de ce topic sont toujours les mêmes. Je poste symboliquement un mois à l'avance car ça s'anticipe un minimum. Ca serait vraiment chouette qu'on soit plusieurs à s'y mettre. Le débat sur l'intérêt de la chose est légitime, mais il y a un vrai argument "pour" à mettre en avant : c'est l'occasion de s'y mettre pour tous ceux qui repoussent éternellement leur premier jet! :bounce:  
 
Me concernant, je suis très motivé pour le faire, même si je risque d'avoir plus de contraintes d'organisation que lors du camp nano d'avril. Et je ne sais pas encore sur quel projet me lancer : ça pourrait être une idée de roman que je traîne depuis quelques années déjà, qui est pas mal structurée, mais que je préférerais écrire dans un cadre plus souple qu'un nanowrimo. Sinon, j'avoue que je sèche encore un peu.  
 
Allez, il reste un mois pour se décider! [:jerome38:5]

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