Reprise du message précédent :
zyx a écrit :
Dans tout les cas, la partie III continuera à exister (et existe déjà depuis fort longtemps). Il n'est pas sûr que ça devienne aussi flexible que des textes de loi point de vue modification. Mais il est incontestable que les traités actuels sont moins facillement modifiable que ce qui était prévu pour la partie III du TCE (pas besoin de double unanimité, possibilité de transfert sous le régime des lois ...)
C'est donc là un argument utilisé contre le TCE qui sera certainbement utilisé sous une forme ou une autre contre un éventuel TCE modifié. Tout en restant de mauvaise fois.
Mais comme l'a dit Ernestor, il est parfois bon d'éviter de revenir sur l'anciens référendum sur le thème "j'avais raison car le non a gagner", car j'ai de quoi vous donner des migraines ... (cf poste où je cite un article de l'humma et l'espérance du non)
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Exemple typique de logique technocratique :
Zyx veut à toutes forces nous expliquer que le TCE avait la vertu majeure de rendre plus faciles des modifications éventuelles des textes existants. Soit, personne ne le nie. Mais ce que Zyx n'arrive pas à comprendre, c'est qu'on n'a pas soumis aux peuples qui se sont exprimés un texte qui se contentait de décrire un mode de fonctionnement institutionnel de validation ou de modification de loi, on lui a soumis un texte qui reprenait explicitement, noir sur blanc, des orientations idéologiques fortes, de type néolibérales. Certes, ces orientations libérales ne sont pas nouvelles dans les instances de l'UE mais elles n'avaient jamais été soumises à l'approbation des peuples (sauf en Irlande et au Danemark, où les gouvernements et l'UE ont décidé de passer outre l'avis des irlandais et des danois) et pas aux français depuis Maastricht, il y avait 13 ans, et qui avait été acceptées par la plus faible majorité possible sur la base de promesses qui n'ont pas été tenues.
Alors, là où Zyx est un incorrigible technocrate, c'est qu'il s'époumonne à répeter depuis presque un an que les citoyens européens auraient du se prononcer sur la forme du projet européen, mais pas sur le fond ! Et c'est quand même incroyable qu'il ait à ce point des oeillères pour refuser d'admettre que les européens ont surtout envie de se prononcer sur le fond !
Alors où est le problème ?
D'aucuns nous disent : entre les peuples ultra-libéraux (les britanniques, les polonais, les néerlandais...) et les peuples peu libéraux (les français, les suédois, les italiens...), le seul compromis possible est un projet européen "moyennement" libéral. Sauf que le compromis n'est pas possible puisque les français et les néerlandais ont, pour des raisons qui sont peut-être ou peut-être pas contraires, clairement fait savoir que le projet proposé ne valait pas les sacrifices demandés.
Dans la logique technocratique de Zyx, on est là devant une impasse intellectuelle ; les "experts" ont mal évalué les attentes et valeurs des peuples et ce sur quoi ils sont prêts à avancer. La solution technocratique à la Zyx est de dire : comme les "experts" ne peuvent pas se tromper, ce sont forcément les peuples qui se trompent, qui sont mal informés, induits en erreur par des forces obscures qui pourtant n'ont accès à aucun des pouvoirs institutionnels et aucun média officiel ou commercial, et ce malgré une propagande officielle de type "blockbuster" comme on en a rarement vue. Les peuples se trompent même sur leurs propres attentes et leurs propres valeurs, ils ne sont pas assez matures et intelligents pour décider de ce qui est bien pour eux, donc il n'y a qu'une seule solution, faire passer le projet des experts de gré ou de force ! C'est là qu'on glisse doucement de la démocratie vers la technocratie ! C'est grave et dangereux !
L'autre analyse part des "experts", elle repose sur le principe que le démocratie est un système juste et politiquement le meilleur, et donc que la décision des peuples est légitime, que les différents partisans de telle ou telle option ont les mêmes moyens de les convaincre (ce qui n'était pas franchement avéré lors du référendum du 29 mai et la domination outrageuse du "oui" dans les médias a certainement, finalement, joué en faveur du "non" ) et donc que les français ont, en majorité, considéré qu'il y avait plus de risques à dire "oui" qu'à dire "non".
Pourquoi les "experts" se sont-ils donc trompés lorsqu'ils ont mal évalué ce que voulaient les citoyens ?
Revenons au traité de Rome en 57. Le traité de Rome a été adopté en même temps que le traité EURATOM, et la France politique de l'époque avait surtout focalisé son attention et son investissement sur EURATOM. Le traité de Rome était considéré comme accessoire et sa conception avait été laissé aux économistes libéraux allemands partisans de "l'économie sociale de marché" (qui est une doctrine libérale, contrairement à ce que son nom laisse croire, puisqu'elle prétend que le marché va réguler le champs social par les effets induits de sa logique économique !!!). A l'époque, seul le Parti Coimmuniste, mais qui était alors le première force de gauche autour de 30%, s'était opposé au traité de Rome quand le reste de la classe politique française se félicitait surtout de la signature d'EURATOM. Inutile de dire qu'EURATOM est très vite tombé aux oubliettes, notamment à cause de l'hostilité à l'énergie nucléaire en Allemagne et à la prise de conscience écologiste anticipée dans les pays nord-européens. Par contre, le traité de Rome est resté...
Mais en France, la politique de de Gaulle était totalement contradictoire avec le traité de Rome qui est resté en sommeil jusqu'aux années 80. En 78, le leader du mouvement Gaulliste de l'époque, Chirac, lançait un vibrant appel contre la construction européenne selon le traité de Rome, le fameux "appel de Cochin".
Le vrai tournant, c'est celui du triomphe idéologique Thatchero-reaganien de l'ultra-droite libérale anglo-saxonne des années 80 et la mise en place de la mondialisation libérale. Mondialisation libérale qui a consacré l'échec de la gauche française en 83 et la conversion du PS à un libéralisme soft pour ne pas être balayé. C'est la doctrine Thatchero-reaganienne qui prévaut à la mise en oeuvre des "critères de convergence" de Maastricht et à la mise en place du carcan libéral de l'UE.
Mais, 15/20 ans plus tard, la désillusion est là ! L'alter-mondialisme, qui est une critique directe et constructive de la mondialisation libérale, se développe, comme se développent aussi les mouvements de replis identitaires, nationalistes et communautaires, qui eux sont destructeurs.
Et pourquoi les experts de l'UE n'ont-ils pas vu et anticipé cette desillusion ? Pour deux raisons majeures :
- la chute du bloc soviétique qui coîncide avec le triomphe des idéologies ultra-libérales anglo-saxonnes créé un immense sentiment d'impuissance chez les peuples et le sentiment qu'il n'y a pas d'alternatives possibles.
- le ralliement des principaux partis sociaux-démocrates au libéralisme (qui équivaut en moins brutal et fulgurant à la réconversion instantanée des apparatchiks staliniens des pays de l'ex-pacte de Varsovie en capitaines d'industrie ultra-libéraux !) qui laisse un immense espace politique vide à gauche qui peine à se remplir, mais qui commence à le faire de façon irresistible avec l'élection de Ken le Rouge à Londres, l'émergence spectaculaire du Linkesparteï en Allemagne, le rassemblement du "non" de gauche en France qui contribue massivement à la victoire du "non" (les études ont toutes montré que l'électorat du "non" était majoritairement de gauche, et l'électorat du "oui" majoritairement de droite)...
Ces nouveaux mouvements / alliances n'ont pas encore atteint la "masse critique" qui permet de leur donner une stature de "parti de gouvernement", ce qui fait qu'ils sont encore assez peu présents lors des élections traditionnelles, et donc que les idées qu'ils défendent sont ignorées dans les instances où les "experts" élaborent leurs politiques, mais ces idées tendent à être de plus en plus majoritaires, et ce caractère majoritaire apparaît lors de referendum où la logique institutionnelle de "parti" est moins importante !