Salut Xantos,
Merci pour les « méduses volantes ». limage a de la saveur. Le raisonnement où elle sintègre est moins de mon goût. Vous maviez habitué à beaucoup mieux. Quel est-il ce raisonnement ? A peu près celui-ci : première phase : dire que lapparition de la conscience sensible est le fait essentiel de lévolution et quelle a été programmée par la structure originelle de la matière cest du finalisme.
.Bon, je naime pas trop cette façon de faire dire à ma pensée ce quelle ne dit pas, de lintégrer à une doctrine préexistante dont il me faudrait assumer toutes les fantaisies (du genre de celles de Bernardin de Saint-Pierre : pourquoi les melons ont-ils des tranches ? pour être mangé en famille.) Mais, bon, il faut bien dialoguer et pour cela intégrer les propos de lautre au cadre de ses connaissances.
A la deuxième phase, je tique : « Tu exposes la doctrine du finalisme dans sa version moderne : le principe anthropique ! » Tiens maintenant non seulement je suis finaliste mais je suis en train dexposer la vision anthropique de lunivers ! Or ai-je parlé de la nécessité de lapparition de lhomme (anthropos) ? Non, jai parlé de lapparition des êtres sensibles. Etres sensibles parmi lesquels on peut certainement placer léléphant de Paul Benjamin et pourquoi pas aussi vos méduses. Les méduses ont des neurones, pas beaucoup mais elles en ont. Je les vois donc douées dun « cristal sensible » et dun embryon de conscience sensible elles aussi. Pour le reste, je pense que les partisans du principe anthropique sont les partisans de la nécessité de lapparition des êtres pensants dans lunivers et quen écoutant votre exemple : « si nous étions des méduses volantes, nous aurions pensé
», ils vous auraient arrêté tout de suite. « Que voulez-vous contrer comme idée ? que lapparition dun être pensant soit une nécessité ? Alors, je vous prie, ne le faites pas avec des méduses
pensantes ! »
Un point de votre intervention ma vraiment chagriné, cest ce membre de phrase que vous écrivez en gras : « sinon par le fait denfermer lincompréhensible dans le royaume du non observable où tout est possible. » Ce que vous sous-entendez là cest que je memploierais à rendre ma théorie le plus invérifiable possible pour en rebattre le plus longtemps et impunément- les oreilles.
Vous nallez peut-être pas me croire, Xantox, mais je veux quand même vous assurer que si je trouvais un protocole dexpérience apte à infirmer totalement ma théorie, je le proposerais immédiatement sur ce forum. Et jessaierais dans la mesure de mes infimes moyens dy intéresser les chercheurs.
Dans mon message à GregTrt du 8 je proposais 4 pistes de recherche pour vérifier mes vues. Dans un message du 19 jen évoquais longuement deux autres. Ce qui est vrai cest quil peut y avoir plusieurs temps dans lexistence dune théorie. Un temps de lélaboration, cest le temps auquel sintégreraient ceux qui veulent faire préciser et progresser ma pensée. Et puis il y a le temps où les procédures de vérification qui peuvent être directes ou indirectes (et dans le cadre de ma théorie elles seront plutôt indirectes) sont définies.
Limportant pour moi est quil y ait concurrence de théories. Pour la douleur, par exemple, on peut dire : « la douleur nest quun échange ionique » comme le disent certains ici. On peut dire aussi : la douleur tout le monde léprouve et personne ne sait bien ce que cest comme les plus grands neurobiologistes, comme Jean-Pierre Changeux et Jean-Didier Vincent. Ils ont pourtant une excellente connaissance des voies anatomiques de la douleur, des capteurs nociceptifs de la peau et des muscles aux neurones du cortex en passant par les relais de la moelle épinière, du thalamus et du tronc cérébral sans compter les déviations, les voies dactivation ou dinhibition et qui ont aussi une très bonne connaissance des neurotransmetteurs. La douleur, on a commencé à croire quelle était là ou ça fait mal. On mécrase le pied, cest au pied que jai mal et, quand jai quelque chose dans le pied, je ne lai pas dans la tête. Dans le pied ? non , pas vraiment . Dans les nerfs du pied, va-t-on dire au Moyen-Age où lon savait « énerver » les gens de plus rude façon que Friday-Monday. Puis après on va comprendre que non ce nest pas dans les nerfs en eux-mêmes, cest dans linflux algique qui les parcourt, influx quon voyait comme une substance de douleur, la douleur circulant à travers les nerfs comme le sang à travers les veines. Puis après on a compris que cet influx qui était en fait un potentiel daction émis par les cellules nociceptives était indolore en lui-même car, si on parvenait à larrêter à un stade de son parcours (aux relais synaptiques), on ne ressentait rien. Alors où était la douleur ? dans le cortex où les terminaisons nerveuses aboutissent finalement ? Eh bien, non ! la stimulation électrique ny est pas douloureuse. Alors où est-elle cette douleur quon peut ressentir partout et quon ne trouve nulle part ? dans le « cerveau flou » et « létat central fluctuant » comme le dit Vincent ? Moi, je veux bien, mais jai le droit de ne pas me satisfaire dune telle réponse. Vous me direz : « Clément Dousset, vous voyez une table, vous avez lidée que cet objet que vous percevez est une table. Trouveriez-vous de lintérêt à savoir où cette idée de table se situe dans votre cerveau ? » Franchement non, même si elle peut effectivement se « situer » quelque part. Mais la douleur, ce nest pas comme une idée, cest plus concret. Comme je lai dit dans un message, on mécrase le pied : jai mal ; on me lécrase un peu plus fort, jai un peu plus mal. La douleur est sentie comme quantifiable à la façon même dont lénergie est perçue comme quantifiable. Lénergie thermique
je ne vois pas ce que cest ; japproche de ma main la flamme dune allumette et... je vois tout de suite. Lénergie électrique
.ah ! cest ben abstrait ça ! Je passe dans le champ voisin où le fermier met ses vaches, je ne me penche pas assez au-dessous du fil de clôture : lénergie électrique, je vois bien ce que cest maintenant! Etc.Etc. Donc vouloir situer précisément dans lespace-temps le phénomène physique qui induit un phénomène psychique perçu comme aussi simple, aussi concret, aussi quantifiable, aussi nettement reliable à une cause extérieure ne me paraît pas absurde. Alors, me redirez-vous, Xantox, pourquoi ne pas rester dans le cadre biochimique pour repérer et situer le substrat ultime de la douleur ? Mais bien sûr, pourquoi pas ? Mais, restez-y ! Mais laissez moi allez voir ailleurs ! Je passe un quart dheure à chercher mes lunettes dans le salon où je suis sûr de les avoir laissées. Je suis sûr quelles sont là. Et puis, à la fin, je vais quand même faire un tour dans ma chambre. Et sur létagère, en entrant, la première chose que je trouve, cest mes lunettes bien sûr !
Inobservable lespace sub-atomique ? de moins en moins, Xantox, vous le savez bien. Inobservable de façon directe bien sûr, mais pas de façon indirecte. Autrement on nen aurait pas la connaissance quon en a aujourdhui et où lexistence des quarks par exemple a pu être prouvée. Ce qui est vrai cest que la douleur sera toujours inobservable en elle-même. Il ny a que sa douleur quon peut observer. Mais on peut observer et les réalités induites (manifestations physiologiques et comportementales de la douleur) et les phénomènes inducteurs avant létape ultime. Si on pouvait voir létape ultime, par exemple, dans le cadre de ma théorie, si on pouvait déterminer que tel influx nociceptif engendrait une perturbation repérable et simultanée dans telle structure atomique, on ne verrait toujours pas la douleur. Mais on pourrait peut-être la relier à des phénomènes sub-atomiques originaux quon pourrait interpréter en concordance avec sa manifestation.
Pour finir, je voudrais vous dire ceci
(excusez le caractère un peu décousu de ce message) Je voudrais donc dire que, si javais annoncé en tête dun fil que javais inventé la machine à couper les cheveux en quatre , jaurais eu mille questions
ans le sens de la longueur ou de lépaisseur ? En sections égales ? A même le crâne ou après la coupe ? Valable pour les blonds comme pour les bruns ? A lame, à laser ou à micro-chaîne comme pour les tronçonneuses ? A moins que ce soit à fil daraignée monté sur rognure dongle ? Eh bien là, je prétends avoir conçu un système pour décrire le fonctionnement de la conscience sensible, jexplique mon système dans un premier message de 4000 mots, je le réexplique dans son principe deux ou trois fois après et, sur les deux cent cinquante interventions que compte ce fil, il ny en a pas une qui porte sur le fonctionnement de base... Renversant !