clementdousset | xantox a écrit :
Je l'avais lu et tu avais parlé de "la modulation d'un affect [fondamental] qui varie en intensité et en nature", donc un nouveau type d'observable, comme la "matière pensante" de Descartes, dans ton cas une '"énergie affective", qui une fois "modulée" donnerait lieu à toute réalité consciente.
Tout d'abord, je remarque que si tu postules cela, c'est parce que "tu estimes qu'il est impossible pour la matière physique de donner lieu à la conscience" (voir mon post du 24-7 à 22H07 ;-) ), et j'espère que tu conviendra en toute logique que si cette impossibilité était demontrée fausse, il n'y aurait pas la necessité de postuler ce nouveau type d'observable. Mais pour répondre à ma question sur la sensation de rouge tu dis donc que cela s'explique en termes de modulation de l'"énergie affective". Mais cela ne fait que renvoyer le problème au niveau de l"énergie affective" ou "affect fondamental". Quelle serait sa définition, et quelles seraient ses propriétés observables?
|
Dans mon message à Show du 7 juillet, jécris : « on mécrase le pied : quest-ce que je ressens à linstant zéro, linstant pur, sans durée ? Eh bien : bobo, très bobo. Ce que pouvait ressentir peut-être le premier être vivant sensible, une douleur sans objet, sans provenance. Une douleur. Point. Maintenant quest-ce que je vais ressentir dans
une demie seconde ? Eh bien, dans une demie seconde ma douleur a le temps daugmenter, de décroître, daugmenter plus ou moins vite, de décroître plus ou moins vite. Ou elle fait ça nimporte comment, et alors mon principe tombe à leau. Ou elle fait ça de façon rythmée, régulièrement modulée et qui ne sera pas exactement la même si on mécrase le pied gauche que si on mécrase le pied droit
»
Je lis ça, moi. Et je commente ça comment ? Je me dis dabord : tiens, voilà un type qui prétend me parler de la conscience, de ma conscience. Et il commence comment ? Par me parler de ma douleur. Eh bien, cest pas mal. Parce que la douleur, je sais ce que cest, je lai observée. Je nen connais pas encore lorigine (peut-être que le type va me lexpliquer) mais jen connais la manifestation, je connais ma douleur en tant que phénomène. Et ma douleur non seulement je sais ce que cest mais je sais que cest une réalité de ma conscience, quelle est contenue dans ma conscience au point parfois, quand elle devient très forte, de ne faire quun avec elle, de se confondre avec elle comme le noumène confondu avec le phénomène.
Quest-ce quil dit ensuite le type en question ? Que la douleur va augmenter ou décroître. Je sais quil y a des cas spéciaux dinsensibilité à la douleur physique sur lesquels on pourra discuter un jour. Mais, en principe, tous les êtres humains savent que la douleur existe comme une réalité qui peut varier en intensité. Il nest pas nécessaire davoir inventé leau tiède pour savoir quen mettant la main dans de leau très chaude (50-60°) on ne ressentira pas la même chose quen la mettant dans de leau bouillante et que la différence sera de lordre du quantitatif avant dêtre du qualitatif.
Bon voilà. Donc ce type nous parle dune réalité simple, observable par tous, dune façon admissible par tous et dont tous peuvent être certains quelle se retrouve dans leur conscience. Il parle de la conscience, ça cest sûr. Après, on va voir sil en parle bien ou mal.
Or que prétend-t-il ? Il prétend, à partir de la douleur et dautres réalités psychiques premières variables aussi en intensité, décrire tous les contenus de conscience. Cest prétentieux certes. Mais, bon, voyons si ça pourrait marcher. Pour les sensations douloureuses particulières dabord. Puis pour les sensations tactiles, olfactives, gustatives. Voyons si les problèmes ne vont pas changer de nature quand on passe dun type de sensation à lautre. Et si le type veut continuer jusquà nous parler du champ de conscience perceptif sonore ou visuel, il va se trouver en face de complications très grandes car il ne va plus se trouver devant une réalité qui a un contenu sans dimensions comme la sensation pure mais devant une réalité qui a une dimension de temps et plusieurs dimensions despace. Donc je prévois déjà des questions pour le critiquer de façon à peu près pertinente
Donc voilà mon commentaire. Maintenant quel est le vôtre ? Non pas commentaire précisément du message à Show. Mais commentaire de son contenu tel que je le reprends à travers lexpression « affect qui varie en intensité et en nature ». En nature je men explique plusieurs fois- ça veut dire que cet affect est douleur ou plaisir. « Affect qui varie en intensité et en nature », cest pour ne pas répéter : « plaisir ou douleur qui augmente ou qui diminue ». Je suppose que, sur ce forum, tout le monde a compris ce que voulait dire « un affect qui varie en intensité et en nature ». Tout le monde, sauf vous, Xantox. Vous êtes allé consulté vos tablettes et vous navez pas trouvé « affect qui varie en intensité et en nature ». Alors vous revenez et vous dites : « tu parles dun affect qui varie etc. « « donc » » dun nouveau type dobservable ». Je blêmis et jattends la suite
« comme la matière pensante de Descartes. » Eh bien, vous ne le savez pas, les amis, parler des variations de la douleur et du plaisir cest comme parler dune réalité aussi douteuse, aussi abracadabrante que la « matière pensante » de Descartes. Cest tout ce que Xantox trouve à dire sur ma pensée. Mais peut-être na-t-il jamais connu le plaisir, jamais la douleur. Peut-être nexiste-t-il quenfermé dans la logique implacable de sa pensée. Peut-être Xantox est-il un programme informatique ? Il y a dans son intelligence une solidité que jadmire et une raideur que je crains. Surtout quand cette intelligence-là prétend me parler de ma conscience.
Je suis sûr de ne pas tromper, Xantox, si je dis que le propos de votre discours nest pas de parler de la conscience en vérité, et donc dabord de connaître à lextrême de la conscience humaine son objet, il est de prouver que le matérialisme moniste permet de parler de la conscience, donc le propos de votre discours est métaphysique avant tout. Et métaphysique dans le pire sens du terme. Ce qui vous intéresse ce nest pas la connaissance vraie de la conscience, cest le fait de prouver que votre système peut expliquer tout.
Moi je nai pas da priori métaphysique. Je prétends parler de la conscience et en parler justement. Et si je trouve un système qui commence par me dire : « la douleur est un affect composé de réalités non affectives » comme vous le dites, je le rejette purement et simplement parce que je sais quun système qui admet cela ne me permettra jamais de parler en vérité de la conscience.
|