clementdousset a écrit :
Je pense que nous sommes daccord pour dire que lexistence de certains êtres vivants est reliée à une réalité spécifique dont ils sont les seuls observateurs et quon appelle la conscience.
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Oui, on peut poser cette hypothèse.
clementdousset a écrit :
Nous sommes aussi daccord pour dire que cette conscience prend réalité dans linstant sous la forme du champ de conscience.
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Oui, mais je crois qu'il serait préférable d'utiliser l'expression "état mental" car le mot "champs" peut se prêter à confusion.
clementdousset a écrit :
Notre réflexion porte sur le le contenu de ce champ de conscience, sur son étendue et sur son origine.
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Il convient de préciser ce que l'on entend par "contenu". Le fait de parler de "contenu" peut impliquer la notion de "contenant". La conscience pourrait être entendue alors comme le contenant, et la sensation de vue d'une grappe de raisin comme le contenu. Mais cette notion ("relation" dirais-je) intuitive de "contenu" a un problème d'ordre logique, celui de tout mettre sur le même statut de "contenu". Par exemple, si l'on met une horloge dans une boîte, on pourrait dire que le contenu de la boîte est l'horloge. Est-ce que "l'heure" indiquée par l'horloge est aussi un contenu de la boîte?
clementdousset a écrit :
Pour le contenu du champ de conscience les positions peuvent se distribuer en fonction de trois positions de départ sur les variations de ce contenu.
1/ ce contenu ne varie pas
2/ce contenu varie de façon uniquement qualitative
3/ce contenu varie de façon qualitative et quantitative
1/contenu invariant
Personne ici ne défend la position que le contenu du champ de conscience ne varie pas avec le temps. Cette position est pourtant à considérer. Ne serait-ce que pour déterminer la condition constante à laquelle lexistence même du champ de conscience est soumise et qui nest plus réalisée justement quand on perd conscience.
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Ici tu sembles parler de l'invariance du "contenant", cfr. plus haut.
clementdousset a écrit :
Cette notion dinvariance peut aussi nous aider à déterminer ce qui fait que deux contenus du champ de conscience considérés à deux moments distincts sont bien ceux du même individu. Personne ici na abordé la question dune éventuelle survie de la conscience. Poser directement la question serait saugrenu mais réfléchir à la possibilité que le contenu du champ de conscience soit totalement invariant sans que la conscience ne cesse dexister ne me paraît pas sans intérêt. Faut-il, pour que la conscience existe, que le contenu du champ de conscience change en permanence ? Je laisse la question ouverte pour ceux qui voudront la reprendre?
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Si l'on modelise ce problème selon une (mais à mon sens, trop limitative) séparation "contenant/contenu", le contenant peut bien être invariant alors que le contenu peut ne pas l'être. Un peu comme le téléviseur qui reste bien le même indépendamment du fait que les images du film changent en permanence, ou bien s'arrêtent sur une image fixe. Toutefois, l'invariance du téléviseur dépend elle-même d'une activité permanente (ex. flux d'électrons dans le tube, etc).
clementdousset a écrit :
2-contenu variable de façon uniquement qualitative.
Les positions qui découlent de ce présupposé comme de celui qui suit supposent que le contenu du champ de conscience varie, autrement dit que la conscience sactualise par des contenus de champ de conscience successifs spécifiques. [..] Pour les tenants de cette position, la relation que le champ de conscience entretient avec un sujet ne peut en aucun cas être mesurée par le seul examen de son contenu. [..]
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Si le sujet est bien le "sujet conscient", alors un "contenu de conscience" selon le modèle évoqué plus haut, appartiendra par définition au sujet (car le sujet est alors lui même défini comme le "contenant" ).
clementdousset a écrit :
3-contenu variable de façon qualitative et quantitative
Dans cette façon de voir les choses la relation entre le contenu du champ de conscience et le sujet apparaît et varie de façon quantitative. Le champ de conscience laisse donc apparaître des forces que le sujet subit passivement (plaisir, douleur, émotions
) ou dirige activement (effort, volonté
). Les différences qualitatives coexistent avec les différences quantitatives. La vie psychique ne prend pas totalement sens à ce stade mais je dirai que son sens y est enclenché et quil doit toujours passer par ce stade pour être confirmé. [..] Limportance relative de laspect qualitatif du contenu par rapport à son aspect quantitatif fluctue en permanence mais sans jamais que lun des deux aspects sannule complètement. La plus vive douleur que lon ressent a toujours un aspect qualitatif qui la distingue des autres. Un paysage qui nous est indifférent a un minimum de présence affective qui est justement lindifférence elle-même, génératrice dennui
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On peut considérer que un "contenu de conscience" selon le modèle évoqué plus haut, soit variable en termes quantitatifs dans le domaine conscient. Pour reprendre ton exemple précédent, on peut percevoir une sensation comme étant plus ou moins "intense". Mais cette notion d'intensité n'existe que dans le domaine conscient. On ne peut pas en déduire la possibilité de détecter une entité plus simple qui porterait cette "intensité", comme en physique on détecte des entités élémentaires qui portent p.e. la masse.
clementdousset a écrit :
Pour l'étendue et l'origine du champ de conscience, joppose à une thèse que jappelle « spacialiste » ma thèse que jappelle « temporaliste ». Le message où je précise cette opposition est du 19/7 à 12H13 et se trouve en page 6.
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Je reprends donc quelques phrases de ce post,
clementdousset a écrit :
Il est le résultat dune chaîne dinduction qui commence avec larrivée des photons sur les cônes et bâtonnets de la rétine et qui sachève dans laire corticale visuelle.
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On pourrait critiquer l'idée qu'elle "s'achève", et qu'elle s'achève "quelque part".
clementdousset a écrit :
[..] la structure de laire corticale visuelle présente une organisation que les savants appellent rétinotopique. Horizontalement elle montre une correspondance locale point par point avec la surface rétinienne. [..] Dans la thèse classique que jappellerai « spatialiste » ce substrat est inscrit dans lespace du cerveau.
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Il est vrai que l'on observe que certaines régions du cerveau ont une spécialisation, même si l'activité neuronale a un caractère fondamentalement distribué. Mais on revient à l'exemple de l'horloge, peut-on considérer l'heure indiquée par l'horloge dans la boîte comme "un contenu de la boîte"?
clementdousset a écrit :
Dans la thèse « spatialiste », illustrée caricaturée, diront certains- par Oliver Sachs, il y a succession dimages conscientes instantanées. Donc, dans le même instant, sont engendrés dans le cerveau des affects qui sinscrivent forcément dans les colonnes de laire visuelle de façon correspondante aux stimuli locaux de la rétine. Bref, pour parler simple et retrouver mon exemple, la lumière de létoile et celle de la lune ne sont pas dans les mêmes colonnes. Autrement dit le substrat sensible de mon champ de conscience a une organisation spatiale dans mon cerveau parallèle à lorganisation de son contenu perceptible.
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Je doute que l'on puisse tirer une conclusion sur l'organisation du "contenu de conscience" à partir de l'organisation spatiale de l'aire corticale visuelle. Peux-tu scanner l'article que tu avais cité au début?
clementdousset a écrit :
Considérons maintenant ma thèse, quon pourrait appeler « temporaliste ». Pour elle dabord les colonnes de laire corticale visuelle ne sont pas des colonnes sensibles. Il ny a pour moi de sensible que le « cristal sensible ». Ce cristal, en loccurrence, va être sensibilisé par les émissions dondes venues de chaque colonne. La modulation de ces émissions va dépendre de léclairage, de la couleur, du contraste aussi « observable » au point du champ visuel considéré. Mais et cest le point sur lequel je voudrais insister aujourdhui- cette modulation va dépendre de la position de la colonne et du point de la rétine correspondant. Autrement la synthèse ne pourrait pas se faire dans londe que jai appelé « de synthèse » justement.
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Je suis à peu près d'accord avec cette idée, mais seulement sur un plan purement métaphysique, c'est à dire, à condition de considérer que dans ton discours le "cristal sensible" est une métaphore qui signifie "la synthèse consciente opérée à partir des stimuli" et non pas un observable physique de type "matière sensible", qui pourrait être activée par des ondes, etc.
Message édité par xantox le 12-08-2005 à 22:28:19
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