balzastone a écrit :
En gros, les mots vulgaires donnent l'impression qu'ils ont été rajoutés uniquement pour donner un effet " trash ", sans trop se soucier de leurs justifications ? Banal, car ce style est déjà répandu ?
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Oui, puisque tu ne décris rien ou ne cite aucun dialogue qui permette de constater que le "connards/connasses/salopes/etc." s'appuie sur quelque chose, en dehors de leurs vêtements censément ridicules. Du coup, c'est juste la diatribe générique anti-bobos que l'on a entendu un million de fois, y compris et surtout chez les gens qui n'ont jamais vu un bobo de leur vie et chez ceux qui ne sauraient même pas définir ce qu'est un bobo (parce que bon... bobo, c'est devenu l'étiquette péjorative tellement passe-partout que tout le monde lui donne un sens différent et que même un représentant aussi ultime de la bobosserie que Renaud se permet de faire une chanson pour les casser).
Bref, les insultes viennent comme un cheveu dans la soupe. Si tu veux casser les bobos, fais-le : fais-les parler, se comporter etc. Dépeins leur ridicule, leur hypocrisie, leur prétention, enfin quoi que ce soit que ton personnage est censé leur reprocher au point de les haïr de cette manière, et que tu sais mieux que moi. Ca n'a pas besoin d'être long, ça peut ne faire que deux ou trois paragraphes bien sentis, mais il faut quelques morceaux de vraie vie. Là, avec ton perso, on se croirait dans "La vie secrète des jeunes" avec la caille qui nique sa mère à tout le monde alors que personne ne lui a adressé la parole.
Citation :
En gros, tu as l'impression que j'ai voulu me la jouer original alors que pas mal de monde fait déjà la même chose en pensant faire dans l'originalité ?
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Te la jouer original, non, pas nécessairement. Mais casser du bobo et du people, oui, c'est banal. Les bobos/people sont d'ailleurs les premiers à le faire (cf Beigbeder, Houellebecq, Renaud, Soral etc.), et sont mieux armés pour le faire puisqu'eux baignent dans ce milieu depuis toujours.
balzastone a écrit :
Pour quelle raison est ce logique ? Il existe des forums spécialisés peut être ?
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Spécialisés, oui, et aussi des forums littéraires généralistes à des années-lumière des gamineries des forums "Discussions" d'H-FR (gamineries par ailleurs fort distrayantes, hein, je crache pas dans la soupe). Mais surtout, si tu as du talent et du métier, tu vas fréquenter de vrais gens et faire lire tes textes à des gens un peu qualifiés, pas des gamins, des rigolos ou des polémiqueurs de forums.
Citation :
Où as tu vu que je prétendais réécrire quelque chose ?
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Je dis le contraire. Tu remarques que l'on est plus indulgent avec des récits de fantasy nullissimes qu'avec ton texte. Je dis juste qu'il est logique que peu de monde prenne la peine de tirer sur un gosse qui vient présenter les 20 premières lignes d'un remake du SDA écrit dans un français de CM2 (quoique cela arrive tout de même assez souvent quand ils créent un topic juste pour leur texte, et j'ai le regret de dire que je n'ai même pas honte d'avoir participé à quelques lynchages ). Tandis qu'InitBB et toi plantez des personnages humains dans un monde réel, pas des persos en carton-pâte dans un conte de fées. Donc vous êtes pris plus au sérieux, et les critiques sont plus... sérieuses. Cela dit, tu n'as pas été si critiqué que cela, et en tout cas pas bashé. Mais j'imagine que revendiquant le statut d'aigri, tu as la parano qui va nécessairement avec.
Citation :
Tu aurais pu tout aussi bien rajouter les riches, les gens de droite, TF1, les fachistes, les américains, etc. T'es de gauche, je présume ?
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Oui aux deux phrases. Mais il se trouve qu'en France, , et ça se vérifie sur le topic H-FR, l'aigri de base classe moyenne avec un soupçon de culture (donc la proportion d'aigris d'à peu 90% de la population) aime à poser à l'anar de droite. Ce n'est pas "le coeur à gauche et le porte-feuille à droite" mais "le coeur nulle part mais le porte-feuille à droite", si l'on veut. Ceux qui ont eu la malchance de tomber sur Depardieu sur Canal cette semaine en ont encore eu une belle démonstration.
Citation :
Tu n'as pas trop l'air d'aimer les adolescents ! Ils t'ont fait quoi ?
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Rien de spécial qu'ils ne fassent à tout le monde. Ils sont majoritairement irresponsables, susceptibles, insupportables de prétention, dépourvus d'empathie, se trouvent profonds dès qu'ils énoncent la moindre banalité, sont blasés de la vie alors qu'ils n'ont encore rien vécu, pensent que le monde tourne autour de leur nombril et prennent tout le monde pour leur esclave personnel, à l'image de leur mère. Mais à part ça, je les aime bien, j'ai été ado moi-même, hein.
Plus sérieusement, la moyenne d'âge de ce forum est très basse, c'est un fait. Si je parle souvent d'ados dans les posts précédents, c'est simplement parce que de fait, beaucoup de textes postés ici l'ont été par des ados (ou des ados attardés). partant de là, il est logique que l'on retrouve souvent les mêmes types de textes, les mêmes réactions aux critiques etc.
Citation :
Il peut souvent y avoir un énorme écart entre ce que l'on pense véhiculer et ce que perçoit l'auditeur.
Les passages que j'ai cité se passent en boite de nuit, mais les critiques du narrateur ne sont pas essentiellement axés sur le monde de la nuit, mais plutôt sur les rapports humains. J'aurais pu poster un extrait dans lequel il enrage contre les boulangères.
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Tu aurais pu, mais tu ne l'as pas fait.
Citation :
"Connard" et "connasse" ne sont là que pour donner un effet de style.
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Là, je pense que tu fais une grave erreur. Un effet de style n'est pas une justification, c'est au contraire le besoin de de faire ressentir/comprendre quelque chose qui justifie un effet de style.
Citation :
J'aime jongler entre langage convenu et grossièreté pour tenter ( je ne dis pas que j'y suis arrivé ) de donner du relief à mes écrits ( quel melon vous allez dire ... ) en interpelant.
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OK, mais d'une part ton style est déjà "jeté" et d'autre part la grossièreté est devenue banale. Donc guère de relief au final. Si tu veux, quand Yourcenar écrit à la fin d'un paragraphe "j'étais tout juste sortie des couilles de mon père" (je cite de mémoire), ça frappe parce qu'elle a une écriture d'un classicisme et d'une beauté à couper le souffle. Tandis que des "connards/connasses/salopes" dans un récit écrit comme le tien, ça ne choque pas, ça fait au mieux second degré (Scarface/Tarantino/etc), au pire assez puéril/mytho.
Citation :
Le problème est que tu ne connais pas la vie du narrateur et donc ses raisons d'être aigri.
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Le passage que tu as posté s'insère où dans le roman ?
Citation :
Quand bien même, je ne vois pas en quoi il serait problématique de constater que le narrateur soit un pleurnichard, un mec absolument chiant ou un abrutis qui raconte des conneries.
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Non, c'est sûr. Mais il est très difficile d'accrocher un lecteur à ce que dit/pense/ressent un connard qui te porte sur les nerfs au bout de trois pages. En tant qu'aigri, tu es bien placé pour savoir que l'on subit des connards tous les jours dans la vraie vie, alors être dans leur tête pendant des heures, et payer pour ça... Une bonne méthode pour faire avaler un personnage antipathique au possible est de le planter au milieu de personnages encore plus antipathiques. Abondamment utilisé par feu Donald Westlake : le salaud finit par devenir attachant au milieu d'ordures. Mais bon, faut du relief. Un aigri au milieu de bobos, je trouve ça raplapla.
Merome a écrit :
Je viens d'autopublier mon troisième roman, sans prétention, et sans talent. J'ai plutôt l'impression d'évoluer à l'envers : ce que je gagne en technique d'écriture, je le perds en fraicheur, spontanéité et originalité.
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J'ai dit "essentiellement', pas "toujours".
Citation :
Juste par curiosité, Borabora ? Le dernier Houellebecq, tu en penses quoi ?
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Rien, pas lu, je m'en cogne. Ca se vend comme des petits pains et j'encaisse.
Citation :
Et comment analyses-tu son succès ?
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D'une part le plus gros plan média du 2ème semestre (au premier semestre, c'était ce con d'Ellroy et cette conne de Badinter). D'autre part, et c'est ce qui a permis la réussite de ce plan média (que l'on nous avait annoncé dès juin), Houellebecq est complètement dans la norme actuelle qui fait lire/regarder/écouter. Ca fait des années que pour vendre il faut poser au politiquement incorrect (comme les rappeurs qui ne vendent bien que si le CD comporte le sticker "gros mots/sexe/drogues" ). Et ça fait des années que pour faire parler de soi il faut prétendre que l'on est stigmatisé et banni des médias. Donc Houellebecq était mûr pour le best-seller de l'année, et il y a de bonnes chances qu'il ait le Goncourt. En tant que commerçant, j'en serais d'ailleurs ravi : le public Goncourt, essentiellement féminin, 40+ et bourge, va l'acheter par brouettes pour l'offrir à tout son entourage. Tandis que si c'est Despentes, elles vont s'abstenir.
Ceci dit, c'est peut-être un bon bouquin, hein. Houellebecq sait écrire, personne ne le nie. Mais ce succès de folie n'a que peu de rapport avec la qualité du livre. Et en ce qui me concerne, j'ai bien trop d'autre trucs à lire qui me font plus envie.
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Qui peut le moins peut le moins.