Citation :
Effets toxicologiques
Descriptions des effets de la chloroquine
(ou de ses dérivés)
Mort par empoisonnement
Tous les antipaludiques sont toxiques, mais la quinine et la chloroquinine sont la première cause (et la plus grave) d'empoisonnement parmi eux ;
une seule surdose importante peut être mortelle34 ; Elle est souvent utilisée pour des suicides, en particulier en Afrique et en France25 ;
en 1882, en réanimation, 75 % des empoisonnés par ce quasi-alcaloïde en mourraient. et, malgré les progrès faits en réanimation, plus de 10 % des empoisonnés en mouraient encore en 20055,25 ;
dans une étude écossaise, 64 % des surdoses provenaient de confusion de prescriptions au sein de la famille, et dans 36 % des cas le patient avait dépassé la dose prescrite25.
Remarques : la chloroquine est proportionellement bien plus toxique pour l'humain (2 à 4g sont généralement mortel pour un adulte, 10g étant considéré comme toujours mortel) que pour le rat de laboratoire5. Elle a aussi été utilisée comme abortif illégal, et pour couper l'héroïne utilisée comme drogue25.
Cardiotoxicité
Les effets cardiovasculaires sont relativement « fréquents et potentiellement graves » ;
ils sont triples : la chloroquine est stabilisatrice de membrane, inotrope négative directe et vasodilatatrice artérielle directe, ce qui se traduit par des troubles du rythme cardiaque, des troubles de la conduction cardiaque, des myocardiopathies, voire un choc vasoplégique35,36, une hypotension, avec perturbations électrocardiographiques37,38 ;
Les troubles de la conduction sont le bloc de branche et/ou le bloc auriculo-ventriculaire induisant des syncopes et pouvant parfois nécessiter la pose d'une pacemaker39 ou une cardiomyopathie (souvent avec hypertrophie, physiologie restrictive et insuffisance cardiaque congestive parfois irréversibles ; deux cas signalés ont nécessité une transplantation cardiaque.
En microscopie électronique, les biopsies cardiaques montrent des corps d'inclusion cytoplasmiques pathognomoniques.
Neurotoxicité
La chloroquine peut affecter le système cérébrospinal40 ;
des maux de tête sont courants, mais légers et transitoires5.
des épisodes psychotiques aigus41,5, parfois spectaculaires, par exemple en 2001 chez un patient ayant suivi un traitement anti paludéen prophylactique42 ;
des convulsions de type Crise d'épilepsie ou syndrome de mouvements involontaires surviennent, a priori uniquement en cas de surdosage5 ;
la neuromyopathie est un effet rare mais grave. Elle résulte d'années d'acccumulation de la molécule mais elle peut apparaître aux doses strictement prophylactiques (ex. : 100 mg/24 h) et disparaitre après l'arrêt du traitement43,44,5.
Néphrotoxicité
La chloroquine affecte la morphologie et la fonction des cellules du rein, directement et indirectement via des lésions cardiaques histopathologiques et ultrastructurales, en ralentissant le débit de filtration glomérulaire45.
chez le rat, en administration chronique, elle peut induire (même à court terme) des nécroses cellulaires (plus que l'hydroxychloroquine : 70 % des rats traités à la chloroquine développent une fibrose tissulaire intersticielle, contre seulement 20 % du groupe traité à l’hydroxychloroquine)32 ;
l'inhibition du métabolisme microsomal dans les cellules rénales fait que la chloroquine s’accumule dans ces tissus et que son absorption dans les lysosomes du cytoplasme est potentialisée32 ;
la chloroquine s’accumule aussi dans les glandes surrénales, dégradant la fonction rénale en perturbant les schémas sécrétoires de l'aldostérone.
Le dépôt de chloroquine dans les cellules épithéliales du rein pourrait aussi interférer avec les échanges ioniques46.
Hépatotoxicité
Le foie accumule la chloroquine ;
dans les cellules de Kupffer cette molécule endommage les lysosomes.
Ces derniers deviennent anormalement nombreux et gros ; et sont surchargés par du matériel non-digestible47.
Selon Zhao et al. en 2005, la membranes des lysosomes semblent aussi se fragiliser48.
Toxicité oculaire
rétinopathie...
La chloroquine, tout comme l'hydroxychloroquine se lie dans l'œil à la mélanine dans l'épithélium pigmentaire rétinien (EPR) qu'elles pénètrent facilement.
Les cônes maculaires sont endommagés à l'extérieur de la fovéa ;
Des dépôts cornéens (aussi dits kératopathies vortex ou verticillates cornéennes) peuvent apparaître. ils sont peu à peu réversibles après l'arrêt de la prise du médicament[réf. souhaitée]49,50. Ces dépôts sont sources de halos et de reflets qui parasitent la vision. En outre une partie du cristallin s'opacifie, et le corps ciliaire fonctionne mal ; des anomalies de pigmentation maculaire apparaissent ; des spicules osseux périphériques peuvent se former, avec une mauvaise vascularisation. En phase finale le disque optique devient anormalement pâle. D'abord la vision nocturne est dégradée, le champ visuel se dégrade puis le sujet peut perdre la vue. La cause est que l'activité des lysosomes EPR est dégradée par la chloroquine qui inhibe la phagocytose des segments externes des photorécepteurs éliminés. Il en résulte une perte irréversible de photorécepteurs et une atrophie des EPR51,52,53,33 ;
Certaines cellules de l’œil concentrent cette molécule ; y compris dans l'œil fœtal, in utero (pour l'embryon dont la mère est traitée par de la chloroquine)54,55 ;
Les symptômes sont d'abord réversibles, mais ils conduisent à la cécité en cas d’utilisation chronique (durant au moins 4 ans) ou après des doses élevées si le traitement n'est pas stoppé ou adapté56. Le dépistage de cette atteinte doit être fait de manière annuelle après cinq ans d'utilisation, au moins par l'étude du champ visuel57.Tout traitement prolongé devrait impliquer un dépistage au départ, puis tous les cinq ans58. le dépistage doit concerner les changements de vision (vision floue, difficulté à concentrer le regard ou vision partielle d'un objet).
Toxicité sanguine
Elle explique en partie la toxicité générale du médicament ;
elle augmente cycliquement, après la prise du médicament, quand sa concentration est momentanément la plus élevée dans le sang, avant sa distribution dans l'organisme59
elle se traduit notamment par une pancytopénie, une anémie aplasique, une agranulocytose (réversible), une baisse du taux de plaquettes sanguines et une neutropénie60.
Toxicité cellulaire
La chloroquine se réparti dans tout le corps mais cible certaines cellules (de l'œil) ou est concentrée par le foie ou le rein chargés de détoxiquer l'organisme.
Bercovici en 1982 a montré que dans la cellule, la chloroquine accroit l'accumulation de facteur de croissance épidermique (FCE), tout en inhibant leur activité mitogène, pouvant ainsi induire une fibrose intersticielle61
puis Izunya et al. en 2011 ont montré qu’elle peut induire une vacuolisation du cytoplasme, une hypertrophie du noyau cellulaire et parfois la mort cellulaire62.
Allergies (et autres effets cutanés)
La quinine (même à faible dose, telle utilisée pour son goût amer dans les eaux dites toniques) génèrait parfois des allergies25.
Démangeaisons, photosensibilisation avec changements de couleur de la peau (pigmentation ardoisée) et éruptions cutanées63 ;
perte de cheveux64 (très courantes chez les noirs africains (70 %) moins fréquentes avec les autres type de peau65 ;
Le risque d'allergie et leur intensité augmentent avec la charge parasitaire et/ou avec l’âge, aboutissant parfois à une non-observance du traitement ; et il croît en période de fièvre paludéenne ;
une base génétique est liée au fait que la chloroquine se lie aux récepteurs opiacés de manière centrale ou périphérique64.
Des achromotrichies ont été signalées suite à un traitement à la chloroquine66.
Troubles digestifs
Tout le système digestif peut être affecté avec : Nausées, vomissements, diarrhées, crampes abdominales5.
un goût métallique désagréable peut persister dans la bouche64 ;
des troubles alimentaires peuvent en découler (jusqu'à l'anorexie parfois)
Reprotoxicité
En 2006, bien que ce médicament soit utilisé depuis des décennies par des millions de gens, aucune données n'étaient publiées sur les effets de l'hydroxychloroquine sur la fertilité masculine67 ;
On sait pourtant depuis les années 1980 que chez le rat, la chloroquine passe dans le sperme (par diffusion passive à partir du plasma)68,69,70.
En 2008, Ekaluo et al. ont montré qu'une exposition chronique du rat aux doses thérapeutiques recommandées se traduit par une réduction significative du poids des testicules et des épididymes, et par une délétion de la spermatogenèse71. La toxicité pour l'épididyme pourrait résulter d'un effet délétère du médicament sur le testicule68. Au microscope les spermatozoïdes de rat, raréfiés, mais semblant encore normaux ont fait conclure que le médicament n'aurait pas d'effets graves pour la fertilité masculine, aux doses antipaludiques68.
Chez le rat Wistar, la chloroquine avait cependant en 1987 réduit la taille de la portée, et augmenté le nombre de morts-nés et des anomalies congénitales, et ce, aux doses équivalentes à celles de la chloroquine utilisée comme anti-inflammatoire (mais pas aux doses thérapeutiques recommandées contre le paludisme)68.
Remarques : l'artémisine a aussi de tels effets, réversibles ; une étude a montré (en 2012) que la curcumine atténue la reprotoxicité de la chloroquine, sans préciser si elle atténue ou non son efficacité pharmacologique72.
Dégradation
de l'immunité adaptative
La chloroquine diminue l'efficacité de certains vaccins. Ceci fait évoquer un possible effet — plus général — de déplétion de la réponse immunitaire5 ;
l'efficacité du vaccin intradermique contre la rage (en prophylaxie, comme en pré-exposition) diminue lors d'un traitement par chloroquine73 ;
d'autres vaccins sont affectés, mais pas tous (le vaccin YF-VAXMD contre le virus de la fièvre jaune par exemple ne l'est pas, selon une étude de 198674 et un avis d'un comité d'experts en vaccination75.
Ototoxicité
Le risque de troubles de l'audition augmente sous chloroquine ; allant d'acouphènes à la surdité5.
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