Voici le résumé de ma première expérience marathon.
Bien avant le jour J, le début de cette aventure c'est tout d'abord une préparation sérieuse. Dans mon cas suite à petits soucis aux genoux, pas pu faire cette préparation sur plus de 8 semaines. Donc ces 8 semaines furent assez intenses à mon goût, avec 5 sorties. J'ai suivi le programme du site du marathon de paris, avec un objectif de 3h30-4h00. Le contenu du programme est réalisable sans trop de souci, il m'a juste fallu parfois me motiver fort pour aller courir (toujours seul, même pour les sorties longues) dans la neige, car chez moi comme un peu partout, il a beaucoup neigé. Enfin je suis arrivé au bout sans souci, le physique a bien tenu, donc rien à regretter à ce niveau, j'ai fait ce qu'il fallait faire.
Parallèlement à ça, plus l'échéance se rapproche, plus on commence à se poser pas mal de questions sur la course et la distance que l'on va découvrir. Comment s'habiller, quel ravitaillement apporter, quelle stratégie adopter... Personnellement, ce qui m'a le plus posé interrogation, ce sont les ravitaillements. Pour le reste, il y a finalement moins de doutes, diverses lectures et les conseils avisés de ceux qui ont de l'expérience sur la distance ont suffi pour me décider (spéciale dédicace à strobo
, merci). Après avoir testé un gel power bar que j'ai trouvé bien dégueu, j'ai décidé de ne rien porter, que ce soit eau ou gel. Après tout, ma plus longue sortie d'entrainement (29km), je l'ai faite à jeun sans aucun problème, je suis pas particulièrement sujet à la fringale. Et comme je ne prenais pas de "solide", décidé de ne pas prendre non plus de liquide. Je ne regrettre rien, les petites bouteilles sont vraiment très pratiques, j'en ai gardé une à la main quasiment tout le temps, ça permet de boire régulièrement.
Les 2 dernières nuits avant la course furent vraiment pas terribles; l'angoisse montant je suppose, et la nuit de samedi dans un hôtel plutôt bruyant ne m'ont probablement pas apporté le sommeil dont j'avais besoin, mais je ne l'ai pas trop ressenti dimanche.
Le jour J réveillé à 5h, j'ai eu tout le temps d'émerger, de manger suffisament tôt et d'être prèt au départ assez tôt. Assez fun d'ailleurs le métro à 6h30 du matin, avec un bon % de runners qui se promènent avec leur "sac poubelle" jogging international. Pour ma part j'avais RDV avec des collègues runners dans une des agences de ma boîte, située presque pile poil entre le départ et l'arrivée. Donc pas obligé de me trimballer dès le matin en tenue ou presque, et après l'arrivée pas de galère pour récupérer un sac en consigne,niquel.
Sur la ligne de départ, tout s'annonce pour le mieux. La météo est parfaite, le départ dans le sas des 3h30 permet d'être finalement pas très loin des premières lignes, et malgré le petit stress de l'épreuve (dans tous les sens du terme) qui nous attend, on se laisse quand même gagner par l'ambiance de fête. Enfin le coup de feu est donné.
Avant la course, j'avais décidé de m'astreindre à un rythme de 4'40 au km, les 5mn pour faire 3h30 me paraissant un peu trop lent à mon goût pour être dans une foulée "agréable". J'ai totalement fait l'impasse sur l'échauffement avant la course; mais les champs en descente me permettent de me mettre gentillement dans le rythme sans forcer. Le premier km où on se bouscule beaucoup est avalé en 5'05", mais rapidement après ça, je tombe sur ma vitesse choisie. Cela correspond à mon cardio à une fréquence d'environ 88% de ma FCMax, fréquence que je peux tenir sans souci, quasiment en travail endurance. Comme me l'avait dit strobo, dur avec la foule de se rendre compte du relief, des difficultés, et donc des modifications du train à apporter pour rester régulier dans l'effort. Je suis donc bien content d'avoir choisi de prendre mon cardio, j'y ai jeté des coups d'oeils réguliers pour m'assurer que tout se déroulait comme prévu. Toujours rassurant de voir qu'on est pas dans le rouge.
Une grosse partie de la course se passe vraiment de façon très agréable. A cette vitesse, je suis vraiment peinard. 48' au 10kms, qqchose comme 1h43' au semi, c'est vraiment tranquille, dans ma tête j'envisage déjà sérieusement de lâcher les chevaux à un moment donné. Mais le chemin est encore long, alors je garde le rythme. Les ravitaillements sont tout de même un peu scabreux. Je ne les ai pas trouvés si bien indiqués que ça, et j'ai parfois dû faire de dangereuses diagonales au milieu des coureurs pour atteindre les tables. Enfin il y a pas eu de pépin, mais tout au long de la course, faut quand même faire gaffe où on met les pieds (les bouteilles et autres sacs poubelle sont vraiment dangereux, j'ai vu plusieurs personnes faire de joli vols planés sur le bitume et moi même j'ai marché sur plusieurs bouteilles qui auraient pu me ruiner une cheville). On doit aussi pas mal slalomer tout au long de la course pour doubler les gens qui ont présumé de leurs forces, particulièrement lorsque l'on rattrape un groupe compact agglutiné autour de porteurs de ballons.
Au 30eme km, tout va toujours très bien, je continue sur le même rythme dans l'optique d'accélérer au 35eme (présomptueux que je suis
). Mais rapidement, un mal de ventre se fait sentir. J'ai de plus en plus de mal à boire, je sens que ça passe plus, que ça pourrait remonter. Pas bon ça... A partir du 34eme je commence à me dire, p'tain encore 8 bornes, ça va être dur. Et là les jambes sont de plus en plus lourdes, mon énergie m'abandonne doucement, l'estomac va de moins en moins bien, c'est là que le mental commence à jouer tout son rôle et qu'on comprend que le marathon (enfin à mon niveau), c'est plus une course d'endurance que de vitesse. C'est très dur, mais je continue à avancer à un rythme d'environ 5'30" au km. Je ne regardais même plus le chrono, je faisais ce que je pouvais, mais le coeur lui n'était pas en sur régime, j'étais en dessous de mes 88% de référence. Les 3 derniers kms plus ou moins en ligne droite n'en finissent pas. Contrairement à Cocorezo je ne prète pas vraiment attention à la foule, et ça même sur l'avenue Foch où elle est la plus nombreuse, je suis vraiment dans ma bulle. Un peu avant le 41eme km, je me vois contraint de m'arrêter pour vomir un bon coup. Après cette pose de 30s, l'estomac vidé, je repars de manière beaucoup plus facile qu'avant l'arrêt, les derniers 1500m passent très bien. Et faut dire que lorsqu'on voit l'arrivée, ça fait légèrement plaisir...
Malgré une bonne perte de vitesse sur les 8 derniers kms, je reste quand même largement dans mes objectifs de temps, mais je ne peux m'empêcher de penser que ce souci gastrique m'a coûté pas mal de minutes (enfin il était peut-être quand même mélangé avec un effet mur du 30eme...), et que peut-être il aurait pu être évité. Lors de mon dernier semi (6 mois de ça), il m'était arrivé la même chose. Enfin là, j'avais attendu de franchir la ligne d'arrivée pour vomir un bon coup (je suis peut-être un peu comme farrugia dans la cité de la peur...
). A noter que ces vomis (bon appetits) ont une couleur franchement sombre, ça en serait presque inquiétant. Lors de ce semi, je sortais d'une tendinite, et j'avais avalé anti-inflammatoire et aspirine; mauvaise idée, c'est fait pas bon ménage il parait... Mais là à Paris absolument rien pris. Le matin j'avais mangé très tôt et donc presque respecté le délais de 3h avant le départ. Aux ravitaillements j'ai pris 2 ou 3 morceaux de sucre, et 3 ou 4 quartiers d'orange. A noter qu'en entraînement, je ne prends jamais rien de solide, donc je ne suis pas habitué à manger en courant.
Si quelqu'un a une idée sur ce qui m'est arrivé lors de ces 2 derniers courses, je suis preneur. Enfin j'envisage de soumettre le problème à un professionnel.
Enfin voilà, j'ai bouclé l'épreuve dans le temps que je m'étais fixé, les muscles et les articulations ont bien tenu, le lendemain juste quelques légères courbartures de rigueur, mais à part ça niquel, je suis donc satisfait. Aucun doute que si je refais la distance, je serai moins stressé.
Pour ceux qui voudraient se lancer, je pense qu'il faut quand même se préparer sérieusement, ça ne doit pas s'improviser. Plus le chrono augmente, et plus ceux qui passent la ligne d'arrivée dans des états pas terribles sont nombreux. Des coureurs s'écroulent, et c'est pas uniquement une manière de parler... J'ai vu aussi un homme d'âge mûr (enfin une petite quarantaine d'années) qui pleurait devant sa femme et ses gosses, racontant son calvair d'avoir dû courir avec des crampes terribles. Tout ça ne fait que rappeler que c'est pas une chose totalement banale que de courir 42km, qu'il est pas conseillé de le prendre à la légère. Mais pour finir sur une note plus optimiste, je pense que si on se prépare comme il faut il n'y a pas de raison pour que ça ne se passe pas bien, que c'est vraiment une épreuve formidable, et la fierté, la satisfaction, que dis-je le bonheur de franchir la ligne d'arrivée, d'avoir repoussé ses limites valent bien la longue préparation nécessaire.
Message édité par gaille le 12-04-2005 à 13:13:35