Reprise du message précédent :
En quoi la prostitution est-elle une négation des droits humains ?
Art. 1 : "Tous les hommes sont nés libres et égaux en dignité et en droits".
Art. 4 : "Nul ne sera tenu en esclavage et en servitude."
Art. 5 : "Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants."
La prostitution bafoue chacun de ces articles fondateurs de la Déclaration des Droits de l?Homme.
Le 6 mars 1993, à Bruxelles, la Fédération Inter-nationale de Droits de l?Homme a pris position contre toutes les formes d?exploitation sexuelle des êtres humains - parmi lesquelles la prostitution -, lors d?une conférence internationale intitulée "Commerce du sexe et droits humains".
Pourquoi dire que la prostitution est esclavage ?
"L?esclavage des femmes et des enfants soumis à la prostitution est incompatible avec la dignité de la personne humaine et avec ses droits fondamentaux." (Résolution 83-30 de l?ONU, 1993).
On ignore souvent que la plus haute instance internationale, l?ONU, assimile clairement esclavage et prostitution.
Aujourd?hui, les méthodes utilisées par les marchands de femmes et d?enfants au niveau planétaire sont calquées sur celles qu?ont utilisées au cours des siècles les marchands d?esclaves : réclusion, dressage, menaces, violences, chantage?
Ce système esclavagiste, parfaitement structuré et organisé, travaille de la même façon à la dépersonnalisation de la victime, réduite à l?état de corps-outil, et rendue totalement dépendante à l?égard du "maître", seul bénéficiaire du profit financier.
Jadis, une partie des esclaves ne remettaient pas en cause une vie intégrée comme "normale". C?est le cas d?un certain nombre de personnes prostituées jusqu?à ce qu?elles prennent conscience de l?aspect inacceptable de leur situation.
On ne s?expliquerait pas qu?un tel esclavage existe encore aujourd?hui s?il n?était profondément ancré dans l?imaginaire social.
Pourquoi dire que la prostitution est une violence ?
Le milieu de la prostitution est un monde parallèle où la violence et la peur sont omniprésentes. Régulièrement, il nourrit la rubrique "faits divers" : meurtres, agressions? Les personnes prostituées payent dans ce domaine un tribut considérable, qu?il s?agisse de règlements de compte ou de l??uvre de maniaques.
Bien plus, c?est la prostitution en soi qui constitue une violence. Que la société persiste à entretenir l?idée erronée selon laquelle les besoins sexuels de l?homme sont prioritaires et doivent trouver un exutoire auprès d?une catégorie de femmes, d?hommes et d?enfants sacrifiés à cet impératif et réduits au statut de marchandise achetable et échangeable, constitue une violence.
La prostitution est l?institutionnalisation des rapports de violence et de domination.
Longtemps restée inaperçue, cette violence est de plus en plus dénoncée : que ce soit dans la plate-forme "Violences contre les femmes" à la Conférence de Pékin, ou dans les analyses de l?Unesco où la prostitution est intégrée dans un continuum de violences, avec le viol et l?inceste.
Aujourd?hui de plus en plus nombreux sont ceux pour qui la prostitution nie la personne humaine, est atteinte à sa dignité et réduction à l?état d?objet manipulé.
L?existence de la prostitution est une violence faite à tout être humain, et agresse de la même façon les femmes et les hommes que nous sommes.
Les proxénètes usent-ils encore de la violence ?
Oui, les proxénètes usent encore de la violence, même si l?opinion publique préfère croire qu?il s?agit là de réalités révolues. Peut-être la brutalité est-elle toutefois moins répandue que par le passé. Habiles, les proxénètes ont compris l?avantage qu?ils pouvaient tirer à desserrer certains anneaux de la chaîne prostitutionnelle, remplaçant avantageusement la violence directe par un conditionnement psychologique.
Savamment maintenue dans l?engrenage, la personne prostituée peut en venir à ne plus se rebeller, même si elle vit une situation qui la révolte. Il en est du proxénétisme comme de tout autre pouvoir autoritaire ; le nec plus ultra de la réussite est de parvenir à convaincre celui qu?il opprime qu?il désire la situation qui lui est faite.
La violence concerne-t-elle aussi le client ? Et la personne prostituée ?
La logique prostitutionnelle est porteuse de violence dans la mesure où la personne prostituée est réduite à une fonction. N?étant plus femme (ou homme) mais instrument de plaisir, elle court le risque constant d?être traitée comme une chose par le client et par le proxénète.
La barbarie, les actes de torture, sont une dimension inséparable de la logique prostitutionnelle. Acheter le sexe comme une marchandise est la porte ouverte au sadisme et aux perversions. Aussi, croire aménager la prostitution, l?humaniser, est en soi un non sens.
Fermé sur soi, chacun des protagonistes du rapport prostitutionnel transforme l?autre en objet manipulable, d?où les risques latents de violence. Violence des proxénètes, violence des clients, violence des personnes prostituées circulent à l?intérieur d?un circuit fermé et se nourrissent mutuellement.
La prostitution n?est-elle pas encouragée par les armées et les situations de guerre ?
La prostitution est une alliée objective de l?état de guerre. A toutes les époques, les conquérants d?un pays utilisent les mêmes symboles pour affirmer leur puissance et pour le repos du guerrier : le viol des femmes et leur prostitution
Les nazis ont ainsi effectué des rafles dans toute l?Europe pour peupler les "bordels".
Les Japonais, au cours de la deuxième guerre mondiale, ont utilisé dans le même but des jeunes femmes chinoises et coréennes qui se battent aujourd?hui pour obtenir des "réparations". En ex-Yougoslavie, les force serbes ont usé des mêmes procédés.
En Asie du Sud-Est, la prostitution s?est développée avec l?installation des bases militaires américaines aux Philippines pendant la guerre de Corée, et en Thaïlande pendant la guerre du Vietnam.
L?institution militaire, même en temps de paix, a beaucoup participé à l?organisation de la prostitution ("B.M.C.", bordels militaires de campagne en Algérie par exemple). Il est permis de penser qu?elle à longtemps nourri, sur le plan idéologique, un mépris profond des femmes, qui ne pouvait qu?entretenir le recours à la prostitution.
Le tourisme sexuel n?est-il pas une nouvelle forme de colonialisme ?
L?utilisation sexuelle des femmes, des enfants et des adolescents dans les pays sous-développés est le résultat de la suprématie économique des pays industrialisés. C?est bien une forme moderne évidente du colonialisme. Le tourisme sexuel repose d?ailleurs sur des mythes racistes : petite asiatique douce et soumise, africaine "faite pour l?amour", etc.
Déguisé en touriste, et donc protégé par le plus complet anonymat, le nouveau colonisateur s?empare du territoire des corps. Armé de la puissance financière, il exerce son pouvoir, sa volonté et ses moindres caprices sur les personnes, convaincu - à l?image des colonisateurs - de "rendre service" en distribuant son argent.
Mais a part ca la prostitution n'est pas un probleme ...
Message édité par faerie of avalon le 08-10-2003 à 11:39:51
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