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[url=http://www.mix-cite.org/communique/index.php3?RefArticle=230]Quand la prostitution fait rêver...
Article de Mix-Cité Paris, 18 juillet 2002.[/url] Peut-on honnêtement croire qu?il y a liberté ? à choisir ? l?aliénation? C?est ce qui semble faire l?unanimité tant chez les libéraux, qui défendent la prostitution au nom de la liberté à disposer de son corps et de la liberté sexuelle, que chez les hygiénistes qui prônent l?enfermement pourvu que l?exploitation et la misère ne gênent par leurs cher-ères concitoyen-nes.
Ce parti pris évite à chacun-e d?entre eux/elles de se poser la question : à qui profite le crime ?
Car crime il y a à légitimer la vente de son sexe au nom de la liberté alors que les mêmes, hypocritement, sont les premiers à dénoncer la vente d?organes contre monnaie sonnante et trébuchante. Car finalement, accepter qu?une personne, femme ou homme, monnaye son sexe, c?est accepter, qu?elle puisse vendre, au nom du droit à disposer de son corps, sa rétine, son sang, son rein, sa moelle épinière, etc.
Choisir cette position, c?est nier ce qui pousse ces femmes, ces enfants et ces hommes à se prostituer, la pauvreté et le besoin d?argent, des trajectoires personnelles souvent empreintes de violences, la dévalorisation de soi, la société qui valorise la sexualité masculine au point de nous faire croire que les hommes auraient des besoins sexuels qu?ils devraient obligatoirement assouvir sous peine de? Sous peine de quoi d?ailleurs, de violences?, c?est déjà le cas avec les viols, les violences conjugales, la prostitution. Aucun plaisir dans cela, aucun érotisme, juste l?exploitation d?un individu par l?autre en n?en faisant plus qu?un simple objet sexuel dénué de désir.
La prostitution n?est ni un choix, ni une liberté, elle nie les droits fondamentaux : dignité, intégrité corporelle, bien-être physique et mental. La prostitution déshumanise la sexualité.
Elle n?est que l?expression de l?échec de nos sociétés à proposer d?autres solutions économiques, psychologiques (un grand nombre de prostitué-es ont subi des violences sexuelles dans leur enfance), sociale que la vente de son sexe à des femmes et des hommes en perte d?identité. Il n?y a ni prostitution choisie, ni prostitution forcée, il y a des parcours de vie pleins de violences qui vont de la personne prostituée ? indépendante ? qui s?est trouvée acculée, à celle, étrangère avec proxénète, souvent violée, histoire de la ?former ?.
L?ONU a reconnu clairement que la prostitution était de l?esclavage : ?l?esclavage des femmes et des enfants soumis à la prostitution est incompatible avec la dignité de la personne humaine et avec ses droits fondamentaux?. Et ceux qui réfutent cette assimilation, affirmant que les prostitué-es ?pratiquent? par choix, devraient également se souvenir qu?un grand nombre d?esclaves, le conditionnement raciste aidant, ne souhaitait pas être affranchi, pensant que la ?nature les avait fait domestiques des blancs?.
La France, doit-on le rappeler, a choisi de ratifier, en 1960, la Convention des Nations-Unies de 1949 pour la répression de la traite des êtres humains et de l?exploitation de la prostitution d?autrui, qui indique dans son préambule que ?la prostitution et le mal qui l?accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine et mettent en danger le bien être de l?individu, de la famille et de la communauté?.
Réouvrir les maisons closes ou reconnaître la prostitution comme un métier représenterait un terrible retour en arrière et instituerait, par ailleurs l?Etat comme véritable ? maquereau ? puisque s?enrichissant au détriment des femmes et des hommes obligés de vendre leur sexe pour survivre. L?Etat est-il prêt à devenir proxénète ?
Il est effectivement plus facile de s?attaquer aux victimes qu?à leurs exploiteurs.
En outre, les arguments sanitaires, avancés pour justifier cet enfermement scandaleux, sont fallacieux. L?expérience passée en France a montré que rien ne saurait garantir l?efficacité des contrôles sanitaires, d?autant que des tests MST sur les clients ne sont jamais envisagés. Les maisons closes ne seraient qu?un moyen plus efficace d?organiser et de contrôler la prostitution, en fonction du bon plaisir et des exigences des clients qui, d?ailleurs, sont souvent prêts à payer le double pour avoir un rapport sans préservatif. Par ailleurs, les maisons closes développeraient une prostitution clandestine dans des endroits encore plus dangereux pour les personnes prostituées.
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