igor grichka a écrit :
Salut Greg, Est-il nécessaire de mettre en place tout un dispositif sémiologique pour montrer que le terme "complet" n'existe pas à l'état naturel dans notre vocabulaire?
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Non, mais par contre il s'agit de vérifier dans quelle mesures tu emploies ce terme en dépit du bon sens.
Reprenons : Un espace métrique est dit complet si chacune de ses suites de Cauchy converge, où une suite est de Cauchy si la distance entre deux termes de la suite peut être rendue arbitrairement petite en partant d'un rang suffisamment grand. Une suite converge vers un élément l de l'ensemble si tout voisinage de l contient tous les termes de la suite à l'exception d'un nombre fini d'entre eux. L'inégalité du triangle nous dit que toute suite convergente est de Cauchy, mais le contraire est faux en général, d'où l'importance de la notion de complétude.
Un espace topologique X (par exemple un espace métrique) est dense dans un autre espace Y si X est un sous-espace topologique de Y et si l'adhérence de X vaut Y. Pour les espaces métriques ceci revient à dire que tout point de Y est limite d'une suite à valeurs dans Y.
Comme on peut le voir, il y a des liens forts entre complétude et compacité, que tu ne mets pas en avant : à titre d'exemple, si je prends un espace métrique non complet, il est pourtant dense dans lui-même (il suffit de prendre la suite constante, d'ailleurs ceci assure que tout espace est dense dans lui-même). Si je prends un espace métrique complet, sous-espace strict d'un autre espace topologique, il est même hors de question que le premier soit dense dans le second.
Il se trouve que l'espace topologique Q n'est pas complet, entre autres parce qu'il ne contient pas la limite des rapports successifs de la site de Fibonnacci, qui est pourtant une suite de Cauchy contenue dans Q. Par contre, IR est un espace qui est complet, et il se trouve que par hasard IQ est dense dans IR, ce qui n'est finalement pas si hasardeux puisque c'est la construction qui veut ça : on a construit IR pour être un espace complet contenant Q, et donc on l'a pris comme l'ensemble "des limites de suites de Cauchy à valeurs dans Q", phrase qui prend son sens quand on travaille un peu sur la craie. Chaque point de IR est donc une limite d'un suite à valeurs dans IQ).
Pour te convaincre que la complétude n'avait pas forcément de rapport avec IR, on a déjà cité des exemples, si tu veux je t'en donne un autre plus proche peut-être de ton domaine (dans ta thèse tu manipules SO(n) et O(n,n-p) je te suppose familier avec les variétés riemanniennes et les sous-variétés des IR^n - de toute manière c'est la même chose) : si tu prends une variété riemannienne connexe dont toute géodésique se prolonge à IR tout entier, alors comme espace métrique elle est un espace complet (c'est le contenu du théorème de Hopf-Rinow), et pourtant il n'y a pas nécessairement de rapport entre ma variété et IR^n hormis un homéomorphisme local bien vague et ainsi dans l'affaire les rationnels on s'en cogne : il y a quantité de variétés qui ne se "décomposent pas en rationnels et irrationnels". A ce propos et au passage fort anodinement Q U { pi } se décompose en rationnels et irrationnels et il est loin d'être complet, ce qui illustre la bêtise du propos tenu..
Jusqu'à maintenant, tu as fait la confusion entre la complétude en général et la complétude particulière de IR, et le lien avec la densité de IQ et IR\Q dans IR t'ont induit en erreur et conduit à dire des bêtises. GregTtr n'a fait que constater la chose, tout comme moi : quelque chose cloche sérieusement. Je ne peux que t'inviter à préciser ta pensée et parler en termes clairs et définis, parce que je le redis : pour l'instant c'est du charabia, tout comme l'était la digression sur les transcendants (je n'ai d'ailleurs toujours pas saisi le fond de votre pensée en raison de la formulation)
Accessoirement, j'ai lu le texte présent sur le site des frères Bogdanov, "reponsebogd.pdf", est les arguments évoqués ainsi que le ton y sont convaincants, précis et structurés. Là, j'ai l'impression d'entendre Yanick Toutain (les mots en caps et les guillemets placés au hasard en moins) une fois encore, à l'opposé d'un discours qui plaide en la faveur des frères Bogdanov.
Pour parler de la chaise et des coincidences, je peux citer Igor Bogdanov :
Citation :
Il est vrai que le calcul des probabilités plaide en faveur d'un univers ordonné, minutieusement réglé, dont l'existence ne peut être engendrée par le hasard. Certes, les mathématiciens ne nous ont pas encore raconté toute l'histoire du hasard : ils ignorent même ce que c'est. Mais ils ont pu procéder à certaines expériences grâce à des ordinateurs générateurs de nombres aléatoires. A partir d'une règle dérivée de solutions numériques aux équations algébriques, on a programmé des machines à produire du hasard. Ici, les lois de probabilité indiquent que ces ordinateurs devraient calculer pendant des milliards de milliards d'années, c'est-à-dire pendant une durée quasiment infinie, avant qu'une combinaison de nombres comparable à ceux qui ont permis l'éclosion de l'univers et de la vie puisse apparaître. Autrement dit, la probabilité mathématique que pour que l'univer sait été engendré par le hasard est pratiquement nulle.(...)
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Je prétends d'une part qu'une phrase comme la dernière ne veut rien dire (y'a sujet, verbe, complément, mais ça n'a pas de sens), et d'autre part qu'un tel raisonnement est avant tout bancal et foireux : comme l'a dit GregTTR ça revient à compter le nombre de pieds d'une chaise, et à rermarquer des coincidences troublantes pour en conclure à l'existence de Dieu. Moi, si je joue au loto et que je gagne, les probabilités sont très faibles, mais je vois pas pourquoi ça voudrait dire qu'il y a une conscience quelque part : il faut bien un gagnant puisqu'un billet est tiré parmi un nombre fini de billets vendus.
Message édité par Profil supprimé le 25-06-2004 à 11:49:53