hephaestos Sanctis Recorda, Sanctis deus. |
Même pas peur.
hpdp00 a écrit :
Il n'y a pas de mal/bien absolu, c'est ce que je dis oui, pas de "horrible" dans l'absolu, même pour soi-même, tout dépend du cadre moral, des valeurs de la société, des autres autour de toi.
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Je crois que j'ai pourtant été clair à ce propos : bien sur qu'il n'y a pas de bien et de mal absolu, du moins tant que l'on n'a pas mis en évidence de grand dessein cosmologique. On n'est qu'un tas d'atomes qui intéragissent entre eux, et aucun jugement de valeur absolu ne peut avoir la moindre signification : l'Univers va où il va, on fait partie de l'Univers. Point.
Ben oui mais sauf que non. Pas point. J'ai beau n'être qu'une illusion, comme le libre arbitre, la conscience, tout ça, il arrive un moment où une illusion qui est à la fois olfactive, visuelle, tactile, auditive et gustative, ben on a beau savoir que c'est une illusion ça nous avance pas à grand chose. Donc, tout se passe comme si j'étais, alors je vais dire que je suis pour faire simple. Et avec moi, il y a plein de choses qui sont bien qu'elles n'aient aucun sens pour l'Univers : l'amour, le libre arbitre, la conscience, la beauté, et bien entendu, le bien et le mal.
Reste à trouver un sens à ma vie.
Dieu, j'ai essayé, mais ça colle pas.
Sinon, à part ça, j'aime bien être heureux, et j'aime bien quand les autres sont heureux. Bon ben banco, ça sera le sens de ma vie.
Alors là, je t'entends déjà fulminer, "qui c'est ce type qui me dit que la vie a un sens, et qu'en plus il sait mieux que moi quel est le sens de la vie ?!?". Donc je le répète, la vie n'a pas de sens (jusqu'à preuve du contraire), je fais juste "comme si", parce que je suis incapable de me résoudre à accepter que je ne suis rien. A partir de ce moment, je lui donne bien le sens que je veux. D'ailleurs, les autres ne se gènent pas pour ça.
Ok, donc on arrive au point où le sens de ma vie c'est d'être heureux et de rendre heureux les gens. Là, comme je suis un gars rationel, j'essaie de faire des choses logiques, de ne pas me laisser porter par mes intuitions, parce que je sais que mes intuitions elle ont un autre objectif, qui ne colle pas avec le sens de ma vie. Les hommes préfèrent le bon sens à la logique, c'est ce qui les conduit à agir aussi bizarrement (citation librement adaptée de Pratchett).
Donc, rendre heureux qui, et dans quelle proportions ? Est-ce que le bonheur de certains vaut mieux que celui des autres ? Je n'ai aucune raison de penser cela. Par contre, on peut raisonablement penser que certains sont capable d'un bonheur ou d'une souffrance plus grande que d'autres (pour répondre à la question de savoir s'il est 'mal' d'arracher un patte à une mouche, un crabe, une souris, un singe, un bébé, un homme... on y reviendra). Il faudra essayer de le prendre en compte.
Voila, tout est dit. Le reste, ce n'est que faire marcher mon cerveau, en conjonction avec mes sens, pour essayer de comprendre ce qui rend heureux, et ce qui fait souffrir, et ce dans quelles proportions. J'aurai souvent des marges d'erreur trés grandes, mais au moins j'aurai tout au long de mes actions un guide, qui, à défaut d'être absolu, sera objectif, c'est à dire qu'il ne sera fondé que sur des déduction logiques liés à des observations indépendantes de l'observateur, et sur un axiome, que j'ai considéré par nécessité : "être heureux c'est bien, indépendamment de qui est heureux".
hpdp00 a écrit :
Le fait de vouloir définir le bien/mal est déjà une forme de recherche de confort, savoir quelles sont les règles morales a ne pas transgresser pour éviter des "coups", venant donc des autres, les règles physiques étant bien plus faciles à comprendre : tu pisses face au vent, t'auras les pieds mouillés
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Là tu me parles de l'utilité du bien et du mal dans l'histoire de l'évolution. Bien sur que si je ressens ce besoin que les gens autours de moi soient heureux, ce n'est pas par hasard, c'est parce que l'évolution a favorisé un tel comportement, parce que les gens qui n'ont pas ce trait de caractères reçoivent des coups. Et alors ?
hpdp00 a écrit :
Avec les autres c'est infiniment plus compliqué, parce que leurs valeurs morales diffèrent légèrement selon le groupe considéré. il y a des choses à éviter spécifiquement de dire/faire avec la famille, les collègues, les copains, les voisins, les commerçants, etc
la seule façon de s'en sortir est d'apprendre les règles pour chaque groupe.
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Et alors ? En quoi est-ce que j'ai dit autre chose ? Vouloir le bonheur de chacun indifféremment ce n'est pas penser que le bonheur de chacun est identique, et obéit aux même règles. S'il est nécessaire d'obéir à des règles particulières pour ne pas froisser un individu, alors il faut prendre en compte cela lorsque l'on décide d'enfreindre ou non cette règle.
hpdp00 a écrit :
Exemple, la guerre en irak de gw bush (considéré comme fait historique). des millions de ricains pensent sincèrement que c'était une bonne décision, même si elle entraine des milliers de morts ricains, et des dizaines de milliers de morts irakiens, les juifs américains. les raisons sont assez floues, lutte contre le terrorisme, adm, renverser un dictateur. pourtant ce sont des braves gens qui ne feraient sans doute pas de mal à une mouche. tu vas aller leur dire, toi tout seul, que leur raisonnement ne tient pas vraiment debout et que ce sont de méchants assassins? ils n'ont pas de raisonnement, ils ont une fidélité a leur drapeau, et par extension a leur président. et donc ils ont tort, ou ils sont cons?
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Eh bien, si les américains se fiaient en majorité à la logique plutôt qu'au bon sens, ils en arriveraient sans doute à des conclusions différentes.
M'enfin, ce trait de caractère n'est pas propre à ce peuple, et ne signifie en aucun cas qu'ils méritent d'être châtiés ou quoi que ce soit. Mon but n'est pas de juger les autres, il est d'agir de manière à être en cohérence avec le sens que je me suis fixé. Si cela implique d'expliquer aux gens en quoi leurs choix sont illogiques, alors je le fais sans hésiter. En revanche, cela implique rarement de dire aux gens qu'ils sont cons, car insulter une personne est le moyen le moins efficace pour la convaincre de quelque chose.
hpdp00 a écrit :
On ne peut pas faire de raisonnement cohérent sur le bien/mal sans inclure une grosse part d'affectif, irrationnel par définition, qui est une imperfection si on veut, mais le fait de qualifier cette attitude d'un nom à consonnance négative est déjà une attaque contre les autres, une façon de dire que tu vaux mieux qu'eux et qu'ils sont un peu cons, eux 
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Eh bien, en ce qui me concerne, j'essaie de limiter la partie affective à sa portion congrue, que je cantonne à mon axiome de départ. Le reste, je choisis de ne le déduire que d'observations objectives, en acceptant les erreurs inévitables liées à l'absence d'outil de mesure performant. Quant aux autres, bien sur que j'essaie de les ralier à ma cause, sinon ce ne serait pas ma cause. Mais je me garde de les juger, ça n'a pas de sens.
hpdp00 a écrit :
Les animaux c'est encore assez différent, la première chose dont il faut se méfier est l'anthropomorphisme. penser que l'oiseau que tu confisques au chat parce qu'il souffre en est un exemple. la position purement rationnelle serait de laisser le chat bouffer l'oiseau, c'est le cours de la nature et de la vie : manger ou être mangé, pour les animaux, qui n'ont pas de conscience.
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Là je commence à fatiguer, mais j'ai encore tellement à dire... j'essaie quand même :
Tu dis qu'il est rationel de laisser le chat bouffer l'oiseau, car "c'est le cours de la vie".
Ca, c'est du bon sens.
La plaie de l'humanité, si tu m'as suivi jusqu'ici.
Personnellement, quand je fais ce genre de raisonnement, il y a une petite clochette qui résonne dans ma tête, un signal d'alarme qui me rappelle "Tu viens de faire un raisonnement fondé sur le bon sens, qui t'a conduit à justifier la décision la plus facile à prendre : attention, il y a peut-être un piège, ça parait un peu trop facile". Ben oui c'est trop facile. En quoi le fait de donner une souris mécanique au chat et d'achever l'oiseau, ce serait moins "le cours de la vie" ? La vie, l'univers, j'en fais partie, j'obéis aux lois qui les régissent, je n'ai de compte à rendre à personne à ce niveau là.
Dans ton raisonnement, que tu dis rationel, tu pars du principe que ne rien faire, c'est mieux que faire quelque chose. Je ne vois rien de logique là dedans. J'ai besoin d'un critère pour déterminer quelle action est meilleure qu'une autre, et ce critère ne peut pas être rationel. Comme critère, comme axiome morale, tu as pris sans le mentionner l'axiome qui dit "ne pas agir c'est bien".
C'est ton choix, mais dans la mesure où il conduit à des attitudes différentes de celles que me dicte l'axiome morale que j'ai choisi, je fais ce qui est en mon pouvoir pour essayer de te convaincre de changer d'axiome morale.
Maintenant, à porpos de la douleur des animaux. Tu dis qu'un piaf qui souffre ce n'est rien d'autre qu'une situation un peu stressante pour lui, qu'une oie que l'on gave ce n'est pas pire qu'un homme qui passe trois heures dans le métro, qu'un hommard bouilli va simplement se sentir mal à l'aise quelques temps.
As-tu une raison objective de dire cela, ou n'est-ce que le bon sens ?
Tu parles de conscience. Mais alors, un singe ne souffre pas vraiment si on lui arrache les dents, puisqu'il n'en a pas conscience. Ni un chien. Qu'en est-il d'un nourisson ? d'un enfant de 1 an ? de 2 ans ? de 4 ans ? de 7 ans ?
Je suis désolé, je ne vois pas de critère objectif me permettant de tracer la limite entre les êtres souffrants et les autres. Tout au plus, je pense (et encore, cette maudite clochette résonne violemment quand j'affirme cela, cela me semble encore trop facile, mais là je suis forcé de faire ce raccourci, car je me sais incapable d'assumer les conséquences si je ne le fais pas, à savoir traiter également une étoile de mer et moi même ), je pense que la souffrance est plus forte, que le bonheur est plus fort, chez les êtres qui ont des structures nerveuses plus complexes.
Et je pense, mais là dessus j'en suis à peu prés certains, que certaines souffrances ne sont pas transposables d'un animal à l'autre.
La vache ne souffre pas d'ennui quand elle rumine dans son champ. Mais, à l'inverse de l'homme, toute douleur physique lui cause de la souffrance.
Alors que l'homme est capable de surmonter sa douleur physique en l'intellectualisant (quand je vais donner mon sang, je pense à la collation qui m'attend et ça me réjouit, la douleur ne me rend en rien malheureux), mais il est bien plus sensibles à des formes plus évoluées de souffrance, j'ai cité par exemple l'ennui, on peut penser à l'extrême à la perte d'un proche ou à la menace de la mort lorsque celle ci n'est pas évidente, qui fera bien plus souffrir un homme qu'un poulet.
Ainsi, j'essaie d'être raisonable et j'imagine que les même causes (un système nerveux), les même signes (agitation, cris, pleurs, prostration, etc.) signifient les même sensations, aux différences quantitatives prés. Toute autre conclusion me semble doublement douteuse puisque, d'une part, elle va plus ou moins à l'encontre de l'observation, et, d'autre part, elle va dans le sens de la facilité.
J'en profite pour faire une petite digression, puisque ce dernier argument est tout sauf rationel en apparence. Il fut un temps ou je lisais beaucoup de romans policiers, en particulier ceux d'Agatha Christie. J'ai arrêté quand j'en suis arrivé au point où je savais, arrivé au milieu du livre, qui était le coupable. Pour cela, il y a deux signes : le coupable, c'est celui qui profite du crime, mais avant tout, c'est celui que l'on soupçonne le moins.
En matière de psychologie, c'est pareil. Le coupable, dans ce cas, c'est nos gènes. Ils nous ont mis dans la tête cette notion de 'bon sens', qui a deux intérêts : le bon sens nous fait prendre les bonnes décisions pour nos gènes, et, par définition, on ne le soupçonne jamais d'être autre chose que de bon sens.
Au nom du bon sens, on entend des choses comme : "La morale est trés différente selon la culture, la religion, l'époque où l'on se trouve"
"Ecoute ton coeur"
"Fais confiance à la Force"
"Laisse faire la nature"
"Ainsi va la vie"
Vous l'aurez compris, je ne suis pas trés fan.
hpdp00 a écrit :
si on part du principe que l'espèce humaine est prioritaire sur les autres, seulement. en tant que membre de l'espèce humaine, on peut difficilement dire le contraire, soit
mais du point de vue global, on peut dire que l'être humain est un nuisible, au moins en quantité importante
toute l'histoire de l'humanité démontre que la destruction des prédateurs humain, la domestication des espèces et la transformation des conditions matérielles naturelles sont le principal but de l'humanité-espèce en vue de favoriser son extension
on ne peut répondre a la question qu'en adoptant un jugement de valeur d'après sa morale "favoriser la race humaine c'est bien", refuser la possibilité d'un meilleur remède c'est mal
s'il y avait un arbitre, impartial, disons un dieu créateur de l'univers, on peut supposer qu'il ferait un geste pour limiter la casse et nous renverrait dans un arbre... à moins qu'il ne lui coute rien de laisser l'expérience aller son train jusqu'au bout. en tout cas s'il y avait un dieu, ce serait celui des hommes seuls, pas celui des espèces vivantes
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Pour justifier l'utilisation des animaux dans la recherche, pas besoin d'une morale favorisant l'homme... Du moment que les animaux ne souffrent pas, le gain en bonheur globale suscité par l'utilisation des cobayes est strictement positif, je ne vois pas où est le problème...
Pour conclure, ce que je raconte ici, n'est, à mon grand regret, qu'une pale copie de ce qui a été pensé, dit et écrit par d'autres bien avant moi (avec, je l'espère, des aspects originaux).
J'ai récemment découvert que cette manière de penser la morale avait un nom : l'utilitarisme (utilitarianism en anglais), et qu'elle avait fait l'objet d'un livre relativement connu par John Stuart Mill en 1861. Je ne l'ai pas lu, mais j'encourage bien entendu sa lecture à tous. Pour plus d'infos sur l'utilitarisme, allez-z-y voir par ici : http://en.wikipedia.org/wiki/Utilitarism |