hephaestos Sanctis Recorda, Sanctis deus. | hpdp00 a écrit :
le bonheur malheur de qui? le tien seul? non, tu ne serais pas heureux en conflit avec les autres
le bonheur des autres seuls? non, tu te sentirais "sacrifié". alors entre les deux? sans doute, mais "où" entre les deux?
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Je crois que j'ai été clair à ce propos, la seule vision qui soit rationelle est de considérer de manière équivalente le bonheur de chacun.
Ce n'est pour autant pas une vision naturelle vu que, comme tu le fais remarquer, on a naturellement tendance à faire passer son propre bonheur en priorité.
hpdp00 a écrit :
et encore, là on ne parle que des gens, mais il faut inclure les autres êtres vivants et l'ensemble de la planète
qu'est-ce qui est "bien" ou "mal" pour tous et tout, sans restriction? à peu près rien...
je ne vois pas comment tu peux prendre des décisions "logiques" dans ces conditions, ou fonder un code moral
d'autre part tu ne peux pas envisager la totalité des conséquences d'une décision que tu prends, ne sachant pas le futur, tu ne connais que les conséquences prévisibles avec une marge d'erreur acceptable
alors, si tu ne peux rien affirmer pour toi-même, comment définis-tu les règles d'un code moral de société?
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Voila, là tu rentres dans le coeur du problème, mais tu ne m'as pas dit en quoi tu trouvais les points de départ que je me fixe incohérents.
Donc je répète, je pars du principe que : "le bonheur, c'est bien, indifféremment de l'hôte de ce bonheur." Appelons cela l'axiome moral.
A partir de là, pour chaque décision que l'on doit prendre, il n'y a qu'une seule meilleure décision : celle qui conduit au moindre malheur, et au plus grand bonheur.
Bien sur que ça n'a rien de simple, car :
- On est incapable de quantifier le bonheur et le malheur pour soi-même.
- On est encore moins capable de quantifier le bonheur et le malheur pour les gens que l'on connait.
- On est encore moins capable de quantifier le bonheur et le malheur pour les gens que l'on ne connait pas.
- On est encore moins capable de quantifier le bonheur et le malheur pour les individus appartenant à une autre espèce vivante que la notre, et l'on en est d'autant moins capable que cette espèce nous est éloigné (pas facile de dire si une huitre est heureuse).
- On est incapable de déterminer les conséquences de nos actions avec précision.
Tout ces arguments sont valables. Mais il me semble que tu es un scientifique, et en tant que tel tu dois savoir que l'on sait comment gérer les fluctuations statistiques et les imperfections de mesures, ainsi que les comportements chaotiques. Ne serait-ce que, tout simplement, en sachant quand l'on doit dire "là, je ne sais plus".
Néanmoins, je crois que tu sous-estimes les capacités de prise de décision tout à fait rationelles à partir simplement de l'axiome moral défini plus haut.
Je prends un exemple : il est acquis que nous sommes en situation trés délicate quand il s'agit de déterminer quand un animal est heureux ou malheureux, et comment le quantifier comparativement au bonheur des hommes. Il y a cependant des situations qui sont tellement simples qu'elles ne nécessitent quasiment aucune donnée à ce propos.
Mon chat joue avec un pauvre piaf qui passait dans mon jardin, histoire de voir combien de temps et jusqu'où il peut voler avec deux ailes cassées et les poumons perforés. Lui a un plaisir certain à faire ça, le piaf souffre. Eh bien, il me semble que la perte de plaisir infligée à mon chat quand je remplace son oiseau par une souris mécanique est sensiblement moindre que la souffrance épargnée à l'oiseau que j'achève alors. Je peux me tromper, mais ma position me semble raisonable.
Autre exemple : torturer des oiseaux pour que leur foie soit plus gros et plus savoureux, afin de satisfaire les papilles de certains hommes. Là, je connais le bonheur engendré par la dégustation d'un foie gras, j'adore ça. Je sais aussi que ce n'est pas ça qui me rend heureux. Comparé à la souffrance infligée à la pauvre bête, j'ai beau essayé, je n'arrive pas à le justifier. Tant pis pour les diners de réveillon.
Autre exemple : faire bouillir un homard vivant, encore une fois pour le seul plaisir des papilles. Même conclusion.
Je remarque que de manière général, on a beaucoup moins de mal à accepter la souffrance des animaux qui nous sont éloignés (oiseaux, reptiles, poissons, crustacés) que ceux qui nous sont proches (mammifères). Y a-t-il une raison rationelle à cela ? je n'en vois aucune, donc jusqu'à preuve du contraire, je considère que ce n'est lié qu'au simple fait qu'il m'est plus facile de m'identifier à un chien qu'à une étoile de mer.
Voila comment il est parfois possible, malgré les limitations du code moral objectif que j'essaie de me donner, de prendre des décisions relativement solides.
Et, encore une fois, je suis bien conscient des limitations de cette approche, simplement je n'en vois pas de meilleure.
hpdp00 a écrit :
Tu vas dans le mur dans cette direction : il n'y a rien d'absolu, pas d'autre bien ou mal que celui que "la société" désigne comme tel. reste a définir la société à laquelle tu veux t'inclure pour pouvoir te conformer a leur code, tu ne pars pas de rien, t'es pas tombé de la lune ce matin
cette société a laquelle tu veux appartenir attend que tu apprennes ses codes et t'y conforme, c'est une manière, un peu frustrante, de se sentir heureux et les autres autour de soi
"fais bien ce que tu as à faire, et sois-en fier"
faire quoi? sais pas, moi, démerde-toi pour trouver mais que ce soit bien fait 
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Non, les codes moraux ne sont pas dûs au simple hasards de la société, ils sont le résultat de la mise en société de nos cerveaux, qui sont tous les même, aux fluctuations statistiques prés, tout autours du globe. D'ailleurs, les codes moraux sont eux-même quasi identiques d'un bord à l'autre du globe, au point que l'homme a du inventé des annexes aux codes moraux, qui sont des codes arbitraires (vestimentaires, de langage, etc.), afin de favoriser la différenciation entre nous et les autres, différenciation essentielle si l'on veut savoir qui l'on doit voler/violer/tuer, et qui l'on doit aider. Mais ce qui fait l'essence de la morale, on le retrouve à l'identique partout autours du globe.
hpdp00 a écrit :
je m'oppose a une vision monolythique de la vie et de la société. tu manques de nuances. il n'y a pas de "bon" d'un coté et de "mal" de l'autre, ce ne sont que des conventions, des règles sociales décidées a tel endroit a tel moment
en général elles se recoupent plus ou moins, mais tu peux chercher les choses les plus horribles, elles ont généralement été faites, et en toute bonne conscience, ne serait-ce que pour des raisons religieuses "impérieuses"
je l'ai dis, la seule façon de juger ses décisions c'est écouter l'avis des "autres" les plus proches (en tenant compte de leur décalage par rapport a l'ensemble de la société proche mais plus large), leurs réactions, même si tu n'aimes pas ce qu'ils disent, même si tu sais que ce sont des conneries et qu'ils n'ont rien compris, et qu'ils sont cons de penser de cette façon
par contre t'as le droit de parler, t'expliquer et expliquer ce que tu veux et de les faire changer d'avis
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J'ai du mal à saisir : d'une part tu mets en avant le fait que des choses horribles ont été commises en toute bonne conscience, et d'autre part tu revendiques le fait de ne te fier qu'à une morale relative, sans te soucier de ce que serait le bien et le mal de manière objective, car, selon toi, on ne peut pas avoir une telle définition.
S'il n'y a pas de bien et de mal objectif, ces actions que tu qualifies d'horribles ne le sont pas dans l'absolu.
Personnellement, c'est justement pour éviter de me retrouver à faire des actions horribles justifiées par une morale qui m'est propre, que je cherche des repères qui soit indépendants de leur observateur.
Ca ne m'empêche pas, contrairement à ce que tu sembles penser, d'essayer de prendre en compte l'avis de mes proches et de mes moins proches, ainsi que mon avis personnel, pour prendre des décisions. Ces avis, ce sont les meilleures observations que l'on ait à notre disposition pour juger du bonheur et du malheur, alors, aussi imparfaites qu'elles soient, il me semble judicieux de les utiliser comme fondement de toute réflexion morale. Tout en gardant à l'esprit, et en essayant de maitriser, ces imperfections. |