Camisard1 a écrit :
Dans cette réponse je repars de zéro, car ce n'est pas clair pour moi si tu débutes ou pas - et même si ce n'est pas le cas, cela pourrait être utile à d'autres.
Etape 1 : Définir sa stratégie patrimoniale
C'est plutôt le sujet du forum Epargne, mais c'est évidemment une étape essentielle avant de s'aventurer en bourse. La raison pour laquelle je fais ce rappel est parce que tu parle de "liquidités" dans ton message.
Il n'y a pas de stratégie patrimoniale unique, donc l'approche qu'on te conseillera variera selon les interlocuteurs - l'important est d'avoir l'esprit clair sur ce que tu fais.
En gros :
a) Tu peux définir l'allocation de ton patrimoine financier en risqué (dont actions) vs non-risqué (fonds € etc.), avec une cible qui dépend de ta tolérance au risque, de ta situation familiale, professionnelle et patrimoniale etc., par exemple 50/50, 60/40 etc., avec un rebalancing trimestriel ou semestriel. Typiquement, si les actions montent bcp, leur part va dépasser leur allocation et le rebalancing trimestriel/semestriel doit de conduire à orienter tes flux d'épargne vers le non-risqué, voire à alléger les actions. C'est l'approche standard, appliquée par Lookoom et bien d'autres.
b) Tu peux construire ta pyramide patrimoniale par couches, reflétant la pyramide des besoins de Maslow. Une 1ere couche pour l'épargne de précaution (3-6 mois de liquidités), une 2e couche en non-risqué pour les projets de vie (typiquement achat de RP, mariage, enfants etc.), une 3e couche en actifs risqués pour dynamiser le patrimoine sur le long-terme avec une approche passive, une 4e couche active encore plus risquée etc. C'est ce que je fais. Donc quand je parle d'expérimenter sur le LWLD, je parle de ma 4e couche, hein, les 3 premières sont déjà bien place chez moi.
Donc quand tu parles de "liquidités", je m'interroge, parce que dans l'approche (a) il n'y a pas de liquidités hors épargne de précaution, mais un rebalancing régulier en risqué vs non-risqué, et dans l'approche (b) les liquidités (dans les couches 1 et 2) sont rigoureusement séparées de la prise de risque (dans les couches 3 et 4).
Etape 2 : Définir sa stratégie boursière
Une fois que tu as bien défini ta stratégie patrimoniale, notamment l'exposition à la bourse que tu vises, tu dois définir ta stratégie boursière.
Là encore il y a plein d'approches différentes, mais la base, c'est :
a) pas de market timing
b) pas de liquidités oisives (à nouveau : je parle des liquidités hors épargne de précaution et non-risqué, qui sont en dehors de l'allocation patrimoniale pour la bourse)
c) pas de concentration excessive (ce qu'on peut éviter via des ETF et/ou suffisamment de titres vifs)
d) pas de levier excessif (je parle du "vrai" levier = la marge du broker, pas des ETF leveragés)
Tu peux t'amuser à dévier de ces principes, mais si tu le fais, sur une période suffisamment longue tu finiras par sous-performer vs l'indice et une approche purement passive.
Garder des liquidités pour faire du market-timing peut procurer un confort psychologique à certains. Par exemple si tu gardes 20% de liquidités, tu n'"encaisses" que 80% de la volatilité de l'indice, ce qui peut aider certains à mieux supporter les corrections. Mais il faut être bien conscient que cette approche a un gros coût d'opportunité sur le long-terme, puisque le cash sous-performe l'indice actions sur quasiment tous les horizons de temps. Donc il vaut mieux s'habituer à être 100% investi en tous temps - à nouveau, dans le respect de son allocation patrimoniale.
S'agissant du levier, il est destructeur de valeur pour la plupart des investisseurs particuliers qui s'y essaient, via les incitations perverses qu'il crée (tu es encouragé à augmenter le levier en phase haute du cycle, quand les actions sont les plus chères, et à le réduire en panique quand les actions sont les moins chères) et la difficulté technique et psychologique associée au risque d'appel de marge. Donc il ne vaut mieux pas s'initier au levier en phase haute de cycle (comme actuellement), mais de préférence après un krach. Et toute expérimentation du levier doit se faire de façon progressive : par exemple se limiter strictement à un levier 1,1 pendant 6-12 mois et au moins une correction avant éventuellement de passer à 1,2. Au-dessus de 1,3-1,4, ça devient vraiment dangereux et il ne faut pas s'y risquer si l'on n'a pas suffisamment d'expérience (voire ne pas s'y risquer du tout).
3) Etape 3 facultative : Définir son positionnement tactique en bourse
Tu peux t'arrêter à l'étape 2 - c'est même une bonne idée pour la plupart des particuliers : tu as défini ton allocation patrimoniale (disons 60/40), tu fais ton rebalancing trimestriel, tu alloues les 60% de risqué en ETF Monde via achats mensuels, tu n'as aucune liquidité oisive (hors épargne de précaution) et tu ne fais pas de market-timing. Et c'est tout. Tu t'arrêtes là et tu auras une excellente performance sur le long-terme. Meilleure que si tu fais du market timing, du Lombard mal calibré au mauvais moment, ou de l'expérimentation malheureuse sur ETF leveragés, par exemple.
Si tu souhaites aller au-delà, c'est ton choix mais il faut bien être conscient que c'est une prise de risque - en général coûteuse en performance pour la plupart des particuliers.
Dans mon cas perso, j'ai bien construit ma pyramide patrimoniale : j'ai des liquidités de précaution que je ne risquerais jamais en bourse, j'ai une RP financée via fonds €, des RS dans 3 pays, j'ai un portefeuille ultra-diversifié (quasi indiciel) en titres vifs en buy & hold (= pas de market-timing). Ce sont les 3 premières couches de ma pyramide patrimoniale. Comme elle est bien en place et parce que j'ai l'esprit aventureux, j'ajoute cette année une 4e couche en trading actif (long uniquement sur ETF USA et Monde) financée par la marge IB.
Tu vois que je ne m'aventure dans ce trading actif que parce que mes 3 premières couches sont bien en place. Donc c'est une mauvaise idée pour toi (ou d'autres) d'essayer de répliquer cette approche si les 2 premières étapes décrites plus haut ne sont pas accomplies dans ton cas.
Le fait d'utiliser la marge IB pour ces positions tactiques de court-terme en LQQ, CW8 et LWLD me permet d'éviter le coût d'opportunité qu'impliquerait l'utilisation de liquidités pour cette activité de market-timing. Le prix à payer, c'est d'accepter un levier parfois important - supérieur aux plafonds appropriés pour un particulier. C'est une stratégie extrêmement risquée : j'utilise le levier pour acheter (notamment) des produits à levier. C'est la raison pour laquelle j'ai rapidement allégé ma position en LQQ (180 vendus sur 205) quand les conditions de marché me l'ont permis en octobre (alors que je déteste vendre).
Actuellement je commence à prendre position sur le LWLD (ligne de 3000 désormais), financés par la marge IB, pour jouer sur un nouveau V, mais avec une calibration très prudente qui rend ce trade presque anecdotique dans ma stratégie boursière d'ensemble, qui reste essentiellement buy & hold et passive.
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