Profil supprimé | bobor a écrit :
1)le budget (faible) est financé par les états. Donc le financement n'est pas réellement mutualisé, du moins le risque porté par le financement.
2)si j'ai bien compris, il n'y a que 500 milliards. Ok pour aider un pays, mais pas pour (re)construire la zone €. Avantage, pas de clé de capital.
3)J'ai entendu que la BEI n'avait que 70 milliards. Soit rien. 4-5)pas bien compris. Mais tant qu'il n'y a pas d'union bancaire, je considère que les banques financent surtout leur état.
6)Si comme QE, la plus grande partie est achetée par les BCN je suppose. Donc anecdotique.
7)on met sous tutelle, bonjour la mutualisation
8)la seule et vraie mutualisation?
9)fin de l'€
10)voir MES
Bref, malgré le QE, il n'y a pas de mutualisation. Et si pas de mutualisation, la dette est un problème car on ne pourra pas la rayer. Au mieux, on pourra la porter et faire des taux négatifs.
Plus qu'à espérer le retour de l'inflation...et cadenasser les allemands si retour il y a 
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1) En théorie, l'absence de mutualisation n'empêche pas une monétisation suivie d'une annulation de la dette : s'agissant de l'Italie (par exemple), la Banca d'Italia pourrait théoriquement "aménager" (annulation partielle, rééchelonnement) ses obligations italiennes acquises dans le cadre du QE :
- Economiquement, cela se traduirait sans doute par un capital négatif pour la Banca d'Italia : à strictement parler, cela n'est pas insurmontable, puisque (i) une banque centrale peut opérer à capital négatif, et (ii) la politique monétaire en Italie n'est pas du ressort de la Banca d'Italia mais de la BCE.
- Juridiquement, cela poserait néanmoins un problème majeur : ce serait une violation de l'Article 123 du Traité, interdisant le financement monétaire.
- Du point de vue de l'orthodoxie financière à Francfort, cela poserait un souci d'avoir une BCN très sous-capitalisée.
2) Comme on dit à la Banque de France, "la confiance n'exclut pas le contrôle". Mutualisation ne signifie pas YOLO. Une famille, par exemple, est une structure de mutualisation d'actifs, de droits et d'obligations, entre des participants inégaux : ce n'est pas parce qu'il y a mutualisation que les enfants font ce qu'ils veulent - au contraire ! Dans la famille européenne, Papa Macron et Maman Merkel veulent bien aider leurs enfants turbulents (l'ado rebelle italien, le fier espagnol et le petit grec, qui a fait une fugue il y a quelques années), mais si certaines conditions sont respectées. La mutualisation ne peut fonctionner qu'avec un bon dosage de la conditionnalité et du contrôle (politique et technique). Il y a plein de schémas possibles pour ça.
3) Pour ne parler que de l'Europe (l'UE) proprement dite, l'émission de dette mutualisée peut se faire à partir de différentes structures :
- l'UE a la personnalité juridique et peut se financer sur les marchés : elle ne se finance donc pas uniquement par les contributions des Etats : regarde ça https://ec.europa.eu/info/business- [...] tics-eu_en et la présentation https://ec.europa.eu/info/sites/inf [...] ion_en.pdf. Cette capacité de financement mutualisé sert notamment à financer le European Financial Stabilisation Mechanism (EFSM). Il y a déjà un dispositif de suivi de la conditionnalité (avec ou sans le FMI comme partenaire). On pourrait simplement augmenter cette capacité d'émission.
- l'EFSF (European Financial Stability Facility) (https://www.esm.europa.eu/efsf-overview) peut aussi se financer directement sur les marchés. L'EFSF a participé au financement des programmes pour les pays en difficulté lors de la précédente crise. A priori cette structure est maintenant endormie, avec la mise en place de l'ESM, mais si besoin elle pourrait être réactivée (les différences avec l'UE et l'ESM portent surtout sur la gouvernance : en particulier seuls les Etats de la zone euro sont actionnaires de l'EFSF, alors que pour l'UE la participation est plus large).
- l'ESM/MSE (European Stability Mechanism) est censé être le véhicule principal de financement en cas de crise, mais manifestement tout le monde n'est pas d'accord, toujours pour des raisons politiques liées à la gouvernance et à la conditionnalité.
- la Banque Européenne d'Investissement (BEI) et la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD) ont aussi une capacité d'émission autonome, mais leur actionnariat est plus large que la zone euro.
En temps de crise, la Commission propose typiquement d'augmenter le plafond ou le programme d'émission de telle ou telle entité, et ils peuvent ensuite communiquer des montants impressionnants (alors que l'injection d'argent dans l'économie réelle prend ensuite bcp de temps, et ne se fait que de façon conditionnelle).
4) L'intervention du FMI en Italie, en Espagne voire en France (improbable aujourd'hui), ne signifierait pas "la fin de l'euro". Au-delà du financement, le FMI apporte surtout une compétence technique dans la définition et le suivi de la conditionnalité, et une indépendance bienvenue par rapport aux institutions européennes, nécessairement influencées par les Etats de la zone euro. Surtout, l'apport du FMI peut être dosé : ça peut aller d'un financement massif avec une lourde conditionnalité, comme en Grèce, à un appui technique sans financement, beaucoup plus léger pour les problèmes du secteur bancaire, comme en Espagne.
5) Le PSPP/Public Securities Purchase Programme fait partie de l'APP/Asset Purchase Programme (= le QE de la BCE) : https://www.ecb.europa.eu/mopo/impl [...] ex.en.html (je remarque que mes ex collègues ont mis à tort "OMT" dans le lien - c'est un autre programme, bonjour la confusion)
6) Oui, les Eurobonds / coronabonds seraient la forme la plus pure de mutualisation. Il y a différents schémas pour ça :
- la forme la plus pure consisterait à ce que l'UE (dotée de la personnalité juridique) émette les Eurobonds elle-même, et que les fonds soient gérés sous le contrôle du Parlement européen : c'est la logique fédéraliste
- une forme hybride consisterait à doter l'ESM (par exemple) de la capacité d'émettre des Eurobonds uniquement en cas de crise (en l'occurrence coronabonds)
- la forme la plus faible consisterait à augmenter la capacité d'émission de la BEI (par exemple) et à mettre dessus une étiquette coronabonds, pour que les Italiens ne perdent pas la face
Et bien d'autres formes intermédiaires. La BCE a beaucoup planché en interne sur les différents schémas. Techniquement il n'y a aucune difficulté insurmontable ; juridiquement non plus, selon ma compréhension ; c'est juste un choix politique. |