Zilian a écrit :
J'aime bien te lire et j'apprends beaucoup de tes messages mais je ne peux pas croire qu'un mec aussi intelligent que toi ne puisse pas comprendre que des rebonds majeurs y'en a dans toutes les descentes  À la limite si tu avais des arguments pour appuyer sur pourquoi c'est la 2eme jambe du V et que ça ne retombera pas à part le QE... Mais la crise n'est pas résolue Après peut-être que le marché approuve la méthode Trump (osef des vieux, let's go)
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Le truc fondamental à comprendre, c'est que la liquidité c'est un circuit fermé : elle ne disparaît pas, elle n'est pas "brûlée" : elle passe simplement d'une poche à l'autre. C'est le cas entre un vendeur et un acheteur sur le marché actions, c'est le cas quand tu fais tes courses, c'est le cas quand tu empruntes à ta banque etc.
La liquidité globale circule entre les agents économiques. Mais elle augmente ou diminue quand la banque centrale injecte ou absorbe. Le QE représente une injection massive de liquidité nouvelle par la banque centrale. Cette liquidité, elle doit nécessairement aller quelque part. Bien sûr elle circule dans l'économie. Mais en fin de compte elle doit être placée, et le choix c'est entre :
1) du cash à la banque rémunéré très faiblement voire négativement, car les réserves excédentaires des banques sont pénalisées à -0,5% par la BCE. Ce cash n'est pas donc rémunéré alors que son détenteur prend un risque bancaire (il prête à sa banque).
2) des obligations souveraines dont le rendement ne cesse de baisser, pour devenir quasi nul (France) voire négatif (Allemagne) : en d'autres termes, ça coûte de l'argent de prendre un risque souverain (qui n'est pas nul, notamment dans le cas de la France).
3) des actifs illiquides (immo) ou qui ne rapportent rien (or), et dont on peut penser par ailleurs qu'ils sont assez chers.
4) des titres de propriété d'entreprises cotées (des actions), qui donnent un droit sur les cash-flows futurs sur un horizon infini. La prime de risque actions US (autour de 7% en ce moment probablement) est à son plus haut niveau depuis au moins 60 ans (cf. Damodaran : moyenne 1960-2019 4,2%, min 2%, max 6,5%). Et ces titres de propriété sont relativement résilients à des scénarios inflationnistes ou déflationnistes.
Pour un investisseur un minimum rationnel, le risk/reward est assez évident actuellement : les actions (en diversifiant) offrent de très loin le meilleur risk/reward. Donc c'est évident que le QE va faire monter les actions. Après, qu'il y ait de la volatilité, que ça secoue un peu, je suis bien d'accord, mais ce qui est fondamental c'est cette comparaison 1/2/3/4, et l'impact qu'a le QE sur le risk/reward relatif de ces classes d'actifs.
L'erreur que bcp font ici, c'est de penser que l'argent du QE "disparaît", est "brûlé". La comparaison adéquate, c'est que la BCE et la Fed injectent des volumes massifs de flotte dans un bac (principalement le bac 2, les obligations souveraines) et prélèvent sur l'eau dans le bac 1 (le cash). Ces bacs 1 et 2 sont reliés aux bacs 3 (immo, or) et 4 (actions). A force d'injecter dans 2 et de taper sur 1, l'eau finit par monter dans les bacs 3 et 4. Les liens entre les bacs ne sont pas stables, ils sont parfois temporairement "bouchés" en raison de poussées d'aversion au risque. Mais ça ne dure jamais longtemps.