Forum |  HardWare.fr | News | Articles | PC | S'identifier | S'inscrire | Shop Recherche
3064 connectés 

 


 Mot :   Pseudo :  
  Aller à la page :
 
 Page :   1  2  3  4  5  ..  11  12  13  ..  18  19  20  21  22  23
Auteur Sujet :

Qui a écrit ?

n°7767904
Lampedusa
Posté le 26-02-2006 à 21:40:18  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
Oui, vous avez trouvé.
Les possibilités du Jeu excèdent largement les limites de Google.
 
J'ai remarqué qu'un certain Alterthon avait posté un extrait des Vies imaginaires, de Marcel schwob ; cet extrait a mystérieusement disparu, aussi, comme je possède moi-même le livre, et que ces phrases sombres et glorieuses méritent de figurer ici en toutes lettres, je me suis mis en peine de copier le début de la biographie consacrée à Cyril Tourneur, poète tragique (si notre hôte veut replacer le texte où il figurait originalement, qu'il ne se gêne pas) :
 
 

Citation :

   Cyril Tourneur naquit de l'union d'un dieu inconnu avec une prostituée. On trouve la preuve de son origine divine dans l'athéisme héroïque sous lequel il succomba. Sa mère lui transmit l'instinct de la révolution et de la luxure, La peur de la mort, le frémissement de la volupté et la haine des rois ; il tint de son père l'amour de se couronner, l'orgueil de régner, et la joie de créer ; tous deux lui donnèrent le goût de la nuit, de la lumière rouge et du sang.
    La date de sa naissance est ignorée ; mais il parut dans une journée noire, sous une année pestilentielle.
    Aucune protection céleste ne veilla sur la fille amoureuse qui fut grosse d'un dieu, car elle eut le corps taché de la peste quelques jours avant d'accoucher, et la porte de sa petite maison fut marquée de la croix rouge. Cyril Tourneur vint au monde au son de la cloche de l'enterreur des morts ; et comme son père avait disparu dans le ciel commun des dieux, une charrette verte traîna sa mère à la fosse commune des hommes. On rapporte que les ténèbres étaient si profondes que l'enterreur dut éclairer l'ouverture de la maison pestiférée avec une torche de résine ; un autre chroniqueur assure que le brouillard sur la Tamise (où trempait le pied de la maison) se raya d'écarlate, et que de la gueule de la cloche d'appel s'échappa la voix des cynocéphales ; enfin, il paraît hors de doute qu'une étoile flambante et furieuse se manifesta au-dessus du triangle du toit, faite de rayons fuligineux, tordus, mal noués, et que l'enfant nouveau-né lui montra le poing par une lucarne, tandis qu'elle secouait sur lui ses boucles informes de feu. Ainsi entra Cyril Tourneur dans la vaste concavité de la nuit cimmérienne.
    Il est impossible de découvrir ce qu'il pensa ou ce qu'il fit jusqu'à l'âge de trente ans, quels furent les symptômes de sa divinité latente, comment il se persuada de sa propre royauté. Une note obscure et effrayée contient la liste de ses blasphèmes. Il déclarait que Moïse n'avait été qu'un jongleur, et qu'un nommé Heriots était plus habile que lui. Que le premier commencement de la religion n'était que de maintenir les hommes dans la terreur. Que le Christ méritait plutôt la mort que Barrabas, bien que Barrabas fût voleur et assassin. Que s'il entreprenait d'écrire une nouvelle religion, il l'établirait sur une méthode plus excellente et plus admirable, et que le Nouveau Testament était d'un style répugnant. Qu'il avait autant de droit à battre monnaie que la Reine d'Angleterre, et qu'il connaissait un certain Poole, prisonnier à Newgate, fort expert au mélange des metaux, avec l'aide duquel il prétendait un jour frapper l'or à sa propre image. Une âme pieuse a barré sur le parchemin d'autres affirmations plus terribles.

mood
Publicité
Posté le 26-02-2006 à 21:40:18  profilanswer
 

n°7770503
Mine anti-​personnel
Posté le 27-02-2006 à 11:38:14  profilanswer
 

Lampedusa a écrit :

J'ai remarqué qu'un certain Alterthon avait posté un extrait des Vies imaginaires, de Marcel schwob ; cet extrait a mystérieusement disparu, aussi, comme je possède moi-même le livre, et que ces phrases sombres et glorieuses méritent de figurer ici en toutes lettres, je me suis mis en peine de copier le début de la biographie consacrée à Cyril Tourneur, poète tragique (si notre hôte veut replacer le texte où il figurait originalement, qu'il ne se gêne pas)


Done! Quelle chance que tu possèdes le livre dont est extrait ce texte proposé par le regretté Alterthon (paix à son âme!).
Si ça se trouve, en cherchant bien, tu vas découvrir dans ta bibliothèque d'autres livres d'où sont tirés les extraits d'Alterthon?

n°7770566
kabale
Posté le 27-02-2006 à 11:51:17  profilanswer
 

Drapal

n°7782038
Panurge
Posté le 28-02-2006 à 19:38:06  profilanswer
 

Bonsoir.
 
Je vous propose ceci :
 

Citation :


Je perdis mon père dans ces premières années, c'est-à-dire avant que d'avoir pu le connaître. Ainsi, me trouvant le cadet d'une assez nombreuse famille, ce fut à moi, dès que j'eus assez de raison pour m'en servir, à chercher les moyens de joindre aux avantages de ma naissance ceux que la fortune m'avait refusés.
        Je ne trouvai en moi d'autre ressource, pour parvenir à ce point, qu'un fond de courage et d'intrépidité dont j'ai eu besoin dans la suite en plus d'une occasion et qui, dès l'âge de dix ans, me garantit d'une mort également cruelle et funeste. Un chien enragé qui effrayait tout le voisinage, vint un jour sur moi la gueule écumante; je l'attendis de pied ferme et, lui présentant d'abord mon chapeau que je lui abandonnai un moment après, je le saisis par une jambe de derrière et je l'éventrai d'un coup de couteau, en présence d'une foule de gens qui étaient venus pour me secourir.
        Les éloges qu'on me donna après un coup si hardi me flattèrent beaucoup et, m'élevant le courage au-delà de ce que mon âge permettait, je me trouvai le cœur plein de sentiments que je n'avais point encore éprouvés. Dans cette première ardeur, j'eus l'audace de représenter à ma mère que, ne me sentant d'inclination que pour les armes, et souhaitant de suivre mon penchant, j'espérais qu'elle ne s'y opposerait pas, qu'il n'y avait pour cela qu'à me compter ma légitime, moyennant quoi je serais en état d'aller à l'armée. Cette proposition fut mal reçue; aussi n'en rapportai-je d'abord qu'un refus sec, et, sur ce que je voulus insister, le refus fut bientôt suivi d'un châtiment proportionné à ma faute. Ce procédé me piqua vivement. Dans mon chagrin, je résolus de quitter la maison et d'aller me plaindre à mon frère qui demeurait dans une terre appelée S... , à quatre lieues de G... Il fit de mes plaintes le cas qu'elles méritaient, c'est-à-dire qu'il n'en fit point du tout. Ayant compris qu'il songeait à me renvoyer, je résolus de le prévenir. Pour cela, j'enlevai quelques pièces de vaisselle, et je me sauvai à Marseille, dans la pensée de m'engager pour soldat et d'y faire argent de ma capture. Mais un orfèvre huguenot nommé Romieu à qui je m'adressai pour réaliser ma prise, ayant reconnu les armes de F..., en donna avis. Ainsi je fus arrêté et ramené chez ma mère, qui me mit en pension chez un prêtre du voisinage.
        Avec les idées de guerre dont j'étais rempli, il est aisé de comprendre que je ne m'accommodai pas longtemps du genre de vie auquel on voulait me forcer. Un jour que le prêtre chez qui je logeais voulait me punir pour quelque faute assez légère, je lui jetai mon écritoire par la tête. Comme je le vis venir à moi, craignant les suites de son ressentiment, je m'élançai du haut en bas d'une terrasse qui avait plus de dix pieds de hauteur, préférant ainsi de me casser un bras ou une jambe au chagrin de subir un châtiment que je ne croyais pas mériter. Un tas de fumier qui était sous la terrasse me garantit des dangers d'un saut si hardi, et profitant de ma bonne fortune, je courus à perdre haleine à Marseille chez le commandeur de F... - G... qui commandait une galère. Il me reçut avec plaisir, et m'ayant fait habiller en cadet, il me prit à son bord, où je commençai à paraître sous le nom de chevalier de F...
        Quand on entre au service avec autant de jeunesse et de vivacité que j'en avais, il est dangereux de se laisser surprendre à une fausse délicatesse sur le point d'honneur. Je ne me garantis point de cet écueil funeste à tous les jeunes gens et, dès la première campagne, les galères s'étant arrêtées à La Ciotat, je mis l'épée à la main, presque sans sujet, contre un cadet nommé Coulon. Ce combat fut tout à mon avantage, je désarmai mon homme, et, fier de ce premier succès, je crus que mes camarades seraient désormais très circonspects à mon égard, et craindraient d'avoir affaire à moi.
        Ce coup d'essai fit grand plaisir à mon oncle, et le maréchal de V..., qui commandait, non seulement ne m'en fit pas une affaire, mais, pardonnant à la vivacité d'un jeune homme plein de feu qui ne saurait se modérer dès qu'il se croit offensé, me fit garde de l'étendard, en récompense du courage que j'avais témoigné. Je continuai à servir sur les galères pendant quelques campagnes dont je ne parlerai pas, de peur de fatiguer le lecteur en le retenant trop longtemps sur les premières années de ma vie.
 


 
Ce n'est pas vraiment de la littérature, ce sont des mémoires (authentiques et sincères, croit-on maintenant, contrairement à ce qui a été dit, mais mis en forme par un secrétaire).

n°7787332
Panurge
Posté le 01-03-2006 à 13:58:20  profilanswer
 

Un peu d'aide ?
 
Notez que c'est un marin français, que vous avez la première lettre de son nom, et qu'il vivait à l'époque où on écrivait bien.

n°7787453
kleia
Save me, save the world
Posté le 01-03-2006 à 14:16:54  profilanswer
 

Panurge a écrit :

Bonsoir.
 
Je vous propose ceci :
 

Citation :


Je perdis mon père dans ces premières années, c'est-à-dire avant que d'avoir pu le connaître. Ainsi, me trouvant le cadet d'une assez nombreuse famille, ce fut à moi, dès que j'eus assez de raison pour m'en servir, à chercher les moyens de joindre aux avantages de ma naissance ceux que la fortune m'avait refusés.
        (...)
 


 
Ce n'est pas vraiment de la littérature, ce sont des mémoires (authentiques et sincères, croit-on maintenant, contrairement à ce qui a été dit, mais mis en forme par un secrétaire).


 
 
Les mémoires (confessions).... de Rousseau?  :??:  
 

n°7787797
Panurge
Posté le 01-03-2006 à 15:04:27  profilanswer
 

Non, Rousseau avait 21 ans quand l'auteur du texte en question est mort.
 
Je rappelle deux indications que j'ai données dans mon dernier message : c'était un marin et j'ai laissé dans l'extrait la première lettre de son nom.

n°7787862
kabale
Posté le 01-03-2006 à 15:14:38  profilanswer
 

Il était marin Jules Verne ?

n°7787912
Panurge
Posté le 01-03-2006 à 15:21:53  profilanswer
 

Je ne crois pas...
 
En consultat un dictionnaire à l'article Rousseau, on peut trouver l'année de la mort de l'auteur de l'extrait, vu ce que j'ai dit...

n°7787967
kabale
Posté le 01-03-2006 à 15:28:41  profilanswer
 

Panurge a écrit :

Je ne crois pas...
 
En consultat un dictionnaire à l'article Rousseau, on peut trouver l'année de la mort de l'auteur de l'extrait, vu ce que j'ai dit...


Rhô l'indice http://smileys.inzenet.org/repository/Rires/srigole.gif
 
 :sweat:

Message cité 1 fois
Message édité par kabale le 01-03-2006 à 15:30:06
mood
Publicité
Posté le 01-03-2006 à 15:28:41  profilanswer
 

n°7788241
kleia
Save me, save the world
Posté le 01-03-2006 à 16:08:31  profilanswer
 


 
Donc mort en 1733... Comte de Forbin?  :??:

n°7788626
Panurge
Posté le 01-03-2006 à 16:59:35  profilanswer
 

kleia a écrit :

Donc mort en 1733... Comte de Forbin?  :??:


 
Juste.
 
Ses mémoires (réédités en 1993 dans la collection Temps retrouvé, du Mercure de France) ont été mis en forme par Simon Reboulet , connu pour son style très vif.
 
Je ne serais pas fâché si quelqu'un voulait bien dire si le passage que j'ai cité (et où je n'ai fait aucune coupure) montre bien cette vivacité du style de Reboulet. (C'est mon impression, en tout cas.)
 
Et c'est maintenant à vous de nous proposer un extrait.
 

n°7789060
kleia
Save me, save the world
Posté le 01-03-2006 à 17:44:19  profilanswer
 

Sans les indices ("Rousseau avait 21 ans à sa mort", "initiales dans le texte" + google [:zoubidawa]), j'aurais jamais trouvé!
 
Sinon je suis d'accord avec toi en ce qui concerne le ton vif de l'auteur... surtout quand on le replace dans l'époque, non?!?

n°7789155
Panurge
Posté le 01-03-2006 à 17:52:57  profilanswer
 

kleia a écrit :


 
Sinon je suis d'accord avec toi en ce qui concerne le ton vif de l'auteur... surtout quand on le replace dans l'époque, non?!?


 
Peut-être. Il me semble qu'à l'époque, on entremêlait volontiers le récit de considérations psychologiques ou morales, ce qui peut nous sembler un peu lent si nous avons l'habitude de récits purement narratifs, mais si on accepte l'entrelacement du récit et du commentaire, alors Forbin (ou plutôt Reboulet, sans doute) me semble vraiment avoir un tempo remarquable.
 
Et tout le livre est ainsi.

n°7789200
kleia
Save me, save the world
Posté le 01-03-2006 à 17:59:10  profilanswer
 

Je voulais proposer un extrait que j'aime beaucoup mais le livre en question se trouve dans mon appartement étudiant (et c'est les vacances), donc "je passe", désolée!  [:groody]
 
EDIT --> mais je met ça dès la semaine prochaine


Message édité par kleia le 01-03-2006 à 18:07:38
n°7789264
Panurge
Posté le 01-03-2006 à 18:03:52  profilanswer
 

Eh bien, quant à moi, j'attendrai 24 heures et ne proposerai quelque chose que si personne n'a bougé d'ici-là.

n°7789961
Lampedusa
Posté le 01-03-2006 à 19:37:35  profilanswer
 

J'ai bien aimé l'épisode de l'éventration du chien.
Non seulement on savait écrire à cette époque-là, mais l'on se comportait vaillamment.
(Que les duels me manquent!)
 
Comme je n'ai pris connaissance de ce texte que ce soir, j'étais sur le point de proposer Les cahiers de Louis-Adhémar-Thimothée Le Golif, flibustier, dont l'existence est rien moins que douteuse.

Message cité 1 fois
Message édité par Lampedusa le 01-03-2006 à 19:39:41
n°7790053
Panurge
Posté le 01-03-2006 à 19:52:47  profilanswer
 

Je ne connaissais pas ce Le Golif, alias Borgnefesse.
 
Je viens d'en apprendre un peu par :
 
http://www.fabula.org/effet/interventions/10.php
 
Pour en revenir aux Mémoires de Forbin mis en forme par Reboulet, cela me semble plus agréable à lire qu'Alexandre Dumas (dont les Trois Mousquetaires me sont tombés des mains).


Message édité par Panurge le 01-03-2006 à 20:04:23
n°7790099
Lampedusa
Posté le 01-03-2006 à 19:59:32  profilanswer
 

Panurge, vous êtes un iconoclaste...

n°7790168
Panurge
Posté le 01-03-2006 à 20:11:10  profilanswer
 

Lampedusa a écrit :

Panurge, vous êtes un iconoclaste...


 
Je crois surtout que j'ai le goût étroit, et même pas très éveillé.
 
Après avoir trouvé par Google que l'auteur d'un poème que vous aviez cité était Segalen, je me suis demandé comment j'ai pu jusqu'ici passer à côté de cet écrivain sans désirer l'approfondir.
 
Et il en est de même de beaucoup d'autres.
 
Donc, quand je dis qu'un livre m'est tombé des mains, n'y attachez pas d'importance.  

n°7791024
Lampedusa
Posté le 01-03-2006 à 21:44:11  profilanswer
 

Citation :

   « Ce serait donc un homme qui...»
   
    Ce serait donc un homme si las (mais ce jour-là seulement, peut-être ; inutile d'en faire un trait de caractère), ou bien si cruellement blessé, si profondément apeuré, d'une pudeur tant exaspérée, que sais-je, ou si mécontent de lui-même, tellement échaudé par le mauvais succès de toutes ses récentes initiatives sociales, intellectuelles, sentimentales, qu'importe (et celles-ci parfaitement contradictoires, pourtant), bref si durement rabroué par les ultimes leçons dont l'aurait gratifié l'existence, qu'il ne pourrait plus supporter l'idée d'émettre le moindre sens. S'exposer encore au jugement de quiconque, courir une nouvelle fois le risque, ou plutôt s'assurer l'épreuve, de malentendus inédits, de neuves moqueries, de camouflets ou de coups de règle sur les doigts, de niaises admirations, de compliments déplacés et d'insultes, de dédains ou d'humiliantes flatteries, se commettre, en somme, une fois de plus avec la vie, extraire du fond de sa bêtise ou de sa méchanceté, de son ombrageuse humeur, de sa tendresse ou de son exaspération, du tréfonds disparate de son moi, les échantillons les plus purs,les mieux décaparaçonnés, de ce qu'il est, de ce qu'il pense, de ce qu'il ressent, médite, projette, pour les placer sous les yeux du monde — celui-ci ne serait au demeurant qu'un ami, l'amour, la blanchisseuse, trois lecteurs —, tirer encore une fois par la manche le sort, paraître à nouveau s'accrocher aux basques du destin, se manifester derechef auprès des vivants, présenter ses doléances au hasard, faire le moindre bruit, dire quoi que ce soit, il n'aurait plus, de tout cela, ni la force, ni le courage, ni la plus mince envie.  
    La seule pensée de rien entreprendre de cet ordre lui donnerait la nausée.
    Toutefois, et c'est un fameux "toutefois", j'en conviens, il ne trouverait de secours, à son effarouchée déréliction, qu'en l'obsédante idée d'écrire ; et d'écrire au sens le plus plein, même, et le plus solennel, je veux dire d'écrire un "livre", si mince soit-il ; car il n'y aurait pour lui d'autre espérance cathartique, à l'écriture, ni d'autre écriture, peut-être, ni d'autre vie, qui sait, que tendant vers le livre et dont le livre, ou le Livre, éventuellement, ne soit l'aboutissement, au moins virtuel.

Message cité 1 fois
Message édité par Lampedusa le 01-03-2006 à 21:47:34
n°7792281
Mine anti-​personnel
Posté le 01-03-2006 à 23:28:02  profilanswer
 

Lampedusa a écrit :

Comme je n'ai pris connaissance de ce texte que ce soir, j'étais sur le point de proposer Les cahiers de Louis-Adhémar-Thimothée Le Golif, flibustier, dont l'existence est rien moins que douteuse.


On l'a échappé belle! :D  


---------------
Jouez à un jeu intelligent
n°7792482
Lampedusa
Posté le 01-03-2006 à 23:55:43  profilanswer
 

Mine anti-personnel a écrit :

On l'a échappé belle! :D


 
(On ne perd rien pour attendre.)

n°7794411
kleia
Save me, save the world
Posté le 02-03-2006 à 11:10:13  profilanswer
 

Lampedusa a écrit :

Citation :

   « Ce serait donc un homme qui...» (...)
   



 
Un indice éventuellement?!?  :??:

n°7794580
Profil sup​primé
Posté le 02-03-2006 à 11:41:22  answer
 

kabale a écrit :

Il était marin Jules Verne ?


 
De memoire, il est ne au Havre, et s'est effectivement, alors qu'il etait encore tres jeune, embarque comme matelot sur un navire.
Mais je crois que son pere l'a rattrape et remis dans le "droit chemin".
Donc en un sens, il me semble que oui, il fut marin.

n°7794589
kabale
Posté le 02-03-2006 à 11:42:43  profilanswer
 

Tiens donc :D :jap:

n°7796822
Panurge
Posté le 02-03-2006 à 16:36:57  profilanswer
 

"émettre le moindre sens" + Google =  
Le Lac de Caresse (Renaud Camus)

n°7798534
Lampedusa
Posté le 02-03-2006 à 19:22:53  profilanswer
 

Panurge a écrit :

"émettre le moindre sens" + Google =  
Le Lac de Caresse (Renaud Camus)


 
Lago di Carezza.
J'ai été voir. Rien ne se passa pour moi.
Ô traîtresses Dolomites!

n°7799856
Panurge
Posté le 02-03-2006 à 21:43:59  profilanswer
 

Je passe mon tour.
 
Je verrai si personne n'a rien proposé d'ici 24 heures.

n°7846977
Mine anti-​personnel
Posté le 08-03-2006 à 18:38:42  profilanswer
 

Ça dort dans les rangs chez les littératreux.
Pour la mise en bouche aujourd'hui, un extrait fort sympatique:
 

Citation :

Les trois quarts des latrines sont sales, horribles, dégoûtantes : les Parisiens, à cet égard, ont l’œil et l’odorat accoutumés aux saletés. Les architectes, gênés par l’étroit emplacement des maisons, ont jeté leurs tuyaux au hasard, et rien ne doit plus étonner l’étranger, que de voir un amphithéâtre de latrines perchées les unes sur les autres, contiguës aux escaliers, à côté des portes, tout près des cuisines, et exhalant de toutes parts l’odeur la plus fétide.
Les tuyaux trop étroits s’engorgent facilement ; on ne les débouche pas ; les matières fécales s’amoncellent en colonne, s’approchent du siège d’aisance ; le tuyau surchargé crève ; la maison est inondée ; l’infection se répand, mais personne ne déserte : les nez parisiens sont aguerris à ces revers empoisonnés.
Que ceux qui ont soin de leur santé, ne jettent jamais leurs excréments chauds dans ces trous qu’on appelle latrines, et qu’ils n’aillent point offrir leur anus entrouvert à ces courants d’air pestilentiels ; mieux vaudrait y mettre la bouche, car l’acide de l’estomac les corrigerait. Plusieurs maladies prennent leur origine sur ces sièges dangereux, d’où s’exhalent des miasmes putrides qu’on fait entrer dans son corps. Les enfants ont horreur de ces trous infectés ; ils croient que c’est là la route de l’enfer : telle était mon opinion dans mon enfance. Heureux les paysans ! ils se vident au soleil ; ils sont frais et gaillards.
Mes chers lecteurs, voulez-vous ne pas contracter de maladies gratuites ? ne vous asseyez point sur ces trous abominables : si vous avez un jardin, que vos déjections se fassent en plein midi, aux rayons du soleil. Le soleil, par sa chaleur bénigne, leur communiquera un phlogistique bienfaisant qui remontera dans vos entrailles ; et vous, grossiers Parisiens, qui n’avez point de jardins, et qui vivez par étages les uns sur les autres, et sur des planchers composés de plâtre et de minces solives, videz-vous dans un vase d’eau fraîche ; les esprits animaux sont encore dans vos excréments : prenez garde, ceci est une loi physique. Raisonnez tout ce qui est du ressort de la santé : il y a une multitude de lois harmoniques. Eh ! qui de vous voudrait mettre se excréments encore chauds sur un brasier ardent ? Personne : il sentirait par instinct que le feu pourrait offenser ses entrailles. Eh bien ! il en est de même ici : fuyez, dans une opération journalière, ces cloaques ; dont la malignité se resserre dans un tuyau prolongé, comme pour en redoubler le venin ; fuyez ces couleurs fangeuses, ces odeurs rebutantes. Comment l’habitude a-t-elle pu émousser en vous cet instinct qui n’abandonne point les animaux, car aucun d’eux ne voudrait faire ce que vous faites ? Parisiens, qui vivez avec les chats, qui aimez les chats, observez-les, et imitez leur propreté : vous admirez bien leurs amours énergiques ; pourquoi ne pas vous modeler sur la leçon de physique qu’ils vous donnent du haut des toits ? Ils vont chercher l’air et le soleil, et puis, avec les pattes éparpillant la poussière, ils dérobent à l’œil ce qui doit être caché.


 
Louis-Sébastien Mercier Le Tableau de Paris 2, XI, chap. DCCCLXIV
 
3000 pages qui décrivent Paris à la veille de la Révolution, publié entre 1781 et 1789.
Pour les historiens, c'est une mine extraordinaire mais c'est aussi une source de plaisir pour le lecteur actuel. C'est comme un reportage journalistique sur le Paris de cette époque, le style en plus. Après la Révolution, Mercier a écrit Le Nouveau Tableau de Paris, si bien qu'on a la comparaison avant/après.
 
A lire absolument dans la version intégrale dans l'édition intégrale du Mercure de France (hélas fort chère) et non dans les éditions de poche partielles.


Message édité par Mine anti-personnel le 08-03-2006 à 20:50:10

---------------
Jouez à un jeu intelligent
n°7847297
Mine anti-​personnel
Posté le 08-03-2006 à 19:18:33  profilanswer
 


 
 :lol: Poubelle a inventé les poubelles, pas les latrines.
L'extrait date d'une époque où Poubelle n'était pas encore né.


---------------
Jouez à un jeu intelligent
n°7847572
pascal75
Posté le 08-03-2006 à 19:48:53  profilanswer
 

"le parfum" de Süskind ? (je dis ça, c'est dans le ton, mais ça m'étonnerait...)

n°7847605
Mine anti-​personnel
Posté le 08-03-2006 à 19:51:53  profilanswer
 

pascal75 a écrit :

"le parfum" de Süskind ? (je dis ça, c'est dans le ton, mais ça m'étonnerait...)


Bien vu! C'est pas ça.


---------------
Jouez à un jeu intelligent
n°7847838
Lampedusa
Posté le 08-03-2006 à 20:20:04  profilanswer
 

Qu'il est bon être à la fois aux gogues et en goguette...
 
Sébastien Mercier, Les tableaux de Paris ?

n°7847995
Mine anti-​personnel
Posté le 08-03-2006 à 20:40:13  profilanswer
 

Lampedusa a écrit :

Qu'il est bon être à la fois aux gogues et en goguette...
 
Sébastien Mercier, Les tableaux de Paris ?


 :jap:  
 
[:cbrs] Louis-Sébastien


Message édité par Mine anti-personnel le 08-03-2006 à 20:51:34

---------------
Jouez à un jeu intelligent
n°7848227
Lampedusa
Posté le 08-03-2006 à 21:05:10  profilanswer
 

En effet, pardon Louis-Sebastien...
Le fait est que j'en ai entendu parler, mais ne l'ai point lu.
Ce sont des mots comme "phlogistique", et "esprits animaux" qui m'ont fait penser à lui...

n°7848576
Lampedusa
Posté le 08-03-2006 à 21:32:40  profilanswer
 

Bon, je posterai probablement quelque chose demain en cours de soirée.
Si quelqu'un veut le faire avant, bienvenue...

n°7853188
Mine anti-​personnel
Posté le 09-03-2006 à 13:34:12  profilanswer
 


Tout à fait, c'est pourquoi j'ai donné un indice sur la date du texte dans ma réponse.
Je te remercie de ta contribution à un topic où les forumeurs sont plutôt rares. (A propos, si tu veux proposer un extrait, vas-y, Lampedusa est un vieil habitué qui passe volontiers son tour)
 
 
Je ne suis pas sûr de bien comprendre (ta formulation est un peu compliquée) mais si tu veux dire que latrine et siège d'aisance sont encore utilisés à l'époque de Poubelle: oui certainement (je ne suis pas un spécialiste je l'avoue). Ils sont toujours utilisés aujourd'hui quoiqu'un peu surannés.


---------------
Jouez à un jeu intelligent
n°7856651
Lampedusa
Posté le 09-03-2006 à 20:05:11  profilanswer
 

Citation :

A la recherche d'une commode pour ranger ses affaires, H. P., homme d'ordre, remarqua que le tiroir du milieu d'un vieux bureau relégué dans un coin obscur de la pièce et servant de support à une lampe sans ampoule ni abat-jour semblable à une carcasse de parapluie, n'avait pas été repoussé correctement par celui qui, client ou domestique (en réalité, ni l'un ni l'autre), avait en dernier lieu vérifié s'il était vide (personne ne l'avait fait).
Mon brave H. essaya de l'enfoncer en le secouant ; d'abord, le tiroir refusa de bouger, puis, sous l'effet antagonique d'une secousse fortuite (qui ne pouvait manquer de bénéficier de l'énergie accumulée par plusieurs tentatives inverses), il s'ouvrit brusquement et vomit un crayon. H. le contempla un instant et le remit en place.
Ce n'était pas une beauté héxagonale en genévrier de Virginie ou en cèdre d'Afrique, avec le nom du fabricant estampillé à la feuille d'argent, mais un vieux crayon tout ce qu'il y a d'ordinaire, rond, techniquement sans visage, en pin bon marché couleur lilas sale. Il avait été égaré dix ans plus tôt par un menuisier qui n'avait pas fini d'examiner — et à plus forte raison d'arranger — le vieux bureau, étant parti chercher un outil qu'il ne trouva jamais. Voici le moment de prêter attention.
Dans l'atelier du menuisier et longtemps auparavant, à l'école communale, le crayon a été usé au deux tiers de sa longueur d'origine. Le bois nu de sa pointe a foncé jusqu'à prendre la teinte plombée d'un pruneau et se confondre avec la mine de graphite émoussée, qui ne diffère de lui que par son lustre aveugle. Un couteau et un taille-crayon en laiton l'ont minutieusement travaillé, et nous pourrions au besoin retracer le sort compliqué de ses rognures, chacune mauve d'un côté et bistre de l'autre tant qu'elles étaient fraîches, mais maintenant réduites à des atomes de poussière, tellement, tellement dispersées que la panique nous oblige à reprendre notre souffle ; mais soyons au-dessus de cela, on s'y habitue assez tôt (il y a des terreurs pires). Dans l'ensemble, ce crayon se taillait aisément, étant d'une fabrication démodée. Si l'on remonte dans le passé un certain nombre de saison (sans reculer toutefois jusqu'à l'année de naissance de Shakespeare, qui coïncide avec la découverte de la mine de plomb) et que l'on reprend l'histoire de l'objet dans la direction du présent, nous voyons des jouvencelles et des veillards mélanger du graphite moulu finement à de l'argile humide. Cette masse, ce caviar pressé, est placé dans un cylindre de métal pourvu d'un œil bleu, un saphir percé d'un trou à travers lequel le caviar est forcé. Il en débouche une petite barre continue et appétissante (guettez notre petit ami! ) qui a l'air d'avoir conservé la forme du tube digestif d'un ver de terre (guettez, guettez, ne vous laissez pas distraire!). On la coupe maintenant en tronçons de la longueur prévue pour ces crayons-ci : nous apercevons le coupeur, le veil E. B., et nous sommes sur le point de faire un petit crochet pour remonter son avant-bras, mais nous nous arrêtons, nous nous arrêtons et sautons en arrière, dans notre hâte d'identifier ce segment particulier, de le voir cuire, de le voir bouillir dans la graisse (ici une vue du donneur de graisse laineux que l'on égorge, du boucher, du berger, du père du berger, un mexicain) et être ajusté dans le bois.
Maintenant ne perdons pas notre précieux petit morceau de plomb pendant que nous préparons le bois. Voici l'arbre! Ce pin-ci!

n°7857738
Lampedusa
Posté le 09-03-2006 à 22:06:57  profilanswer
 

Comme je pressens que le passage sus-cité frappe d'hébétude perplexe l'éventuel (très éventuel) lecteur, je précise que l'auteur est très connu, qu'il n'est pas français, et qu'il est malgré tout reconnaissable, je crois, par l'écriture sautelante et alerte, et cette sorte de complicité maliceuse avec laquelle il interpelle son public au moyen de parenthèses exclamatives.

n°7865562
Mine anti-​personnel
Posté le 10-03-2006 à 20:59:16  profilanswer
 

Sautelante dites-vous?
 
J'avoue n'avoir point été édifié outre mesure par ce texte curieux, certes, mais plutôt anodin.
 
Un petit indice peut-être?


---------------
Jouez à un jeu intelligent
mood
Publicité
Posté le   profilanswer
 

 Page :   1  2  3  4  5  ..  11  12  13  ..  18  19  20  21  22  23

Aller à :
Ajouter une réponse
 

Sujets relatifs
Qui écrit ou qui a déjà écrit un livre ici?Qui écrit un livre ???
Topic spécial !!! Chacun écrit son chapitre !!!!Proteger un écrit ?
De la dématérialisation de l'écritécrit-on: une couleure ou une couleur ?
J'ai écrit un livre te j'ai besoin d'aide!!!Viendez voter ! euh sa s'ecrit bien comme ça au moins ?
[Grammaire] Petit doute.. On ecrit comment ? A l'aide.éthymologie le son [é] ou [è] qui s'écrit "ay" ou "ai"
Plus de sujets relatifs à : Qui a écrit ?


Copyright © 1997-2022 Hardware.fr SARL (Signaler un contenu illicite / Données personnelles) / Groupe LDLC / Shop HFR