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Préhistoire et Antiquité
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Préhistoire
Les fouilles menées sur les sites anciens révèlent que la Palestine a été peuplée dès le Mésolithique et le Néolithique. Le Natoufien, la plus ancienne civilisation connue au Moyen-Orient, a duré environ 4'000 ans, de 12'000 à 8'000 avant J.-C. C'est dans la région de Jéricho qu'ont été découverts les plus anciens vestiges de vie urbaine.
L'histoire de la Palestine commence au début de l'âge de bronze (vers 3000 avant J.-C.) si l'on en croit les sources égyptiennes, confirmées par les fouilles de l'époque moderne. Cette partie du monde a fait l'objet de multiples invasions depuis cette date. Lakish, importante place forte de l'ancienne Judée, a été occupée en 3200 av. J.-C. Au XVII e et au XVI e siècles av. J.-C., la forteresse était aux mains des Hyksos (« les maîtres du pays »), une armée de Sémites et de Hourrites qui domina quelque temps l'Egypte avant d'être soumise par les pharaons. Construite au XIX e siècle, Haçor était une autre cité très importante, comme l'indiquent les papyrus égyptiens. Josué se rendra maître de ces deux cités comme de Jéricho, au moment de la conquête de la Palestine par les Hébreux.
Vers 1468 av. J.-C. (d'autres sources donnent 1479), le pharaon Thoutmosis III, après s'être débarrassé des Hyksos, s'empara de la Palestine grâce à la victoire qu'il remporta à Megiddo. Place forte depuis le III e siècle, Megiddo était un important verrou sur la route qui reliait l'Afrique à l'Asie. Son importance stratégique était si grande que son nom est repris dans l'Apocalypse (sous la forme Armageddon) pour désigner le conflit qui doit mettre un terme à l'histoire des hommes. Les pharaons firent grand cas de la conquête de Megiddo, et les Egyptiens restèrent maîtres du pays pendant plus d'un siècle.
Au XIV e siècle av. J.-C., ils en furent chassés par les nomades hébreux de Mésopotamie, les Amorrites du Liban et les Hittites d'Anatolie. Les pharaons de la XIX e dynastie (1304-1181 av. J.-C.) tentèrent de reconquérir la Palestine mais, entre 1200 et 1000, les Philistins s'établirent dans la plaine maritime du sud du pays, et les Hébreux, après avoir quitté l' Egypte sous la direction de Moïse pour fuir leur condition d'esclaves, s'installèrent dans les montagnes.
L'époque biblique
Les Philistins appartenaient probablement aux «peuples de la mer» venus de la mer Egée. Selon certains témoignages, ils étaient originaires de Crète. Pris en étau entre les Egyptiens, dont ils devinrent à plusieurs reprises les vassaux, et les Hébreux, avec lesquels ils étaient continuellement en guerre, ils fondèrent une puissante confédération de cinq cités, la Pentapole (Gaza, Aschdod, Ascalon, Gat et Eqron). Parallèlement, les Hébreux s'installaient sur les hauts plateaux du nord et de l'est. C'est sous le gouvernement des Juges (c'est-à-dire des « chefs ») que fut codifié le judaïsme, première grande religion monothéiste, reconnaissant comme seul Dieu Yahvé (ou Jéhovah), dieu d'Israël. Lorsque le pouvoir des pharaons commença à faiblir (vers 1150 av. J.-C.), les douze tribus d'Israël furent réunies sous l'autorité d'un seul roi, Saül, pour lutter contre les Philistins.
Le conflit qui opposa les Hébreux et les Philistins est illustré par certains des épisodes les plus connus de l'Ancien Testament, comme le combat de Samson et la scène de la destruction du temple du faux dieu Dagon après la trahison de Dalila, la victoire de David sur le géant Goliath, ou encore la défaite et la mort de Saül au mont Gelboé.
Le roi David, successeur de Saül, avait conquis Jérusalem et en avait fait sa capitale peu de temps avant sa mort, en 961 av. J.-C. Il eut définitivement raison des Philistins, ouvrant ainsi la voie à une ère de paix et de prospérité dominée par la personnalité de son fils, le roi Salomon. Au cours de son règne (961-922 av. J.-C.), celui-ci fit alliance avec le pharaon d'Egypte et avec Hiram, le roi de Tyr. Il amassa suffisamment de richesses pour faire édifier le Temple de Jérusalem, entretenir une flotte puissante dans la mer Rouge et nouer des relations commerciales avec les pays les plus lointains.
La mort de Salomon, toutefois, marque la fin de l'unité : deux Etats distincts sont créés, le royaume d'Israël au nord, avec pour capitale Samarie, et le royaume de Judée (ou de Juda) au sud, autour de Jérusalem. Le premier demeure indépendant jusqu'en 721 av. J.-C. ; il est alors conquis par les Assyriens sous le règne de Sargon II. Le second, bien que mis à sac par Sennachérib (le successeur de Sargon), maintient son autonomie jusqu'en 587, date à laquelle le roi de Babylone, Nabuchodonosor, détruit Jérusalem et annexe la Palestine. Assyriens et Babyloniens déportent des milliers de Juifs en Mésopotamie.
Cyrus le Grand, fondateur du premier Empire perse, conquiert la Palestine en 539 av. J.-C. Elle restera sous domination perse pendant deux siècles. Au cours de cette période, les Juifs jouissent d'une liberté considérable. Un grand nombre des déportés exilés à Babylone un demi-siècle plus tôt sont autorisés à rentrer. Le Temple ainsi que les murailles de Jérusalem sont reconstruits.
Sous le règne d' Alexandre le Grand, les Macédoniens succèdent aux Perses. Après la mort d'Alexandre (323 av. J.-C.), la Palestine est gouvernée par une succession de dynasties hellénistiques : d'abord les Ptolémées d'Egypte (jusqu'en 198 av. J.-C.), puis les Séleucides de Mésopotamie et d'Anatolie méridionale. En 168 av. J.-C., les Séleucides tentent d'imposer aux Juifs l'hellénisation de leur culture et de leurs pratiques religieuses. Antiochos IV Epiphane introduit dans leur sanctuaire même le culte de Jupiter Olympien.
Cet acte, considéré comme une offense religieuse et comme une provocation politique, déclenche une révolte armée contre les autorités d'occupation, conduite par Judas Maccabée et ses frères. Bien qu'ils se soient attaqués aux plus puissantes armées du temps, capables de prendre le pas sur les Egyptiens et de s'imposer face aux Romains, les rebelles parviennent à conquérir leur indépendance politique et religieuse et à la conserver pendant un siècle, sous la dynastie des Asmonéens. Mais cette victoire est ruinée par une querelle familiale, exacerbée par un conflit religieux, qui donne à Rome l'occasion d'intervenir directement. Pompée occupe la Palestine en 63 av. J.-C. et le royaume des Asmonéens devient protectorat romain. C'est sous le règne d'Hérode le Grand, vassal de Rome qui devait répondre de ses actes devant le Sénat, que Jésus naquit à Bethléem.
L'occupation romaine
Peu de temps après la naissance du Christ, la Palestine est confiée à l'administration d'un procurateur nommé par Rome. Le plus connu d'entre eux est Ponce Pilate, préfet de Judée de l'an 26 à l'an 36 de notre ère. Les maladresses de l'administration romaine provoquent de nombreuses révoltes parmi les Juifs. La première révolte contre l'empire romain (de 66 à 73) est à son comble lorsque Titus fait mettre Jérusalem à sac et détruire le Temple. Elle se termine par l'héroïque défense de la place forte de Massada, près de la mer Morte, au cours de laquelle les combattants zélotes préfèrent se suicider plutôt que de se soumettre. Après une deuxième révolte (115-117), une troisième, conduite par Bar-Kokheba en 132-135, échoue à son tour et aboutit à l'expulsion des Juifs hors de Jérusalem. La ville est transformée en cité romaine et baptisée Aelia Capitolina. Un temple dédié à Jupiter occupe l'emplacement du sanctuaire juif. La province de Judée prend le nom de Syria Palaestina. Le sanhédrin et les écoles rabbiniques sont déplacés en Galilée. L'administration romaine, toutefois, ne provoque pas un changement radical, et la dispersion des Juifs est loin d'être totale. En l'an 200, ils forment toujours une majorité de la population de Palestine.
Une tension religieuse certaine caractérise cette période. Un conflit majeur opposait les cultes païens et les croyances inébranlables du judaïsme, auxquels venaient s'ajouter les dogmes naissants du christianisme, considéré au départ comme une secte juive parmi d'autres. Toutefois, Rome se préoccupait davantage de prospérité que de religion, et l'Empire contribua à accroître les richesses de ses provinces orientales, dont la Palestine eut sa part.
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