Ayim a écrit :
LE SIONISME en PALESTINE Par A. Gaillard (déporté politique, professeur de Médecine e.r.) 1 - LA BASE DE L'IDةOLOGIE SIONISTE L'idéologie sioniste s'est donné pour mission de rassembler en Palestine tous les juifs dispersés depuis deux mille ans à travers le monde (juifs de la diaspora), d'établir un territoire peuplé exclusivement de juifs, dans la perspective de leur assurer, compte tenu des persécutions dont ils furent souvent victimes, une sécurité définitive. Elle a vu le jour à la fin du XIXème siècle avec Theodor Herzl, s'est développée pendant la première moitié du XXème malgré l'opposition prolongée de la plupart des juifs religieux et, à la faveur de la seconde guerre mondiale, s'est concrétisée avec la création de l'ةtat d'Israël en Palestine. Cette idéologie, repose sur deux données conjointes : - une donnée d'ordre religieux : le mythe biblique de la 'Terre promise' et du 'Peuple élu' - une donnée d'ordre légal 1 - le mythe biblique de 'la Terre promise' et du 'Peuple élu' est le pilier de l'idéologie sioniste Selon ce mythe, les Hébreux et leur dieu, Yahveh, ont élaboré, voici quelques trois mille ans, un contrat (l'Alliance) selon lequel les Hébreux, moyennant obéissance à ce dieu, constituent son peuple privilégié, « le Peuple élu », et reçoivent en héritage une terre particulière, « la Terre promise ». C'est sur les données de ce mythe qu'est bâtie tout entière l'idéologie sioniste et que s'est fondé le « droit historique » sur la Palestine. Même les sionistes incroyants, tels les pères fondateurs et la majorité des Israéliens actuels, ont exploité et exploitent toujours ce mythe originel de la 'Terre promise' par un dieu qui, pourtant, n'existe pas pour eux. Il ne faut pas être surpris de cet apparent paradoxe... C'est que, comme tous les mythes, celui-ci ne possède pas seulement une dimension religieuse mais une dimension culturelle. Malgré l'émergence dans les esprits de son caractère légendaire, il n'en continue pas moins à imprégner durablement la civilisation qui l'a porté et, partant, à mobiliser les énergies. Les mythes élaborés par les Grecs il y a aussi près de trois millénaires, ne sont-ils pas toujours présents à l'esprit des Européens ? A noter que le mythe en question - comme les autres mythes hébreux (la Création, le Paradis terrestre, le Péché originel...) - a été adopté aussi par les chrétiens (qui seront, comme nous le verrons, à la fois complices involontaires et victimes de l'idéologie sioniste). A propos de ce mythe fondateur il est intéressant d'évoquer la fabuleuse et récente découverte de Messod et Roger Sabbah. (Les secrets de l'Exode - ةd. J.C. Godefroid 1999). Selon ces chercheurs juifs le peuple hébreu n'est autre que la peuple égyptien d'Akhet-Aton, la capitale du pharaon monothéiste Akhenaton ! C'est dire, dans la circonstance, qu'un mythe banal d'ordre 'divin' s'associe à un mythe d'ordre 'historique' (et quel mythe puisque les ancêtres des juifs ne sont en fait que des ةgytiens ! ). Quand on a mesuré les gigantesque conséquences que la croyance au mythe de la 'Terre promise' a entraînées dans l'Histoire, notamment depuis un siècle avec le mouvement sioniste, comment ne pas parler des conséquences abyssales où peuvent conduire les simples 'illusions' humaines ! 2 - la loi rabbinique de transmission héréditaire de la qualité de juif Alors que les adeptes de la plupart des religions n'ont que le lien d'une croyance commune, et que ce caractère d'adepte est accessible à tous, le judaïsme établit un lien particulier d'ordre héréditaire. Fait sans doute unique dans l'Histoire de l'humanité, la naissance est le vrai critère d'appartenance : la loi établit que le caractère de « juif » est transmis par le sang maternel. Certes, la 'Loi fondamentale' de l'ةtat d'Israël prévoit des apports étrangers par conversion (« est considéré comme juive une personne née d'une mère juive, ou convertie » ) mais les conditions exigées en pratique sont telles que, sauf exception, un 'goy' ne peut pas devenir juif. Alors que, comme le dit le philosophe israélien Y. Leibovitz, « la notion de 'juif' n'était à l'origine ni raciale, ni nationale mais religieuse », dans l'ةtat d'Israël la condition religieuse (la croyance) est facultative pour être un citoyen à part entière, la condition raciale (l'hérédité) est, quant à elle, absolument nécessaire. Faut-il ajouter que nous savons aujourd'hui que cette notion de 'race' ne désigne rien de précis et que d'autre part elle engendre presque obligatoirement des sentiments et des attitudes racistes auxquels répond un racisme réactionnel ? Nous verrons que ces deux piliers de l'idéologie sioniste sont à la base d'un apartheid particulièrement radical. D'autres données issues des écrits fondamentaux du judaïsme, notamment du Talmud, sont venus renforcer les données précédentes instituant le peuple juif comme un peuple différent des autres et conforter les sionistes dans leur entreprise de retour en terre de Palestine et d'accaparement de cette terre au bénéfice des seuls juifs. N'est-il pas écrit dans la Bible : « qu'Israël vivra en solitaire et ne se confondra pas avec les nations » (Nombres, 23, 94)) ? N'est-il pas défendu à un juif de boire du vin versé par un non-Juif ou d'épouser une non-Juive ? N'est-il pas dit que le juif religieux doit, chaque matin, bénir Dieu de l'avoir créé Juif et non autre. N'est-il pas écrit, dans la Halakha, qu'un juif peut transgresser le Shabbat pour sauver la vie d'un autre juif, mais non de celle d'un non-Juif ? N'est-il pas prescrit au juif pratiquant de prononcer chaque matin les paroles de la prière du Shaharit : « Béni soit l'ةternel qui ne m'a pas fait goy, Béni soit l'ةternel qui ne m'a pas fait femme. Béni soit l'ةternel qui ne m'a pas fait esclave » ? N'étaient-ils pas dans leur droit ces Hébreux emmenés par Josué lorsque, comme le rapporte la Bible au livre des 'Nombres', ils ont exterminé les populations de Canaan lors de la conquête de la Terre promise ? Et dans le psaume 137, n'est-il pas prévu de « broyer sur le roc les bébés de Babylone » ? Alors que nombre d'écrits du judaïsme comportent une dimension universaliste hautement respectueuse de l'étranger, les sionistes les ont occultés pour ne retenir que ceux que ceux - assez nombreux, il est vrai - qui exaltent l'ethnocentrisme et où le non-juif, qu'il soit étranger ou résidant en Israël, est toujours un 'gentil', un goy. A ce propos, Schattner rapporte une donnée tout à fait caractéristique d'une certaine évolution de l'éthique juive. Alors que dans une version ancienne de la Mishna il est dit : « Qui a détruit une vie a détruit tout un monde et qui a sauvé une vie a sauvé tout un monde », les versions imprimées ultérieurement sont devenues : « Qui a détruit une vie au sein d'Israël a détruit tout un monde et qui sauvé une vie en Israël a sauvé tout un monde ». Le rabbin Ginburg de la yeshiva du tombeau de Joseph (près de Naplouse) vient confirmer cette donnée devenue banale dans les milieux religieux sionistes quand il affirme qu''une vie juive vaut beaucoup plus qu'une vie non juive '. Le 'sol' et le 'sang', tels sont les deux piliers du sionisme. Avec son nationalisme, voire son communautarisme contraignant, cette idéologie ne pouvait pas ne pas aboutir - aboutissement logique mais que n'avaient manifestement pas prévu Théodore Herzl et ses amis préoccupés seulement par la sécurité des juifs - à une segrégation impitoyable et à un colonialisme agressif.
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