Un peu de lecture pour les faux-travailleurs du vendredi :
CR 24h de Nantes (aka Time Run Challenge VINCI Energies ©®™)
Longueur du tour : 1365,3m
Distance totale : 171,66km (125 tours + 1km)
Lien Strava : https://www.strava.com/activities/11499273052
Contexte :
Après des 100 bornes et un 12h (il y a 5 ans déjà), j'avais depuis longtemps envie de faire un 24h. Et comme 2024 se finir par 24, c'était l'année pour !
On est du 4 club à être motivé pour y aller, avec chacun qui a déjà fait un 100km, et on a en plus 3 accompagnants qui vont rester presque tout le temps avec nous pour nous encourager : ça n'augure que du bon.
Entrainement et précourse:
J'ai fait environ 1300km depuis le 1er janvier. En 5 mois et demi, ce n'est pas tant que ça, mais ces trois dernières années, j'ai peu borné (1500-2000km/an) comparé à la période 2016-2020 (2800-3200km/an).
Donc je suis loin d'avoir fait le volume pour préparer un ultra, mais c'est en pratique complété du vélotaf (3 à 4 fois par semaine, 2*10km, sans modérer l'effort). Au final, ça fait une bonne prépa.
J'ai pu placer quelques grosses semaines, surtout sous forme de week-ends avec 2 SL (du 20+30 jusqu'à du 30+35 en pic), avec aussi des sorties vendredi ou lundi, et un dernier bloc de 23 jours avec 340km de cap et 250km de vélo. Tout ça me laisse espérer d'approcher les 180km si tout va bien le jour J.
Le sommeil a été très limite les 8-10 jours avant la course, mais le corps est plutôt reposé et les jambes sont fraiches (j'avais bien allégé les 2-3 dernières semaines).
Course :
On est donc 4 de la SAM à se trouver ensemble au départ, prévu à 10h. Marie et Frank vont partir ensemble un poil plus lentement, mais l'autre Eric vise comme moi en allure de départ (autour de 10km/h), donc on fait ensemble un bout de chemin, quasiment les 3 premières heures en tout (entrecoupé par un petit moment isolé où l'un s'est arrêté mais pas l'autre). On passe les 30km/h en tout pile 3h.
Petit point sur le circuit, un peu monotone : juste après la ligne de départ et le stand chronométrage (avec écran géant pour voir son nombre de tour, son temps au tour et son classement), il y a une bonne centaine de mètres de barnums et de tentes où sont installés nos affaires et les accompagnants, et les relayeurs des 7-8 équipes présentes (qui s'ajoutent donc aux 44 coureurs individuels). Puis des légers virages (avec un peu de dévers) et lignes droites jusqu'aux 750m, où il y a 3 chiottes de chantier puis le ravito de la course, puis 550m de léger virage et ligne droite vers l'arrivée. C'est un peu comme une piste d'athlé, mais 3 fois et demi plus long, un peu vide au centre, et entouré d'arbres.
L'après-midi commence à être assez chaude, et je décide de lever un peu le pied pour éviter la surchauffe. S'arroser souvent la tête et mouiller la casquette est indispensable pour moi. Au lieu de tours en 8'-8'30, je suis plutôt autour de 8'30-9' (càd 20"/km plus lent). Je passe les 50km en 5h02, et je m'autorise quelques minutes de pause au ravito.
Je suis bien dans ma bulle, pour supporter la chaleur et la difficulté. Pendant quelques dizaines de kilomètres (càd plusieurs heures), je tiens bien le rythme, et il n'y a pas de pépin physique, à part les quadris qui durcissent soudain à partir du 65e km environ). À noter que je n'ai croisé personne du club pendant quasi 50km.
Aussi, je m'autorise régulièrement 15-30sec de pause à la tente SAM, quelques pauses plus longues (quelques minutes de massage des quadris (merci Marie B !), envoi de SMS aux copains, arrêt aux toilettes).
Tout ça me mène à des tours autour de 10' (7'15/km), et je passe les 100km en 11h22. Je suis quand même assez fatigué, dans les jambes, mais surtout dans la tête (cf. le manque de sommeil). Il est 21h30 environ, la lumière est encore bien présente sur le parcours.
Niveau alimentation, les premières heures ont été bien gérées avec pâtes de fruits, gel, boisson iso+, quelques barres un peu salées (prises sur plusieurs tours), mais depuis quelques heures, l'estomac est un peu mécontent, et je ne sais plus trop quoi manger. Je m'autorise un peu tout et n'importe quoi au ravito de la course (tuc, chips, bananes, pommes, un peu de coca). La combinaison coca+chips est réconforte, et pas absurde d'un peu de vue nutritionnel vu tout ce que j'ai transpiré.
En tout cas, je suis dans les clous : je visais entre 11h et 11h30 aux 100km, et le 11h22 me laisse espérer atteindre l'objectif des 180km.
La présence des autres coureurs, des accompagnants (merci Joachim Jean et Marie) et des supporters (merci Johan !) aide beaucoup mentalement.
La suite de la course est plus dure pour moi : Je continue encore à tourner autour des 10'-11' au tour, en marchant devant les tentes, relançant jusqu'aux chiottes, marchant un peu après le ravito puis en trottinant la fin du tout. Donc environ moitié à 6km/h, moitié à 9km/h, et un peu d'arrêt à la tente + au ravito. Ca fait que j'avance moins vite.
La nuit s'installe, et les gros spots de chantier donnent une toute autre ambiance à la course. Je mets le casque et la musique pour rester dans ma bulle et tourner sans réfléchir. À partir de minuit (14h de course), comme je m'y attendais, la fatigue est forte, et un mal de crâne se fait bien sentir (en plus de ce qui est normal après 120km). Mes tours ralentissent encore, plutôt 12' (càd 7km/h), et le mental survit grâce à Joachim et ses encouragements incessants (et il encourage tout le monde).
Vers 3h du matin, on a le droit à un bon crachin qui dure moins de 10 minutes, mais rien de grave. Vers 3h20 (15h30 de course, 102tours~140km), un deuxième crachin avec du vent me fait flancher. Je prends la décision difficile de tenter une sieste pour mieux repartir. Joachim et Jean m'installent sur une chaise longue, sous un sac de couchage, pour 55minutes. Je n'arrive pas vraiment à dormir, mais je somnole, me repose, et ça suffit à faire passer la migraine.
Je repars vers 4h20 du matin, en marchant. Ou plutôt en boitant les 100 premiers mètres, n'arrivant plus à bouger la jambe gauche au début. Puis petit à petit, les muscles se réchauffent, et j'arrive à marcher raisonnablement dès la fin de ce premier tour de reprise bouclé en près de 20min. Il reste 7h25 de course, sauf que je n'arrive plus vraiment à courir. Je fais encore un tour en marchant entièrement, mais de façon plus efficace, en moins de 15minutes. Et le suivant, j'arrive à trottiner 100m par ci, 100m par là.
À ce stade, il me reste environ 5 heures de course, et je tiens grosso modo les 6-6,3km/h. Avec 142km au compteur, je peux donc viser les 172km en tenant le 6km/h sur les 5h, et même les 175km sont devenus inatteignables depuis la sieste (sachant que j'avais rayé les 180km comme objectif avant même la sieste).
Je passe donc la dernière heure de la nuit à marcher vite environ 1km et à courir 300m. Je limite mes arrêts ravitos au minimum, et j'enchaine plutôt bien mes tours. Le lever du soleil vers 5h45 fait du bien. C'est une ambiance particulière à nouveau, le moral est bien de retour. Par contre, courir devient plus difficile. Petite pointe de douleur dans un mollet autour de 7-8h du matin, et je préfère arrêter de trottiner que de claquer un muscle. Je tiens toujours les 6km/h en marchant, donc ça va. À 2h34 de la fin, je suis à 13km de l'objectif, donc je sais que ça passe en marchant.
Je reste dans ma bulle, le moment est un peu absurde : je marche, je ne réfléchis plus, je sais que sauf blessure les 170km sont dans la poche. Mais il faut marcher ces 2h30.
Heureusement, il y a les samiens, il y a les autres coureurs, il y a les bénévoles, il y a la musique, il y a Marie et Johan de retour pour la fin.
Donc un pas devant l'autre, et les 170km sont passés à un quart d'heure de la fin. J'ajoute un tour, puis 1km dans le dernier tour inachevé.
Bilan postcourse :
Une belle satisfaction, même si l'objectif initial des 180km est assez loin.
La gestion a été plutôt bonne. La chaleur de l'après-midi et la fatigue de la nuit m'ont fait mal, j'ai eu plusieurs passages difficiles, mais j'ai pu les surmonter à chaque fois.
L'ambiance a été incroyable (merci à tous pour les encouragements), et les 4 du club s'en sont très bien sortis.
À refaire, en solo ou en relais, sans hésitation. Mais en solo, pas avant quelques années je pense.