SenorPollo a écrit :
CR - Saintexpress 2022 (44K/1050D+) Cette course représentait pas mal de choses pour moi : elle vient clôturer une année où j'ai enfin réussi à passer un cap mental en course grâce au trail, c'est "à la maison" et ça fait 10 ans que je m'étais dit qu'un jour je la ferai après qu'un pote l'ait fait sur un coup de tête alors qu'il courrait pas et que j'avais un corps en carton et surtout c'est tout simplement la première fois que je vais dépasser les 30 bornes et les 3h d'effort. J'ai pris le dossard sur un coup de tête cet été, qui m'a fait un mois de novembre chargé : LUT 26K - Semi de Vénissieux - Saintexpress en 4 semaines. Est-ce que j'en fait pas un peu trop ? Boucher me dit que ça passe et qu'on va faire une prépa hybride. Comme d'hab' je lui fais confiance les yeux fermés. Le LUT se passe super bien (2h35) et je rabote mon PR sur semi de 7' (1h39). Reste le gros morceau de l'année, mon dernier objectif. Je pose carrément toute ma semaine d'avant course pour me reposer. Jusqu'au samedi, ça se passe plutôt bien, une fausse alerte gastro chez le petit mais à part ça ras. Je commence juste à me mettre à tousser le jeudi, super. Mais bon c'est pas grand chose, des pastilles pour la gorge et roule ma poule. Le samedi je vais le passer dans mon pieu à essayer de dormir (en vain) pour pas m'écrouler de fatigue sur la ligne de départ. En général, à 23h je dors Je vais pas mal gamberger en me demandant si je vais vraiment tenir la distance. Je rêve secrètement de faire moins de 5h mais je finis par me dire que si je me mets la pression sur le temps, ça va mal se passer alors je vais gérer ma course tranquillement. Sur la base des conseils de yipi, ma stratégie sera simple : faire course tranquille jusqu'à Soucieux puis envoyer dans la deuxième moitié et profiter des relances. Je me calerai au cardio pour le début, pas plus de 80% de FCM me semble sage. A 5h du départ, je m'engouffre un plat de pâtes, 2 œufs et un café. A 20h je décolle vers la Halle Tony Garnier en pensant pouvoir y poser mon sac : trop de queue, tant pis je le poserai à Sainte Catherine. J'attends que les chauffeurs de bus veuillent bien ouvrir les portes sous la pluie et dans le froid... ils en avaient rien à foutre. On est donc trempés quand on rentre dans le bus. Le trajet passe vite, je m'isole avec ma musique. Une fois arrivé, on se fait jeter du bus par le chauffeur : va falloir attendre dehors. Le choc thermique me fait grelotter et je me coince les muscles du haut du dos et les lombaires. Impossible à décoincer, je ferai toute la course avec le dos raide. Je pose mon sac et je vois qu'on peut attendre sous une tente chauffée par les autres personnes qui attendent. Il est 22h30, je me dis que c'est mieux que de me refroidir dehors. Sauf que je me retrouve à côté de 2 tocards qui passent leur temps à raconter de la merde Au bout de 10 minutes je n'y tiens plus et je décide d'aller me foutre dans le sas. Je suis pas loin d'arriver à frauder et rentrer dans le sas performance mais je me fais griller. Tant pis. J'irai donc dans la 2nd vague mais je suis hyper mal placé. J'ai un peu faim alors je grignote une cliff bar Blueberry en attendant : pas terrible. L'heure arrive vite, c'est parti. Départ - Saint-Genou (11km) : Yipi m'avait prévenu, il faut partir à l'américaine pour éviter les bouchons. Sauf que dès le début ça se traîne et y a trop de monde, j'étais hyper mal placé dans le sas. J'essaye de doubler comme je peux mais c'est quasiment mission impossible. On se traîne à 6'10/km en descente sur du béton et ça m'agace. Ce sera comme ça pendant un bon moment, au moindre single, je suis bloqué par les gens devant moi et je perds du temps. Je me dis que ça m'économiser mais ça fait chier. J'ose pas trop doubler dans les descentes, ça glisse, c 'est pas très large, y a du caillou qui roule, j'ai pas envie de me péter la gueule. Je manque de technique. Pas grand chose à signaler sur ce segment sinon, la grosse difficulté du parcours se présenter au 6ème kilo et tout le monde se traîne à 11'/km, mon cardio dépasse légèrement les 160bpm à ce moment là mais sinon il reste dans les clous. Au 8ème je m'enfonce dans une flaque d'eau boueuse : le pied est trempé. Au moins maintenant j'ai plus à faire gaffe, j'esquive plus les flaques Je prends du gel d'effort toutes les 30 minutes environ, j'essaye de boire régulièrement mais pas trop (même pas 2.5L au total en 5h au final, correct) et entre 2 gels je grignote un peu ma cliff bar. J'arrive au ravito en 1h20 pour 11km et je pointe à la 1040ème place à ce moment là. Je me dis qu'à ce rythme là, je vais mettre 6h... Je remplis une gourde de rab avec de la poudre isotonique vu que j'en ai vidée une, un petit pipi et je repars aussitôt. Saint Genou - Soucieux-en-Jarest (21.7km) : Là ça commence à se corser, la pluie se met à tomber, assez fortement parfois, et on a même de la neige fondue. On enchaîne des montées/descentes en forêt ou sur goudron/ Sur les portions découvertes on a même le droit à du vent. Je remets très vite mes gants, mon cache cou et mon bandeau que j'avais viré quelques kilomètres plus tôt car je me refroidis très vite. J'ai plus trop de souvenirs de tout ça à vrai dire, on passe par des portions assez mornes avec un brouillard assez épais par endroits. En descente je me laisse porter entre 5' et 5'30/km tout en faisant baisser le cardio qui reste dans les clous le reste du temps. Je dépasse des gens, des gens me dépassent, je fais le yoyo avec quelques personnes. Je commence à trouver le temps long et je me demande si je vais tenir jusqu'au bout. Quand j'arrive au ravito, bizarrement le panneau "Arrivée 23km" me fout un coup de boost. Je sais aussi qu'on arrive sur une partie plus roulante et que je vais pouvoir me lâcher un peu plus. Mon dos est toujours raide de chez raide et me fait un mal de chien mais vu le froid c'est pas près de se débloquer. Je remplis de nouveau une gourde en rab, je prends un peu de coca/saint yorre mélangés et je repars directement sans demander mon reste. Je suis alors 1060ème en 2h29. Soucieux-en Jarest - Chaponost (32.5km) : Comme annoncé par yipi, il y a beaucoup de descentes et pas mal de béton. C'est très roulant et je commence à en mettre un peu plus. Je reste prudent quand ça monte mais sinon mon allure globale s'accélère nettement. Je commence à gober pas mal de monde et je vois que ça pète déjà chez certains. Par contre je suis trempé jusqu'aux os, la pluie n'a pas cessé et par endroits a même forci. Le cardio reste dans les clous, les jambes vont plutôt bien. J'aimerais avoir des Kinvara au pied sur les portions bitumeuses, les Peregrine ça tape fort A part 2 montées qui forcent à ralentir, tout se passe bien, je guette le moment où je vais passer la barre symbolique des 3h puis des 26km. Je suis maintenant en terre inconnue, mes jambes vont-elles tenir jusqu'au bout ? Je décide aussi d'arrêter de prendre mon gel Authentic Nutrition pour switcher sur les Maurten que j'avais gardé pour la deuxième moitié. Ca passe tellement bien et c'est tellement efficace... On poursuit notre route jusqu'au prochain ravito dans un passage absolument dégueulasse : on croise les coureurs qui sortent du ravito à 1km de là au bout d'une longue route dans le noir. Sur le moment je crois que c'est un demi tour classique après un faux plat montant et ça me mine un peu mais quand je vois la salle du ravito je suis content. Je remplis une gourde vide de flotte et bois de nouveau un coup de coca/saint yorre. J'hésite à me changer vu que j'ai un tshirt technique et un tshirt en rab. Mais j'ai peur de ne pas repartir si je prends trop de temps. Le gars me dit "plus que 12km". Ca me booste. Tant pis j'y retourne, je me dis que me mettre au sac ne servira à rien, dans 5 minutes j'aurai de nouveau pris la sauce. A ce moment là je suis 401ème a près 3h40 de course, j'ai remonté un bon paquet de gens mais pas autant. J'imagine que c'est tous ceux que j'ai dépassé pendant les 2 derniers ravitos. Je fais un calcul rapide et je vois que le sub 5h est possible... Ca me donne de l'énergie mais je m'emballe pas. Chaponost - arrivée Je ressors seul du ravito. A partir de là je vais être très souvent en solo. 1 borne plus loin, on repasse dans un passage en forêt boueux comme par permis. Je rattrape un mec et d'un seul coup il se met à râler : il s'était enfoncé avec les deux pieds dans facile 20cm de boue, il en avait au dessus de la cheville et il galérait à sortir ses pompes du bordel. Merci pour l'info poto, je passe à gauche et je le dépose Au 35ème, au sortir d'une montée, un mec vomit ses tripes à côté du panneau "Arrivée 10km". Bon courage. Les jambes commencent à durcir et pour me motiver je me donne des objectifs intermédiaires : le gel d'effort à 32k, ensuite la barre des 35K, le gel d'effort à 39k, la barre des 40k, le marathon puis plus que 2 bornes pour l'arrivée J'arrive à tenir une allure aux alentours des 5'50/km sur le plat tout en gardant le cardio dans la zone cible. En descente j'arrive à avoiner en allongeant la foulée. Je grignote un paquet de monde sur cette dernière portion et je ne me fais plus dépasser. On arrive à l'aqueduc, le fameux dernier gros obstacle. "Après c'est fini" m'a dit Yipi. Je tartine comme un sale dans la descente qui y mène puis je monte à bon train. Quand on arrive en haut, je relance en me disant que j'avoine sur tout le reste du parcours. Mais en sortant du parc accrobranches, ça monte encore et assez fort Je le maudis un peu Je vois que le sub 5h c'est mort et que je vais plutôt être proche des 5h05. C'est pas grave, je donne ce qu'il me reste. Il reste 2/3 petites montées dans Sainte Foy mais rien de bien difficile, j'essaye de pas faire ma feignasse et de les courir tranquillement mais dès qu'on est sur le plat/en descente j'appuie un peu plus. La fin du parcours est pas très excitante, on descend des escaliers, on longe des quais tristounets, on monte des escaliers puis on va chercher le pont Raymond-Barre. Je continue de gratter des coureurs esseulés à la vitesse supersonique de 5'/km J'ai un petit moment d'hésitation sur les derniers mètres vu que je suis vraiment seul mais me voilà bien arrivé. Petit moment d'émotion sur les derniers hectomètres, je pénètre dans la Halle Tony Garnier en sprintant (à 4'30/km sur 20m) pour impressionner les spectateurs qui me félicitent. Je passe la ligne en 5h01m46s (chrono officiel), très content de moi. Je finis 498ème, j'ai perdu presque 100 places alors que j'ai gratté pas mal de monde, je suis assez surpris Mais bon, presque sub 5h et top 500, très très satisfait du résultat. Je vais bien mettre 25 minutes à retrouver mes esprits à côté du ravito d'arrivée, incapable de me lever au début et pris de violentes crampes intestinales. Je me change avec mes vêtements secs car je suis trempé et j'ai froid. Je finis par me diriger vers les douches, chaudes à souhait, quel bonheur Je me change, je vais bouffer et je tape la discut' avec un gars rencontré dans la file d'attente. On papotera pas mal de temps comme ça. Un tour chez les ostéos (pas ouf) puis je me rentre avec le sentiment du devoir accompli. Une bien belle fin d'année 2022  Le strava : https://www.strava.com/activities/8204281336 Orga franchement au top même si les chauffeurs de bus s'en foutaient un peu des coureurs, j'ai vraiment apprécié l'arrivée, le repas, les douches, l'efficacité de la consigne Côté intérêt du parcours, j'imagine que certains coins sont chouettes dans les bonnes conditions mais là c'était quand même bien dégueulasse et y a pas mal de passages tristounets sur du béton quand même. C'était pratique pour aller un peu plus vite mais dans le noir, le brouillard et la pluie c'était pas très excitant. Ca me donne pas spécialement envie de faire la Saintélyon et je pige pas qu'on veuille s'envoyer ça 2 fois de suite 
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