Je fais un petit copier/coller de mon CR après mon premier tri, le half ironman d'Anvers.
Petit récit de mon tout premier triathlon que j'attendais depuis déjà presqu'un an.
Je m'étais donc inscris pour le half ironman 70.3 d'Anvers (Antwerp) en catégorie h18-24 pensant avoir le temps de faire un ou deux CD avant cette échéance. Mais finalement par manque de temps et concentré sur mon objectif, je n'avais pas envie de bousculer ma préparation. Je suis donc arrivé à Anvers comme un novice de la chose avec relativement peu d'appréhension sur ma capacité à finir mais bcp sur mes objectifs en terme de temps.
Bref, le dimanche matin, installation du matériel dans le parc vélo, le stress commence à monter, tellement de monde, la vision du lac et des bouées... loin.... très loin... Je passe une dernière fois au toilette car ce que je redoute le plus est un mal au ventre pdt la course, je suis parmi les dernier à enfiler ma combinaison et me presse pour rentrer dans l'eau. J'aperçois du monde s'agrippant à une bouée. Je me dirige pour faire la même chose croyant que le départ ne sera pas donné avant 3-4 minutes et finalement le coup de feu. Pas le temps de voir par où me diriger et où est exactement la bouée, je suis le troupeau de 900 hommes. Je vois assez rapidement que je ne suis pas très à l'aise, je n'arrive pas à entrer sur un rythme de nage en trois mouvements et respire tout les deux mouvements; je souffle hors de l'eau ; je pars ou peu de travers ; les pieds s'enmelent, bref rien de se que je faisais à l'entraînement. Au bout de 300-400m, je me dis "plus jamais je refais ce genre de truc" car en piscine, on atteint le bord tous les 25m. Aujourd'hui, c'est tout le 1900m, ça change un peu. On ne peut pas s'arrêter. Bref, la looz, je nage comme une merde. Je n'ai jamais autant touché de paire de fesses de ma vie en si peu de temps (c'est ce qui me fait dire qu'il faut que je reparte pour un autre half-ironman :-).
Arrivé enfin au bout de ce long calvaire, je tente désespérément de grimper par l'escalier aménagé. J'ai la tête qui tourne, trop bourré, trop de mal. Finalement, une fois monté en haut, sur les berges, je gambade mieux, je suis enfin dans mon élément. (35min pour les 1900m).
Je commence à essayer d'enlever ma combinaison et je peine encore. Je sors de l'aire de transition en 500ème position environ. Mais dès que je suis sur mon vélo, là je commence à me faire plaisir. Le parcours est plat même si on m'a prévenu qu'il est très exposé au vent (Anvers est un port, pour ceux qui ne le sauraient pas déjà). J'arrive à enfiler mes chaussures comme il faut (chose que j'avais répété pour être sûr de ne pas perdre trop de temps) mais je déraille au bout de 300m (j'ai voulu passer sur le 54 trop vite!) mais arrive à remettre la chaîne très rapidement. Bref, la remontée c'est pour maintenant. Je pars très vite, je me sens bien donc, autant pédaler. On doit franchir le fleuve traversant Anvers par un tunnel où je commence déjà à doubler à 65km/h, je commence à me dire que ça va donner! Dès qu'on sort de la ville, le vent se trouve assez neutre, pas franchement dans le dos et pas franchement de face, c'est donc plutôt un moindre mal. Je remonte pas mal de monde (en tout, près de 300 concurrents sur les 90km).
Je prends un véritable plaisir à rouler avec les motivations que m'inspirent les dépassements. Ce parcours vélo se passe en partie dans le port d'Anvers puis il y a quelques boucles dans des villages proches d'Anvers, assez sympathiques même si la route n'est pas franchement dans un super état, si les traversées de chemins de fer sont fréquentes - et avec, leur lot de glissades, de chutes, de pertes de bidons, de lunettes et tant d'autres choses - et par conséquent les freinages urgents, surtout qu'il commence à pleuvoir. La pluie va avoir l'avantage de permettre une meilleure glisse du pneu sur le bitume et je pense que cela a tendance à pousser les moyennes horaires vers le haut. Cela a aussi l'avantage de permettre de ne pas trop "sécher" car le cyclisme est une discipline où le vent crée par l'allure de course, fait sécher et crée souvent une fine pellicule de sel sur le corps, ce qui est plutôt désagréable. Tout se passe pour le mieux. Je ne regarde même pas mon compteur et on arrive rapidement au tiers du parcours et je me sens vraiment comme neuf, pas du tout entamé, les jambes légères et dociles. Je vois bien que ma moyenne horaire doit être assez élevée mais pour éviter la déconvenue ou une mauvaise surprise ou au contraire la self-confidence qui me ferait me reposer sur l'avance que j'ai sur mes pronostics, je décide de ne pas regarder ma moyenne horaire avant le 83ème kilomètre. Rendu à ce moment là, dans un moment assez difficile car cela commence à être dur, je verrai que ma moyenne est à environ 37.5km/h. Ouahhhh!!! Avant le départ, j'osais à peine espérer faire un petit 36km/h. A cela s'ajoute le fait que ne sachant pas vraiment ce quoi j'affrontais (ben oui, c'est mon premier triathlon), j'ai eu tendance à lever le pied pour ne pas payer la facture d'un excès d'optimisme à la fin. Je ne suis rattrapé sur la fin du parcours que par un peloton de 10 personnes environ, qui roule bien loin de cette règle du "no drafting" dont un gars que je double pour la 3 ou 4ème fois et qui me remonte à chaque fois derrière un autre vélo (le drafting consiste à profiter de l'abri crée par la personne qui vous précéde). J'avoue l'avoir qualifié d'enculé - j'étais un peu énervé de le voir revenir sur moi tout le temps dans la roue des autres -, mais visiblement, face à son mutisme, il était étranger.
Vers le 70ème km, petit coup de fatigue, surtout que j'ai un peu de vent de face, puis ça repart ensuite.
L'arrivée à la seconde aire de transition se fait évidemment dans la ville, ce qui force à pas mal ralentir. On roule sur des pavés et traverse des chemins de tram que les roues n'aiment pas, quelques chutes de-ci de-là.
J'arrive donc finalement, je saute de mon vélo et commence à courir pour le déposer. Je vois qu'il n'y a pas bcp de monde d'arrivé, j'ai donc remonté pas mal de monde. Je fais l'une des meilleurs transitions de tous les triathlètes, ce qui me montre que je ne souffre pas trop du passage entre les deux disciplines et donc du nouveau dépliement musculaire entraîné par le changement de position (vélo->course à pied).
Je commence à courir et tout va bien mais mon rythme restera un poil trop lent par rapport à ce que je comptais faire (semi en 1h26 au lieu d'1h21 maximum escompté). La fatigue est surtout mentale, j'ai largement les ressources pour courir dans le rythme que je m'étais fixé mais j'ai la facheuse tendance à suivre d'autres triathlètes qui ont un rythme inférieur, à me mettre dans leurs pas. Donc, finalement mon temps est médiocre. Je vais devoir travailler sur cette question, plus mentale que physique. Peut-être que courir avec un cardio me montrera que j'ai encore des réserves et donc que je peux accélérer. C'est un problème à résoudre.
L'autre question qui émerge est la façon de s'alimenter durant cette course à pied puisque les ravitaillements sont très fréquents (environ tous les kms) et donc on a la tentation de vouloir presque trop boire. On ne sait plus vraiment quels sont ses besoins : "cette gorgée ou ce gel sera-t-il nécessaire, superflu ou bien même génânt ?" Bref, il faut gérer ses ingestions et c'est plus dur qu'il n'y paraît.
La fin se rapproche doucement mais sûrement et je franchis la ligne en 4h32, 120ème et 12ème de ma catégorie.
Le temps est donc raisonnable pour mon premier triathlon.
Les leçons à tirer de cette première expérience sont donc multiples :
- tout d'abord, que j'ai loupé ma natation. D'abord parce que j'étais à la bourre lors de la mise à l'eau et que sitôt entré, le départ a été donné. Je n'ai pas eu le temps de regarder où se trouvait la bouée du premier virage, au moins pour avoir une direction à suivre plus fine qu'une vague idée comme ce fut le cas. Ensuite, je suis parti sur l'extérieur des nageurs donc plus loin de la corde à suivre pour faire un parcours optimal et aborder le premier virage rapidement. Mais j'ai quand même gouté à ce qu'était la "bataille" entre les nageurs et j'ai donc enlevé de moi cette petite appréhension concernant les coups de pieds dans la gueule et autres coups divers engendrés par le cohue-bohu! C'est déjà ça de moins pour Clearwater en novembre prochain.
Ensuite, je n'ai pas mis en place ma nage comme je l'ai apprise en entraînement. C'est vraiment une nage de merde, les battements de pieds qui partaient n'importe comment, les respirations tout les deux temps au lieu de trois, les bras qui ne vont pas chercher loin, les mains qui ne jouent pas véritablement leur rôle de poussée. Je pense avoir perdu pas mal de temps là-dedans. Le point positif est que ce ne sont que des étourderies.
Cette discipline pour laquelle je ne me faisais pas trop d'inquiétude, s'est révélée être la plus dure pour moi car l'entraînement en piscine n'a rien à voir avec l'entraînement en eau vive. D'une part, c'est psychologique puisque une fois qu'on est parti en eau vive, il faut aller au bout. Ensuite, les autres concurrents créent une pression là encore psychologique qui nous pousse à faire attention à eux plutôt qu'à sa technique de nage. Enfin, dans les faits, les coups, repositionnements et autres gênes des autres nageurs ralenti notre rythme et nous trouble effectivement.
Enfin, je dois comprendre que le passage des 300-400 premiers mètres est le plus difficile et qu'ensuite, le rythme cardiaque régulier s'installe et font disaparaître ses furtives idées de "plus jamais je ferai de triathlon longue distance".
- j'ai constaté que ma première transition a été très très médiocre. J'ai eu des difficultés à enlever ma combinaison, notamment au niveau des pieds. J'avais un peu mal préparé l'étape de rangement des affaires. Bref, perte de temps inutile. Il faut qu'à l'avenir, ce genre de transition se fasse en 2min, au lieu de 3.
- pour ce qui est de la partie vélo, j'ai constaté que mon niveau était satisfaisant et que j'ai les cannes pour aller plus vite : j'aurais pu envoyer deux km/h de plus de moyenne, j'en suis sûr. Il faut aussi que je me force à rester en position aéro plus souvent (mais là, cela a été rendu difficile par ma selle, un peu trop dure). Mais je me suis rassuré et j'ai vu que malgré mon faible kilométrage annuel, j'ai pu rouler correctement. Cette partie de la course a été un moment de pur plaisir, j'ai vraiment apprécié cette discipline que j'avais trop souvent l'habitude de faire avec un certain dégoût à l'entraînement. Cela s'explique par la vitesse puisque la vitesse d'entraînement est relativement lente (31-32km/h) par rapport à celle de course (si on enlève les passages à vide et les parties venteuses, autour de 38-39km/h de moyenne) qui procure cette bonne sensation.
- ensuite, c'est la partie course à pied, cette partie que je croyais être la plus facile pour moi. Finalement, elle s'est révélée être une partie assez difficile car très psychologique. Au bout de 3h00 d'efforts intenses, on n'a plus l'âme à se sortir les tripes. On tend donc à se caler sur un rythme "cool" plutôt que d'aller chercher le chrono. Je dois donc bcp travailler ce genre de choses, notamment en ajoutant fréquemment de longues séances de pistes chronomètrées après mes sorties vélo assez longues, ceci me permettant de contrôler mon rythme et de me forcer à le tenir ou bien atteindre un palier plus haut.
- finalement la gestion de l'alimentation pendant une course, mais aussi avant la compétition, est une chose qu'il faut que j'approfondisse même si je n'ai pas eu d'ennuis lors de cette course. Cela ne sera probablement pas le cas si je décide de faire un Ironman.
Pour conclure, expérience qui, comme tout première expérience, est très enrichissante. J'ai bcp appris et me suis aussi bcp rassuré pour les championnats du monde d'Ironman 70.3 à Clearwater, mais aussi pour me lancer sur la distance Ironman 180.6 dès 2009. Je suis globalement satisfait de mon temps même si je sais que j'aurais pu faire mieux, c'est là aussi une chose positive, je n'ai pas atteint mes limites et ça c'est motivant pour la suite.
A Clearwater, il faudra donc que je nage en 31min (-4min). La partie vélo devra être bouclée en 2h16 (-10min) et le course à pied en 1h23 (-3min), soit, si j'arrondis : 4h15 avec les transitions.