Tetedeiench a écrit :
Je conteste le point mis en gras... je doute que beaucoup des élèves de mon vieux, qui enseignait en section spécialisée, soient capable de comprendre beaucoup de choses en science, à part s'en référer à "ceux qui savent"... Pour comprendre la science, enfin tout du moins adhérer et évoluer dans ses rouage, il faut quand même un esprit assez développé selon certains critères ( intelligence, etc).
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Là ce que tu critiques, ce n'est pas la science mais la forme qu'elle prend vis-à-vis de ses interlocuteurs, l'enseignement de la science ou l'«incapacité» (pas forcément intrinsèque hein, juste par manque de temps ou de moyens appropriés... avant que tu hurles à l'élitisme ) intellectuelle de tel ou tel individu. La science est conçue, construite (= via ses conditions méthodologiques) pour être accessible à tout esprit humain. C'est juste une condition qui évacue à la fois le recours à la foi et/ou la connaissance subjective.
Russell, avec son tact habituel, l'a exprimé d'une autre façon avec son "ce que la science ne peut découvrir, l'humanité ne peut le connaître" (sacré Bébert )
Citation :
Si on joue dans le sens de ton post, il faudrait définir exactement les termes de religion. Pour certains, cela se réfère à l'ésotérisme. Pour moi, il s'agit juste d'une volonté de l'homme d'expliquer ce qui l'entoure, de lui permettre de s'illusionner sur la compréhension de son environnement, et de lui enlever certaines de ses peurs. On a rarement peur de ce qu'on connait bien... peu importe si cette connaissance est vraie ou non, tant que l'illusion est là.
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Là tu ne définis pas véritablement la religion par ses caractéristiques, mais par sa fonction sociale seulement. Tout ce qui est irrationnel n'est pas pour autant religion. Tout ce qui prend forme de dogme n'est pas pour autant religion. Tout ce qui vise à la connaissance du monde n'est pas pour autant religion.
Depuis longtemps, on définit les choses en opérant avant tout des distinctions (peut-être parce que c'est une propriété innée de l'esprit humain, j'en sais foutre rien...)...
Citation :
Je vois mal comment on peut définir le terme religion autrement, sans sortir le dico.
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Déjà, on peut se demander à quoi on reconnaît "la" religion (au-delà d'une simple identification des institutions/activités humaines particulières : définir la religion comme "regroupement du judaïsme islam blabla" ça n'apporte rien, on est d'accord). C'est pas toujours évident. Quelle fonction revendiquent les religions, que ne revendiquent pas d'autres créations humaines ? On peut émettre des suppositions, qu'on examinera plus tard... par exemple, est religion ce qui s'occupe du rapport de l'homme avec le sacré. Ou encore, ce qui se préoccupe du transcendant. Ou encore (cf. NOMA, Non Overlapping MAgisteria, de Gould) ce qui a vocation à élucider des problèmes moraux (="ce qui doit/devrait être" ). On peut chercher, c'est intéressant même si pas simple.
[HS pour ceux qu'ont pas peur des pavés à la con ]
Mais déjà, on voit qu'il y a énormément de propriétés communes aux religions, que la science a pour principe de ne pas avoir (comme si la science s'érigeait "à rebours" de la religion ; d'où certaines visions qui font de la science un "ennemi", un "vs." ).
Par exemple, la science se refuse (enfin, dans la pratique, elle n'a pas l'habitude) ) disserter sur ce qui doit (ou devrait) être. Elle traite en principe uniquement de ce qui est (ou peut être). Ou encore, la science, contrairement à la religion, a pour conditions un monisme (son objet d'étude, "ce qui est", se veut unique : il n'y a qu'une seule catégorie de "ce qui existe" ), et même un monisme matérialiste (la seule chose dont on pose l'existence dans ce cadre, c'est la matière, exit donc la prise en compte d'une transcendance). Bref, des "règles du jeu", adoptées en connaissance de cause ... la science "connaît" ses limites, parce qu'elle se préoccupe de les fixer... les fixer de façon à pouvoir rester efficace dans le but qu'elle se donne. Et ça marche plutôt pas mal, grosso modo c'est efficace.
C'est aussi ce qui fait qu'une science qui se targuerait de légiférer sur des questions de morale (doit-on tuer les meurtriers ?) et/ou de transcendance (comment prouver scientifiquement que les anges existent/existent pas ?) serait grandement suspecte. C'est la position des NOMA de Gould, déjà citée : on envisage le rapport science-religion comme deux entités à domaines d'application séparés.
Tout comme serait suspecte l'attitude de religions voulant s'occuper, outre de leur propre magistère, de la connaissance du réel avec les règles et conditions de la théologie. Pourquoi le refuser ? Notamment parce que jusqu'à maintenant, la science a été, dans ce domaine, bien plus efficace envers l'homme que la religion.
Ce genre d'overlap est souvent une initiative individuelle, et tant que ça reste un 'petit arrangement personnel' on peut difficilement le critiquer. Sinon... ça devient une intrusion. [/HS]
(je ne cache pas que j'ai une certaine affinité avec la vision des NOMA )
(sur ce, vais mater La 9e Porte sur C+ )
Message édité par Profil supprimé le 15-08-2005 à 21:12:49