Bon allais, j'me lance .
C'était donc un "souper de classe", vous savez une de ces soirées où on se rappelle les bons souvenirs de l'année scolaire, toussa . Pour préparer les festivités, je me sentais coupable de ne pas mettre une touche personnelle à ce festin estudiantin et me proposa, telle une âme charitable, à réaliser une commande groupée de saké, pour finalement obtenir deux voix : un pote et moi-même . Mais mettons les choses au point, j'avais ma petite filière, pas de cette saloperie qu'on vend en supermarché, du vrai saké chinois (et pas de cette fiotte de saké japonais), importé directement des champs communistes, la bouteille frappée avec le symbole démocratique qui va avec et la chansonnette glorifiant Mao Zedong quand l'odeur de la liqueur de riz frappe à vos nasillons. Bref, la bouteille pas détaxée (a-t-elle jamais rencontrée un douanier sérieux ? l'histoire ne nous le dit pas ) vous permettant d'apprendre chaque recoin du fleuve Yang-Tsé-Kiang pèpèrement dans votre canapé.
Le cadre : Wardin-les-bains-de-pieds, un petit village paumé en Ardennes ( ) où on aurait d'ailleurs pu tourner Davy Crocket chez les Belges. Bref, c'est l'hiver, il a neigé, a plu et gelé. 20h même pas, il fait noir, personne chez moi à part ma sombre frimousse.
Du coup, pour aller jusque là, même en voiture, ce fut déjà un pélerinage d'un plus grand intérêt artistique, entendez par là Pingu et ses amis au pôle Nord, raquettes ou pas . Bref, je me fais prendre chez moi par la mère du pote ayant "épargné" avec moi (on l'appellera G. par suite), qui se trouve (ceci a son importance) être également une prof de mon école. Elle me connaissait juste de nom par les conseils de classe bla², toute contente de savoir que son rejeton allait revenir avec quelqu'un de "fiable".
21h30 : On arrive sur place, la plupart des gens sont là, je n'aurai qu'un mot : A TABLE ! D'emblée, je sors la bouteille et attaque le vitriol, là l'asiatique de notre classe nous regarde G. et moi, genre "Vous allez quand même pas boire ça!".
21h50 : 1x75 cl de "pseudo-saké" à 53% vidée (bouteille que j'ai eu gratos au demeurant, pour ma fidélité à mon fournisseur ) + 1x75 cl de vraie saké à 62%, pour deux personnes. En plus de cela, on avait eu droit à de la sangria faite par une copine (rudement bonne d'ailleurs), quelques krieks, jupiler et un peu de simon dinkel (bière d'épeautre, très bonne d'ailleurs ).
22h15 : Premiers croque-monsieur vomis, en concertos avec G., on a rien vu venir, on discutait tranquillos et on s'est gerbé mutuellement dessus en synchro . Bon jusque là, on avait encore notre tête, donc on enlève nos pulls, on calme la populace, on publie nos bulletins de santé et "remonte la manivelle Marcel, c'est reparti comme en '40".
Les jeux de boissons arrivent et on fait les équipes au "hasard", même si je suis certain qu'on nous a pas mis G. et moi par hasard. Et on joue à un jeu-à-la-con, on prend une pièce de monnaie, on la tape sur la table et elle doit rebondir dans le verre, si c'est le cas on fait boire l'équipe qu'on veut, avec ce qu'on veut et on rejoue jusqu'à ce que la pièce ne retombe pas dedans. Evidemment, trop occupés à penser au fleuve amour, les geishas nous attendant au pays et la futur maison de mes rêves en bambous, nous avons assuré comme des merdes et tout le monde nous a fait boire....
22h50 : On est out d'un accord mutuel, G. et moi, on sort un peu pour prendre l'air.
22h50'2'' : "Oh no, Five is down !" "Six, taking command !" "Oh no, six is history" Une jolie plaque de verglas dans l'entrebaillement de la porte de sortie nous prend au piège et bardaf c'est l'embardée.
22h55 : Wardin-les-bains-de-pieds connaît sa nuit la plus bruyante depuis l'offensive Von Ronschtedt, avec la venue de la Vomite-Academy en ses murs. En gros, on fait les vagabons, moi je me tiens encore, G. quant à lui, il pisse dans 3 ou 4 boîtes aux lettres fait un peu le con, toussa . On passe dans la rue et un chien, dans son enclos, se met à gueuler, on essaye de le calmer, rien à faire. Et , idée de saoulard : lui gerber dessus . On met vaguement notre plan à exécution, et miracle, on arrive à éjecter un peu de vomi... sur nous . On en a partout, sur les manches, le t-shirt (le pull étant déjà cramé si vous avez suivi ) les pompes, la totale quoi.
23h10 : Sous la menace judiciaire des voisins, nos compatriotes de classes nous ramènent, telles de braves gens, jusqu'au local.
23h30 : Complètement hors de nous (et après quelques krieks consommées, mises au frais précédemment par nos soins, afin de contrer encore et toujours les plans de l'ennemi qui consistait à nous désintoxiquer ) On s'étale sur des bancs en bois, tels de braves petits soldats patriotes constatant notre empire en déclin. Pour ma part, je chiale, je vomis, je demande qu'on appelle quelqu'un pour venir me chercher, bon, mon frère est dépêché sur les lieux du drame.
23h50 : Le prince de la gerbe s'en va fièrement, en slip, sans godasse et sans plus rien sur le torse, son chauffeur sur son épaule, dans son A4 toute neuve. Déçu par l'attitude de ses paires, il (moi en fait ) se permet de critiquer objectivement la chansonnette émise par sa boîte à musique et la qualifie très justement de "musique de pute". 1er grand effet kisscool de la soirée : Le roi du vomi se fait violemment et royalement fouttre une torgnole par une roturière : la copine de mon frère qui était devant; c'était son CD, CD que je lui avais offert au Noël précédent . Evidemment, ne pouvant tolérer un tel affront envers ma personne, je m'en allai fouttre le casin dans cette merveilleuse voiture et inventa un nouveau concept : la glissade roulante de gerbe consistant à se mettre à genoux sur la banquette arrière, mettre ses deux mains sur l'appuie tête du conducteur, puis du passager avant, puis du conducteur... tout en maintenant la tête vers le bas et la bouche grande ouverte, pour un max de sensations bien sûr .
A une heure indéterminée, nous arrivons chez moi... personne évidemment (mes parents étant partis et mon frère vivant dans son appart') mon frère retrouve péniblement son ancienne clef, il ouvre et là : blackout.
Au lever, de la gerbe évidemment partout dans les draps, les vêtements sont revenus par "pièces détachées" en sachets plastiques quelques jours plus tard à l'école . Outre les belles engueulades que je me suis prises et les nettoyages que j'ai effectués de mon plein gré, ce qui m'a le plus étonné c'est quand les autres nous ont dit qu'on s'était mis à poil dans la salle après être revenu dehors, que j'avais gerbé dans mon calebut et bon ben deviné la suite... (si vous avez suivi l'histoire, je suis pas revenu tout à fait poil pendant mon exil dans ma voiture diplomatique ) et qu'ils avaient des vidéos et des photos prises avec leurs portables . Heureusement j'ai réussi à étouffer l'affaire et à rendre les quelques documents restants confidentiels .
Seulement, nouvel effet kisskool, la mère de G. - prof je le rappelle -, plus ou moins scandalisée de notre attitude n'a manifestement pas su se retenir dans la salle des profs et disons que quelques profs avec qui je m'entendais bien (notez le temps employé ) n'ont pas hésité à faire quelques remarques suggestives pendant l'année .
Et avant-dernier effet kisscool (2 ans après quand même ) pas plus tard qu'avant-hier : je vais acheter un nouveau stylo dans une "librairie/papeterie" (un truc assez gros quand même et assez spécialisé), je vais au comptoir des stylos, il y a des clients devant, je me mets derrière tranquillos, ils font leur choix, se retournent et je reconnais la mère de G., je fais un grand "bonjour" - quel idiot je suis -, elle met un peu de temps à me remettre et crie bien fort dans le magasin, en rigolant "Ha Geddons, oui, celui avec qui G. avait fait des batailles de vomis !" . Moi : , elle , son mari : .
Dernier effet kisscool (le pire ) : je n'arrive plus à boire une goutte de saké depuis .
Voilà, bon j'vais dormir sur tout ça, j'espère que ma syntaxe est suffisamment bonne, j'ai la flemme de relire tout