Camisard1 Camisard1 = Scipion8 | kmara2 a écrit :
Je regarde pas mal de cours actuellement pour m'acculturer à la bourse, voire que souvent une baisse et suivi d'une belle hausse dépassant le point le plus précédemment enregistré. Systématiquement sur un cours à 5 ans on tombe sur une dégringolade en mars 2020, curieux n'est ce pas Je me demande quel était l'état des slibards des membres du topic à ce moment là Finalement la stratégie à l'époque aurait été d'investir massivement vu les envolées qui ont suivi, le topic était-il dans cette dynamique ?
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Oui, pas mal de panique sur le topic a l'époque, mais aussi une masterclass scipionesque (j'ai renforcé massivement avec du levier pendant le creux, j'ai fait +70% cette année-là sur mon portefeuille IB) :
Citation :
Ben moi je suis un investisseur fondamental. Je fais du DCF. Si je vois qu'un choc ne change fondamentalement pas les valeurs intrinsèques - et clairement c'est le cas pour le coronavirus - je vais maintenir et même renforcer mes positions, à l'encontre de la foule.
(...)
Et tant mieux si ça continue à baisser, je vais pouvoir renforcer moins cher. Tôt ou tard il y aura retour à la valeur intrinsèque (DCF).
Vous pouvez quote, parce que perso je ne me priverai pas lorsque ma liste de baggers se sera allongée.
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Citation :
OK sur les effets disruptifs du virus sur les chaînes de production, mais en termes de valeurs intrinsèques (DCF), l'année 2020, aux niveaux actuels des taux sans risques et des primes de risques actions, ça représente en gros 4% des valos. Donc même en supposant que l'année 2020 toute entière devienne une "année zéro" économiquement, avec une profitabilité nulle (certes, ça pourrait être encore pire), les valeurs intrinsèques des entreprises cotées devraient baisser de 4%. Là, c'est le double. Le point essentiel (sur lequel on peut tous être d'accord, je pense), c'est que quand la pandémie s'arrête il n'y a pas (ou que peu) d'effets économiques négatifs permanents (et au contraire, il y a plutôt un "risque" positif important de rattrapage dans la consommation et l'investissement).
1) Continuer le DCA tranquillement est une approche respectable et sans doute efficace : ça va te permettre d'abaisser tes PRU. C'est aussi ce que je fais, pour l'essentiel. Mais j'ajoute une petite dimension de market-timing avec des louches plus opportunistes.
2) Un point crucial (à mon avis) de l'environnement actuel de QE / taux bas / liquidité surabondante, c'est que le marché réagit au quart de tour aux nouvelles positives. Donc si tu attends bcp de signaux positifs pour acheter, en toute probabilité, tu renforceras trop haut.
Une baisse permanente de 25 bps du taux directeur par la banque centrale fait en gros monter les valeurs intrinsèques (DCF) de 6% (avec les hypothèses de taux sans risques et primes de marché actions actuels). C'est quand même très efficace. (...)
Je ne propose pas de all-in, hein, ma stratégie c'est de renforcer calmement sur des valeurs de qualité (qui restent un peu chères, je suis d'accord), par palier de correction (tous les -5%, par exemple).
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Citation :
C'est un point purement mathématique sur les valeurs intrinsèques, sur la base de l'approche DCF :
- Imagine une entreprise (ou une économie entière) qui génère un cash-flow de 100 en 2020.
- Le taux sans risque est de 1,5%, la prime de risque du marché actions (= la compensation moyenne du risque pour les actionnaires) est de 5,2%, et la croissance perpétuelle des cash-flows de 2,5% / an. (Cela correspond en gros à la situation actuelle aux USA : j'utilise le 10-year Treasury pour le taux sans risque, l'estimation de Damodaran fin 2019 pour la prime de risque du marché actions US, et la croissance potentielle du PIB US pour la croissance perpétuelle des cash-flows).
- Selon la formule de Gordon, cette entreprise vaut : 100 / (1,5% + 5,2% - 2,5%) = 2381 (valeur intrinsèque)
- Le cash-flow 2020 vaut : 100 / (1 + 1,5% + 5,2%) = 94, soit 3,9% de la valeur intrinsèque
Le marché sur-réagit naturellement aux chocs de court-terme parce qu'il est "myope", il surestime (très largement) l'importance des cash-flows de court-terme dans la valeur intrinsèque des entreprises. C'est la principale source de "macro-inefficience" des marchés boursiers.
Et plus le taux sans risque est bas (conséquence du QE et des taux ultra-bas des banques centrales), moins les cash-flows de court-terme pèsent dans la valeur intrinsèque des entreprises cotées.
C'est pour cela que je considère qu'avec la belle correction en cours, "l'élastique se tend".
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Citation :
Oui, dans un environnement de taux bas, la valeur intrinsèque est plus sensible à un changement des paramètres (prime de risque ou taux de croissance perpétuelle) :
- si le taux sans risque est de 1,5% (comme actuellement aux USA, en gros), une hausse de la prime de risque de 100 bps (de 5,2% à 6,2%) fait baisser la valo intrinsèque de 19% (une baisse d'un point du taux de croissance perpétuelle aurait le même effet)
- si le taux sans risque était de 3,5% (comme il y a 15 ans aux USA, en gros), une hausse de la prime de risque de 100 bps ferait baisser la valo intrinsèque de seulement 14%
1) Donc le marché boursier, dans un environnement de taux bas, est plus sensible à des chocs "permanents" (ou disons de long-terme) - qui influencent les dénominateurs du calcul DCF : par exemple, risques liés au réchauffement climatique et/ou aux réponses politiques à ces risques (politiques de "décroissance" etc.).
2) En revanche, dans cet environnement de taux bas, les valeurs intrinsèques sont moins sensibles à des chocs "temporaires" (disons de court-terme) - qui n'influencent que les numérateurs (sur une année ou 2) du calcul DCF - car le poids de ces premiers cash-flows dans la valo DCF décroît (par rapport à un environnement de taux plus élevés).
Le coronavirus est clairement un choc de type (2).
Cela dit, je ne parle ici que de la sensibilité des valeurs intrinsèques. La sensibilité des valeurs boursières à ces différents types de chocs est un sujet différent, le marché étant macro-inefficient - largement incompétent pour évaluer correctement ces chocs de type macro. Mais un investisseur fondamental de long-terme doit a priori garder les valeurs intrinsèques comme boussole.
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Citation :
Je raisonne toujours en termes de valorisations intrinsèques (DCF) :
- Le taux sans risque est beaucoup plus bas, c'est l'un des principaux moteurs de la croissance des valorisations depuis 10 ans. Et ça le coronavirus n'y peut rien : au contraire, il est probable que le taux sans risque aille encore plus bas (cf. la baisse du rendement du Treasury 10 ans + les anticipations de baisse de taux de la Fed et de la BCE).
- Le coronavirus ne change pas non plus (ou très marginalement) les primes de risque (de long-terme).
- Tout ce que le coronavirus peut changer c'est le numérateur du calcul DCF, les cash-flows anticipés : pour faire baisser les cash-flows anticipés sur un horizon infini de 50%, la seule façon pour le coronavirus serait de tuer environ la moitié de la population mondiale, et si possible pas les vieux (qui consomment / produisent moins) ni les pauvres.
(Des cash-flows négatifs sont évidemment possibles à court-terme mais ensuite les entreprises ajustent leur capacités de production afin de redevenir profitables.)
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Citation :
-13% sur le S&P500 c'est énorme, en DCF ça correspond juste à 0 profit en 2020, 2021 et 2022.
Parier contre les banques centrales : il y en a qui ont essayé...
Le truc, c'est que quand une banque centrale injecte 100 de liquidité, il va y avoir X% qui vont aller sur des actifs risqués (les actions, typiquement) et (1-X)% sur les actifs "sans risque" (la dette souveraine et le cash, typiquement).
X dépend de l'aversion au risque des participants de marché, et n'est donc pas directement contrôlé par la banque centrale. En période de panique X est faible.
Mais ce n'est pas un souci : au lieu d'injecter 100, la banque centrale peut, et va, injecter 200, 300, 400, ... 1000 si besoin, pour avoir 2X, 3X, 4X... 10X orientés vers les actifs risqués. ça finit par les stabiliser. Il n'y a pas de limite : la seule vraie limite c'est l'inflation. ça tombe bien, on est dans un environnement déflationniste. L'autre chose, c'est que le choc (en l'occurrence le virus) il a une durée de vie limitée. La banque centrale, non : elle sera là demain, dans 10 ans, dans 100 ans, dans 1000 ans. Et elle injectera autant que de besoin.
C'est cette double dimension - l'absence de limite sur les munitions et un horizon temporel illimité - qui explique la sagesse de Wall Street : "Don't fight the Fed" (et la BCE non plus)
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Citation :
Oui, la clef c'est d'essayer d'imaginer le monde post-COVID-19. Imaginons que le COVID-19 tue 2% de la population mondiale, soit environ 140 millions de personnes (soit 4500x plus que les 31,000 morts actuels).
Pendant la période de contagion, les entreprises font des ajustements : elles virent du staff, elles s'ajustent à une demande moins importante. Une fois la contagion finie, elles s'ajustent à la demande du monde post-COVID-19.
A-t-on une raison valable de penser que les ratios de valorisation seront différents dans ce monde post-COVID-19 que dans le monde pré-COVID-19 ? A mon sens, non. Les effets du COVID-19 (la paralysie temporaire de l'économie, la baisse de la demande, les pertes d'emplois etc.) sont essentiellement temporaires. Une fois ces effets temporaires passés, le monde revient à un niveau de demande d'équilibre, et les entreprises s'y ajustent.
(...)
Tout le monde est focalisé sur les effets de court-terme, mais pour un investisseur de long-terme comme moi, la seule chose qui compte c'est le monde post-COVID-19.
(...)
Une autre façon de voir, c'est les valorisations DCF : aux niveaux actuels de prime de risque et de taux sans risque, le cash-flow 2020 ne représentait qu'environ 4% des valorisations DCF :
- Si 2020 devient une "année blanche" (zéro profits au niveau mondial) et qu'on revient à la situation normale en 2021 (aucun effet du COVID-19 à partir de début 2021), alors les valeurs intrinsèques baissent de 4%.
- Si 2020 et 2021 sont toutes les 2 des années blanches et qu'on revient à la situation normale en 2022, alors les valeurs intrinsèques baissent d'environ 8%.
- Si 2020 devient une "année noire" avec des pertes agrégées à peu près égales aux profits agrégés 2019 (évidemment on pourrait imaginer des scénarios encore pires), et qu'on revient à la situation normale en 2021, alors les valeurs intrinsèques baissent de 8%.
- Si 2020 et 2021 sont toutes les 2 des années noires et qu'on revient à la situation normale en 2022, alors les valeurs intrinsèques baissent d'environ 16%.
Mais ces baisses des valorisations DCF sont avant impact des mesures des banques centrales : une baisse permanente de 200 points de base du taux sans risque (la Fed a baissé son taux directeur de 200 point de base) donnerait un +48% sur les valorisations DCF... Mais cet effet n'apparaît que progressivement, au fur et à mesure que les participants de marché intègrent ces mesures de la banque centrale dans leurs anticipations.
Donc avec des baisses de -25% sur les indices depuis le début, je pense qu'on est clairement sur des niveaux d'achat, pour un investisseur de long-terme.
En revanche, si on est adepte du market-timing, des liquidités, des trades de court-terme, et/ou si on est fragile, je n'en sais rien : les marchés sont myopes et peuvent très bien perdre encore 25%, ou bien gagner 25%, le prochain mois...
Je me rends compte à l'occasion de cette crise que bien peu de gens comprennent et intègrent les leçons de John Bogle dans leur process d'investissement. Sur le papier il y avait beaucoup de croyants, mais dans la réalité bien peu de pratiquants.
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Tu peux aussi voir les réactions pour bcp moqueuses à ces posts de bon sens. Mais j'avais triomphé dès avril 2020 (et je n'ai pas vraiment cessé depuis) :
Message édité par Camisard1 le 25-01-2024 à 23:50:00 ---------------
Ce blog sur la bourse et l'économie est sensationnel : https://scipion8.substack.com/
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