Reprise du message précédent :

Il y a aussi une notion d'exposition qui est assez floue. Avec le billet jumelé collections+expositions temporaires, on a accès à toutes les expositions. Avec le billet séparé tu avais (billet de base) l'accès aux collections, et aux petits accrochages temporaires et expositions-dossier qui étaient visibles directement dans les salles, ce qui a l'air d'être le type d'exposition décrit ici. Si tu voulais voir une des grosses expositions thématiques du moment, c'était un billet à part et dans ce genre d'exposition tu peux passer autant de temps que dans un musée.

On parle d'exposition dans tous les cas, mais c'est pas la même chose un accrochage de douze tableaux dans une salle, avec un propos autour, ou bien une exposition consacrée à un objet qui vient d'être restauré par exemple (je ne sais pas si c'est toujours le cas mais il y avait une petite salle aux Antiquités orientales où ils faisaient ça régulièrement), ou bien un gros truc monographique sur Delacroix ou Poussin qui a pris x années à préparer, qui a des prêts de partout, une scénographie dédiée, tout un propos scientifique, et qui te prend huit salles dans un espace dédié.

Je trouve que le billet jumelé tend à diminuer le statut et la nature particuliers des grosses expositions. À l'opposé, on peut aussi dire qu'il y avait des expositions temporaires qui étaient « cachées » par le fait qu'elles étaient dans les collections et qu'elles ne nécessitaient pas de billet particulier, ça faisait d'elles quelque chose qui était dans le train-train de la vie du musée et on peut perdre de vue le travail demandé, la volonté de montrer un propos ou d'enseigner quelque chose, etc. (je pense aux expos de la chalcographie dans les salles de peinture française, où ils invitaient un artiste contemporain à proposer un accrochage, à l'expo sur les cadres il y a quelques années, etc.).

Je trouve que le billet commun tend à aplatir toute cette variété entre les énormes expositions de l'espace d'expo, les expos moyennes du département des Arts graphiques qui sont dans les salles au-dessus, les expositions-dossier dans les galeries du musée, et les accrochages temporaires thématiques.

C'est dommage, c'est pour moi le seul coin tranquille du centre (sinon trop de bruits de bagnoles). La prochaine fois

Après tant d'émotion et de romantisme échevelé, un peu de science m'sieudames.

J'ai visité le musée Marie Curie Maria Skłodowska-Curie de Varsovie. J'avais visité celui de Paris, je pouvais pas faire autrement

Déjà, pour commencer, c'est une balade sympa. Si vous partez de la statue du monsieur que j'ai posté plus haut, vous avez deux possibilités : soit vous longez ce mur en brique qui reprend l'ancienne fortification de la vieille ville, soit vous traversez cette dernière, qui est pleine d'immeubles de toutes les couleurs (jaunes, verts, roses, rouges) aux façades décorées. C'est super choupi et méga carte postalesque si c'est votre groove. L'un comme l'autre chemin vous amène à la Barbacane, porte des remparts, très instagrammable aussi, c'est un pont fortifié par-dessus les douves, avec de petites tourelles pointues, tout ça en brique.

Le musée se trouve juste après et est dans une grosse maison de ville XVIIIe toute blanche et pimpante, qui est la maison natale de Marie Curie (street view). Donc c'est pas très grand comme musée. Il y a une exposition temporaire au rez-de-chaussée et trois-quatre pièces au premier étage, et une boutique avec de super t-shirts.

C'est assez marrant de voir une autre Marie Curie Je veux dire, celle que j'ai en poster dans ma cuisine, c'est elle :

On n'est pas du tout habitués à la voir jeune, souriante et avec des bouclettes (d'ailleurs c'est tellement peu courant que j'en trouve pas d'exemple sur Google Images). La première pièce du musée (qui se visite avec un audioguide) présente sa jeunesse et sa famille, avec des objets personnels, photos, carnet de chansons populaires calligraphiées, photos de la ville de l'époque, et arbre généalogique. C'est un peu une famille de gens sérieux, des profs et des médecins, et sa sœur aînée Bronisława (médecin à une époque où c'était pas évident pour une femme) est passablement célèbre aussi. À part quelques exceptions, personne n'a l'air très marrant sur les photos.

Il y a une seconde salle qui reconstitue un laboratoire, avec au mur une table périodique d'époque où il n'y a pas encore de Polonium et toute cette sorte de choses. C'est plus sombre en vrai que sur cette photo, où la pièce a l'air plus grande qu'elle n'est.

Mon objet préféré dans cette salle est un mini décor de Marie Curie, The Musical. Je n'avais aucune idée qu'une telle chose existait

La salle suivante est pleine de panneaux explicatifs, sur la radioactivité, les découvertes des Curie, la mort de Pierre, c'est plein de photos intéressantes de toutes les étapes de la vie de Marie Curie jusqu'à sa mort, y compris des photos de sa maison parisienne qui est l'actuel musée à Paris, ça fait drôle d'aller au musée polonais pour voir des photos du musée français. Il y a deux autres salles à l'étage, une petite pièce avec un film documentaire en polonais et en anglais (j'étais là au moment de la version polonaise, mais c'est très compréhensible, c'est raconté par petits pictogrammes, y compris pour expliquer le scandale avec Paul Langevin), et une petite pièce reconstituée pour redonner l'ambiance de la maison natale (bibliothèque paternelle, guéridon de la famille, etc.) avec l'addition d'une vitrine avec des verres radioactifs qui brillent fluo.

Au rez-de-chaussée, il y a un petit espace d'exposition en trois salles qui accueille en ce moment une expo sur le voyage américain de Marie Curie. Elle est allée aux États-Unis sur l'Olympic, un des sisterships du Titanic, et a fait une tournée là-bas, entre autres accueillie par le président qui lui a offert un gramme de radium (la valisette qui le contenait est visible au musée parisien). L'exposition parle, d'une part, de ce voyage en particulier, d'autre part, de ce qu'était ce type de voyage à l'époque (vaisselle, photos de l'intérieur et du pont du paquebot, etc.).

Il n'y a pas de fenêtres, mais un artifice de muséographie marrant y remédie : dans les « hublots » projetés au mur, de petits films qui bougent

L'objet dans la vitrine de gauche est une invitation pour venir assister au gala lors duquel le président remettra un gramme de radium à Madame Curie. Il y a quelques souvenirs dans la pièce suivante (un presse-papiers en bois fossile qu'elle en a rapporté, etc.) et beaucoup de unes de journaux de l'époque, « Madame Curie arrive à New-York avec ses deux filles », « Le plan de Marie Curie pour éradiquer le cancer » et mon préféré :

Facts

Marie Curie, The Musical

 
Les deux expos annuelles dans les espaces du Hall Napoléon sont à peu près toujours d'excellente qualité (tant sur les oeuvres prêtées que sur le discours scientifique). De mémoire, ces dernières années, on a eu : Poussin et Dieu, Delacroix, Vermeer/Valentin, Léonard, Bouchardon, Hubert Robert, Sculptures de la Renaissance, François Ier et l'art des Pays-Bas, Royaumes Hittites, etc.  
 
Et 15-20 euros (je sais plus quel est le prix du billet au Louvre exactement), c'est un prix équivalent aux expos du même format à Paris.

Je parlais des temporaires, je n'ai pas précisé.

 
Les liens streetview pour l'immersion, c'est assez génial comme idée. Quels CR....  

 
   
 
Moi aussi, je parle d'expos temporaires : les deux grandes expo temporaires qui ont lieu chaque année au Louvre (une à l'automne, une au printemps). C'est celles-là les vraies expos du Louvre. Celles qui avant étaient vendues séparément des collections permanentes.
 
Les petites expos-dossiers disséminées dans les collections permanentes, elles ont toujours été en bonus du billet des collections permanentes.  
 
Après, je suis d'accord que la com du Louvre n'est pas toujours claire ces derniers temps et qu'on peut avoir l'impression qu'une expo-dossier est une grosse expo du Hall Napoléon.

D'ailleurs, vu qu'on parle des grosses expos du Louvre, cet automne ce sera une expo thématique sur l'histoire de la Nature Morte.
 
En 2023, le Hall Napoléon sera fermé pour travaux mais il y aura quand même une expo extraordinaire : le musée Capodimonte de Naples (en travaux) va prêter une trentaine de tableaux, dont ses chefs-d'oeuvre (plus des objets d'arts et des estampes et des dessins) !
 
Il n'y a pas encore la liste complète mais on annonce : la Crucifixion de Masaccio, la Transfiguration de Bellini, la Danaë et le portait de Paul III de Titien, la Flagellation de Caravage, trois Parmesan (dont le portrait de jeune femme).
 
Les tableaux seront exposés dans la Grande Galerie, au milieu des autres tableaux italiens, et les objets d'art, dessins, estampes dans le pavillon de l'Horloge.

J'aurais dû y penser plus tôt, je trouve ça cool de pouvoir voir le musée dans son environnement

Tu m'envoies un peu du rêve là, ça donne envie !

 
Et si j'ai bien compris, on les garde 6 mois ! De juin à décembre 2023.
 
Je sais pas ce que le Louvre a promis en échange mais c'est un beau coup. Le musée Capodimonte aurait pu, comme beaucoup de musées en travaux, faire tourner une expo "Chefs-d'oeuvre italiens" un peu partout dans le monde pour faire rentrer des sous.

Dans la newsletter de Maillol aujourd'hui, à propos de l'expo Hyperréalisme - Ceci n'est pas un corps :

Je suis quelque part entre « WTF » et « après tout pourquoi pas, ça se tient »

Voilà une action qui devrait faire fuir les pots de peinture, mais les cadres seront-ils blancs ?

Je rattrape enfin mon retard
Merci pour tous ces CR, c'est top à lire !
J'adore les petites cailles trop choupites dans la neige    
L'église de la Trinité me dit trop quelque chose, je suis sûre que j'ai vu des vidéos de concerts là-bas

Les perdrix c'est un des tableaux que j'ai préférés de tout ce que j'ai vu

Pour finir, j'ai visité le Palais royal. Pour vous situer, c'est là : Street view. Si vous regardez un peu autour de vous, il y a le palais lui-même, l'entrée d'un quartier de la vieille ville avec les immeubles de toutes les couleurs, le début du rempart en briques dont je parlais dans un CR précédent, la colonne de Sviatcheslav Stanislas Sigismond, un roi du XVIe qui devait être très-chrétien, il balade une croix plus grande que lui.

Le château est un énorme quadrilatère avec des bouts en plus, en brique, refait après la guerre de 39-45. Il a été à peu près complètement détruit (sauf peut-être le sous-sol gothique ?), entre les bombardements, les incendies et les destructions volontaires des nazis. Par exemple, une photo de 1945 :

« Beau potentiel investisseur, rafraîchissement à prévoir. »

C'est un des trucs importants de la visite. Par exemple, il y a au centre de la grande cour, dans le quadrilatère, une des très nombreuses urnes dans lesquelles on a collecté des fonds, en particulier auprès de la diaspora polonaise, pour la reconstruction. Cette dernière est mentionnée souvent, j'y reviendrai. J'étais là un peu par hasard, il y avait un panneau exposition Botticelli c'est pas ma faute

Le palais se visite en trois tranches, on peut prendre un billet pour la collection de peinture au rez-de-chaussée, pour les appartements royaux du premier étage, et pour les appartements sous les toits. J'ai visité les deux premiers seulement car j'avais très peu de temps. La collection de peintures est mimi et il y a quelques tableaux très chouettes, des Rembrandt un portrait de Charles Ier de l'atelier de Van Dyck, des natures mortes (il y a beaucoup de peintres flamands). Certains ont leur propre installation, comme une petite madone d'Uccello qui a un mur rien que pour elle avec un éclairage de star, mais c'est la première salle, avec les deux Rembrandt, qui fait le plus « vulgar display of power ».

Pour ma part, j'ai beaucoup aimé cette nature morte de Van de Welde :

La collection de tableaux est suivie de plusieurs salles dédiées à des objets d'art : des pierres gravées, de la vaisselle, des armes, etc. Le parcours se termine dans une geôle, où il reste des blasons gravés sur les briques par les prisonniers gardés là. Une salle voûtée et décorée d'enduits peints est dédiée à l'exposition Botticelli, en fait un tout petit truc (mais mimi) : c'est une exposition de neuf tableaux, deux nouvelles acquisitions et sept prêts d'une collection de Bergame. C'est tout petit, mais il y a un côté « un de chaque » : un petit Lotto, un petit Véronèse, etc. L'exposition est intitulée « Botticelli raconte une histoire » et c'est lié au tableau de lui qui est exposé, la légende de Virginie, encore une de ces jeunes Romaines malmenées par un affreux, et dont le sort conduit à une révolution contre une aristocratie corrompue et corruptrice (ça rappelle l'histoire du viol de Lucrèce par Tarquin). Le tableau est joliment exposé, et les différents épisodes de l'histoire, racontés sur le tableau, sont détaillés. C'est à la fois un grand et un petit tableau, il fait 1m65 de large (donc assez grand) mais il s'y passe des tonnes de trucs, donc il est petit pour tout ce qui s'y passe.

Le premier étage est un château royal classique, au sens Versailles et compagnie : salle de bal (où un pianiste se chauffait donc j'ai visité en musique <3), salle(s) du trône, chapelle, pièces d'apparat et/ou de travail. À l'entrée, un accrochage spécial d'un tableau d'Angelika Kaufmann représentant Cornélie, mère des Gracques. Il y a de la dorure jusqu'au plafond de partout, des parquets qui brillent, des boiseries qui vont bien.

L'aspect reconstruction est régulièrement évoqué, et je trouve ça très intéressant. Par exemple, il est indiqué dans certaines pièces que les morceaux de boiserie en assez bon état ont été replacés, les autres reconstitués, que tel trône a été refait d'après des descriptions d'époque, que la broderie d'aigles en argent géants avait été complètement détruite mais un des aigles s'est retrouvé aux USA et a été offert à la Pologne dans les années 90, et que les autres ont été refaits d'après lui, etc. Je trouve ça intéressant quand c'est expliqué. Le résultat est parfois plus ou moins réussi (certaines des peintures du plafond sont un peu bizarres), ça dégueule un peu de baroque et de néoclassique doré partout, mais à mon avis c'était déjà kitsch à l'époque

Il y a quelques pièces un peu pas très subtiles dans le display of power, une qui est du sol au plafond décorée (y compris des fausses draperies) en marbre et pierres dures, une pièce en marqueterie et incrustations de trucs, mais celle que j'ai trouvée la plus marquante est la pièce aux Canaletto. Les mecs se font construire une antichambre proprette, mais on va pas mettre des boiseries comme des gueux, on va plutôt téléphoner à Canaletto et lui faire peindre une vue de Varsovie pour chaque rectangle libre (au-dessus d'une porte, entre deux fenêtres) de la pièce, et les insérer dans la boiserie. Y en a vingt-deux dans la pièce, y en a jusqu'au plafond

Le truc bien c'est que c'est le genre de conneries que les envahisseurs (Napoléon le premier…) décrochent quand ils se pointent, donc les nazis sont partis avec et ils ont apparemment pas cramé avec le reste. J'ai quelques photos perso mais elles sont vraiment dégueulasses, donc merci Wikipédia

C'est aussi à cet étage qu'on peut visiter le bureau de présidents de la république de Pologne donc j'imagine qu'ils ont gouverné depuis là pendant un moment.

C'était donc une visite de Varsovie très concentrée avec des lieux plutôt proches et tous liés aux mêmes époques (même le musée Marie Curie qui est dans un bâtiment XVIIIe). Je n'ai pas vu la Varsovie communiste, par exemple, j'ai zoné la nuit suivante autour du Palais de la culture et de la science (ça) avant de repartir, je pense que si j'avais eu une demi-journée de plus j'aurais bien visité le musée des sciences qui s'y trouve.

Les expos du hall Napoléon sont toujours top et valent leur prix
Typiquement, j'ai dû rester deux bonnes heures à la dernière sur les pharaons de Napata.

Et je suis toujours dégoûté d'avoir raté celle sur les hittites il y a quelques années

Dans la série musée qui ouvrent ou qui rouvrent, il y a celui de la BNF qui a l'air assez chouette. Je ne sais pas si vous l'aviez vu dans sa version précédente, il était un peu planqué, c'était le Cabinet des Médailles et des Antiques et on pouvait le visiter dans les locaux historiques de la BNF, rue de Richelieu.

Comme l'ancien nom l'indique, c'est bien plus qu'un musée « de la BNF » : c'est l'une des plus anciennes collections françaises, parce qu'elle vient directement du cabinet des médailles royal, et parce qu'elle s'accroît d'acquisitions et de dons des collections privées de très grands amateurs d'antiquités français.

Parmi les noms qui passent, on peut citer l'abbé Barthélémy, un monsieur qui s'était intéressé à l'égyptologie et avait écrit, genre en 1761, qu'un jour si on trouvait un monument sur lequel on avait une inscription en égyptien et dans une autre langue, le déchiffrement des noms dans les cartouches permettrait le déchiffrement des hiéroglyphes, autant dire que cet homme avait du nez Et on peut penser aussi au comte de Caylus. Ce dernier est un personnage très intéressant, parce que non content d'accumuler une collection assez exceptionnelle d'antiquités grecques, romaines, étrusques et égyptiennes, il l'a publiée avec des dessins sous tous les angles, des gravures. C'est le début des catalogues, et une publication ancienne, (finie en 1767) mais dont l'intention se rapproche de publications scientifiques d'aujourd'hui.

Le cabinet des médailles, c'est aussi là où on colle des trésors archéologiques un peu fancy, avec comme stars le « trône de Dagobert » (un élégant siège carolingien), le Grand Camée de France (en fait un grand camée romain mais c'est bien aussi ) et d'autres pierres dures gravées, et le trésor de Childéric Ier, avec la garde de son épée en or incrusté de grenats. Mais il y a aussi plein de trucs qu'on ne s'attendrait pas forcément à trouver là, je me rappelle y avoir vu un kudurru babylonien par exemple, une sorte de pierre/stèle frontière gravée avec des symboles de dieux.

Auparavant, il était dans deux-trois petites pièces un peu planquées, avec des vieilles vitrines un peu désorganisées, et organisait de temps en temps des expositions temporaires, j'en avais visité une sur la collection de vase grecs à figures rouges et noires du comte de Caylus. Il vient de rouvrir dans des locaux plus grands et ça a l'air beau comme tout. J'ai l'impression qu'ils en profitent aussi pour illustrer l'aspect livres de la BNF, avec des manuscrits exposés.

Si vous jetez un œil ici : https://twitter.com/adriengoetz/sta [...] 5301118979 vous verrez sur la première photo le trône de Dagobert, et sur la seconde le Grand Camée de France et une reliure orfévrée qui a l'air pas trop dégueulasse. Et on dirait qu'ils n'ont pas choisi les plus moches des locaux non plus si on regarde la pièce derrière la vitrine

Désolé de casser l'ambiance et le CR de Biez, mais dans le musée où je bosse en résidence en ce moment, ils me disent qu'il se pourrait que les musées ferment pour économiser l'électricité. Vous avez entendu parler de ça ? On parle de fermeture temporaire, quelques jours par semaine ou autre chose ? (en même temps, certains ont de tels volumes, que si on stoppe le chauffage quelques jours, le temps de tout re-chauffer ça, c'est encore pire non ? Donc ça serait fermeture tout l'hiver voire printemps non ?)

Si c'est orienté chauffage, ça me paraît une drôle d'idée pour deux raisons : d'une part, quelques degrés de moins n'empêchent pas la visite (donc « suffirait de » baisser un peu le thermostat pour faire pas mal d'économies), d'autre part, tu ne peux pas couper le chauffage comme ça d'un point de vue conservation préventive, y a des objets qui vont littéralement exploser

Est-ce que c'est pas plutôt une idée d'économie d'électricité en général (plus de machines, pas d'éclairage, éventuellement pas chauffer les lieux de passage hors collections) voire d'économie tout court (pas payer la personne qui ferait le ménage, les gardiens de salle, etc.) ?

En tout cas je n'ai pas entendu parler de ça mais vu ce qu'on entend sur d'autres domaines (j'entendais tout-à-l'heure un reportage sur une mairie qui fermait des trucs pour l'économie d'électricité et qui virait des CDD pour l'économie tout court) ça ne paraîtrait pas impossible.

(Ça peut faire rager d'ailleurs, parce que je pense qu'on a tous visité un jour ou l'autre un musée complètement surchauffé ou climatisé façon pôle nord et qu'on s'est dit que c'était bien nouille.)

Edit : par exemple, j'ai travaillé (et je connais des gens qui habitent) dans des immeubles construits ou rénovés dans les années 60-70 où de nos jours encore tu as un bouton qui règle le chauffage pour tout l'immeuble. Et donc on surchauffe pour que les gens qui sont dans la pièce mal isolée ou du côté froid de l'immeuble ne souffrent pas trop. Je trouve ça incroyable que ça existe encore. Genre mon pote a fait isoler son appart, ça doit être un des seuls de l'immeuble, il fait 30 chez lui la moitié de l'année et il peut pas baisser le chauffage.

Quid des putains de tours de la Défense illuminées jour et nuit

 
La ville de Strasbourg a décidé de fermer ses musées le midi et deux jours complets par semaine (au lieu d'un) pour des raisons d'économie. Mais sur le personnel pas sur le chauffage ou l'électricité.
 
Je ne pense pas que le chauffage et l'électricité soient un problème critique pour les musées. Ou alors, c'est qu'on aura un problème général et ça ne concernera pas que les musées.

C'est ce que je me disais oui

Le musée du vieux Toulouse, privé, ferme l'hiver à cause des coûts de chauffage

Et ben moi je suis à bord de mon petit musée historique associatif jusqu'à dimanche, pleins feux nom de dieu !

C’est sûr qu’en tant qu’agent d’accueil et de surveillance posté 35h par semaine dans un bâtiment en accès libre et gratuit je vais devoir plancher sérieusement sur les moyens de faire baisser la facture d’électricité. Couper des panneaux, éteindre des films, virer des ampoules, je sais pas, mais il va falloir trouver. Parce que ce n’est pas demain que le ministère nous allouera de quoi poser des panneaux solaires sur le toit à 20 mètres d’un alignement de mégalithes.

Pour les petites structures c'est assez terrible

Passer au LED et isoler le bâtiment ?

Investir de l'argent lol

(Évidemment qu'il faudrait, évidemment il aurait fallu depuis trente-cinq ans, mais comme d'hab y a pas de budget, ou plutôt la tutelle préférera toujours coller la moula ailleurs parce que ce genre de truc c'est cher et ça sert à rien et après OH C?EST TROP TARD É PI CÉ LA CRISE ON N?A PLUS DE SOUS.)

C'est un classique « je ne me prépare pas à un problème pendant des années, de toute façon avec un peu de bol ça va bien se passer » et « on repousse d'un an je vais utiliser la thune ailleurs la charpente va tenir » et « merde le toit est tombé comment j'aurais pu deviner ohlala mais c'est pas ma faute vous comprenez la conjoncture mon pauvre monsieur ma pauvre dame maintenant il faut que je paie ce toit qui est tombé je n'ai pas les moyens de gérer vos petits problèmes ».

Au contraire, j'ai l'impression que les collectivités locales aiment bien investir dans des projets du type "rénover/agrandir le musée" (avec, du coup les mises au normes énergétiques, environnementales, PMR, etc., dans les contraintes de bâtiments souvent MH).  
 
C'est un geste visible que les élus peuvent mettre en avant dans leur bilan. C'est plus sur le fonctionnement que ça va radiner.
 

Tu as raison, parce que c'est un gros projet et les gens aiment les gros projets un peu flashy, mais on a tendance à fonctionner de gros truc en gros truc, et à négliger l'entretien, les petites réparations, les petites rénovations entre temps, je trouve.
 
Edit : je sais pas pourquoi, je pense aux salles gallo-romaines du musée d'Archéologie nationale avant rénovation, avec leur lambris années 70, leurs ampoules cuites, leur chauffage à 37°C et leur moquette bleue sale et fripée

Pour nuancer, ce que je dis vaut pour les musées municipaux. Quand je visite des musées municipaux en France, y compris dans des petites villes, je tombe rarement sur un musée dans son jus depuis 30 ans. Comme exemple de musée dans son jus, j'avais le MBA de Reims en tête mais je vois qu'il est en phase de rénovation.    
 
Par contre, sur le patrimoine dépendant des villes (notamment les églises), là je vois un manque d'investissement.

Y a l'air d'y avoir des trucs pas trop moches dans la collection c'est cool https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C [...] s_de_Reims
 

Les églises ça dépend aussi de leur date de construction, ce qui est post-1905 est souvent plus moche que ce qui est plus ancien parce que l'État ne paye pas.

 
Pour les églises paroissiales pré-1905, ce sont les villes qui sont proprio (pas l'Etat). Et souvent, elles ne restaurent que quand ça tombe littéralement en ruine et que ça devient dangereux pour la sécurité des personnes.

Voire elles démolissent parce qu'elles n'ont plus les moyens, je pense à l'histoire autour de l'église d'Arc-sur-Tille (un truc néoclassique à colonnes) qui n'était pas entretenue et que la mairie voulait détruire. Ça s'est pas fait, mais j'ai en mémoire des images récentes d'une église en train d'être détruite à la grue, ça doit pas marcher à chaque fois.

Et comment ça se passe pour les églises d'avant 1905 mais reconstruites après ? Je veux dire, la notion « église-à-cet-endroit » est antérieure à 1905, mais si on détruit le bâtiment, alors ça sort du giron de l'État ou de la Ville (j'imagine) pour passer sous la responsabilité de l'Église/l'Évêché/etc.? Si oui ça paraît un peu nouille de la part de ces derniers alors qu'ils pourraient avoir un truc vaguement entretenu aux frais de la princesse

J'y pense parce que j'ai habité à côté de cette chose :

(Ils l'illuminent avec du néon bleu la nuit, c'est du meilleur effet sur la façade noire de crasse, le boulevard est un peu une autoroute donc c'est très pollué.)

Et Wikipédia m'informe qu'il y avait auparavant une église néogothique mi XIXe qui a été détruite et remplacée par la nouvelle dans les années 60. Mais l'article dit aussi que le clocher a été construit par la Ville, qui a aussi fait don de deux des trois cloches.

Mais quelle horreur, rendez-nous le néo-gothique pompier svp

Royan est pas mal aussi niveau églises de bon goût.  
 
Entre Notre-Dame, qui ressemble le jour à un vaisseau de l'Empire dans Star-wars et la nuit au château de la marâtre de Blanche-Neige
 

 

 
et Notre-Dame-de-l'Assomption qui semble tenir plus de la théorie des Anciens Astronautes que d'une quelconque filiation avec l'Ancien Testament
 

 
c'est vraiment le pays des merveilles.

Nous on va nous distribuer des plaids cet hiver !