Reprise du message précédent :
 
 
Je ne l'ai pas lu mais "Parmi les loups et les bandits" semble coller pile poil à ta demande :
 
https://www.lesechos.fr/11/10/2016/ [...] ricain.htm

Bernanos, en réponse à l'Académie française qui lui offre un siège :

 
Sacré égo le bonhomme!  

Ah oui j'en avais entendu parler,merci

En même temps il a raison. L'académie c'est l'EHPAD des écrivains.

Et de politiciens, ecclésiastiques, militaires, nobles, notables, éditorialistes de presse...

Un endroit fort peu conseillé en somme.

Terminé Corsaire de la république de Louis Garneray, le récit des aventures maritimes de l'auteur. Un livre court, passionnant et assez fou – sincèrement j'ai eu du mal à croire que toutes ces aventures lui soient vraiment arrivées.
J'ai été surpris par le style du livre, très orienté action ; dans ma tête à cette époque-là on écrivait pas comme ça. J.P.S. (je sais pas de qui il s'agit ! ) en parle dans la préface, en expliquant que l'auteur a présenté ses mémoires au ministère qui a refusé de les publier "son style n'a pas la froide rigueur qui convient", puis aux gazettes "où on lui fait le reproche inverse". Son texte sera finalement réécrit et publié, puis réécrit et réécrit encore. C'est la première réécriture qui est publiée chez Phébus (le manuscrit original a disparu) ; moi j'ai adoré.
 
Deux extraits vite fait, l'un pour montrer que parfois le vocabulaire marin c'est costaud :

 
L'autre pour montrer l'enthousiasme de l'auteur :

je crois avoir parlé de lui ici il y a quelques années, ce type a vécu les pontons anglais et bien des aventures, un vrai marin, quoi.
Ses peintures sont très réussies et très réalistes, il est surtout connu pour elles, d'ailleurs. Un vrai charme, je suis bien d'accord.

Ça me fait penser aux Patrick O’Brian, bourrés d’action mais les 3/4 écrits en schtroumpf, c’est frustrant à lire

Pareil ici, je viens de le terminer  
Un style très simple, maigre et épuré, rien en trop. J'aimais bien sans le trouver extraordinaire, et puis il y'a la fin, qui m'a fait passer cette lecture de bien à excellente.

 
ça me fait penser au topic Pizza  

Mais oui !

(Un épisode évoqué dans le livre d'ailleurs ; les français commandés par Surcouf sont sur le plus petit bateau, à droite.)
 

J'ai lu Maître à bord mais le Garneray m'a davantage plu. Plus enlevé je dirais (de mémoire lointaine).
 

Je crains de ne pas te suivre.

 
Et puis bon c'est quand même un bien bel objet, le papier est particulièrement agréable au toucher.

Les mal-aimés de jean-christophe Tixier

Je préviens de suite, ici pas de plongée DANS le bagne. J'avais du lire de travers la 4eme, car c'est pour ça que je l'avais acheté, mais tout ne sera que souvenirs ou on-dits. Du coup l'histoire, qui se passe en 1901 (mais ça sera passerait en 1700 ça serait la même) c'est vraiment celle de cette vallée encaissée, et pas celle des gamins. La trame n'est pas fofolle, on va pas se mentir. Ça fait très honnêtement le boulot, nous racontes ces vies paysannes rongées par les souvenirs, les non-dits et la violence, mais rien de reversant non plus. Par contre l'écriture, je me suis régalé. Il a réussi à imprégner sa plume de la lourdeur de la terre, la puanteur des chairs, la misère et les contradictions des sentiments. J'ai vraiment été happé par sa façon d'écriture, cette impression totale d'être dans le terroir absolu, brutal, sans concession, du coup c'est passé crème

En tout cas pour un mec qui n'écrit que du roman jeunesse, je dit bravo

Par contre après Grace de Lynch et né d'aucune femme de Bouysse (auquel celui ci m'a fait penser) il va me falloir un break dans la misère paysanne

ça flaire un peu l'arnaque car ça semble promettre des enfants dans un bagne avant d'annoncer un truc beaucoup moins cool, mais malgré tout, ça m'attire. Je lirais si je trouve une édition électronique

Brian Bates : Le Sorcier. La voie du Wyrd

J'ai dans la main un machin improbable et brocanté vendu 110 f en 1996, ce qui m'émeut déjà et me fait rentrer en vibrations. Bon, je l'ai pris, parce qu'on me dit qu'il fait rien de moins que la synthèse entre Tolkien et Castaneda. Ouch !
(Wyrd, nom de l'ancienne magie du nord a donné weird en anglais moderne). Vu les références, a intérêt d'être magique, le machin, on verra.

   
 
(Je n’avais jamais entendu parler de ce Castaneda. Renseignement pris, il avait l’air très wyrd).

Très à la mode dans les 70's chez les babas, très oublié aujourd'hui. Le premier d'une longue série de gourous de Gir/Moebius.

Un temps où le petit ricain blanc découvrait la culture du mexicain, au lieu de lui flanquer un mur dans sa yeule. En revanche, le Vietnam, aujourd'hui, c'est cool et pas si cher.

Terminé Qui se souvient des Hommes... de Jean Raspail, un roman autour de l'histoire des Kaweskars (ou Alakalufs, enfin moi j'avais jamais entendu aucun de ces deux termes), habitants nomades du détroit de Magellan. Sur la 4e de couv ils parlent de "tragédie" ou d'"épopée", c'est une bonne façon de voir le livre.
En gros le récit début plusieurs milliers d'années en arrière avec l'arrivée des Kaweskars en terre de feu et leur adaptation à cet environnement extrême, se poursuit avec la découverte du détroit par les européens et se termine par leur extinction plus ou moins contemporaine. Un livre court et dur ; on y croise pas mal de gens très connus (Darwin en particulier, mais aussi et surtout pas mal de marins) ; une lecture plutôt intense au final. Très intéressant.

 
Merci Parappa. J'ai lu ce livre il y a bien 25 ans, je compte sur les doigts d'une main les récits qui m'ont laissé une telle impression. Je ne m'en suis jamais vraiment remis
 
Difficile à résumer, c'est une sorte de docu-fiction qui pose plein de questions fondamentales, sur l'identité, le rapport à la nature, le progrès, le racisme, la religion.
 
La principale référence du livre est Les nomades de la mer (1953) de l'ethnologue José Emperaire

Il s'agit véritablement de la même histoire, mais scientifique, sans le côté romancé du bouquin de Raspail. Encore plus déprimant, d'une certaine manière. Cet ouvrage de référence a été réédité en 2003, je l'ai acheté et dévoré aussi sec, mais il semble être de nouveau épuisé depuis.
 
Il faut lire Darwin aussi  
 
Il faut savoir que Jean Raspail est un véritable facho, à l'ancienne, tendance vieille France, et ultra catholique. C'est le précurseur de l'ignoble théorie du "grand remplacement", même s'il s'agit d'un intellectuel brillant qui y met infiniment plus de nuances que les nazillons qu'on entend ces jours-ci.
 
J'ai toujours trouvé absolument vertigineux le contraste de l'humanité avec laquelle Raspail a parlé des Alakalufs avec la teneur extrémiste de certains de ses articles sur l'actualité. Il faut voir aussi comment lui-même admet n'avoir jamais réussi à concilier le sort des Alakalufs avec l'image du dieu catholique universel et bon. Dans une postface il écrit comment il a été marqué à tout jamais par la vision du canot d'une famille d'Alakalufs, au point de douter profondément de sa foi.
 
Le commandant Cousteau a été l'un des derniers à filmer les Alakalufs dans leurs conditions de nomades (j'ai vu la séquence, mais malheureusement je ne sais pas si on peut la trouver quelque part). Bien des années plus tard, l'équipe de Thalassa est revenue filmer certaines personnes rencontrées par Cousteau, mais après avoir quitté leurs canots et s'être plus ou moins intégrées à la ville.
 
Je me souviens parfaitement bien que cette émission de Thalassa, où l'émotion était palpable, a été diffusée la même semaine qu'un numéro d'Ushuaia Nature tourné dans la même région. Là encore un contraste vertigineux: aucune image spectaculaire dans Thalassa, simplement des visages humains et des malaises profonds, alors que dans le même temps Hulot se pignolait sur un micro-organisme capable de tracer son chemin dans la banquise... il n'y avait absolument personne sur les images de TF1  .
 
Aujourd'hui les Alakalufs ont disparu. C'est l'un des plus anciens peuples humains, et c'est aussi l'un des très rares à avoir été étudié scientifiquement avant de disparaître. De temps en temps on reparle de leurs descendants métissés, comme très récemment dans un reportage (vraiment pas terrible) de Céline Cousteau passé sur la 3.
 
On est dimanche, les magasins de bricolage sont ouverts, je vais pouvoir me trouver une corde  .

Intéressant ton post, j'aurais pas imaginé en lisant le livre qu'il puisse avoir des tendances extrémistes (je connais pas cette histoire de grand remplacement mais ça fait trois fois en quelques jours que j'en entends parler. )
En tout cas le livre est passionnant et effectivement terriblement déprimant. (Et bien écrit, je l'ai même pas dit tiens.)

Alors tu devrais te tourner vers Le Camp des saints du même auteur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Camp_des_saints

J'ai pas lu, et je ne lirai pas, le Camp des saints mais:

 
 
Ceci étant, perso j'ai ressenti une profonde humanité dans Qui se souvient des hommes, mais je peux tout à fait imaginer une interprétation différente.

Alors non, je ne vais pas le lire parce que ça n’a pas l’air très intéressant de mon point de vue. Ce qui m’amuse, c’est que si j’avais su tout ça avant d’acheter le livre, je pense que je ne l’aurais pas pris.

 
oui pareil pour moi, j'ai appris après  

Désolé de rabaisser le niveau, mais pendant ce temps j'ai fini La mille et deuxième nuit. Premier roman de Carole Geneix

Petit polar un peu historique à la Belle époque, en 1912. Etant totalement débile en Mode, je n'ai compris qu'à la fin que Paul Poiret, un des principaux protagonistes, était un vrai couturier et que la majorité des faits se sont déroulés en vrai (bon le crime je pense pas)

Sans tourner autour du pot, c'est un roman que j'ai trouvé sympatique, pour des raisons que j'ignore, mais qui est quand même sali par un manichéisme à défriser un mouton et des passages en mode gros sabots qui rabaissent un peu le niveau. Pourtant c'est pas ultra mal écrit, mais c'est un peu bancal, parfois niais et globalement on n'est pas abasourdi par la trame, qui déroule sans qu'on n'en attende quoi que ce soit. Honnete mais sans plus quoi, par contre ça ferait un excellent épisode des petits meutres d'agatha christie

Voila, vous pouvez reprendre vos trucs intelligents, moi j'ai des vikings à rencontrer

Je lis ça actuellement.
 

 
 

C'est comment ?

Fini dernierement The Minds of Billy Milligan (traduit etrangement en Les Milles et une Vies de Billy Milligan) de Daniel Keyes, en VO.
 
Livre en 3 parties qui relate la vie de Billy Milligan, premiere personne a avoir utilise un diagnostique de personnalites multiples pour se defendre a son proces pour viols. La 1ere partie est sur l'enquete, son arrestation et son transfert dans un hopital psychiatrique ou il est diagnostique. La 2nd partie est sur sa vie, reassemblee, depuis sa petite enfance jusqu'aux evenements ayant menes a son arrestation et le 3eme sur l'apres proces initial et les quelques annees qui suivent.
 
Meme si Daniel Keyes est connu pour ses oeuvres de fiction, le livre est une enquete et analyse basees sur des entretiens pour reconstituer la vie de Billy Milligan. C'est une plongee fascinante dans ce cas psychiatrique, sans aucun jugement, mais pour essayer de comprendre comment fonctionne le cerveau et la memoire d'un tel individu. C'est prenant et passionant, le cerveau se revelant capable de creer des personnes completement distinctes avec des caracteristiques physiques et mentales differentes. La phase de reconstruction de Billy Milligan pour rassembler l'ensemble des personnalites (24!!!) et recreer une memoire continue commune permet d'apprehender le fonctionnement de Billy et ce combat interne pour controler la conscience.
 
Vraiment tres prenant, et qui donne envie de creuser un peu plus. Ce qui est surprenant c'est que Split, le film de Night Shyamalan avec James McAvoy, n'y fait jamais reference alors que le personnage principale est pas mal inspire du cas Milligan (sans le cote fantastique   ), notamment sur certaines des personnalites.
 
J'enchaine avec Virginie Despentes, c'est un peu different  

Bonjour:quelqu'un a-t-il lu la trilogie "l'emprise" de Marc Dugain?

 
C'est vendeur! Ajouté dans ma liste.
Quel Despentes?
 
Ici j'ai lavé mon cerveau salit par Knockemstiff avec La mort suspendue de Joe Simpson
 
En 1985, accompagné de son ami Simon Yates, Joe Simpson entreprend l'ascension du Siula Grande (6 334 mètres) dans les Andes. Lors de la descente, Joe chute et se retrouve suspendu dans le vide : sa vie ne tient plus qu'à la corde qui le relie à son équipier. Simon sait que s'il ne coupe pas cette corde, il sera lui aussi condamné. Il finit par s'y résoudre et son compagnon disparaît. Contre toute attente il survivra…
 
Le tout début était un peu mou, mais rapidement on est pris dans l'accident et ses conséquences, je n'arrivais pas à le lâcher. Je recommande aux adeptes de bouquins d'alpi.
 
Après cette pause je me replonge dans le glauque et la moiteur des tréfonds l'Ohio avec Le diable, tout le temps de Pollock que j'ai acheté suite aux recommandations du topoc, je confirme que c'est de la bonne, j'ai lu 150 pages dans un seul souffle, ça fait tout drôle de repasser au roman sur le même univers que Knockemstiff, moi qui n'aime pas les nouvelles d'habitude je dois reconnaître que ce format colle bien à ces tranches de vie poisseuses.

 
Vernon Subutex pour le Despentes.
 
Concernant Joe Simpson, oui c'est un "classique". Le documentaire qui en a ete tire est vraiment tres bon egalement, et il y a une adaptation theatrale que j'ai vu l'annee derniere que je recommande chaudement si tu passes au Royaume-Uni ou bien si ca s'exporte un jour. Sur le topic escalade, dans le 1er post, il y a quelques autres references de bouquins de montagne. Faudrait que je mette ca un peu a jour.
 
Du meme Joe Simpson, The Beckoning Silence, est tres prenant egalement mais ce n'est pas autobiographique. Un peu plus haut, on avait parle de Learning to Breathe de Andy Cave qui est vraiment tres bon ou bien Into Thin Air de Krakauer, dans la meme veine.

Vu de l'extérieur, le titre a l'air foireux : on dit "la mille deuxième nuit", pas "la mille et deuxième nuit"

J'ai l'impression de lire une langue étrangère ou de regarder l'épisode chimpokomon de south park.
Nan en fait c'est aussi con que les dialogues du chapelier fou dans le Alice de Burton

Il y a une suite à ce bouquin, les Milles et une guerre de Billy Milligan" qui raconte son incarcération en institut médicalisé, les mauvais (le mot est faible) traitements, la descente aux enfers..

 
En tout cas, la densité en citations de marques et en discussions reste constante. Donc oui, soit tu entres dedans (et dans ce cas tu peux l'adorer), soit tu n'y entres pas. Continue un peu peut-être pour voir si ça peut te convenir mais pas plus.