Reprise du message précédent :
J'ai pas aimé Blackwater non plus, par contre j'ai bien aimé Les aiguilles d'or. Il y a du fantastique dans celui-ci ? Ça peut me gêner.

Oui, il y en a, et c'est trop marqué pour qu'on puisse parfois avoir un doute
C'est assez original comme livre, au croisement du roman social, du polar, du fantastique et du gore.

 
J'ai adoré black water, bien aimé les aiguilles d'or et Katie, je vais me ruer sur celui ci évidemment  
 
Je suis sur le silence de Lehane suite aux retours du topic, très bon pour l'instant (premier tiers)

OK je vais passer mon tour alors, merci.

Château de Kafka en arrivage  

J'ai terminé hier soir la première partie du roman L'Art de la joie de Goliarda Sapienza, et tout ce que je peux dire c'est que c'est très bien écrit!    
 

Marques de fabrique de Cécile Baudin. Je lis jamais de polar, mais j'ai emprunté ça pour varier les plaisirs. Les avis étaient très bons, c'est aussi du roman historique et j'aime l'historique.  
 
C'est français, ça se passe à la fin du XIXe, l'auteur a la volonté de représenter la France de l'époque, et on est en pleine révolution industrielle. L'enquête se déroule dans des fabriques textiles, les glacières de Sylans (que j'ai réellement visité d'ailleurs, ça vaut le détour), des mines de phosphate, on découvre la condition ouvrière de l'époque, il est beaucoup sujet des femmes et (très) jeunes filles. L'héroïne étant une inspectrice du travail, corps nouvellement formé qui a notamment le devoir de contrôler le travail des enfants dans les usines. C'est intéressant, elle s'est bien documentée et ça fait peur le fonctionnement de l'époque, mais bon ce n'est pas du Zola, ça reste grand public et ça ne va pas très loin.
 
Concernant l'enquête, même si pendant la majorité du livre ce n'est pas déplaisant, ça avance tranquillement même si c'est classique, facile et un peu cliché. Quand j'ai commencé à lever le voile sur le mystère, je me suis dit "ah non, on ne va pas tomber là-dedans". Mais c'est limite pire qu'imaginé, le dénouement est trop gros, assez peu crédible.  
 
Au final, c'est facile à lire, heureusement que le coté historique est là pour apporter un peu de relief, le reste manque d'élégance et tient pas trop debout. Ça ne me donne pas trop envie de relire un polar.

C'est le cas de la plupart des polars historiques dans ces collections cheap. Ca ne prétend pas être plus qu'une distraction facile. Le lectorat est en majorité féminin et assez âgé, pour des raisons qui m'ont toujours échappé.

Me suis fait avoir par le pitch, les avis et ma méconnaissance du genre   Après c'est pas si cheap, c'est moyen quoi.

Tu aurais dû lire à la place Le silence de Lehane

 
+1, j'arrive au bout, c'est poisseux et malaisant et fort comme il faut  

Petite aparté - parce que nous sommes en train de parler de polar -
 
Je suis passé tout à l'heure à la librairie et grosse surprise, mais ils ont réédité La bête qui sommeille de Don Tracy  
 
Je vais me laisser tenter dans les mois à venir je pense..

J'ai lu Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel. Je l'ai trouvé à 50 centimes en braderie, il est bien noté sur Babelio + il a reçu un prix, Larcenet l'a adapté en BD, bref ce jour-là je n'ai vu que des raisons de l'acheter.
 
À l'inverse, je reprends aujourd'hui mes résumés de lectures de ces précédentes années : je vois que j'ai déjà lu 2 livres de cet auteur et que je n'en ai vraiment apprécié aucun (c'était il y a 5 ans, aucune chance que je m'en souvienne... ) ; j'aurais sans doute dû regarder avant.
 
C'est marrant, j'écrivais (à propos des Âmes grises) :

Ici c'est pareil : le rapport n'est qu'un prétexte pour parler de l'histoire du narrateur, une histoire très triste.
 
En fait le titre m'a induit en erreur. L'histoire traite du meurtre sauvage d'un homme dans le petit village d'une région non précisée, et on demande au héros Brodeck de rédiger un rapport à propos de cet événement. En achetant le livre, je pensais justement lire le rapport en question et comprendre ce qui s'était passé. Et j'ai attendu, si longtemps, de savoir ce qui s'était passé, qu'au bout d'un moment ça m'a carrément énervé.
C'est bien essentiellement du narrateur que parle ce livre, c'est l'histoire de Brodeck que l'on va suivre, une histoire qui tourne autour de la seconde guerre mondiale. C'est une histoire épouvantablement triste (je ne vais pas détailler, mais sincèrement, au bout d'un moment, c'est presque comique – ok le terme est mal choisi ), qui ne m'a pas beaucoup intéressée parce que j'attendais autre chose, en fait, et sûrement pas un livre qui parle de déportation, entre autres.
Je ne l'ai pas lu avec déplaisir, mais cette fois encore (je relis mes notes au sujet de 2 autres livres), je n'accroche pas au style de l'auteur, qui n'arrive pas à me faire vraiment ressentir quelque chose pour ce héros à qui il arrive pourtant toutes les pires choses du monde.

Ces 3 dernières semaines, j'ai lu:

PIMP, de Iceberg Slim (visiblement auteur très connu outre Atlantique) qui comte sa vie de mac des années 30 aux années 60. Intéressant, se lit facilement mais jamais autant lu de ma vie les mots "putes" et "pétasse". Littéralement toutes les 3 lignes. L'enchaîner après "À l'Est d'Eden", ça permet de rester dans le jus américain de la première moitié du XXème

Terre d'amour et de feu, Kessel sur ses 3 voyages en Israël/Palestine (notamment 1926 en Palestine et le jour de la création de Israël). Je ne peux que le conseiller, vraiment. C'est du Kessel, donc une belle "éloquence" sans envolées lyriques, du récit brut (le mec était sur place, ce sont ses témoignages du moment sans filtre, sans retravail à posteriori). Le récit de ses deux premiers voyages apportent vraiment des éléments de compréhension de la situation actuelle.

Prochain, Le Château de Kafka.

Je suis en train de lire le Goncourt 2023, Veiller sur elle.
 
C'est un solide récit romanesque, qui se lit très bien, mais c'est parfois un peu cucul.

Il y a une belle histoire d'amûûûr, mais il y a tellement d'autres choses que j'ai vraiment adoré.

J'ai acheté ça a un ami mais je vais le racheter pour moi,le peu que j'en ai lu était assez marrant et instructif

J'alerte totoz !  

J'ai terminé L'Art de de la joie. (1998)

C'est une odyssée à la liberté, à la fois un roman d'apprentissage, un roman historique, un roman autobiographique. L'île sicilienne est la toile de fond.  

L'héroïne (ou plutôt, anti-héroïne?) est Modesta, féministe - c'est aussi la narratrice - elle nous raconte son histoire par l'entrelancement du "je" et du "elle". Parfois, la première personne passe à la troisième dans la même phrase. C'est très bien écrit, traduit par Nathalie Castagné qui a fait un boulot d'orfèvre. L'édition de Tripode est légere est pourtant il y a 800 pages, elle se porte à merveille, les pages se tournent et se maintiennent bien.

Nous suivons donc le parcours d'une femme qui naquit le 1 er Janvier 1900, en sicile, et qui nous raconte son histoire jusqu'à la soixantaine environ. Le roman commence par son enfance, dans la misère, elle est élevée d'une mère pauvre, taiseuse ou colérique, et d'une soeur mongolienne. Elle aime sortir dehors et surtout voir son ami , Luzzu. Elle a un rêve dans sa vie qui est de découvrir la mer et qui est le fil conducteur du récit.

S'ensuivent 2 événements traumatiques qui lui couteront son enfance et traumatiseront sa vie entière. Elle est envoyée dans un couvent et fait la rencontre de la soeur Leonora, et surtout du jardinnier Mimmo. Un jour, la soeur Leonora décède et l'héritière sera Modesta, qui était mentionnée dans son testament. Elle deviendra donc princesse chez la famille Brandiforti, où elle fait la rencontre de Béatrice et aura des relations lesbiennes avec elle. Elle habite rapidement dans une villa, à 1 heure de Catane, et on suivra sa destinée dans cette villa jusqu'à la fin.

C'est une femme libre, sournoise, mafieuse, egocentrique, qui a des relations amoureuses avec beaucoup de partenaires, des femmes et des hommes. Elle enrichit son vocabulaire, apprend des langues, apprend la freudisme, la politique. Elle a Luzzu son ami d'enfance qui deviendra sa petite voix durant son existence.

Il y a beaucoup a redire mais je vais en arrêter là pour l'histoire, de toute façon il n'y a pas d'intrigue.

J'ai été obnubilé par l'écriture, une écriture poétique et limpide. L'impression de lire un livre d'images, de couleurs, d'odeurs, de sensations, de formes, de sons. J'ai été parfois dérangé par l'absence d'indice dans les conversations, en effet il n' y a pas de "dit Modesta" ou "Ajoute Carmine". Et combien de fois je suis remonté dans une conversation pour me dire "ah mais, c'était Vif-Argent qui parlait" ou "ah mais, Bambolina s'est incrustée dans la conversation" ................

Les 100 dernières pages m'ont posé problème, car la famille est agrandie à tel point qu'on se dirait être en face une famille incestueuse. Alors le fils fait un enfant avec la fille, la nièce couche avec l'amant de Modesta, le cousin de la soeur de la cousine de la nièce de son frère   a la fin ça devient le bordel et je n'ai même pas pris l'initiative de faire une carte mentale ou une fiche pour lister ces personnages, ou faire un arbre, car le plus gros problème ne vient même pas de là

Le plus gros problème dans ce texte est la quasi absence d'interaction à l'extérieur. Je m'explique : pour 800 pages, il y a ... 500 pages de conversations. Mais PIRE : j'ai eu l'impression de lire un roman theatral alors qu'officiellement ce n'est même pas le cas. Je n'ai rien contre le theatre Le naufragé de Bernhard est l'un de mes romans favoris.

Cette Modesta reste souvent chez elle et finalement les conversations viennent systématiquement de la Villa. Elle parle 150 fois de Catane, elle n'y va quasiment jamais. La mer est le fil conducteur. SPOILER : elle y nage très rarement. Elle parle 150 fois de l'Etna mais jamais elle n'y va. Ce sont toujours des amis de l'exterieur qui viennent la voir.

Mais c'est ça que j'aurais voulu dans ce texte si beau à lire, c'est qu'elle aille boire un putain de café à Catane, qu'elle aille faire l'amour - omniprésente dans le texte!!!! - avec Carmine, Beatrice, Nina, Mattia, Joyce et j'en passe - à la plage ou devant le volcan ou que sais-je. Qu'elle apprenne à son fils Eriprando la nage, qu'elle aille faire des longueurs avec lui, qu'elle apprenne à nager à ses neveux et nièces, tous les enfants qu'elle éduque dans les dernières parties.

C'est encore plus dommageable que les rares passages à l'extérieur sont extraordinaires, comme la scène du théatre avec les enfants et Pietro. De même que son café à Rome alors qu'il y a la guerre.

C'est une semi deception et je retiendrais quand même l'histoire interessante entre la grande guerre, le facisme, la WW2, la prison, ainsi que l'écriture. S'il y avait pas eu cette écriture j'aurais abandonné le roman en cours de route.

Je recommande quand même mais certains vont déchanter.

Je me demandais si tu avais lu la trilogie sud-américaine de Louis de Bernières (La Guerre des fesses de don Emmanuel/Señor Vivo et le baron de la coca/La calamiteuse progéniture du cardinal Guzman) et si c'est le cas, si tu avais un avis.
Le texte d'introduction du 1er tome est assez accrocheur :

A+,

Non désolé, je n'ai pas lu cette trilogie  
 

Hello les lecteurs,

Je cherche Les Cantos de Ezra Pound, 1017 pages, traduits Jacques Darras, Yves Di Manno, Denis Roche et Philippe Mikriammos, des éditions Flammarion mille et une pages, avec cette couverture :

Quelqu'un le vendrait ? Je cherche même à 100€. C'est pas pour collectionner mais me le poncer pour mon noël

Je suis en train de lire ça mais en édition poche flammarion aussi avec les mêmes traducteurs environ 380p (ce qui fait une sacrée différence, je sais pas trop sur quels critères a été faite la sélection).
Bon, autant j'avais bien bien apprécié la lecture de ses Poèmes (chez gallimard) autant là on est globalement sur de l'illisible... A part quelques uns, ça part tellement dans tous les sens que j'ai du mal à y trouver un plaisir de lecture. Le côté foutraque me plaît quand même un peu mais faut s'accrocher.
J'avais cherché un moment l'édition que tu veux mais avec le recul, la version poche me suffit amplement, je suis pas prêt à m'en poncer 1000 pages comme tu dis. Bon chance

 Merci à toi

Oui, le roman a vraiment des qualités, mais des passages de ce style ;
"Nous ne sommes pas des aimants. Mais une symphonie. La musique a besoin de silence".
Ou bien
"De Florence, j'étais amoureux. Il n'y a qu'une lettre de différence entre ville et fille".
 
C'est quand même vraiment très niais

Terminé La Fortune des Rougon, excellent! C'est pas si souvent que les auteurs méprisent à ce point leurs persos, imbéciles et mesquins avec leurs petits stratagèmes arrivistes. Ça a gardé toute sa fraîcheur depuis 1870
J'ai La Curée en stock pour la suite. J'avais lu certains ici qui disaient que plusieurs tomes de la saga étaient ratés et vraiment dispensables mais j'imagine que quand on est lancé on a envie de tout lire...

Les ratés selon moi c'est La faute de l'abbé Mouret, son Excellence Eugène Rougon, La joie de Vivre et le Rêve. Le reste, c'est masterclass sur masterclass

+1

Madelaine avant l'aube de Sandrine Colette terminé.  
 
Je ne vais pas en faire un CR, beaucoup ici lisent et admirent cette autrice et c'est très facile à lire. Je vous laisse toute la surprise.  
 
Pas meilleur que On etait des loups mais gros coup de cœur quand même  

Du coup c'est quoi l'intérêt du post? Jamais entendu parler de cette autrice et ça ne donne pas envie de commencer.

Les Dieux ont soif, Anatole France
Un roman qui nous plonge dans la Terreur. Le personnage principal est un peintre miséreux et idéaliste qui va devenir membre du Tribunal révolutionnaire.  
J'apprécie quand la fiction me permet de comprendre un peu mieux certains pans de l'Histoire. Celui-ci est très bien écrit et donne à réfléchir.
 
 
Les Aventures de Tom Sawyer, Mark Twain
Sympa, même si ça fait partie des livres qui sont probablement plus appréciables quand on est enfant ou ado. J'ai été surprise par certains des rebondissements étonnement macabres pour un livre destiné (entre autres) au jeune public.
 
 
Histoires de la nuit, Laurent Mauvignier
Un hameau à la campagne, un couple en crise, une soirée d'anniversaire, des visiteurs surprise... voilà les ingrédients de ce thriller atypique.
Le récit est mené à la troisième personne mais il suit le "courant de conscience" des personnages, ce qui explique peut-être les phrases longues, très longues (je ne sais pas si l'auteur écrit toujours de cette manière). Ca permet de plonger dans leur tête, et en ça c'est tout à fait réussi (leur psychologie est très fouillée). Ca permet aussi de maintenir avec habileté le suspense : qui sont ces visiteurs ? que veulent-ils ?
 
Personnellement ce style plein de phrases à rallonge me lasse, même quand l'auteur écrit bien. J'ai l'impression que tout est leeeennnt. C'est ce qui explique ma pause de quelques années dans la lecture Je suis quand même contente de l'avoir repris car c'est un livre intéressant.  
Edit: après relecture de mon message, mon avis semble peut-être un peu plus dur que ce que je pense. Ce livre est bon et mérite d'être découvert, il n'est simplement pas forcément "facile" à lire. Ca vaut vraiment le coup de le tenter pour les curieux.
 
Citation qui contient un vague spoiler :
 

 
Fini ma TODO list romans noirs, avec tous les Chandler, pas mal de Jim Thompson, et un peu plus de la moitie de la serie Cercueil et Fossoyeur de Chester Himes.
J'ai lu Fausse Piste de Jame Crumley et je l'ai trouve meilleur que la Danse de L'Ours.
Bon, au final, je vais piocher dans les deux mediatheques ou je traine des James Lee Burke, James Crumley, Dennis Lehane (j'en ai deja lu un ou eux et je lorgne sur les autres depuis longtemps), Donald Westlake, il y en a pas mal en stock.
J'ai quelques auteurs mentionnes sur le topic a essayer egalement.

Je viens de finir Le Château de Kafka.

"Fini", découvrir que c'est une oeuvre non terminée, donc on ne connaîtra jamais la fin.  

Premier Kafka que je lis, intéressant mais on est content de le finir. Les longs monologues détaillés sur des détails insignifiants avec tout et son contraire, c'est...kafkaïen  

Pas mécontent de l'avoir lu.
Les autres de cet auteur sont du même genre ?

En général, oui. En particulier Le procès.
Si tu n'as jamais lu autre chose de lui, tache de lire La métamorphose, qui est pour moi son chef d’œuvre.
Et l'allemand dans lequel c'est écrit me semble relativement accessible :
Als Gregor Samsa eines Morgens aus unruhigen Träumen erwachte, fand er sich in seinem Bett zu einem ungeheueren Ungeziefer verwandelt.
A+,

Mais La Métamorphose est dans le même genre, avec de longs monologues détaillés sur des pages et des pages ?

Merci pr le conseil.

Je tenterai bien Diplomatie de Kissinger là.

De mémoire Le Château m'avait semblé très brouillon et inachevé pas juste parce qu'il manque la fin mais dans le sens pas vraiment relu ou retravaillé jusqu'au bout et assez lourdingue à lire malgré l'idée plutôt intéressante. C'était assez fastidieux contrairement à ses autres écrits qui se lisent bien.

T'as lâché le mot, fastidieux. Ça me faisait même rire ou je me suis surpris à dire "Aller abrèges là, tu veux en venir où ?".  

Mais j'ai tout de même adoré le lire honnêtement.

Rattrapage de quelques lectures...
 
La librairie de la pomme verte, une anthologie. Dans ma PAL depuis 2013 et je n'ai pas eu de mal à me rappeler pourquoi je l'avais demandé en SP à l'époque. 34 auteurs zé autrices des Etats-Unis d'Amérique parlent de leur libraire. La plupart sont connus et il y a même 2 ou 3 Pulitzer dans le lot. Richard Russo préface, Emily St. John Mandel postface. Du beau linge, donc, et quand on est fou de librairies depuis toujours, voire libraire soi-même, forcément ça fait envie.
 
Seulement voilà, ils racontent tous à peu près la même chose. La préface de Russo est vraiment sympa. Les 4 ou 5 premières chroniques sont plaisantes et l'on n'a pas de mal à transposer à des librairies que l'on a connues. Ensuite ça ressemble de plus en plus à du copié-collé et on finit par se demander ce que l'on peut bien avoir à faire de la librairie préférée de Chuck Palahniuk à Portland, Oregon, où l'on ne mettra jamais les pieds, ou de celle de Tom Robbins, à Bellingham, Washington, un bled dont on ignorait jusqu'à l'existence avant d'ouvrir le livre à cette page.
 
Bref, direction boîte à livres.

American rigolos de Bill Bryson.
 
Bryson a un petit succès en France et j'en ai pas mal vendu mais je n'en avais jamais lu. Trouvé dans une boîte à livres, je n'ai pas hésité et je n'ai pas regretté. Bryson est américain mais a vécu le plus gros de sa vie d'adulte en Grande-Bretagne. En 1995, il rentre pour quelques années aux USA avec son épouse anglaise et ses enfants anglais et entame une chronique régulière dans un journal sur les USA de son point de vue d'expatrié qui redécouvre son pays.
 
C'est très léger et presque toujours amusant, parfois même vraiment drôle. L'ennui, c'est que beaucoup des travers sociétaux qu'il décrit étaient déjà des clichés à l'époque (les Américains sont procéduriers, ils bouffent de la merde, prennent leur bagnole pour faire 30 mètres etc.) et la plupart des autres le sont devenus entretemps. Donc rien d'original, ne surtout pas espérer de surprises, mais le ton de Bryson est agréable, chaque chronique est courte et ça ne prétend pas être autre chose qu'un divertissement.

Printemps au parking de Christiane Rochefort.
 
J'adorais Christiane Rochefort quand j'étais jeune : Les petits enfants du siècle, Le repos du guerrier... Encore une trouvaille de cette même boîte à livres, un Rochefort de 1969 que je n'avais jamais lu. C'est une histoire d'amour entre deux jeunes hommes dont l'un assume son homosexualité tandis que l'autre la découvre. En 69, c'était foutrement courageux puisque la censure d'Etat et surtout la cancel culture catho bien-pensante droitarde battait son plein. Le début m'a replongé dans une époque à laquelle je n'avais pas repensé depuis très longtemps et j'ai retrouvé avec plaisir le style emporté et fluide de Rochefort.
 
Et puis vers la moitié du roman j'ai commencé à m'ennuyer. Trop lyrique, trop long, trop tout. Des dialogues pour la plupart empesés et peu crédibles, alourdis par cette habitude bien française de la déclamation théâtrale (le pire reproche que l'on puisse faire à un livre chez nous : "c'est écrit comme on parle". Ouais, ben des dialogues, perso, je vois pas de meilleure façon que les écrire comme on parle, vu que des dialogues, ce sont des gens qui parlent).
 
Raté, donc, pour la nostalgie. Mais ce n'est pas un mauvais roman, très loin de là, et la prochaine personne qui le trouvera dans la boîte à livres l'appréciera peut-être plus que moi. J'ai encore un roman d'elle dans mes PALs, Les stances à Sophie, une vieille édition récupérée je ne sais plus où. A voir...

Station Eleven d'Emily St. John Mandel
 
Il a déjà été chroniqué plusieurs fois ici et sur le topic SF, à chaque fois pour en dire du bien. Je vais pas faire exception, c'est un excellent roman post-apo. Une épidémie de grippe mortelle et foudroyante extermine le plus gros de la population (écrit en 2014 ), entraînant la faillite de tout le reste (plus de moyens de communication, plus d'électricité, plus de pétrole etc.). Le livre alterne entre les époques pré et post-apo et croise les histoires de plusieurs personnages avec un talent évident pour la construction. On n'est perdu à aucun moment mais on ne voit pas non plus où les fils se rejoignent avant chaque liaison. Du grand art.
 
Les personnages post-apo principaux appartiennent à une troupe composée de comédiens et de musiciens de théâtre qui parcourent une région en boucle et donnent des représentations dans les endroits où se trouvent encore des gens, en alternant concerts et pièces de Shakespeare. Ca colle parfaitement avec cette société revenue à l'ère pré-industrielle et renvoie aux USA du 19ème siècle, quand Shakespeare était adulé (cf https://dcc.newberry.org/?p=15987 pour les anglophones).
 
Il y a assez peu d'action et même assez peu de drame. On baigne plutôt dans la mélancolie, le regret, la tristesse, sans grandes effusions lyriques. Un très beau bouquin, vraiment.