J'ai revendu des livres chez Gibert il y a quelques semaines, mais sur place. Ils reprenaient pas tout mais c'était de toutes époques et pas au kilo, même du siècle dernier. Sur le site ça doit être plus limité.

J'ai lu Déracinée de Naomi Novik, qui m'a bêtement attiré par les prix qu'il a reçu (Locus et Nebula, ça fait beaucoup).  
Le résumé du livre ne spoile pas alors allons-y :  
 

Bon il ne spoile pas mais il ne raconte pas grand chose non plus ; pour être précis il n'évoque que le début du livre, qui est tristement banal. C'est idiot mais sans les fameux prix dont je parlais plus haut, j'aurai pu abandonner au bout de 50 60 pages tant l'histoire était classique. Je ne l'ai pas fait, je ne le regrette pas : j'ai beaucoup aimé la suite du roman, que j'ai trouvé justement assez originale à plusieurs égards (sa façon de traiter la magie, son "grand méchant" qui rappelle un peu un genre de côté-obscur-de-la-force-matérialisé parfois ?) Un bémol classique en ce qui me concerne, on ne comprend pas toujours très bien ce que peut faire (et ce que fait) la magie ; disons qu'on se laisse porter un peu et qu'on attend de voir si c'est bien ou pas bien pour les héros.
La fin est peut-être un peu étirée, le rythme un peu bancal parfois, mais dans l'ensemble j'ai vraiment apprécié le livre. Je le recommande.

Les dernières lectures toujours en lien avec ma période. J'espère que ça peut parfois vous intéresser.  
 
Battling le ténébreux, Alexandre Vialatte (1928) : premier roman du traducteur français de Kafka. Je me suis demandé ce qu’il pourrait y avoir de ce dernier dans ce livre mais la réponse est assez simple : rien ou presque. Il y’a bien un style propre et magnifique en plus ! Pour l’histoire, il s’agit d’une bande de trois adolescents de dix-sept ans qui vivent leur dernière année commune au lycée, dans l’amour et dans les bistrots. Le narrateur qu’on devine plus âgé raconte cette époque et notamment Erna Schnorr, la maîtresse instable qu’ils souhaiteraient tous avoir, Céline, la femme de secours, celle qui sert à prouver qu’on est un homme alors même qu’intérieurement on pleure comme un enfant d’amour impossible, Manuel Feracci, le caricaturiste dont l’audace vaudra l’exclusion temporaire du lycée et Battling, la brute timide prise sous l’aile du mystérieux homme au melon gris. Ces personnages se mélangent, murissent, désespèrent, se révoltent ou renoncent mais dans une espèce de retenue qui semble être celle d’une forme d’âme qui ne peut se résoudre à agir sans en éprouver une part de remords. C’est un roman très touchant, à la fois simple dans son contenu, délicat dans son traitement des personnages et audacieux dans le style. J’ai vraiment aimé l’atmosphère nostalgique, parfois joyeuse et insouciante, parfois triste et implacable (je ne peux pas aller plus loin sans spoiler). Ca m’a fait penser à Luc Dietrich mais sans le côté pathétique d’un narrateur quelconque, l’atmosphère presque magique d’une langue vraiment originale en plus. Je recommande fortement pour tous les lecteurs qui aiment les récits de transition, de passage de l’adolescence à l’âge adulte. En plus, la fin du roman est vraiment très belle. Elle m’a laissé une sorte de sourire optimiste.  
 
« Depuis ce temps, plusieurs d’entre nous sont entrés dans la tombe étroite, dans le garde-à-vous solennel de l’au-delà. Le vieux gentleman sauvage de la vallée saugrenue ne pourra plus ressusciter pour les survivants les fantasmagories aimables de cette époque ; l’ombre des camarades disparus, ceux pour qui le ciel de cinq heures a peut-être tenu ses promesses, a envahi cette marge extra-terrestre des prairies du Mexico, et ce sont des sortilèges plus tristes qui hante à la première étoiles ces pelouses inspirées. J’aime à songer que, s’ils reviennent sur ces gazons miraculeux, le père Ubu, le vieux Sachem autoritaire, et le gentleman rustique qui leur donnait toujours raison ont mis un crêpe à leur tambour de basque ; que, s’ils parlent dans le brouillard, à voix plus basse, du temps où nous leurs prêtions vie, c’est des morts furtifs qu’ils s’entretiennent, pour la gaité qu’ils ont emportée avec eux dans leur guérite horizontale, pour l’amitié qu’ils nous avaient donnée ; c’est pour eux, pour guider leur pas dans l’ombre amère que le vieux Sachem allume son feu sur la prairie, qu’Ubu l’attise avec son crochet fantastique et que le vieux gentlemen taciturne étend à terre sa limousine couleur du temps ; pour qu’approchant de la flamme rouge leurs mains d’ombre, lavées par les eaux du tombeau, leurs pieds gelés, leurs jambes grises, et ces pauvres tête épouvantables d’où les vers sortent par les yeux, ces crânes chauves, poreux et fragiles, les copains, au soir de la rentrée, voyant le collège amarrée sur l’horizon comme une vieille barque, se souviennent des destinées de l’équipage dispersé en entendant monter la relève, ces longs bruits de carrioles paysannes qui amènent les petits ruraux silencieux sur le territoire de la science, dans la cour pleine de feuilles mortes, de vent et de nostalgie… Jeux du brouillard sur les herbes amères, prestiges des jeudis lointains… »

Elle est surtout connue pour sa série "Téméraire", Naomi Novik.

A+,

J'ai bien aimé la série Terreur, mais je crois que je n'ai lu en entier qu'un seul Dan Simmons, à part Hypérion, c'était un truc qui se passe en Inde avec le culte de Kâli tout ça, et j'en ai un souvenir exécrable, j'ai détesté

Et sinon j'aimerais vous soumettre mon drama du moment :  
 
Les livres avec une mise en page non justifiée, oui ou non ?
 
J'aurais tendance à dire non, mais les gens qui ont préparé le livre que je suis en train de lire ne partagent visiblement pas cet avis, et je trouve ça très laid.

Et sinon j'aimerais vous soumettre mon drama du moment :  
 
Les livres avec une mise en page non justifiée, oui ou non ?
 
J'aurais tendance à dire non, mais les gens qui ont préparé le livre que je suis en train de lire ne partagent visiblement pas cet avis, et je trouve ça très laid.

Je ne me rappelle pas avoir vu autre chose que de la poésie en non justifié...
Donc je ne pourrais pas dire si c'est oui ou non mais à part pour faire un effet de style pour une bonne raison, par défaut je dirais non.

Prenez une liseuse, problem solved. Next

Ah oui, mais c'est un de ses premiers !
Perso, j'ai adoré (mais certains détestent) L'échiquier du mal, mais aussi celui sur les indiens et la construction du monument aux présidents US (Collines Noires).
Evidemment, Hypérion, mais c'est un classique désormais !

J'ai bien aimé la série Terreur, mais je crois que je n'ai lu en entier qu'un seul Dan Simmons, à part Hypérion, c'était un truc qui se passe en Inde avec le culte de Kâli tout ça, et j'en ai un souvenir exécrable, j'ai détesté

Vous avez adoré le récit de Shackleton, n'est-ce pas ?
 
https://images-eu.ssl-images-amazon [...] SX210_.jpg
 
Stuart Humphryes de BabelColour a restauré deux photos couleur de l'Endurance en 1915, dont on peut acheter tirages et goodies    
 
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https://i.imgur.com/oaqST2i.png
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Prenez une liseuse, problem solved. Next

A l'époque où j'ai eu des échos sur ses livres qui me donnaient envie d'en lire un ou deux pour voir, j'ai aussi découvert sa personne publique et ses tribunes. Ca m'a coupé l'envie.

Faut-il séparer l'oeuvre de l'homme ?
Vous avez toute la vie

+1
 
Les films de Polanski par exemple sont géniaux.  

Je te recommande alors Badonce et les créatures, du même auteur.
A+,

Ah oui, mais c'est un de ses premiers !
Perso, j'ai adoré (mais certains détestent) L'échiquier du mal, mais aussi celui sur les indiens et la construction du monument aux présidents US (Collines Noires).
Evidemment, Hypérion, mais c'est un classique désormais !

@Palpapille tu liras forcément un jour Bourlinguer , de Cendrars. Je te souhaite d'avance une très belle lecture car c'est une sacrée claque

Faut-il séparer l'oeuvre de l'homme ?
Vous avez toute la vie

Quand l'homme déclare que les USA devraient considérer la France comme un pays ennemi (au moment de la guerre d'Irak parce que cette racaille islamo-communiste de Chirac avait refusé d'engager notre pays) et qu'il faudrait des représailles, en tant que Français j'ai un peu tendance à ne plus vouloir filer mon blé au romancier.
 
Mais plus généralement, oui, un écrivain produit des idées, pas seulement des émotions, et s'il choisit de les exprimer bruyamment et à longueur de temps sur la place publique, il en assume les conséquences. S'il veut que l'on sépare l'homme et l'artiste (une idée aussi usée que le débat sur le fond et la forme), qu'il s'exprime à travers son art et garde sa vie privée... privée.
 
Puis bon, Dan Simmons, quoi. On parle pas de l'écrivain du siècle, son fracas public c'est du Zemmour, ses bouquins les 2/3 de daubes et le reste de l'entertainment. Mais vas-y avec le grand remplacement (la future Eurabie chez nous parce qu'on n'a pas de couilles ), les intellectuels au bûcher (pas lui, hein, parce qu'un écrivain prof en fac n'est pas un intellectuel tant qu'il vote Bush ou Trump), etc. etc. jusqu'à la nausée. Il a même suggéré de lâcher une bombe sur le Congrès, en prenant soin de préciser que ce n'était pas une métaphore (c'était à l'époque d'Obama). Pour la France, je me souviens plus, mais on y avait peut-être droit aussi.    
 
Et dans la famille "les cons ça ose tout", il n'hésite par en interview à sortir ça à propos de Flashback, sa ridiculissime dystopie :
 

 
Mais on en avait déjà parlé il n'y a pas très longtemps, non ?

Et sinon j'aimerais vous soumettre mon drama du moment :

Les livres avec une mise en page non justifiée, oui ou non ?

J'aurais tendance à dire non, mais les gens qui ont préparé le livre que je suis en train de lire ne partagent visiblement pas cet avis, et je trouve ça très laid.