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D?après les travaux de Neil Rhodes et de Bob Haye (Université du Tennesse), plus de 100 000 hectares de coton sont envahis par une plante sauvage appelée pesse (en latin Hippuris vulgaris), devenue résistante au glyphosate, l?agent actif du Round Up. Cela représente 36% de la superficie cultivée avec du coton dans le Tennessee. Cette "mauvaise herbe" menace aussi 100 000 hectares de soja. Les tests en laboratoire ont démontré qu?il fallait six fois le taux normal de glyphosate pour parvenir à détruire la plante incriminée. Les chercheurs et Monsanto recommandent donc aux agriculteurs de changer leurs pratiques l?année prochaine. Une telle résistance fut recensée dès 1999. Pour Rhodes, l?apparition massive du coton Round Up Ready est, en partie, responsable de ce problème. Auparavant, explique-t-il, plusieurs modes d?action étaient utilisés.
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James Rogan, directeur du U.S. Patent and Trademark Office (USPTO), l?organisme américain chargé de délivrer les brevets, a admis le 15 octobre que bien des demandes déposées ont été accordées à tort par son service dans le passé. "Nous accordions des brevets dans 65 à 70% des cas", a-t-il admis. "Aujourd?hui, c?est le taux de rejets des demandes qui tourne entre 65 et 70%". En 2001, l?USPTO a reçu en effet 345 000 dépôts de demandes de brevets et le délai de réponse était d?environ 26 mois, alors qu?en 1980 le nombre de demandes s?élevait à 151 000 et l?attente se limitait à 18 mois. A ce mea culpa s?ajoute la promesse d?adopter à l?avenir une plus grande vigilance. Aujourd?hui, l?USPTO figure parmi les agences fédérales les plus lucratives, grâce aux frais acquittés par les demandeurs de dépôt de brevet.
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Theresa Podoll, directrice de la Société pour l?Agriculture Durable de la Plaine du Nord, a révélé que du soja conventionnel, planté en 2002 dans le cadre du Programme de la Fondation de conservation des semences de l?Université du Dakota du Nord, a été contaminé par du soja Roundup Ready de Monsanto. La contamination aurait eu lieu en 2000, lors d?une plantation de soja au Chili dont le but était d?améliorer la productivité des graines.
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Le Centre des Sciences pour l?Intérêt Public (The Center for Science in the Public Interest - CSPI) considère que de nombreuses lacunes empêchent la Food & Drug Administration (FDA) de garantir l?absence de risques des OGM dans la chaîne alimentaire humaine. La procédure d?étude de la FDA est mise en cause et le CSPI recommande que l?ensemble du système soit revu. Il affirme notamment que la FDA est dans l?incapacité d?obtenir des industries de biotechnologie toutes les données scientifiques nécessaires, ces dernières (telles que Monsanto, Syngenta et Dow) refusant de communiquer ces données (1). Michael Hansen, de Consumers International, a confirmé que la FDA n?avait jamais testé la nourriture issue d?OGM mais s?était toujours fiée aux résultats des industries. Il précise que la FDA ne publie jamais l?ensemble des données utilisées pour ses rapports (2).
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Un rapport publié par la Pew Initiative sur l?Alimentation et les Biotechnologies dénonce l?incapacité de l?administration (USDA et FDA) à surveiller la dissémination post-commerciale des OGM. Quant à la troisième agence, l?Agence de Protection de l?Environnement (EPA), le rapport précise qu?elle s?abstient d?effectuer ces contrôles malgré son mandat qui l?y autorise. Pire, les minces mesures prises par ces agences ne sont pas suivies dans leur application, à l?image des zones refuges obligatoires mais non surveillées. Pour M. Taylor, un des auteurs, seule la saisie de la Cour Suprême pourrait faire que des réels moyens de surveillance soient mis en place. Les porte-paroles des agences concernées ont répondu que le suivi post-commercialisation relevait plus de la confiance dans les agriculteurs et dans les entreprises de respecter la loi.
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Le 23 juillet 2003, une action en justice a été engagée par le Center for Food Safety, par le biais de Isaac Moriwake du cabinet d?avocat EarthJustice, visant à obtenir plus de transparence en ce qui concerne les essais en champs de plantes transgéniques à vocation pharmaceutiques. Officiellement, 14 essais de moléculture ont été cultivés à Hawaï entre 1999 et 2002. Cependant, notent les opposants, rien n?est précisé quant à la localisation des parcelles, la nature des gènes utilisés, ou encore le type de substances produites par ces plantes. Par ailleurs, ils dénoncent la possibilité de contamination de l?alimentation par ces variétés, comme ce fut déjà le cas avec des essais menés par Prodigen (cf. Inf?OGM 41 et 36). Depuis le 23 mai 2003, le Center for Food Safety demandait en vain au Département à l?Agriculture d?Hawaï les dossiers concernant ces essais en champs.
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Du maïs prélevé dans douze fermes du Vermont a été analysé par le laboratoire de l?Association d?amélioration des cultures de l?Illinois. Ces analyses ont mis en évidence une contamination par le gène codant la protéine Cry1Ab (Bt). ?Les contaminations non intentionnelles ont donc commencé et, à moins que quelque chose ne soit fait maintenant, cela annonce la fin de l?agriculture biologique du Vermont?, a déclaré B. Davis, avocat du VPIRG (Groupe du Vermont de Recherche pour l?Intérêt Public). Le faible taux de contamination permet aux scientifiques d?affirmer que la contamination est due au pollen et non à une contamination initiale du stock de semences. J. Cleary, de l?Association des Agriculteurs du Nord-Est (NOFA), considère que ?les agriculteurs conventionnels et biologiques sont menacés par la technologie des OGM au travers de l?émergence des industries de biotechnologie, la perte de la sélection variétale et des ressources de semences. [...] Les agriculteurs vont perdre leur marché de produits biologiques. De ce fait, la NOFA soutient la demande de suspension des cultures OGM dans le Vermont jusqu?à ce que soient connus les impacts de ces cultures pour les agriculteurs concernés?.
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Les entreprises dénoncent les lois européennes - 22 entreprises ont écrit au représentant au commerce, R. Zoellick, pour que le gouvernement dépose une plainte à l?OMC contre les nouvelles réglementations européennes concernant l?étiquetage et la traçabilité. Pour elles, ces lois effectuent une discrimination entre les produits importés et ceux produits localement. Les signataires alertent aussi sur les pertes financières importantes qu?elles vont provoquer et la nécessité d?engager une étude pour en évaluer les impacts économiques.
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