Rien à découvrir, rien à découvrir... Pour beaucoup de gens comme moi dont les racines remontent très loin, ici même, en France, dans la religion juive, si, il y a quelque chose à découvrir. De l'ordre de l'indicible, quelque chose du plus profond de son être, et qui n'arrive pas à sortir. A s'exprimer. Des gens comme moi, il y en a plein, les sectes font leur beurre sur des gens aussi fragiles que moi. J'ai la chance, dans ma détresse, d'avoir rencontré des hommes et des femmes merveilleux, et aussi des gens parfois difficiles. Mon histoire l'est, difficile. De toute manière. A partir de là, c'est à moi de fixer certaines limites que je ne veux pas outrepasser, même si cela obère mon entrée effective dans la communauté, dont je suis par ailleurs membre de par ma naissance.
Le sionisme, le peuple "élu" sont des notions que je ne peux pas cautionner. Ou si par exemple j'accepte l'élection du peuple juif, je la conçois non pas comme une supériorité de ces croyants en regard d'autres, mais comme une entité qui aurait plus de devoirs envers les autres que ces mêmes autres.
Le sionisme... Nous n'avions aucun "droit" à une terre quelconque. L'Histoire nous a malheureusement plongé dans une sorte de fanatisme dont il faut aujourd'hui sortir à tout prix. Quand on relit "L'Etat juif" de Herzl, on s'aperçoit de la totale inadéquation entre la religion juive et la culture juive. Il faut quand même savoir que l'ensemble des rabbanim était contre l'établissement d'un Etat spécifiquement juif, en tant qu'il allait substituer leurs pouvoirs aux pouvoirs régaliens d'un Etat démocratique et pluraliste. Entendre donc aujourd'hui les rabbanim consistoriaux avoir Israël dans la bouche à tout bout de champ a quelque chose de tout à fait savoureux. De plus, ils n'ont aucun intérêt stratégique à ce que ça marche, Israël. Parce qu'imaginons que tous les juifs de France partent en Israël, que deviennent leurs petites parcelles de pouvoir ? Plus rien. Alors vous avez d'un côté un Consistoire qui minimise à fond l'anti-sémitisme réel et de l'autre le Crif qui crie au loup dès qu'une bagarre de lycée éclate. Pour se situer là-dedans, essayer d'avoir un discours plus ou moins rationnel là-dedans, c'est difficile.
Pour en revenir au sujet initial, l'interdiction de toute vie sexuelle pour les prêtres a aussi motové ma volonté de retour chez mes rabbanim. Pour devenir rabbin, la première condition est d'être marié. Il est ultra-conseillé de niquer à donf' pendant chabath (avec sa femme...) Toutes les règles à propos de la menstruation qu'on appelle la nida me semblent insupportables. Pour moi, le sang d'une femme en mentrue est tout sauf impur. L'homme et la femme sont deux êtres infiniment merveilleux, intrinsèquement parfaits. Je ne vois donc pas pourquoi, pendant une semaine par mois, la femme deviendrait, comme ça, pouf, pouf, impure. Non. C'est même dans ces moments-là qu'on doit l'aimer le plus, à mon humble avis. Car certaines femmes connaissent des menstruations très douloureuses. Le mari doit, tout au contraire de ce que préconise la nida, entourer, être affectueux, aimer sa femme d'autant plus.
Maintenant, chez les catholiques romains (rappelons que chez les protestants avec les pasteurs, chez les chrétiens anglicans, orthodoxes, maronnites, les prêtres sont mariés.), si la sexualité est totalement proscrite pour les prêtres, en toute logique, elle est proscrite pour homo, bi, trans, pédo, zoo, sado, maso aso. Donc interdire l'ordination de prêtres qui sentiraient en eux une inclination homosexuelle me semble cruel, illogique par rapport au dogme, profondément perturbant même pour des hétéros-ploucs comme moi, parce que je n'accepte aucune ségrégation. Cet édit vient conforter les tendances les plus radicales de la chrétienté, mais aussi des AUTRES RELIGIONS !!! Car, ne nous y trompons pas, chrétiens, juifs et musulmans se sont longtemps combattus. Mais aujourd'hui ils ont un combat commun : la reconquête du croyant. Ils n'ont plus le temps de se battre entre eux. L'adversaire aujourd'hui, c'est Onfray, ce sont les athées, les évangélistes qui ont bien compris eux aussi qu'ils y avaient du beurre à se faire sur ces contradictions.
Et puis, toujours pour recentrer la suite de ce topic, je dois dire, je dois à la vérité de dire que j'espérais énormément de Benoît XVI. En tant que gardien de la Congrégation de la Foi, il était obligé d'être d'un rigorisme intraitable. Mais une fois pape, qu'est-ce qui l'empêchait de donner une inflexion positive au message vaticaniste ? Beaucoup partageaient ma position. La revue Golias. Le journal La Croix. Beaucoup de journalistes chrétiebns avaient assuré à qui voulait l'entendre, dont moi, que nous serions surpris par les avancées que supposément, Benoît XVI voulait imprimer à son Eglise. Mais peut-être ont-ils pris leurs propres désirs pour des réalités, comme moi. On s'aperçoit après huit mois de pontificat que rien ne change. Que la théologie de la Libération est combattue avec plus de force encore que sous Jean-Paul II. Ce rappel de la non-ordination de prêtres à inclination homosexuelle. Quelque part, là où il y aurait pu y avoir une ouverture stratégiquement payante, car elle aurait certainement pu attirer de nouveaux fidèles, l'Eglise choisit un autre chemin, rigoriste et ce me semble, dommage et attristant. De plus, ce rappel n'avait pas lieu d'être (j'écris un peu comme les idées me viennent, désolé si mon discours paraît déordonné) puisque le dogme condamne de fait l'union sexuelle entre deux êtres de même sexe. Donc pourquoi surajouter ? Alors après, on a des actes ridicules de bêtise comme ceux d'Act Up qui n'ont pas compris qu'à la violence didactique de l'Eglise, il faut opposer un discours froid et distancié. Non, eux, ils vont à Notre-Dame foutre le bordel. Ce qui radicalisent encore plus les fidèles chrétiens ET DES AUTRES RELIGIONS !!! Car encore une fois, l'intérêt bien compris de chacune des religions monothéïstes est la reconquête, non pas chez le voisin, mais bien dans la multitude de ceux qui ont crû mais se sont détournés, de ceux qui n'ont jamais crû, de ceux qui croient mais ne pratiquent pas, etc.
Bon, vous allez me dire, j'ai déjà bien assez de problêmes personnels pour en plus enfourcher celui des homosexuels ou des lesbiennes. mais justement parce que je sui fragile, hyper-sensible, toute souffrance d'autrui m'est insupportable. Il m'est insupportable de savoir que des musulmans sympas, cools, qui pratiquent, soient obligés de le faire dans des endroits indignes. Il m'est insupportables de savoir que les noirs et les arabes sont barrés à l'embauche. Il m'est insupportable de savoir qu'un pédé qui se sent appelé par Dieu se sente rejeté. Voilà, cette idée m'insupporte.
On aura beau me dire que le rôle du pape n'est pas de se rallier aux modes. Je suis sincèrement désolé, mais non, le Pape, comme les rabbanim, comme les imams, sont condamnés à évoluer. Je ne leur demande absolument pas de renier leur foi. Simplement de l'adapter aux temps que nous vivons. Vatican II a maintenant près de quarante ans. Sur ces quarante années, les évolutions sociétales ont été majeures. Peut-être est-ce le moment de convoquer un nouveau Concile.
Je pensais par-devers moi qu'après tout, je devrais m'en taper complêtement, mais non. Je ne peux pas. J'ai, que je le veuille ou non, une double appartenance religieuse. Et catholique et juive. De les voir toutes deux dériver dans ce sens m'inquiête profondément pour la cohésion républicaine. Et c'est sans doute cela le plus important : la participation de tous au projet républicain d'un pays que j'aime par-dessus tout, la France.