Splinter a écrit :
L'originalité de l'oeuvre (condition de sa protection par le droit d'auteur) est appréciée in concreto par les juges. Le critère traditionnel est que, pour être originale, une oeuvre doit "porter l'empreinte de son auteur". En pratique, il est rare que les juges disent qu'une oeuvre n'est pas originale.
Citation :
Est-ce que par exemple le résumé d'une oeuvre peut-être considéré comme une uvre originale ?
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Eventuellement, s'il porte l'empreinte de son auteur.
Citation :
Est-ce qu'une uvre qui reprend seulement les idées d'une précédente production de l'esprit mais change complètement la forme (exemple romans dont la trame historique est la même mais aucune phrase entre les deux textes n'est identique) peuvent être considérés comme 2 oeuvres originales différentes.
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Principe de base en droit d'auteur : les idées, les concepts, ne sont pas protégeables. On dit qu'ils sont de libre parcours. Des centaines de romans policiers partent de la même idée : un meurtre, par exemple. Il est également parfaitement concevable que deux oeuvres soient considérées comme originales alors qu'elles traitent du même sujet.
L'originalité est appréciée en fonction de l'empreinte de l'auteur, qui, pour un roman, va s'exprimer notamment dans la forme du roman (le style, voire, pour être très terre à terre, "les phrases employées" ).
Citation :
Si par exemple on venait à réécrire un roman en n'utilisant systématiquement que des synonymes de mots d'un autre premier roman, la loi considère-t-elle le 2e texte comme une oeuvre originale ?
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Ce n'est pas la loi qui dira si une oeuvre est originale ou non, mais le juge.
Ce que je vais dire est purement subjectif, mais je pense qu'il existe une originalité à écrire en quelque sorte un "remake" d'une précédente oeuvre en n'utilisant que des synonymes (après tout c'est un exercice de style comme un autre).
Cela étant, il est possible que le juge considère qu'il s'agit d'une oeuvre dérivée d'une précédente oeuvre, auquel cas il faudrait demander l'autorisation des titulaires des droits sur l'oeuvre première (mais ce n'est pas ta question).
Citation :
Est-ce quune loi sur les droits dauteur impose-t-elle à une uvre davoir un sens, une signification ?
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Absolument pas.
Citation :
Si ce nest pas le cas, si on substitue tout mot dun texte avec un mot aléatoirement choisi dans le dictionnaire (toute occurrence de A étant remplacé par le même B, A et B nayant aucun lien sémantique) puis on publie le 2e texte (et il faut avoir à l'esprit qu'il existe un nombre astronomique de ce genre de "2e textes" ) qui na bien sur aucun sens mais est en tout point différent de loriginal, le 2e texte peut-il être échangé (publié) si la bijection permettant le passage du premier vers le second nest pas divulguée ? Est-ce que la loi garantit un monopole sur tout lensemble des formes quune uvre peut prendre ?
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J'ai décroché à "bijection". Mauvais souvenirs de math (j'ai fait TL).
Hem.
Donc ton idée c'est de prendre un roman lambda. Avec un algorithme, on remplacerait tel mot par tel autre sans que l'un soit synonyme de l'autre.
Si je comprends bien, on risque d'aboutir à un texte complètement inintelligible.
Bon, en dehors du fait que ça n'aurait strictement aucun intérêt littéraire, je ne vois pas pourquoi a priori l'oeuvre seconde ne pourrait pas être considérée comme originale.
La protection par le droit d'auteur est totalement exclusive du mérite.
Citation :
Et si cette bijection est divulguée en tant que 3e uvre indépendante des deux premières ? Si par exemple je publiais demain une uvre O qui permettrait à cette uvre O plus à un roman de Balzac de se transformer en roman dUmberto Eco, luvre O serait-elle illégale alors même quelle ne partage aucune idée, expression ou formulation ni avec Balzac, ni avec Eco, ni même avec une quelconque autre uvre déjà publiée à ce jour? Le roman dEco serait-il aussi dans lillégalité puisque simple dérivation dun roman de Balzac qui sans lombre dun doute lui est antérieur (je pars du principe que le fait que les écrits de Balzac soient tombés dans le domaine publique n'entache en rien leur caractère original...) ?
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C'est là que je me rends compte que j'ai anticipé ta question finale.
Une oeuvre pourrait être considérée comme originale mais, pour autant, s'il s'agit d'une oeuvre dérivée, il faudrait obtenir préalablement l'autorisation des titulaires des droits de l'oeuvre première.
Pour Balzac, même si ses oeuvres sont tombées dans le domaine public, il subsiste néanmoins le droit moral, qui est imprescriptible et inaliénable, qui permet aux ayants droit de Balzac de faire respecter l'oeuvre de ce dernier.
C'est le même problème qu'en matière de sampling, par exemple (pour prendre un exemple concret et d'actualité).
Donc, pour tenter de répondre à ta question, je ne pense pas que les oeuvres dérivées seraient "illégales", mais il existerait malgré tout un risque (que je ne me hasarderais pas à quantifier) de violation du droit moral (assez hypothétique en fait, mais bon).
Mais je ne comprends pas bien la question du "roman O + Balzac = Eco".
Si tel était le cas (hautement peu probable), ton roman serait la contrefaçon du roman d'Eco, qui serait (a priori) antérieur à ton roman.
On aurait Balzac > Eco > O+Balzac
J'ai bon ? ![[:jocev] [:jocev]](https://forum-images.hardware.fr/images/perso/jocev.gif)
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