CR du TGV (Tour des Glaciers de la Vanoise)
Contexte
Chaque année j'essaie d'augmenter le kilométrage maxi de mes courses de 10km ou 20km, tant que je prend du plaisir bien sûr. Je ne vise pas de distance cible à terme, juste que j'ai envie de voir jusqu'où je peux aller. L'année dernière c'était le grand trail de Courchevel (56km et 4800d+) que j'avais bien aimé mais trop technique et pas assez roulant à mon goût, ça ressemblait à une longue rando plutôt qu'à un trail. Pour cette année je voulais donc un trail plus long et plus roulant, le TGV avec ses 73km et 3800d+ semblait parfait d'autant plus que Duckjerry et Perrout nous l'avaient bien vendu . Dans la même optique je me suis inscrit au trail du Vercors (85km et 4500d+) en septembre.
Ces 2 courses seront donc les objectifs de la saison, les autres trails c'est que du bonus pour s'amuser.
Au moment des inscriptions le TGV est devenu la course de rassemblement de notre groupe d'amis, on est donc 9 inscrits (6 sur le parcours de 73km et 3 sur le parcours enfants de 22km ).
En prévision de ces 2 objectifs j'ai fait une grosse montée en charge cette année, à fin juin j'avais déjà presque atteint mon kilométrage annuel de 2014 en CAP et vélo Pas trop d'occasion de tester la forme sur des courses à part en ski de fond (merci les crampes à la Maxi) mais à l'entraînement j'ai de super sensations donc je pars confiant.
On arrive sur place le samedi midi en petit comité suite aux nombreux désistements, on ne sera plus que 5 sur le 73km et Burblee sera seul sur le 22km. On se fait un petit resto à base de crèpes et coupe glacées, on récupère les dossards (en apprenant que le parcours n'est pas modifié malgré la canicule seul le départ est avancé de 4h à 3h30) et clefs du chalet (super agréable avec ses murs en pierre de 1m d'épaisseur, on était au frais malgré la canicule et en plus on avait une table de ping pong ).
Comme on a un peu de temps l'après-midi et que le cadre est magnifique , avec Julien et Burblee on se motive à se faire une petite balade d'1h tranquille pour faire quelques photos. A la descente, au bout de 5min je crampe sur les 2 cuisses alors qu'on était au ralenti, qu'on a beaucoup bu et qu'on a dû faire 30m de d- Sur le coup je fais bonne figure mais intérieurement je suis démoralisé, tout cet entraînement pour en arriver là et rater un des gros objectifs de la saison c'est dur.
Je pensais que la maxi était un accident mais au final pas tant que ça. Julien essaie de me rassurer (ça marche pas ) et on essaie de comprendre. Je n'étais pas stressé vu que c'était une balade, ça faisait depuis la maxi que je m'étirais un maxi les cuisses, j'avais bien bu, fait une cure de magnésium, ...
On en conclut sans grand conviction que c'est peut-être les chocs et que les chaussures sont pas adaptées. Pour le lendemain je prévois donc de quitter les Salomon pour des Asics et de mettre un cuissard de compression.
Suite au briefing qui sert à rien, on se fait un bon resto avec Julien, Burblee, La Poutance, Franzoi, Magloire (un ami à nous) et moi. Tout le monde est sérieux et choisit le rumsteack accompagné de crozet ou patates, sauf votre serviteur qui porte son dévolu sur la tartichèvre (tartiflette au fromage de chèvre), quitte à abandonner demain autant me faire plaisir sur la bouffe.
Tout le long du repas je me fais vanner sur mes crampes et Magloire idem sur son abandon d'il y a 2 semaines sur le trail de Samoens . Le resto est à 5km de Pralognan, pile poil sur la fin du parcours, ça nous permet donc de visualiser la dernière descente qui parait bien roulante, faudra garder des cuisses pour ne pas perdre trop de temps dans cette portion dixit Julien, bien noté chef
Ensuite on se fait un petit ping-pong avec Burblee puis à 23h on se dit qu'il faudrait peut-être aller se coucher vu que le réveil est prévu à 1h30
Course
Le réveil sonne à 1h30, on est les seuls debout avec La Poutance, on se prend notre petite crème sportdéj accompagné du petit cake énergie maison, puis petite sieste jusqu'à 2h30 (le réveil des feignants ) et préparation générale.
On arrive pas super tôt sur la ligne de départ et on sera placé environ à la moitié du peloton qui compte 435 partants (530 inscrits sur les 600 maxi, il restait donc de la place).
J'ai encore des courbatures aux cuisses à cause des crampes d'hier, je pense donc que la première descente me sera fatale
Ma stratégie est simple : aller le plus loin possible en essayant de dépasser les 15km tout en sachant que si je crampe avant les 3/4 de la course je n'ai aucune chance d'aller au bout vu mon état à l'arrivée de la maxi plus courte de 30km.
On a décidé de faire le début de course ensemble avec Julien et La Poutance, Tyler fera la course à son rythme tranquillement et Magloire on ne sait pas trop ce qu'il vaut sur ce format donc il gère de son côté.
Départ -> CP1 8km 1000d+ 0d-
Le départ est donné, tout le monde part à bloc et malgré notre position modeste dans le sas on se fait un peu dépasser. Je me cale avec La Poutance sur le rythme de Julien qui a de l'expérience sur ce format. Dès que la montée s'installe on grappille des positions petit à petit, on est sur un rythme tranquille mais pas lent non plus. Au bout de 30min on entend un mec qui nous chambre derrière, c'est Tyler qui revient de l'arrière, et prend la tête du groupe Et ben dis donc, ça paye de pas s'entraîner on dirait. On traverse le lac des Vaches en marchant sur des rochers plats soigneusement disposés, ça doit être joli mais il fait encore bien nuit et on voit pas grand chose, Julien est le seul à ne pas se mouiller les pieds grâce à ses skis nautiques chaussures Hoka compensées.
On arrive en haut de la première côte et au premier CP en 1h28 en 95ème position environ. Pour l'instant il fait bon, le jour commence à se lever et on est groupés avec Julien, La Poutance, Tyler et Magloire.
CP1 -> CP2 14km 500d+ 700d-
On remplit les flasques laborieusement vu qu'il y a du monde et que c'est pas super bien organisé (les bénévoles doivent aller remplir des bouteilles derrière le ravito pour ensuite les verser dans les gourdes des coureurs.
Julien nous presse pour repartir vite , le monde à l'envers.
On enchaine sur 2km bien roulants, quasi à plat, puis la première descente arrive, j'y vais bien prudemment mais rapidement je sens les cuisses qui tirent et les crampes qui arrivent, je regarde la montre : 12km bon et ben j'aurais même pas tenu 15km ce coup-ci. Puis on arrive dans un gros pierrier, petits embouteillages, on marche très doucement par à-coups, Magloire part devant chasser le CR, Tyler est bien à l'aise aussi et me dépose, La Poutance me suit et Julien traîne un peu derrière, ça me surprend vu que sur un terrain comme ça il devrait être bien plus rapide.
Le fait de marcher donne un répit à mes cuisses et en bas on attaque une petite remontée. J'accélère un peu pour dépasser la dizaine de gars qui avancent par à-coups ce qui a le don de bien m'énerver, je reprend Tyler puis Magloire, dès que j'ai passé les quelques grappes de coureurs je ralentis pour me maintenir juste devant et attendre les autres. Le jour est maintenant bien levé, il est temps de ranger la frontale. La Poutance me rattrape vite, on est maintenant sur un single en balcon, tout en terre avec quelques rares pierres juste pour rappeler qu'on est bien en montagne. Devant nous la Dent Parrachée nous montre son glacier et le soleil levant donne de superbes couleurs au paysage, bref c'est beau On aperçoit quelques bouquetins et les kilomètres défilent, 14km, 15km , 16km, 17km, ... dans une succession de faux plats montants et descendants. Tyler et Julien sont juste derrière nous, je maintiens un rythme tranquille qui leur permet de nous rattraper petit à petit. Magloire s'est arrêté mais on ne sait pas pourquoi et on ne le voit plus derrière, on apprendra à l'arrivée qu'il s'est écarté du chemin pour un besoin pressant.
Quand Julien et Tyler nous reprennent, je vois que Julien est vraiment pas bien, il me dit qu'il est vidé, pas de jus. Il nous dit aussi d'y aller et de pas l'attendre, que nenni je lui dis que ça va revenir, je le place en tête du groupe et on suit tous son rythme.
Juste avant le CP2 on attaque une bonne descente, j'essaie de soulager au maxi les cuisses avec les bâtons mais ça tire et je suis à deux doigts des crampes quand le ravito apparaît d'un coup au détour d'un virage
On passe au CP2 14km et 1500d+ en 3h27, environ 95ème place toujours.
CP2 -> CP3 16km 1000d+ 1000d-
On refait le plein d'eau (à partir de maintenant je vais prendre 1,5l contre 1l précédemment), mange un bout et c'est reparti. Je repars un peu derrière avec un sandwich à la main, comme la descente se poursuit je leur dit de partir devant, je les rattraperais à la prochaine montée. Un petit panneau indique le refuge de Plan Sec (prochain CP) à 5h40 de marche, on a beau savoir que c'est basé sur une allure faible, ça calme quand même...
La fin de la descente se passe pas trop mal et je recolle assez vite, on est toujours dans un très bel environnement sur un sentier qui fait le tour des glaciers (d'où le nom du trail ) en balcon mais ici on a quelques bon coups de cul à passer quand même. Julien fait toujours le rythme devant mais je vois que ça ne va pas mieux, il ne décroche pas un mot et ne lève pas la tête de ses chaussures (est-ce pour admirer ses fabuleuses chaussettes à fleur ), je ne l'ai jamais vu comme ça Paradoxalement je suis au top, je papote, j'admire le paysage, je profite pleinement de la chance que j'ai d'être ici et de pouvoir avancer sans crampes
Un peu avant le 30ème une nouvelle montée arrive, je suis en tête du groupe et je me détache petit à petit, je vois La Poutance pas loin mais Julien et Tyler semblent peiner un peu plus. Je continue à monter sans forcer, arrivé en haut je me retourne mais je ne vois aucune tête connue derrière, j'hésite beaucoup, est-ce que je les attend ou est-ce que je continue
Sur le profil il y a une bonne descente jusqu'au prochain ravito, je décide donc de continuer doucement dans la descente et si la forme revient derrière ils recolleront sans problème. J'avoue c'est un peu moche vu qu'on avait décidé de faire la course ensemble mais sur ce coup mon esprit compétiteur a repris le dessus
La descente est superbe, un beau chemin en gravier/terre qui descend en lacets dans les pâturages, pas trop raide, les cuisses chauffent pas trop et les kilomètres défilent assez vite. On commence à apercevoir la station d'Aussois, selon le briefing de la veille le ravito de doit plus être bien loin (la seule info utile que j'ai retenu ), ça tombe bien j'ai plus d'eau. Une petite remontée et hop nous voilà au refuge.
CP3 (38km et 2500d+) atteint en 5h48 et 62ème position. Rétrospectivement je ne me rappelle pas avoir doublé autant de monde, je pense que la pause rapide au ravito précédent nous a fait gagner pas mal de places.
CP3 -> CP4 12km 400d+ 800d-
Comme le système de distribution d'eau est aussi merdique qu'aux ravitos précédents, je vais directement à la fontaine mais elle coule par à-coups : 3 bars de pression pendant 1/2s puis plus rien, etc... Bref je galère à remplir mes flasques lorsqu'on m'appelle derrière, c'est Pouto qui m'a rattrapé Il m'annonce que Julien et Tyler ont pris un bon coup derrière la tête et sont plus loin derrière, on décide de s'attendre pour repartir à deux. On m’indique un stand un peu plus loin avec de la soupe, il commence à faire bien chaud mais dans tous les CR que j'ai pu lire la soupe faisait l'unanimité donc je décide de prendre un bol et c'est la révélation, c'est trop bon ce truc et en plus y'a des pâtes au fond J'en reprend 2 bols et je donne le tuyau à La Poutance.
On repart donc de concert, d'abord une petite descente puis une nouvelle montée, on double quelques coureurs, depuis quelques temps je trouve que les autres semblent bien fatigués et commencent à bien ralentir, on est encore très bien donc on en profite. Je décroche légèrement La Poutance dans les petites remontées mais il y a de nouveau une belle descente vers le prochain ravito donc j'espère qu'il me rattrapera.
Encore un superbe sentier à flanc bien vallonné, je cherche Duckjerry qui devait venir nous voir et pensait nous retrouver sur cette portion et en arrivant au sommet d'une petite bosse que vois-je ? Non pas Duckjerry mais la 3ème féminine en train de se soulager en plein sur le chemin c'est vrai que le peloton commence à être bien étiré mais c'est quand même osé, pas très esprit trail toussa
La descente se profile, d'abord un peu technique et raide, je gère toujours en soulageant avec les bâtons et en y allant doucement mais comme je suis frais j'ai les bons appuis et les bonnes trajectoires donc je remonte quand même des coureurs qui semblent accuser le coup. Plus ça descend et plus c'est roulant, on passe pour la première fois depuis le 5ème kilo sous les 2000m mais on arrive en sous-bois donc la chaleur est très supportable et le chemin est recouvert d'épines de sapin donc très agréable à courir.
Arrivé en bas je pense trouver le ravito mais en fait il est un petit peu plus haut, un panneau indique 30min. Merde j'ai plus d'eau (1,5l bu en 11km ), bon en fait il reste pas grand chose et après avoir atomisé 2 mamies randonneuses dans la montée j'aperçois le ravito et Duckjerry qui m'attend
J'arrive au CP4 (50km 2900d+) en 7h40 et 35ème position en même temps que la 2ème féminine.
CP4 -> CP5 9km 900d+ 300d-
Duckjerry m'encourage, m'annonce que Tyler et Julien ont abandonné au 38ème, je suis dégouté pour eux, j'espérais que leur coup de mou ne serait que passager Il me dit aussi que tout le monde semble cramé et m'encourage à faire aussi une bonne pause de 10min. Mais je suis encore bien frais, je fais vite le plein des flasques, repère la gamelle de soupe et en soutire 2 grands verres et je demande à Duck si il voit La Poutance arriver, il ne doit pas être bien loin. Mais personne en vue (il passera 11min plus tard) donc c'est parti pour la 2ème grosse difficulté du jour : le col de Chavière et ses 900d+.
Duckjerry m'accompagne et ça me donne un bon boost, pour la première fois je lâche les chevaux vu que c'est la dernière montée et on remonte vite sur 4 ou 5 coureurs plus en difficulté. Duck me détaille le profil à venir et notamment un replat d'1km avant le sommet du col, bizarre, j'ai pas vu ça sur le profil moi. Les 500 premiers mètres de dénivelé se passe super bien, je les vois pas passer :
Mon pacer m'annonce que c'est bientôt le replat, que l'an dernier il a marché sur cette portion et perdu pas mal de places. Effectivement, on débouche sur un grand cirque et le col apparaît tout au fond, pas très haut mais sacrément loin
En fait de replat c'est une succession de plats montants et descendants sur un chemin pas toujours évident, je me sens obligé de courir vu que Duck m'a dit que marcher ça fait perdre du temps mais l’enchainement des petites bosses et descentes et l'alternance marche/course commence à m'user un peu, moi qui pensait m'en tirer avec un km vertical je suis un peu dépité.
Depuis quelques temps on ne voit personne à part des randonneurs, seul un coureur est 200m devant mais il a quasi le même rythme que moi et je ne le rattrape que cm par cm. L'avantage c'est que ça me fait un point de référence pour me motiver. Duckjerry s'étonne que l'on n'ait pas rattrapé la première féminine passée 5-10min avant moi au ravito précédent mais je le sais les femmes ont souvent un très gros finish. On arrive enfin au bout du cirque et on attaque les 350 derniers mètres de d+ avant le col.
Mon pacer me décrit en détail la descente qui va suivre jusqu'à l'arrivée, m'annonce que le premier vient d'arriver puis me quitte pour aller soutenir La Poutance qui ne doit pas être loin derrière. Je ne sais pas si c'est le fait de me retrouver seul, l'altitude (le col est à 2800m), la fatigue ou les 3 cumulés mais je commence à accuser un peu le coup, je décide donc de gérer la fin de l'ascension afin de garder du jus pour la dernière descente (je me rappelle bien des paroles de Julien hier : "Si t'es encore frais à la fin tu mets 1h30 pour la descente, si t'es cuit tu mettras 2h30" ). Juste avant le sommet on traverse quelques petits névés et je rattrape le coureur que j'avais en point de mire depuis presque 50min.
Le début de la descente est très raide, il n'y a pas vraiment de chemin et pas assez de neige pour descendre dessus, donc j'assure en m'aidant des bâtons, on aura bien le temps de dérouler par la suite. Du coup je demande au coureur s'il veut repasser vu qu'il semble plus rapide, il me dit "Je veux bien, je sais pas si c'est une bonne idée mais je vais essayer" et il file devant. Au bout de 150m d-, le terrain devient moins technique et moins raide, je m'arrête 30s pour poser les bâtons et je relance, les jambes répondent encore super bien et aucun signe de crampe. Je rattrape rapidement un petit groupe de 6 dans lequel figure le coureur qui m'a repassé au début de la descente, je les double peu avant le dernier ravito qui tombe encore bien puisque j'ai plus d'eau.
Passage au CP5 (59km 3800m d+) en 9h24 et 21ème place.
CP5 -> Arrivée 14km 30d+ 1100d-
Ravito express, je remplis 2 flasques, 2 carrés de chocolat pour donner du sucre au cerveau et je sors pleine balle du ravito mais je m'arrête aussi sec, merde c'est par où le parcours ? Je retourne donc demander mon chemin et je repars toujours au taquet sur un gros chemin forestier bien lisse assez raide, il suffit de se laisser entraîner par la pente à grandes enjambées, c'est certes pas très bucolique mais à ce niveau de la course j'apprécie beaucoup, d'autant plus que le paysage reste au top.
Je commence à rattraper les derniers randonneurs qui faisaient le tour sur 2 jours (avec l'organisation du trail en support) et cela va continuer jusqu'au bout, ils sont supers sympas et m'ont presque tous glissé un mot d'encouragement que j'ai renvoyé lorsque je le pouvais. C'est agréable vu qu'il n'y a pas un coureur en vue, je suis seul de chez seul et je commence à cogiter, je réalise soudain que je suis presque au bout, il ne reste que de la descente, "Putain mais ouais, je vais le faire, je vais le terminer ce trail ", j'en ai tellement rêvé de ce moment depuis 6 mois et j'y croyais tellement pas en prenant le départ que j'en ai les larmes au yeux
Je regarde la montre, encore 10km et 700m à descendre, bordel je pensais en avoir fait plus que ça, je pense à un col de vélo que l'on fait souvent et qui fait la même distance, et je réalise que c'est comme si j'allais devoir le descendre en courant, ok bon on va pas s'enflammer, ralentir un peu et gérer tout ça.
J'aperçois au loin deux coureurs que je rattrape bien vite, mais la pente se radoucit petit à petit et je recolle de moins en moins vite. Arrivé à leur niveau je vois que c'est la première féminine et un autre gars, je l'encourage, je lui annonce que la 2ème est loin derrière et qu'elle a course gagnée, ça lui fait plaisir. Puis je pars devant mais je sens que les sensations sont de moins en moins bonnes, les mollets et l'arrière des cuisses tirent un peu, je préfère ne pas forcer pour éviter les crampes et je me force à boire, pas évident vu que j'en suis à 8l engloutis depuis le départ (sans compter les cocas et soupes au ravitos) et que l'estomac est bien gonflé
Soudain j'entends un coureur derrière qui revient, je me retourne et c'est la féminine qui me recolle et me pose dans 2 petites remontées, impossible de suivre, je suis bluffé, elle est bien essoufflée, elle est largement en tête mais elle continue de courir à bloc, c'est fou S'en suis quelques descentes plus raides, je suis plus à l'aise et j'en profite pour reprendre l'avantage et la doubler. On aperçoit au loin un hameau, je crois reconnaître le resto d'hier soir et je me dis "chic plus que 5km !", sauf que plus je me rapproche et moins ça ressemble, un petit coup d’œil à la montre me confirme qu'il reste encore 8km, il va falloir serrer les dents pour garder le rythme.
Cette portion me paraît interminable et pourtant j'ai encore de bonnes jambes, je pense aux derniers qui vont sûrement marcher ici et je me dis que ça va être un calvaire pour eux. Après une partie presque à plat je me retourne pour voir quand la féminine va me manger mais elle est assez loin derrière et ne semble pas au mieux, je ne la reverrai plus. Enfin je vois le resto au loin, je sais que Burblee doit nous y attendre après sa course (et après avoir payé le resto de la veille vu qu'ils ne prenaient pas la CB et qu'on avait pas de liquide ) donc je fais des grands signes avec les bras et au loin un gars me répond j'ai mon deuxième pacer !
Il m'annonce 5km 307m d- et 23m d+ avant l'arrivée, voilà ce que j'appelle des infos de qualité On discute pas mal, il me raconte sa course, je lui raconte la mienne, à un moment il me dit "Arrête de parler et respire, tu vas te prendre un point de côté sinon ...". Il m'annonce un virage puis une côte de 20d+, on prend le virage puis on monte un dos d'âne qui doit fait 1m de haut, je lui dis "C'était ça la côte ?", "Non non, c'est dans 200m", "Ah merde, c'est vrai que ça m'a paru facile ".
Effectivement on arrive devant un petit mur, j'annonce direct à Burblee que je vais marcher, je commence à avoir faim, même s'il reste que 3km je profite de ce moment d'accalmie pour prendre un gel juste pour faire passer la sensation de faim.
J'essaie de relancer dans les descentes qui suivent pour abréger cette portion qui n'en finit pas, Burblee reçoit un coup de fil de Julien qui me félicite, ça fait bien plaisir venant de sa part
A 500m de la ligne on remonte sur un gars qui trottine, se retourne, me voit et semble accélérer, je demande à mon pacer "C'est un coureur ou un randonneur ?", il me répond "J'en sais rien ", j'annonce "Ok dans le doute j'accélère et je le fume, esprit trail ". Vu son état je n'ai aucun mal à le dépasser et c'était bien un coureur, une place de gagnée
Burblee me quitte pour me laisser profiter des applaudissements dans la rue principale, ça fait chaud au cœur mais c'est pas aussi fort que si on avait pu finir tous ensemble.
Je lève quand même les bras sur la ligne, je l'ai fait !!
Arrivée en 10h35 et 17ème place, complètement inespéré, c'est quand on s'y attend le moins que les perfs sont là ...
Lien Strava
Je suis rincé, l'accélération mise depuis le 50ème m'a bien vidé, on va se poser vers l'arrivée pour attendre La Poutance qui arrive frais comme un gardon, la foulée légère, pas longtemps après. Il nous annonce que Magloire était avec lui dans le dernier col mais a les pieds en compote (tu m'étonnes à faire 75km en sense) et ne peut plus courir, on file donc au chalet prendre une bonne douche réparatrice.
En fait Magloire arrivera peu après et on verra Franzoi après son arrivée bien content d'en terminer lui aussi
Désolé pour le méga pavé mais cette course n'en mérite pas moins, c'est exactement le profil et le type de terrain que j'espérais et les paysages sont encore mieux qu'attendus, bref c'est le meilleur trail que j'ai pu faire jusqu'ici, je recommande chaudement.
Un grand merci à Perrout pour son CR de l'an dernier, à Duckjerry pour ses encouragements, ses infos et ses photos, à La Poutance et Tyler pour le bout de chemin fait ensemble, à Burblee qui m'a tiré sur la fin et à Julien pour ses précieux conseils, vous êtes au top
Petit point matos : juste pour dire que les Asics Fuji-Attack c'est de la super chaussure , très bonne accroche, très bon amorti, aucune douleur ou gène pendant la course et elles ont séché hyper rapidement après chaque ruisseau traversé.
Conclusion (parce qu'il en faut bien une) : la Tartichèvre c'est bon, mangez-en !!