Profil supprimé | Budykiller a écrit :
Cette nuit je me suis réveillé. Je n'avais pas idée de l'heure qu'il était, mais je me sentais préoccupé. J'ai pensé à toi, ce que tu faisais ou devenais. Si tu éprouvais de la tristesse. Ça fait 3 semaines que nous nous sommes séparés, ta décision, après 6 mois ensemble. La distance, et sûrement pour toi l'envie de ne pas te poser à ton jeune âge. D'elle, je n'ai pas de nouvelle. Je ne lui écris pas, et elle non plus. Alors ce matin sans trop savoir pourquoi, j'ai ouvert Instagram, que j'évitais religieusement jusque là de peur de tomber sur des photos qui fâchent. Et là voilà devant moi... magnifique et souriante, même si j'ai le sentiment de lire autre chose dans ses yeux. Quelqu'un l'a pris en photo, chez elle, et cette personne, ce n'est pas moi. Son plaid rose dont j'aimais me moquais et toujours là, en boule derrière elle. Ce salon où je l'ai attendu tant de fois quand elle travaillait. Un post-it avec un coeur que j'avais griffonné au stylo avant de repartir, ornait jadis son meuble télé. De moi, il ne doit plus rester grand chose maintenant. Peut-être ce cadre que je lui avais offert à Noêl, avec une photo que j'avais prise sur la côte, symbolisant notre rencontre. Puis il y a tous les mots clés sous la photo. #smiling #fun. Ca reste...des mots-clés. Mais qui blessent. Parce que de ma vie, à moi, il n'y a rien de fun. Je fais partie de ces gens qui se lancent à corps perdu à la recherche du bonheur. Et qui aiment sans retenue. L'amour, celui qui vous rends vulnérable, qui vous transperce quand il y a des bas, mais qui vous emporte quand il y a des hauts. Moi, je ne t'oublies pas. Ni ce dernier appel où tu m'as expliqué que c'était fini, et qu'après 3h à parler ensemble, je t'ai souhaité bonne nuit en sachant que ce serait la dernière fois. J'ai de l'admiration, pour ceux qui peuvent tourner les pages d'un livre si rapidement. Moi, je suis un lecteur différent. De ceux qui aimerait rester toujours sur la fin d'un livre, en se disant que c'était une belle histoire et qu'après tout, je n'en voudrais nulle autre que celle-ci. Et puis, on se dit qu'il n'est pas possible de ne plus lire, que c'est idiot, que d'autres livres ont sans doute de belles histoires, même si on désespère de les trouver. Je me suis inscrit à une sortie OVS. Mots clés, hashtag #fun #smiling. Essayer d'oublier, sur une piste de bowling. Oui, j'ai rigolé avec des inconnus... je t'ai même comparé à d'autres. Ton absence me permets de mesurer ce que je n'ai plus à mes côtés, mais je le savais déjà. Il parait que l'on comprends ce que l'on a, seulement lorsqu'on le perd. Mon expérience fait que j'ai su dès le 1er jour, ce que tu m'apporterais. Mon coeur s'est arrêté de battre quand le speaker à prononcé ton prénom si peu commun, au micro. Ironie du sort, pour quelqu'un voulant t'oublier. Hashtag #smiling #fun #instacool. Les rideaux tombent. Je perdu la partie de bowling, de 2 points. Si prêt du but, un peu comme dans chacun de mes relations. Il me reste 10mn de trajet pour revenir chez moi, le temps de dire au revoir à ces nouveaux faux amis. On se sourit, on se serre la main. "A la prochaine !" on se lance en chœur. Et puis la réalité revient, brutale. En marchant jusqu'à la voiture, un clac de portière, la clé tourne dans le neiman, et la musique se lance. Il ne pleut pas dehors, mais mon pare brise est flou, vision teintée de larmes. L'espace d'un instant, j'ai tenté de conjurer le sort, et de faire bonne figure. Me dire que moi aussi, j'étais #smiling, que ma vie était #fun. Mais il n'en était rien. Du bonheur de surface. Et toi, étais-tu seulement heureuse hier ? Tes yeux que je connais si bien, j'aimerais savoir ce qu'ils disent au fond de toi. Peut-être es-tu vraiment heureuse, et que mes post-it sont partis à la poubelle, mon cadre rangé dans un tiroir, tout comme mon écharpe aussi. Souviens-toi, celle avec laquelle tu ne pouvais t'endormir en mon absence. Pourquoi me suis-je réveillé cette nuit, pour voir tout ça ce matin ? On a toujours été lié toi et moi, quand il t'arrivais quelque chose, il m'arrivait pareil quelques jours après. Alors cette nuit, sans doute j'ai senti que quelque chose se passait. Tu vois, moi je n'ai pas changé. Mon salon est resté le même depuis ton départ il y a 1 mois et demi. Ta chaussette oubliée est toujours sur mon meuble TV, tout comme tes briquets. Ce n'est pas facile de choisir un autre livre, surtout quand le précédent vous a marqué à tout jamais. #smiling #fun #bonheur
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Budykiller a écrit :
Alors j'imagine que c'est l'heure. Le jour où il nous faut ranger ce livre, jadis si précieux. Celui la même qui vous aura accompagné au gré du vent, des saisons, de vos humeurs. Peut-être même qu'il vous aura changé. En bien, c'est ce que l'on espère tous en observant sa couverture ; tous ces détails, augurant de belles promesses. Lui, il aura été jusqu'en Espagne, et même en Angleterre. Quelqu'un rentre un jour dans notre vie, mais on ne pense jamais au jour où il / elle s'en ira. Pourquoi une fin si abrupte ? Un curieux livre que celui-ci, comme tant d'autres. On tourne les pages, dévorant chaque mots. Des mots qui font sens et raisonnent en nous. Certains grandissent avec une voie toute tracée, des ambitions, des projets, des évidences, des parents aimants et attentifs, présents. Pour eux, trouver l'âme sœur n'est pas une finalité, car ils ont déjà compris tant de choses. Et il y a les autres, les égratignés de la vie. Leur carnet de santé est un texte à trou, et comprendre leur histoire ne leur est possible qu'avec des auteurs passionnés. Ils n'ont jamais appris à naviguer seul, où le font par dépit. Avez-vous déjà essayé d'attraper un papillon avec un filet troué ? La vie est ainsi faite que nous sommes tous inégaux, mais que nous aspirons tous à être heureux. Alors oui on tourne les pages, encore et encore. On aimerait que la fin soit celle que l'on ait imaginé. Jusqu'au jour où l'auteur a pris un malin plaisir à arracher les pages, ou coller les chapitres sordides d'un autre de ses livres. Une fin inattendue, de celle qui vous dérobe le sol sous vos pieds. Un fin qui nous fera encore perdre des plumes, plutôt ironique pour un écrivain. Puis vient le temps des questions, des incompréhensions. Et si j'avais fait différemment ? Et si seulement j'avais dit ça ce jour là ? Non, après tout, peut-être ais-je mal compris un chapitre !? Alors on court ressortir notre livre, à la recherche d'indices disséminés par l'auteur et qui nous auraient échappé, pris dans l'ivresse des sentiments à la 1ère lecture. Après tout, l'amour rend aveugle. On aimerait comprendre, rejouer le scénario, trouver des réponses. Les moments magiques refont surface, on sourit, oubliant ses moments qui nous ont blessé. Parfois on comprend, trop tard. Car on oublie qu'un livre, c'est écrit par quelqu'un mais que c'est nous autres, lecteurs, qui l'interprétons. Et puis parfois il n'y a rien, aucun indice, juste une belle écriture. Impossible de nous être trompés. Alors, pourquoi moi ? je ne méritais pas ça, non, pas après tout ce que j'ai fait ! C'est injuste. Oui mais voilà, ainsi va la vie, aussi cruelle soit-elle. L'amour n'a rien de juste, et il n'y a pas de mérite. Il y a t'il quelque chose à comprendre ? Si les choses devaient se terminer, c'est qu'il ne pouvait sans doute en être autrement. Le temps fera l'affaire nous dit-on, sans doute la raison pour laquelle j'accumule les montres. Mécanique de précision, où chaque seconde me rappelle le temps qu'il me reste avant d'aller mieux. Et si le problème c'était nous ? Regarde les autres ! Ils sont tous casés ! Pourquoi nous, vacillant perpétuellement sur le chemin de l'amour. Ou celui du bonheur ? Après quoi court-on finalement, qu'est-ce que c'est le bonheur ? est-ce l'amour ? Peut-on vivre heureux mais seul ? S'aimer soit-même avant tout, voilà ce que l'on nous rabâche sans cesse. Mais moi je m'aime bien. Je ne pète pas plus haut que mon cul, et essaye d'être juste. Je ne me suis jamais laissé aller, au contraire. Pris dans un étau, mes propres barrières et la pression de la société, qui voudrait que je ne sois plus locataire, marié, et dans les normes. C'est quoi la norme ? Je n'ai pas choisi mon destin, mes aventures, ni celles qui ont croisé ma route et auxquelles je me suis attaché, avant de nous laisser sur le bord de la route. Mais aujourd'hui, si à mon âge je n'ai toujours pas d'enfants et suis toujours célibataire, "c'est que j'ai probablement un grain". Un grain... comme l'envie d'être heureux ? De partager ma vie ? Le seul grain de sable que je garde, il vient de la côte, sur la plage où nous nous étions allongés toi et moi en regardant les nuages un jour de Septembre. J'ai plus de 30 ans maintenant, mais ce soir je fatigue de ces éternels recommencement. Un jour sans fin, voilà ce que pourrait être ma vie. Des histoires qui se répètent en boucle, mais où j'ai le sentiment de m'améliorer à chaque fois, d'avoir compris mes erreurs, dépasser mes peurs. Mais au final, je suis toujours perdant. Peut-être parce que je n'ai toujours pas compris ce qu'était le bonheur, malgré l'aide de précieux camarades sur mon chemin. Se relever, encore et encore. Marcher dans l'inconnu, seul, avec ma hotte dans le dos. Une hotte sans cadeaux, mais où je cache tous mes livres qui ont fait ma vie, celui que je suis aujourd'hui. Ne pas avoir de regrets, voilà ce que j'ai appris. On ne sait jamais quand la vie s'arrêtera, ni si le livre que l'on a trouvé durera. J'avais juré qu'il n'y aurait plus de "si j'avais su". Ce jour où je t'ai raccompagné à la gare, après 2h de route dans la nuit noire, je t'ai dit au revoir sur le quai en ne sachant pas quand on se reverrai. C'était la dernière fois... mais je ne le savais pas. Tu m'as dit "je t'embrasse maintenant avant que le train arrive !", et j'ai souri. Oui si j'avais su, sans doute je t'aurais pris dans mes bras, même si tu détestais ça. Il me reste le souvenir de ton visage, disparaissant lentement derrière le hublot à mesure que le train s'en allait. On a le choix de se protéger, de ne pas se laisser porter : j'ai choisi de me rendre vulnérable, en sachant ce que ça pouvait me coûter. Coincé dans les bouchons, il fait 17°C, j'ai le cœur froid comme la banquise. Je me demande quel temps il fait chez toi, probablement pluvieux. Je croise des visages et me demande pour chacun d'eux s'il est heureux. Cet homme là, peut-être que ses enfants l'attendent pour manger ? et elle, peut-être qu'elle retrouvera son copain ce soir ? Et lui, a t'il trouvé le bonheur ? Et toi Budy, qu'as-tu prévu ce soir ? Une lessive de blanc et des raviolis en boite. Posé sur la table, il y aura mon téléphone, muet. Souviens-toi Budy, quand tu rentrais plus tôt pour manger rapidement afin d'être prêt à décrocher quand elle te raconterais ses péripéties. Mais ça, elle ne l'a jamais su, comme tant d'autres choses que j'emporte avec moi. Si l'amour était ma pièce aujourd'hui, je serais probablement clochard. Oh, riche du cœur diront les bien pensants. Riche du cœur, sans doute... mais il y a des monnaies que peu de femmes comprennent.
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Il est un temps où le livre doit être fermé. La nostalgie mène bien souvent à la mélancolie. Vivre dans le passé n'améliorera jamais ton présent et encore moins ton avenir. Si écrire, tes émotions, ton ressentiment, tes regrets te fait du bien... peut-être est-ce une bonne chose. 3 semaines pour 6 mois. C'est mathématique certes, et les math négligent l'intensité des sentiments. Quand bien même, très cher, le passé n'a rien à t'offrir. Rien. A part, ouvrir à l'aide d'un scalpel une plaie fraîchement refermée. T'imagines la douleur ? Moi, quand j'ai finis un livre, je le ferme et le pose sur mon étagère. Et je pense au prochain bouquin en espérant qu'il me transportera autant voire plus que le précédent. |