Reprise du message précédent :

Nous on a toujours annoncé aux "moins proches" à 3 mois
Les proches s'en rendent vide compte : tu ne bois plus d'alcool et tu passes pas mal de temps aux chiottes

Et je t'en remercie.  

On a prévu la rénovation de la dernière pièce qui est à l'autre bout de la maison oui
 

En général si, effectivement !
Nous c'est bien pour dans 6 mois

 
Bonjour à tous,
 
Avec un peu de retard, j'ai eu envie de donner suite à cette (vieille) discussion et de répondre à cette question.    
A nouveau, n'y voyez pas de revendications particulières. Il s'agit juste de donner un retour d'expérience, en particulier pour ceux qui se posent la question du changement de vie/expat sauvage... de la fin de la trentaine.
 
Il est difficile de bien résumer une grosse année de vie, mais je vais essayer.
 
- L'objectif de base:
 
Approche de la fin de la trentaine, ras le bol du quotidien, d'une carrière dans le fossé, l'ennui... m'ont poussé à tenter ma chance au Japon, après une grosse année de préparations diverses. L'objectif étant d'apprendre la langue, trouver un emploi et surtout, "chercher une vie meilleure/plus intéressante".  
 
- L'année écoulée.
 
Sincèrement, ça a été difficile, plus que prévu. C'est aussi une année vraiment riche et excitante.  
 
Au niveau de la langue, j'ai attaqué ça avec tout le sérieux possible. Participation active en cours, travail perso, exposition "maximale" à la langue. Simplement, comme je ne suis plus tout jeune, et que je n'ai jamais été un génie des langues, j'ai beaucoup galéré. Des centaines de fois je me suis retrouvé à buter sur la langue, que ce soit en passif ou en actif. J'ai consacré un temps dingue à la langue et beaucoup d'énergie. Il y a eu des moments de quasi détresse. Le genre de moments où l'on bûche sur des devoirs, on ne comprend plus rien, et d'un coup on se saisit du cahier pour le jeter contre un mur avant de commencer à pleurer de frustration. J'ai connu ce genre de moments, je n'en suis pas fier, mais ça fait partie de l'aventure. A plusieurs reprises j'ai été tenté de relâcher la pression, d'autant que plus je montais dans les classes, plus je perdais de vue les occidentaux (qui abandonnaient, qui partent dans des niveaux plus faciles, etc). Je suis le seul occidental de ma classe depuis 6 mois.  
 
Je visais "au plus vite" un JLPT N2 (je fais simple: un certificat d'aptitude au japonais, pour prétendre à pouvoir travailler en japonais). J'ai tenté une première fois pendant l'été, et je me suis vaporisé sur le mur de la difficulté. Dur à encaisser, mais après quelques mois d'efforts acharnés, c'est passé en hiver dernier (c'est tout récent).  
A côté de ça, il faut gérer l'angoisse de "savoir si on a bien fait", de voir la vie continuer du côté des amis restés en France, gérer le fait qu'on ne rentre pas une tune et qu'on vit sur les réserves. Sincèrement, ça a été dur et j'ai longtemps pensé que les autres vivaient tout ça mieux que moi. Après plusieurs discussions, j'ai fini par comprendre qu'au final, tous les élèves "avancés" partageaient ce genre d'angoisses. Et même si je reste sans doute pas à l'aise en japonais, je constate la progression. Je parle en japonais, je lis au quotidien du japonais, je regarde netflix en full japonais. J'ai des entretiens en japonais, j'ai maintenant un N2, je joue en japonais...  
 
C'est aussi l'occasion de sortir de sa bulle de CSP. A Paris, au boulot, on ne sort plus d'un tout petit univers. D'un coup, je suis projeté dans un environnement avec des gens de nationalités diverses, de parcours très divers. Les aspirations divergent, certains aspirent juste à avoir une vie simple, d'autres sont déjà virtuellement héritiers de fortune. J'ai une amie qui va 4 fois par semaine dans des restaux étoilés de Tokyo et dont les tenues représentent des sommes dingues. J'ai un ami qui trime dans une cuisine de bouiboui pour payer une chambre minuscule. Je discute avec des gens venus d'Amérique du Sud, dont les parents sont japonais, et qui se retrouvent entre 2 eaux ("pas étranger" + "pas japonais" ), qui cherchent leur place, parfois dans la douleur. Certains de nos profs ont connu la Bulle japonaise et son éclatement, ont littéralement vu leur monde changer de fond en comble en l'espace de 20 ans.  
 
De l'autre côté, j'ai beaucoup appris, dans ma relation aux autres, à la vie, à ce que je veux faire ou ne pas faire. J'ai repris en partie confiance en moi sur certains aspects. J'ai passé de super moments avec des amis ici, je passe beaucoup de temps avec mon amie (avec qui je rigole beaucoup, malgré les difficultés de la langue ou les difficultés "tout court" ). J'ai voyagé (rien de fou! Mais j'explore la région), découvert plein de choses. Avec certains amis, j'ai arpenté Tokyo. Je me suis mis à fond sur la photo (une passion intermittente auparavant) et j'échange longuement sur ce sujet, parfois avec des Japonais rencontrés par hasard. Je reste souvent émerveillé par des petits aspects de la vie quotidienne ici. J'ai une vie sociale supérieure à celle que j'avais en France, ce qui est étonnant je trouve.  
 
Pour le travail (objectif de base), là aussi: j'ai craché du sang. Pas loin d'un an de recherches. Intense au départ, pour faire un début de réseau et comprendre comment ça marche. Puis très vite j'ai compris que mon faible niveau de japonais allait poser souci (un premier entretien de 2 heures en japonais, après 5 mois de cours... à la fois une grande fierté d'avoir réussi à ne pas craquer, mais une sacrée claque dans la gueule aussi). J'ai donc lancé une sorte de course de fond entre "progresser en japonais au plus vite" et "ne pas oublier qu'il faut surtout un travail et donc y passer du temps". Et si possible, ne pas s'épuiser et s'amuser un peu.    
Je crois que sur l'année, j'ai envoyé plusieurs centaines de CV (pas loin de 1000 en fait). J'ai eu des entretiens, souvent pas concluants. Là aussi, beaucoup de découragements, mais j'ai réussi à ne pas abdiquer et je veux croire que cette expérience sera très utile même en France. Faire, refaire, rerefaire son CV, le traduire en japonais, le vendre, essayer de trouver des contacts, s'entraîner aux entretiens, en anglais, en japonais...  
 
En donnant vraiment tout ce que j'avais en fin d'année dernière, outre le N2, j'ai réussi à obtenir 2 offres la même semaine. Ces offres ne sont pas "dingues", loin de là. Je vais tout de même en accepter une, et pour le coup, apprendre un nouveau métier. Je le vois comme un prolongement de l'aventure: j'ai fait 10 000km, appris une nouvelle langue, autant continuer les découvertes et tenter le coup. Potentiellement ça peut être très éprouvant et ingrat, comme, avec de la chance, stimulant et plutôt rémunérateur (très petit fixe, beaucoup de variables). On verra bien. Concrètement, je suis parti "parce que je mérite mieux" (je résume hein), et je me retrouve à signer pour quelque chose où je commence tout en bas de l'échelle, comme un junior. Vu de loin, ça semble être un coup foireux, mais ça fait partie des enseignements du voyage.  
Ce qui est sûr, c'est que même si c'est loin d'être parfait, je veux aborder cette nouvelle page avec entrain. La 2eme offre était plus beaucoup plus proche de ce que je faisais avant, et payé convenablement (enfin pas fou du tout mais niveau de vie comparable à ce que j'avais en France), mais c'était "trop pareil" et je restais sur ma faim à l'idée de repartir dans cet univers.  
 
Pour résumer le résumé:  
 
C'est une expérience toujours très difficile je trouve, très angoissante, qui vous interroge en profondeur. C'est aussi une expérience enrichissante, une vraie prise de recul. Certaines espérances ont été confortées, d'autres mises à terre. Sans talent particulier, mais avec de l'acharnement, on arrive à s'en sortir, même s'il faut faire beaucoup de compromis (à ce stade du moins). J'ai souvent eu l'impression de ne pas être au niveau, et puis quand on regarde autour de soi, on se rend compte que beaucoup ont déjà lâché, abandonné, galèrent autant. En sortant de sa zone de confort, on mène une vraie petite aventure, qui n'intéressera pas grand monde et qui ne finira pas dans un manuel d'histoire, mais c'est MA petite aventure, et pour un esprit fatigué et lassé, c'est sans doute un bon décapage vivifiant. Reste à ne pas se casser la gueule et à continuer de construire ce que l'on peut.  
 
D'un point de vue "convenabilité", je pense pouvoir dire qu'à ce jour, mon "périple" est une catastrophe   (d'un point de vue monétaire/carrière), mais tout ne se résume pas à un compte en banque ou à un CV chatoyant, je veux croire.  
 
Moralité, si ça en intéresse, je ferai un nouveau retour dans quelques temps.    
Désolé pour le pavé, je rends le micro.    
 

Et ben putain faut aimer se faire chier quand même ....
 
 
Le vieux fantasme du Japon de l’incel

très intéressant  
 
et chapeau pour ne pas avoir laché !

Sacrée tranche de vie.

Au moins t'auras vécu une de ces aventures ou y a quelques montagnes.

Merci, c'était très intéressant.
N'hésite pas à donner des nouvelles.
Ne pas pouvoir aller à Tokyo U aura été mon seul regret durant mes études.

Mais qu'est ce que tu raconte?

Eh bah

Retour très intéressant, tu sembles aborder ta nouvelle condition avec beaucoup d'humilité

Courage à toi pour la suite, ca semble en tous cas une expérience extrêmement enrichissante, si l'on excepte le plan matériel.

Merci pour les nouvelles, ça change un peu des discussions habituelles d’ici!
 
Je suis admirative de ta persévérance, et effectivement, s’il doit y avoir des moments vraiment compliqués, je pense que tu y auras gagné beaucoup au final.  
 
Bon courage!

 
Post tres interessant. J'ai un peu fait la meme au meme endroit mais plus de 10 ans plus jeune, et un concours de circonstance assez heureux  m'avait permis de trouver un bon boulot avant d'avoir decroche mon JLPT L2.
Bien joue en 1 an, c'est vraiment un tres beau resultat   Vu ton age tu vas pouvoir te trouver une Japonaise "perimee" pour refaire ta vie et t'installer sur le long terme par la-bas. Enjoy  
 
Et "felicitations" a Darya. La derniere fois le topic m'a dit qu'il fallait dire ca pour celebrer la conception  

A l'époque des tunnels, c'est se fatiguer pour rien

 
Pourquoi n'as-tu pas pu ?
 
J'ai quelques regrets niveau études, le Japon fait plutôt partie du bas

C'était en 2011.
Mais j'avais une bourse et tout. C'est con, je me suis retrouvé à devoir bosser en fronse.

Avec un salaire déjà confortable et deux enfants je resterais sur le choix A si le choix B  n'est pas significativement plus rémunérateur.

Perso j'avais commencé le process pour Tokodai, mais la flegme finalement

Tu penses que tu aurais été plus heureux à travailler au Japon ?

Attention sur le job B, l'exposition/visibilité/hype sur des sujets importants qui sont au cœur de la stratégie de ta boite, ça veut dire que tu es sous le feu des projecteurs de la direction générale avec potentiellement beaucoup d'attentes. Si tu fais tes preuves et que tu es repérée (ce qui est tout ce que je te souhaite), on va te charger la mule et te donner des responsabilités/périmètres qui grossissent. Toi qui es attachée à l'équilibre pro/perso, prends bien en considération les conséquences moyen/long terme. On ne maitrise pas toujours à 100% ces aspects là

Hyper intéressant  

Tant que tu ne laisse personne derrière en France, je trouve le projet top.

Un aspect qui n'est pas couvert dans ton message c'est ta vision de la culture/société japonaise après un an. Tu en penses quoi en tant que français, le fonctionnement/les attitudes/les gens etc.

Je sais pas. Je voulais juste changer d'air après des études "utilitaires".
Et j'avais pas vraiment prévu de bosser en France : j'avais pas préparé un plan B.

Tu aimais les mangas, gamin ?

Pas spécialement.

Ok.
 
Dans mon entourage, les seules personnes de ma génération qui fantasment sur le japon sont des geeks kiffant les japoniaiseries, et j'ai l'impression que c'est franchement commun comme truc.

Je vois le genre, j'ai été en école d'ingé.

Un truc totalement surréaliste, de ma lorgnette de franchouille qui respecte pas les regles, au Japon, c'est ceci : https://www.telegraph.co.uk/travel/ [...] ido-japan/
 
Même si c'est un truc que je veux faire au moins une fois dans mon existence, tester la neige d'Hokkaido au milieu des snow monsters.

Si j'avais été plus mobile, je pense que j'aurais plutôt tenté la Russie, les US, ou la Nouvelle-Zélande

Un moment, je ne voulais même plus en entendre parler tellement j'avais le seum.
Mais à présent, c'est revenu dans la liste des destinations où j'aimerais bien aller en voyage.

 
 
Le fantasme des asiatiques qui kiffent les occidentaux, pratique dans la tête de certains

 
Merci pour ce retour et bravo pour le parcours. Je salue ton courage et ton abnégation.
 
J'ai tout de même une interrogation : pourquoi n'avoir pas choisi l'offre qui était plus "convenable" ? Elle t'aurait permis de continuer à progresser dans la langue/monde du travail japonais et cela ne t'aurais pas empêcher de postuler à des postes plus intéressants et plus éloignés par la suite.

 
Félicitations! (si c'était voulu   )

Merci pour ce CR  

 
Disons que si je fais ça je crains, me connaissant, de me retrouver à cherche en externe dans 6 mois/ 1 an
 

 
   
 
C'est à peu près le seul point négatif que j'y voit, après je reste sur une fonction transverse sans management ni budget à gérer donc toujours un peu plus protégée que celui qui va au front
 
Et la mule on se la laisse charger ou pas, j'en suis convaincue, mais c'est quand même un point à risque on est d'accord.

Sale habitude chez les jeunes d'aujourd'hui qui ne sont plus capables de se poser pendant 40 ans.

 
Féloches !!!  
 
(oui j'ai 10 wagons de retard )

 
incroyable oui    
 
perso je suis bien pour l instant, le salaire net à fait quasi +50% depuis le début de carrière (8 ans) ce qui est peut etre pas le top du top mais me parait sacrément OK quand meme, 3eme poste, je peux faire des trucs sympas, varier, me spécialiser si j'ai envie, etc
c'est sympa quand meme les boites de darons

 
C'est en partie le fait de voir la St Victoire dans toute sa longueur qui m'a fait craquer pour ma RP    
 
(en fait c'était la cerise sur le gâteau )

Oui et non. Plus tu montes, moins dire "non" est une option acceptable, que ce soit sur le périmètre de ton job, les déplacements, les "promotions" etc. Ca fait partie du jeu.

En expertise, où les salaires/bonus ne sont jamais stratosphériques, dire non est vu comme l'un des avantages de la spécialisation. Les gens sont "cappés" et peuvent s'organiser tant que le taf est fait.

Plus tu te rapproches de la direction/centre névralgique/décisionnel de la boite, plus ta disponibilité est intrinsèque au job. Ca ne veut PAS dire que tu bosses énormément, mais de ce que j'en ai vu, l'implication est dans l'ADN des jobs et on ne négocie pas les horaires/déplacements quand ils sont nécessaires, quand il y'a une crise etc. Ce sont aussi des jobs où la réactivité et la communication autour de ce qui est fait/entrepris est essentiel et demande de pouvoir se mobiliser de manière très forte sur certaines périodes/fenêtres.

Bon enfin, tout ça est aussi à discuter avec ton management en essayant d'être le plus cash/clair possible en amont.

Heureusement tu es là  

Rousset ?

Etant posteur assidu du topic conflit intergé et jalousant régulièrement le sort des vieux, ton commentaire est franchement marrant.

Tout d'abord, merci, sincèrement, à tous, pour vos retours.    
 

 
Question intéressante, réponse vraiment difficile.
 
Je commence par une anecdote. Début de mon séjour, un pote veut profiter de ma présence pour venir s'ambiancer au Japon 2 semaines. Il vient avec un ami à lui (que je ne connais pas du tout). Le timing m'arrange peu, car dès le début je suis un peu essoufflé par l'intensité des leçons et ça tombe pile dans une série d'examens déjà.  
Les 2 potes n'ont pas d'intérêt particulier pour le Japon. C'est juste parce que je suis ici (ça rassure) et puis "comme ça c'est fait".
 
Résultat: ils sont repartis avec une vision que je ne partage en rien. Globalement ils ont pas aimé plus que ça. "Ils font la gueule, les gens se parlent pas, tous des inadaptés sociaux", si je résume.  
Ce que je veux dire avec cette anecdote, c'est qu'il faut vraiment aborder la société japonaise en neutralisant tout un tas de pensées occidentales qui parasitent l'interprétation des choses.  
 
Bon j'ai tapé un pavé mais ça n'avait pas de structure, j'ai dû mal à te répondre cette nuit.  
 
Sans aller dans les détails: j'apprécie vraiment la société, les attitudes et les relations avec les Japonais. Ce n'est pas simple, bien entendu. Mais le principal est de "lire l'air". Comprendre les contextes, les attitudes attendues, les codes, pour valider une forme de compréhension mutuelle. Les Japonais sont curieux, chaleureux au fond, mais ne savent pas toujours comment gérer avec un gaijin ou un inconnu. Il y a une sorte de petit théâtre à faire au tout départ, pour valider cette compréhension mutuelle. Et à partir de là, ils deviennent vite beaucoup plus chaleureux.  
 
A ce stade, je me sens bien ici. Pour discuter pas mal avec des étrangers, je me rends compte que le fait de parler japonais est bien sûr un très très gros plus, et qu'il faut vraiment aborder le Japon avec une certaine neutralité d'esprit pour mieux gérer le relationnel et sa perception de la société.  
 
Pour moi, si vous montrez votre envie de faire des efforts et de bien faire, que vous pensez toujours à "sauver la face de l'interlocuteur si besoin est", si vous êtes bienveillants et attentionnés, ça se passe bien. Une pointe d'humilité et de discrétion, respecter les règles, et un peu de sympathie, et le plus dur est fait. En France on pense d'abord individuel puis collectif, ici c'est l'inverse.
 
Je vais me coucher et me donner un peu de temps pour essayer de te répondre convenablement, là je patauge trop dans mes réflexions.   Je reviens demain avec un texte plus solide.    

 
Non, Rousset est trop près je crois, et trop bas pour la voir dans sa longueur.
Mais pas très loin non