Merci pour vos retours!
En essayant de répondre à tout, et le plus honnêtement possible.
Citation :
T'as déjà consulté pour ton anxiété ?
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Oui, il y a quelques années, pour un sujet annexe et pas directement lié à l'anxiété. Mais à un moment, je me souviens de la réponse du médecin: "en fait dans votre cas, j'ai l'impression que la solution consisterait à tout envoyer en l'air et à recommencer ailleurs". Pas convaincu sur le moment, j'ai quand même gardé souvenir de l'échange.
Citation :
Ça fait en effet très fuite, qu'est ce que tu espères trouver la bas que tu ne trouvais pas ici?
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Citation :
Tu es plutôt comment vis a vis des filles ? Plutôt nigaud pas doué, dans la normal ou au contraire tu n'as aucun problème à séduire?
Est ce le manque d'occasion qui te fait rejeter le schéma à la Dante (chiards, labrador, pavillon et monospace ) ?
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Difficile à dire. Je vois bien ce que vous évoquez avec les questions sur les nanas, donc je vais répondre à tout d'un coup.
A mon âge, on n'envisage (plus) ce genre de départ sous un aspect unique. Je le vois un peu d'ailleurs en école de langue (je suis forcément un des vieux, entouré de minots de 20 ans). Un petit jeune à côté de moi pourrait dire "moi je viens parce que j'adore les mangas, je veux dessiner des mangas, devenir mangaka". De mon point de vue, une réponse unique, c'est taper un wheeling entre 2 rangées de voitures en fermant un oeil. Si on aime les mangas, on peut facilement en importer. Si on veut en dessiner, on peut le faire depuis la France, au moins pour apprendre les bases, etc.
Donc très sincèrement, non je ne suis pas parti pour trouver une nana. Il s'avère que je suis célib au moment du départ (à moitié par choix, par manque de motivation, d'envie... mais pas totalement). Si ce départ doit me permettre de faire des rencontres, je ne cracherai pas dessus. Mais loin de moi l'idée de "je me casse au Japon pour chopper et me marier".
Je vois le départ comme un ensemble de 2 forces: une forme de fuite (ou plutôt d'envie de départ) et une envie d'arrivée (une destination). Si je voulais juste partir, je pouvais partir pour un pays d'Asie du Sud Est où la vie est très abordable, vivre comme un prince avec mes économies. Mais il n'y a alors pas "l'envie de la destination".
Qu'est ce qui m'a fait partir déjà ? En vrac (et j'annonce: c'est un point de vue strictement personnel!):
- L'usure d'un quotidien plein de petites irritations, de petites galères, la qualité de vie parisienne.
- Un travail sans le moindre plaisir, sans perspective, entouré de gens qui ont vaguement renoncé.
- Une ambiance morose, entre news déprimantes, politique pénible, les mauvaises nouvelles...
- Une imposition qui finit par me tabasser au delà du raisonnable, en tant que célibataire qui vit pourtant pas "follement"...
- Des relations sociales, un environnement social qui ne me correspond pas. J'ai pleinement conscient d'être obsessionnel sur pas mal d'aspects, et je suis très allergique aux incivilités, comportements égoïstes, etc. Les pieds sur les sièges dans le métro, le jetage de papier, les gens bruyants, grossiers, le manque d'hygiène... Sortir finissait par devenir une mini épreuve pour les nerfs. C'est "too much", j'en conviens. Mais cette agressivité latente, ce "je m'en fous des autres", ça devenait un poison pour mon équilibre.
Et ce qui m'a donné envie de viser le Japon:
- Les relations sociales, certes dures sur pas mal d'aspects, mais globalement ça me correspond beaucoup plus "pour l'instant".
- Le comportement obsessionnel des Japonais, sur le savoir-vivre (malgré tous les accrocs, bien entendu), l'hygiène, c'est un vrai bonheur pour un type comme moi.
- Cette sorte de positivité permanente qui me fait du bien. Les sourires (peut-être factices, mais ça me suffit), la politesse, les news un peu débiles.
- Evidemment, un attrait pour la culture populaire, il faut pas se mentir.
- La différence qui finit par rendre tout assez excitant et nouveau.
- Le plaisir d'essayer de maîtriser une langue très différente du Français et de l'Anglais, le plaisir intellectuel.
Je suis sans doute confus, alors je vais plutôt expliquer avec un exemple très concret: le logement.
Coté France, j'avais environ 55m², dans du quasi neuf. Murs épais à souhait, normes, dans un quartier mignon tout plein. Mais mon voisin du dessus et ses gamins mal élevés qui foutaient un barouf permanent m'ont saccagé mon expérience de vie dans ce logement. Et j'avais déjà déménagé parce que dans mon précédent appart, la fille du dessus se faisait bousculer par un sale con (du coup j'intervenais en personne pour calmer le truc, quitte à faire venir la police de temps en temps). A un moment je me suis dit "il y aura jamais assez de normes, de béton, d'isolant, pour bloquer les nuisances de gens sans éducation qui se cognent des autres". J'ai eu des soucis de volets électriques, il m'a fallu 3 mois, malgré des relances non stop, pour obtenir que l'entreprise vienne enfin réparer.
Mon expérience avec les agents immobilier, sans jeter la pierre, c'était consternant. Horaires de visites selon le bon vouloir de l'agent, annonces approximatives, service nul, aucune réponse à mes questions (voire refus méprisant de répondre à mes questions une fois)... Cette impression de payer pour un service lamentable. Les livraisons d'électroménager étaient faîtes n'importe comment, jamais aux heures convenues, par des types qui dégueulassaient tout mon appart. Je devais me battre avec les proprios parfois pour obtenir des documents obligatoires, des trucs corrects...
Côté Japon, c'est beaucoup plus petit, 21m² en gros. Les murs, les vitres, tout est plus fin, normes sismiques obligent, densité de population, etc. Je suis dans un immeuble où je dois être le seul "non japonais". C'est bien simple: je n'ai jamais aussi bien dormi de ma vie. Je n'entends à peu près rien. Pas de musique à pas d'heure, de bordel, de fête ou quoi. Même le local poubelle ressemble à une blague tellement c'est propre, organisé et bien tenu. Je suis passé par une agence immobilière, où, pour le même tarif que côté français (un mois de loyer équivalent), j'ai bénéficié d'un service 40 fois supérieur. Réponses à toute heure, week-end y compris, ouverture des contrats d'eau, élec et gaz par l'agence, visites guidées approfondies aux heures qui me conviennent, y compris tard le vendredi soir, contrats clairs, annonces exemplaires, boissons offertes...
Les livraisons se font à 10 min près, par des types qui prennent des précautions de dingue pour ne rien abîmer ou salir. Avant même d'arriver, l'agence me donnait un document nickel avec l'ensemble des pièces utiles, justificatifs en tout genre, numéro d’assistance si besoin, assurance habitation déjà préparée...
Ce que je cherche au fond, c'est vraiment une vision de la société que je ne trouve plus vraiment en France et à Paris. Moins de friction, moins d'agressivité, moins de stress, de l'efficacité...
Je termine sur les filles. Honnêtement, ni l'un ni l'autre. Je ne suis pas une caricature d'otak, je ne suis pas non plus un Brad Pitt qui ravage la gente féminine. J'ai eu mon lot de succès, de défaites, de déceptions et de bonnes surprises.
Par contre dernièrement, côté français, j'accrochais plus. L'âge n'aide pas. D'un côté je n'ai pas bien envie de jouer le jeu, et de l'autre j'ai de moins en moins de candidates qui me motiveraient. Côté japonais, pendant très longtemps j'étais très peu attiré par les japonaises. Ça a fini par changer, et je reconnais que ça donne des histoires sympa/intéressantes. Mais mon envie de partir date de plus longtemps que ce changement de perception, donc ça n'est qu'un "bonus" potentiel. Là aussi, je ne m'interdis rien en particulier.
Sincèrement, je pense qu'une composante importante à mon âge, c'est la situation personnelle. Quand je vois mes collègues, c'est normal qu'ils soient à 1000 lieues de ce type de projets: ils sont littéralement occupés par leurs enfants, le crédit immobilier, la carrière pour ceux qui en ont une. Et quand ils sont divorcés, ils ont aussi souvent un ou deux enfants en garde partagée. Tout ça, ça occupe littéralement la vie, l'esprit, l'avenir.
N'ayant pas d'enfant, pas de contrainte particulière, et pas vraiment de carrière (par manque de talent, d'envie, d'opportunité...), je me retrouve littéralement avec une vie pleine d'espace, pour ne pas dire de vide. Et à mon âge, on commence à voir des gens disparaître. Un de mes collègues est décédé très brutalement peu avant mon départ par exemple. C'est quand même dans ce genre de moment qu'on se dit "à force d'attendre la retraite pour faire ce qui te tient à coeur, tu vas finir par crever 3 ans avant et tu n'auras jamais fait ce que tu voulais vraiment faire". L'être humain a sans doute besoin d'avoir un grand projet à penser. Pour certains, ce sera le gamin, ou monter une entreprise, pour ma part, c'est de tenter ma chance dans un pays qui me fascine, vivre ma petite aventure, mon dépaysement, pouvoir me dire dans 5 ou 30 ans "n'empêche que je l'ai fait, je suis allé au bout de l'envie".
Une dernière chose. Je suis assez convaincu que parfois, il faut changer d'aquarium pour rebondir. En France, avec un quotidien qui m'usait, quelle chance de rebondir côté pro par exemple? Aller à des entretiens après une heure de transport, la recette pour déjà avoir envie de repartir sur le champ. Le discours "d'entretien" avec la gueule fatiguée d'une nuit trop courte à cause des voisins, ou simplement l'absence de conviction à cause d'un quotidien pro décevant...?
En changeant d'environnement, je pense m'octroyer une certaine fraîcheur d'esprit global. Alors oui, c'est plein de défis, mais je crois que, si un jour j'ai des entretiens, ça se passera pas si mal, parce que j'aurai la pêche, la simple satisfaction d'être là.
Citation :
Ba pour le coup blaska se mets des barrières tout seul.
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Je n'ai pas bien suivi l'histoire de Blaska, mais vraiment, je pense qu'il est normal de se freiner sur ce genre de projet. Le problème n'est pas d'avoir des barrières, mais de réussir à les surpasser, à les vaincre, à rationaliser le projet, justement pour éviter de se crasher. Je ne peux qu'encourager Blaska à prendre en compte ses craintes, sans doute légitimes, à les rationaliser et à trouver des solutions de contournement. Tout ce qui compte, c'est de se constituer un pécule assez large pour ne pas suffoquer d'emblée et une vision. Le reste, c'est du matériel, du papier. Il y a sans doute des solutions.
Et surtout, n'imaginez pas que je sois un aventurier dans l'âme. Je suis ultra casanier, j'ai probablement imaginé toutes les galères possibles avant de monter dans l'avion, partir en week-end suffisait déjà à m'angoisser ("j'ai fermé la porte? et si j'étais cambriolé? et si et si..." ).
Citation :
Du coup t'as pris un congé sabbatique de 2 ans ou y a un truc que j'ai pas suivi ?
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C'est un équivalent mais lié à l'entreprise en fait. Sous certaines conditions, la durée normale d'un an peut être étendue un certain nombre de fois (dans les cas les plus extrêmes, je crois me souvenir que c'est jusqu'à 3-5 ans). Mais dans l'idée c'est un congé sabbatique avec durée à géométrie variable. Par transparence j'ai annoncé le lancement du projet très en avance, dans une optique "je suis totalement transparent avec vous en permettant à tout le monde de se préparer, je compte sur une certaine bienveillance en retour".
Après, j'ai découvert cette possibilité après avoir pris ma décision. J'avais accepté l'idée d'une démission et de la mise en danger qui va avec. J'avoue d'ailleurs ne pas avoir bien envie de retourner dans cette entreprise si je dois revenir en France...
Désolé je suis très bavard, en espérant ne pas vous avoir assommer...