CHRISV- a écrit :
On a tous au moins une fois eprouvé une honte enorme a s'en cacher sous une table,quoiquec'etait pour vous?
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Une vieille honte kähkäh
C'est super long, c'est parfois gore, mais c'est une expérience à partager
La Malédiction du Cassoulet
Epoque du collège
Jeune, boutonneux, vierge, innocent, gonflé d'idéaux, j'allais apprendre dans la douleur une grande leçon de la vie (la no 51b)
Alors voila :
Habitant à 15 bornes de mon bahut, le bus passait chaque matin, à 06h50
L'Internet grand public n'existait pas encore, mais cela ne m'empêchait pas de veiller tard sur mon ordi (en l'occurence : Doom )
Manque de sommeil qui à l'époque me donnait la même tronche que le héros dudit jeu à 10% de vie (ami lecteur, ce détail aura son importance à la fin)
J'étais en train de baver sur mon oreiller depuis de trop courtes heures lorsque mon radio réveil sonna, annonçant une merveilleuse nouvelle journée moisie dans ce bahut moisi
Crevé et généralement pas adapté au lever matinal (d'ailleurs toujours pas), je mettais en général quelques courtes minutes à me préparer, croquer un bout de truc, et sauter dans le bus qui passait à ce moment là (notez l'absence de toute autre précaution)
Ce jour là, comme tous les autres, je comatais à ma place dans le bus, tranquille, tandis que la campagne humide de rosée défilait sous mes yeux encore rougis de sommeil
Arrivé à la moitié du monotone trajet, une vilaine alerte me saisit
Origine: mon bide
Raison: un cassoulet de barbare ingurgité la veille, et qui avait son ticket de sortie
Rationnel, je me tiens le raisonnement suivant: "ok Kotontij panique pas, c'est bon, le rectum a été inventé exprès pour stocker le kähkäh, donc ça peut attendre"
Hélas, j'ignorais que ce dernier était déjà passé en alerte rouge, ayant atteint ses limites
Ce sont donc de furieux assauts de cassoulet digéré que je commence à contenir avec peine
La lutte s'engage, impitoyable
Entre 2 spasmes, je me rends compte que le forces en présence sont largement déséquilibrées, à mon plein désavantage
L'heure est grave
Or le trajet est encore long, et aucun échappatoire possible : le bus continue de tracer dans la campagne, au doux son de NRJ et de son animateur sous Tranxène 500
Mon Destin était écrit
Je dote mon sphincter des dernières ressources disponibles
Vous l'aurez compris, face à cette situation critique, je joue en défense
Et pour ménager mon effort je suis obligé de faire des concessions
Je passe en DEFCON 5 :
1. désserrer ma ceinture pour gagner en volume abdominal
2. me délester d'émanations gazeuses vraiment épouvantables
3. contrôler et renforcer mon mental à base de dérivatifs et de pensées optimistes (NRJ aide plus ou moins)
Ce qui fut fait
1ere honte
Je pourris littéralement mon voisinnage immédiat
Mais vraiment ce qui s'appelle pourrir
La Leçon de la Vie no 145c est utile dans ce cas : comment pourrir l'atmosphère en prenant une attitude détachée et indifférente, ou mieux, innocente, pour mieux se disculper d'un éventuel soupçon
Exemple: prendre l'air captivé en matant par la fenêtre - notez la plissure du sourcil
Mais vu la dose lachée, avec le recul je pense que je me suis fait méchamment griller sur ce coup
J'ai passé les 30 minutes les plus atroces et solitaires de ma vie lorsqu'enfin je vis apparaître les signes de la délivrance sous la forme des premiers bâtiments de l'agglomération abritant mon collège
Sauf que ce con de bus faisait un maousse détour pour desservir en premier le lycée, situé à l'autre bout de la ville
Catpant les ultimes gémissements de mon sphincter (ou bien était-ce moi ?), je prends l'initiative
2e honte
Je me lève, gagne en titubant l'avant du bus et demande au chauffeur de faire un arrêt à proximité de mon collège
Genre "oui j'ai un truc urgent ce matin" (ce qui n'était pas faux )
3 rangées de sièges ne sont pas dupes du subterfuge, mais se trouvent vraiment soulagés de me voir partir
Ok le bus me jette à un arrêt, et le temps qu'il disparaisse au loin, je vais d'un pas nonchalant et assuré en direction de mon collège, pour donner le change
Mais une fois le bus éloigné, je commence à cavaler comme un taré, serrant les fesses à la limite de la tétanisation musculaire
Genre je cours comme un cowboy
Mais l'Inéluctable se profilait
Mon sphincter, à bout de force, se rendait à l'ennemi
Et je tenais à l'intégrité de mon slip, qui était censé me faire une journée au moins
Donc en pleine course j'amorce un virage à 90° en direction du premier espace vert venu, tentant le tout pour le tout
En l'occurence, pas le choix, c'est une église
J'avise les chétifs arbustes qui longent cet austère bâtiment, et en choisis le plus touffu (ou plutot le moins malingre, parce les narbres, ils étaient tous déplumés)
Je me fous entre l'arbuste et le saint mur, pose mes affaires, mon bénar, et finalement l'Immonde kähkäh qui ne demandait que ça
Je ne pus contenir un énorme soupir de soulagement, tellement fort que... je sais pas, mais super fort quoi
Moment de flottement, comparable à de la torpeur post-coïtale
Lumières électriques vaporeuses
Odeurs mêlées de rosée et de ville froide
Même le bruit des voitures est encore engourdi
Je profite de ce répit tandis que la ville s'éveille de son sommeil brumeux
3e honte
Je rumine mes pensées quand j'entends des voix (Seigneur, c'est toi ?? => crédible, j'avais souillé sa Baraque, faut le comprendre)
En fait non, juste 2 nanas qui se rendaient au collège, et qui passaient à proximité de mon forfait
Marde!
Je me fige dans ma position, espérant par la même me fondre dans la verdure et ainsi disparaître de leur champ de vision
Pas de bol, mon sac et ma veste sont en vue
Curieusement, je me fais griller au moment où elles s'éloignent
Point positif : étant loin, elles n'ont pu m'identifier clairement
En même temps, un mec qui kake sur une église à 07h30, ya plus sympa pour démarrer la journée
Donc, elles ont pas demandé leur reste et s'emmènent voir ailleurs
Là dessus, je juge que bon ça a suffisamment duré, et j'expédie fissa la remise en condition
J'arrive au bahut avec l'impression de revenir du Viêt-Nam
Rejoins un groupe de potes
On papote, et là, vlan! re-pétage de bide, faut que j'évacue
Il me reste 10mn, tout juste le temps de "craquer le paquet de mars" et me retrouver frais dispo pour mon premier cours
Allemand !
La semaine commence bien
Mieux : interro
Chouette, c'est décidément mon jour de chance
Bon je commence à péniblement gratter de quoi éviter le suicide à mon prof d'allemand
Là, le Destin se dit que décidement, c'est vraiment fun de me faire chier ce matin là (au propre et au figuré)
Effectivement, nouvelle alerte, j'ai le panier à merde qui affiche de nouveau complet
Je suis partagé entre ma révolte contre cette nouvelle Epreuve pénible, et une méga envie de chier, faut le dire
De nouveau je dégaze comme un barbare, pour différer la deadline
Mais zob, rien n'y fait : je dois à nouveau "Sauver Willy"
A ce moment, une nana derrière moi s'exclame "Eh mais ça pue ici" avec une grande délicatesse pour me faire capter... qu'elle a capté
Ce que je pris pour un Signe
Quelques minutes de vaine lutte se passent, et je me décide
Je hèle le prof, et lui quémande d'aller aux toilettes
Donc je me grille à nouveau, cette fois devant ma classe
Car évidemment, pour ce genre de truc faut négocier avec le prof
Qui tergiverse
Citation :
Ça c'est un truc que j'ai toujours trouvé relou : les tractations avec le prof pour passer aux chiottes
Surtout quand ça t'arrive 1 fois dans l'année
Super relou
"Le corps a ses raisons que la Raison... ne peut ignorer" (C) Kotontij feat. Pascal
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Bon, le prof bien emmerdé (à son tour)
Il craint pour son interro, mais ma mine défaite parle pour moi, et je peux enfin sortir me défaire de ce dernier assaut
Merci Doom
Epilogue: je me suis ramassé à l'interro
Ainsi, enfin ma journée reprenait son cours normal
Epilogue2: après tous ses tracas, je me sentais... vraiment bien