cisko a écrit :
si l'indicateur prime de risque du marché était systématiquement un annonciateur fiable de l'explosion d'une bulle, il n'y aurait jamais de bulle
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Si, même si l'on avait un indicateur parfaitement fiable pour détecter les bulles, il y aurait des bulles, parce que c'est rationnel de vouloir surfer sur une bulle.
Une bulle fonctionne en embarquant successivement des catégories différentes d'investisseurs, en commençant par les moins risk averse, et en contaminant peu à peu les plus rationnels par le jeu du FOMO : même si tu es rationnel, à un moment donné ça devient insupportable de voir les débiles s'enrichir et pas toi, donc tu te dis que tu vas mettre un petit billet pour surfer sur la bulle - quand bien même tu es conscient que c'est une bulle. Et en général, cette tentative de surfer "rationnellement" sur la bulle est récompensée au début - amplifiant encore davantage la bulle (en langage crypto, on appelle ça "adoption" ).
Sur les cryptos aujourd'hui, comme sur les stocks internet en 2000, beaucoup (voire la plupart) des investisseurs ont conscience de participer à une bulle, ils achètent en conscience des actifs à des prix démesurément supérieurs à leur valeur intrinsèque (très incertaine, s'agissant de la plupart des stocks internet en 2000, nulle aujourd'hui s'agissant des cryptos et NFT). Ils achètent parce que "ça monte", c'est tout. Et toutes les alarmes et red flags devant leurs yeux ne vont rien y changer, tant que "ça monte".
C'est pour ça que les bulles sont aussi dangereuses, hein.
Après, tu peux avoir aussi une situation où des risques sont sous-estimés, comme en 2007, quand le marché boursier sous-estimait les répercussions de la bulle immo US sur le système financier. Mais perso je ne parle pas de "bulle" dans ce cas-là (en 2007 il y avait bien une bulle immo aux US, mais pas de bulle boursière - la prime de risque du marché actions était OK à 4%... ce qui n'a pas empêché un -50% sur le S&P500 en raison du repricing des risques jusqu'alors ignorés ou sous-estimés).