Demzan a écrit :
La question que je me pose, c'est l'impact à moyen terme (une fois la poussière retombée) de ce "QE illimité" et des sommes hors mesures injectées par la Fed et BCE.
Une inflation incontrôlée ? Ou peut être le risque d'un credit crunch est plus probable ?
la degradation des bilans des banques centrales ?
Ce qui semble sûr c'est qu'il n'ya pas de free lunch, et que cette opulence sera payée ailleurs, où ? je ne sais pas
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Le QE et la baisse des taux directeurs, c'est justement une réponse à un risque de credit crunch. Cela dit, avec une économie confinée pour longtemps, un credit crunch est possible, quoi que fasse la banque centrale. Mais bon, en temps de confinement, il devrait y avoir peu de demande de nouveaux crédits - mais essentiellement du renouvellement de crédits existants : des réponses possibles sont (i) des garanties d'Etat, (ii) une liquidité abondante et peu chère fournie par la banque centrale, et (iii) un traitement prudentiel favorable pour les renouvellements de prêts. On commence à voir une combinaison de ces 3 mesures pour préserver l'économie réelle.
Le risque essentiel d'un QE illimité c'est une inflation incontrôlée (= imprimer en quantité peut affecter la crédibilité de la monnaie), mais :
1) QE illimité ne signifie pas QE incontrôlé : si la banque centrale voit émerger des tensions inflationnistes, elle peut/doit évidemment ralentir sur le QE
2) les anticipations d'inflation aux USA et en zone euro sont très basses, donc la Fed et la BCE ont a priori une grande marge de manoeuvre sur leurs QE respectifs avant de voir un risque inflationniste
3) à mon avis, cette crise aura des effets déflationnistes plutôt qu'inflationnistes, comme la crise de 2008-2009 : la demande est profondément déprimée, en tout cas tant que la pandémie et les mesures de restriction sont en place
Une banque centrale peut fonctionner indéfiniment avec un capital négatif donc le risque de "dégradation" de son bilan n'est pas vraiment pertinent. La vraie (et la seule) question est la crédibilité de la banque centrale, donc de la monnaie. Un capital négatif peut-il affecter cette crédibilité ? Empiriquement, non, il n'y a pas de lien entre le niveau de capital d'une banque centrale et sa capacité à maintenir la stabilité des prix. Certaines banques centrales ont longtemps fonctionné à capital négatif (République Tchèque, Finlande)... sans même que les gens s'en rendent compte. Cela dit, la doxa à Francfort préfère maintenir un certain niveau de capitalisation pour la BCE.
Mais la question clef ce n'est pas le capital, c'est l'inflation : la monnaie émise par la BCE est-elle crédible ou pas ? Pour l'instant, c'est largement le cas - aucun risque d'inflation.