roland- a écrit :
L'accident : Il est 4h00. J. Je prends la moto, sereinement je m'engage sur le periph. Porte maillot -> porte de Passy, c'est nickel. Je sais que les pneus sont froids donc j'avoine absolument pas. J'ai passé une excellente soirée donc je me traine gentiment la teub à moto. Je me situe à coté du petit parc proche de Passy, le Ranelagh à une vitesse de 60km/h au compteur marseillais de la Suzuki, donc un 50 réels. La rue est en très légère courbe, j'incline modestement la moto. Au moment ou j'aborde le passage piéton, l'adhérence des pneus devient précaire, la moto s'incline de plus en plus.. Je perds l'avant, ou l'arrière, ou les deux. La moto se couche, je me sens glisser sur le bitume, aucune douleur, juste l'anarchie. Je vis une sensation proche de celle qu'on ressent en sautant en parachute. Totalement désorienté. La chute en elle même se passe merveilleusement bien, ca secoue un peu, j'attends que ça passe et je m'immobilise Je suis au milieu de la route. Je me dis que tout va bien. J'ai rien tapé. La moto, elle, a une sale gueule, elle a tapé contre l'essieu avant d'une camionnette : les leviers de freins et embrayages sont tordus, ça sent le sapin. Mais c'est pas non plus impossible, me dis-je. Je me relève, pose mon casque et entreprend de relever la moto. Allez, on va se casser fissa et puis on réparera à la maison. Evidemment, les 230 kilos opposent une petite résistance. J'essaie pendant 30secondes, puis, je percois déja la lumière des gyrophares : les forces en présence se composent d'une voiture de l'armée et une caisse de flics. En quelques minutes, les pompiers débarquent. On m'assois contre un poteau. Ils testent mes jambes, demandent comment je m'appelle, manipulent la tête etc. Bon, j'ai mal nul part, ça à l'air d'aller. On me demande a peu près toutes les pièces d'identité possible, je les donne. Pendant qu'ils me font les tests pour voir si je suis pas handicapé, je vois que quelqu'un (ou quelque chose) s'est saisi de ma moto. Et la je vois tout simplement que le destrier est en deux morceaux. La violence du choc a brisé net la fourche. Direction l'hôpital pour panser les plaies 7h. Un médecin à l'allure serbe entre dans la pièce. Son origine est confirmé par son fort accent. Evidemment, l'anesthésie est facultative, et il attaque directement à l'aiguille. L'enculé part sur deux points de suture, je suis soulagé quand il termine le second. Je lis sur son visage une moue dubitative... ça rate pas, il se chauffe pour un 3e. Je prends ma veste de moto et mes gants et je pars j'ai aucune idée d'ou je suis. j'aurais pu lire le nom de l'hôpital, mais j'y ais pas pensé. Je demande donc à un passant, qui me dit "Boulogne"... putain je dois rentrer à Troca. Je trouve une station de taxi et leur demande s'ils peuvent me déposer à Trocadéro, une fois qu'ils ont dit oui, je leur dis que j'accepte la course que s'il me donne une clope. Un après l'autre, les deux taxis à la borne m'envoient chier, du coup je décide de continuer à pied. Soudain, je réalise que je fais bien flipper les gens. J'ai encore mon bracelet d'hôpital, mon jean est dégrafé sur tout un coté et la jambe sort à chaque fois que je l'avance. Les gens me prennent pour un criminel en fuite, d'autant plus que ces points de suture me font boiter et qu'il y a du sang partout sur le jean. Je commence à taper des bonnes barres, j'arrive à faire peur à quasiment tout le monde. Faut savoir qu'a ce moment là, l'adrénaline n'est toujours pas redescendue. Je mets des coups de pression à des gars qui vont travailler, j'aborde les gens de dos pour leur gratter des garrots, ils se retournent et sursautent comme des pucelles. Je suis toujours en recherche d'un taxi, et je sors d'entre les files de voiture pour en héler ( en hurlant des choses incompréhensibles), ce qui renforce le coté fou furieux évadé de son asile. Je n'arrive pas à trouver de taxi, donc j'arrache une partie du jean, et je m'en sert pour faire des noeuds autour de la jambe droite pour que celle-ci arrête de se montrer au grand jour. Je fais encore quelques centaines de mètres. Je décide de m'allonger au sol pour me reposer devant une boutique d'épicerie fine. Les gars en sortent, sont sympas, m'offrent une roulée et m'appellent un taxi. Je monte chez moi, premier étage. Il est 8h30. J'arrive toujours pas à redescendre. Du coup je profite de cette énergie pour accomplir toutes les démarches administratives. 9h . Je passe voir les flics 9h30, je repasse sur les lieux de l'accident. Il n'y a plus rien 11h, je vais à le fourrière voir la bécane. Elle est morte. 13h Je passe voir l'assureur. j'étais assuré au tiers. Fin de la partie. Au final : assez secoué ce matin, je me dis que j'ai une CHATTTTE monstrueuse. J'ai rien. J'ai rien, même pas un poignet pété, rien. Je peux dire merci à l'équipement, le casque intégral a pas bronché, le cuir a bien encaissé, la dorsale a évité les sales coups sur la colonne. J'ose même pas imaginer ce qu'il serait advenu de mes bras, mains, et mâchoire si je m'équipais comme les mecs en scoobite, c'est à dire un casque jet et c'est tout. J'ai eu beaucoup de chance, et quand je vois la tête de la moto explosée je me dis que ça c'est pas joué à grand chose. Sinon, pour terminer sur une note marrante. Je marche comme un vieux à une vitesse de 2km/h. Je suis obligé de poser mon bras sur l'épaule d'un pote pour avancer, et quand je m'assied en voiture, je le fais comme les vieux, je pose les fesses d'abord, et je fais pivoter les deux jambes (en m'aidant de mes mains). Les gens me tiennent la porte et j'ai droit à des regards compatissants. Je me suis même fait victime par le chien de ma gardienne en rentrant ce matin. D'habitude quand il aboie je mets une bronchade (j'avance rapidement un pied en sa direction) et il part en courant. La je vais si lentement que le chien me suis et aboie pour me chasser. Moralité : l'EQUIPEMENT. TOUJOURS. J'ai perdu ma moto, j'en rachèterais probablement pas avant que mon entreprise décolle. Mais je n'ai rien. Rien de cassé, rien de brulé, rien d'arraché. Donc au final, je suis plus qu'heureux. Voilà, c'est tout. Je pense dédrap bientôt pour éviter d'entendre parler de moto alors que je ne peux pas rouler.
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