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Auteur Sujet :

[Topic écriture alternatif n° 3] Nouvelle du printemps, VOTEZ !

n°8012649
panchopa
le lama de Lima
Posté le 28-03-2006 à 21:50:41  profilanswer
 

Reprise du message précédent :
 Tu es peut-être la réincarnation d'une compagnie de CRS  [:phoenxrebrth]

mood
Publicité
Posté le 28-03-2006 à 21:50:41  profilanswer
 

n°8013086
cybercap
Ours véritable
Posté le 28-03-2006 à 22:34:56  profilanswer
 

Spoiler :


Les dimanches étaient monotones : on ne recevait jamais personne.
 
Et pourtant celui là allait à nouveau être spécial.
 
Ce n'était pas tous les jours qu'arrivait l'inspecteur divisionnaire du FBI chez vous pour "vous poser quelques questions". C'est ce qu'on nous avait annoncé la veille en quittant le commissariat. Nous connaissions cette phrase pour l'avoir déjà entendue trop de fois auparavant. Nous allions revivre ces mêmes minutes que l'on trouve dans un match de football ou dans une pause-café et qui allaient s'égrener implacablement dans un tête à tête judiciaire qui n'avait rien de romantique: Un face à face où il fallait rendre compte sans faille d'une scène de crime qui métait inconnue et qu'il aurait été pénible de se remémorer.
 
Les inspecteurs de police sont des gens bizarres et rarement rigolos, ils sont toujours à vous interroger en vous regardant dans les yeux, comme s'ils allaient vous passer ensuite par les armes. Je haïssais cette façon de faire et à leur contact ils me considéraient comme un hérétique tant mes réactions devenaient incontrôlées. On me jugeait parfois violent et pendant les interrogatoires le combat était toujours gratiné à souhait car je refusais cette ignoble condescendance. Nous n'avions que trop supporté l'ignoble dictature de la couleur.
 
Voyant qu'ils n'obtiendraient rien de moi, ils sortaient régulièrement de la pièce pour me laisser me calmer, et revenaient la plupart du temps avec un café soluble au goût immonde et un sandwich au corned-beef. Je profitais toujours de cette nourriture censée m'amadouer quand bien même je n'avais rien à raconter. Manger me coupait temporairement du monde et m'évitait de leur parler pendant un instant; la fatigue me gagnait et ils savaient que le conditionnement des suspects est souvent capital dans le dénouement d'une enquête.
 
Après ces sautes d'humeur, je redevenais sage comme une image et l'interrogatoire se poursuivait sur un ton neutre et moins agressif. Je ne parlais pas pour autant et je m'imposais de ne pas coopérer avec la police depuis l'Accident. Lorsqu'ils sortaient se concerter dans la pièce voisine je me perdais en soliloques me demandant quand j'allais bien pouvoir retrouver mon vieux fauteuil de salon et me servir une bonne caïpirinha.
 
Malheureusement, je virais à l'écarlate à leur moindre allusion et ils avaient ensuite ce don de vous faire mariner pendant des heures même lorsque vous n'aviez rien à vous reprocher.
 
Lors de ces séances interminables, j'entendais le moindre bruit, la moindre respiration. Les cloisons minces et humides de la salle d'interrogatoire me permettaient de suivre par intermittence les conversations des agents des pièces adjacentes.
Je percevais ainsi des bribes de dialogue mais elles suffisaient à me distraire le temps que ces maudits interrogatoires se finissent.
-         j'ai apporté des lilas à ma mère aujourd'hui
-         quand sort-elle de l'hôpital ?
-         je ne sais pas, le médecin passera demain
-         elle est mieux là-bas qu'à la maison
-         s'il te plait chéri je ne veux pas reparler de ça
-         …
A vrai dire je ne saisissais jamais les réels sujets de discussion et bien souvent j'étais sûr de comprendre de travers  mais je m'astreignais à les déchiffrer. Je me nourrissais d'éclats de voix, de chuchotements, d'enguelades et de confidences qui représentaient pour moi autant de mots pris sur le vif dans ce commissariat sans âme. Cette activité m'amusait.
- "terminez le boulot avec cet agent" devenait "prenez un Pépito et allez-vous en!" ou quelque chose d'approchant. Le sens n'avait aucune importance puisque le contexte m'était inconnu.
J'avais même été pris d'un fou rire mémorable - ce qui est assez étrange en pareil lieu - lorsque j'avais entendu les mots suivants:
- "la turlutte est une dure lutte", dont je n'avais toujours pas trouvé la correspondance 10 ans plus tard…
 
C'étaient les seuls instants d'humanité que je ressentais au commissariat.
Puis je souffrais physiquement en voyant s'approcher les médecins internes spécialisés, en branle-bas de combat, armés de leurs seringues et leur stéthoscope, prêts à me faire dire n'importe quoi.
En particulier, il y avait ce médecin chef qui aimait à me traiter avec la plus sordide sauvagerie lors de ses examens. Il avait une tête de boucher, un visage émacié rasé au cordeau arborant un adhésif sur une série de coupures fraîches et une chevelure courte qui mettait en évidence ses gros yeux globuleux comme deux billes d'écolier.  Il me dévisageait toujours comme s'il avait avalé une pastèque par le mauvais trou et qui lui serait remontée jusque dans la gorge.
Il pouvait se fendre d'un sourire en coin sadique ou d'un rire entendu, je n'avais aucune envie de résister et je me laissais benoîtement faire, amorphe comme un ballon qu'on aurait subitement dégonflé.
 
C'est alors qu'il me giflait comme préliminaire à son traitement et parfois, pour qu'il finisse plus vite, j'étais prêt à tendre l'autre joue, baissant les yeux dans une amère soumission. Mais il voulait prendre son temps, c'était SON moment…
Sa blouse de bataille, une espèce de kimono d'un blanc albatros me terrorisait et lorsqu'il se penchait sur moi je luttais pour retenir mes cris.
A l'aide d'une lame chirurgicale, il lacérait mes habits et les jetait au sol où ils se transformaient instantanément en guenilles de prisonnier. Mon esprit divaguait:
- il est bien court, le temps des cerises…m'évadais-je
 
Mais très rapidement sa pince hydraulique à pression se plaquait sur mes tempes et me ramenait à la réalité. Sans pouvoir observer la scène comme un œil omniscient je vivais cette épreuve à travers mes propres sensations. A ce stade et sans crier gare, une seringue plongeait sèchement dans ma chair nue et des convulsions m'animaient. Mais il n'en avait cure.
Je sombrais alors dans un état à demi léthargique où des images s'imprimaient brièvement devant mes yeux: une promenade sur la plage, une sortie pour pique-niquer et les petits-déjeuners de mon enfance caractérisés par d'onctueux chocolats chauds. Puis en l'espace de quelques secondes le liquide chaud de l'injection remontait mes veines et floutait progressivement ma vision.
Je ne distinguais plus que la silhouette de mon bourreau totalement concentré sur son acte de torture.
 
Les récits terrifiants de mon ancien professeur de religion me revenait alors soudainement à la mémoire;  Dans un enthousiasme débordant,  il nous narrait l'histoire de la destruction de Sodome et Gomorrhe par les inondations et le feu de Dieu. Il mentionnait avec de terribles détails la façon dont les chrétiens appréhendaient la mort et le châtiment divin qui leur était infligé. Il racontait comment le niveau de la mer Noire était monté brutalement suite à l'effondrement d'un barrage sur le Bosphore, provoquant le débordement des rivières et déclenchant des torrents de boue. Lorsque Sodome fut ravagée, ce fut ensuite le tour de Gomorrhe où les habitants criaient puis périrent, aveuglés par le feu céleste.
 
Lorsque je me réveillais j'étais étendu sur le sol, la bouche à demi ouverte, pâteuse comme de la mie de pain fondue. Mes habits déchirés jonchaient toujours le béton. J'avais froid et soif mais je savais que le calvaire était fini.
 
- Il ne sait rien, il n'a rien vu, ramenez-le, fit une voix avec dédain.  
Il fallait un coupable mais une fois de plus ça ne serait pas moi. Depuis l'Accident j'avais juré de ne jamais rien avouer, que je sois coupable ou innocent, mutilé ou torturé; c'était leur servir une médaille d'honneur sur un plateau.
 
Aujourd'hui un nouveau meurtre atroce avait été commis, nous avions entendu mugir les sirènes de police dans la nuit de samedi. Le lieu du crime était situé à égale distance de plusieurs fermes agricoles du Mississipi comme la notre et l'inspecteur avait la charge d'interroger tout le monde. Les personnes suspectes ou qui montraient un alibi discutable – c'est-à-dire la plupart des hommes de couleur – étaient conduites au poste pour y passer la nuit. Je sentais qu'une fois de plus je serai du voyage…
 
J'avais rencontré l'inspecteur une fois déjà il y a quelques années lors du meurtre de ce jeune garçon anglais sur la plage. Il avait été abusé à plusieurs reprises. Les crabes et les oiseaux l'avaient rendu méconnaissable lorsqu'on l'avait retrouvé au petit matin au milieu des dunes.
 
Suite à ce drame, l'inspecteur était venu nous voir à la ferme, arborant fièrement ses canines proéminentes et nous l'observions avancer, ruminant son interrogatoire dès sa descente de voiture. Il était de forte corpulence et ses traits étaient marqués comme ceux des mineurs qui travaillaient sur les terrils de la région. Il avait comme eux le visage un peu crasseux, ocre par endroit car buriné par le tabac. Ses cheveux noirs étaient si foncés qu'ils apparaissaient presque goudronneux. La bêtise consiste à vouloir conclure qu'il n'en prenait pas soin. Ce n'était pas vrai, il semblait au contraire apporter un soin particulier à sa coiffure, à l'instar du reste de son apparence. Il fallait paraître le plus sérieux possible pour impressionner son auditoire et légitimer son autorité.
 
Cette fois je ne pouvais pas nier avoir été sur les lieux du crime quelques heures auparavant. J'avais quitté le jeune Matthew peu après 18h et j'étais rentré à la ferme comme à mon habitude par le sentier. Matthew était un bon gars d'une douzaine d'années, volontaire et travailleur qui donnaient des coups de main dans les fermes alentour lors des saisons de récolte. Il était seul depuis que ses parents avaient du jour au lendemain quitté le Mississipi; Matthew s'était réfugié à l'orphelinat puis il était logé et nourri par ses employeurs successifs. J'avais eu l'occasion de l'embaucher pour quelque temps et j'en avais été pleinement satisfait. Nous lui donnions un travail et une dignité et en réponse il s'acquittait avec ferveur de sa tâche. Nous n'avions jamais à nous plaindre.
 
En dépit de notre relation de travail je le connaissais peu, même lorsque je le rencontrais le soir en ville nous ne discutions pas vraiment, préférant nous payer de bonnes tranches de rigolades autour d'une bière et de beignets de tomates vertes. Je n'avais envers lui aucune animosité, le considérant comme un ami.
 
Le bruit de la voiture de police me tira de mes pensées et je me levai d'un bond pour me diriger vers la fenêtre. En écartant le rideau, je ne vis onduler qu'un pan de la veste de l'inspecteur car il semblait déjà avoir atteint le perron.
Je fis quelques pas rapides vers la porte et j'actionnai la poignée pour l'accueillir avant qu'il n'actionne frénétiquement la cloche, me forçant à sourire en songeant à la journée qui m'attendait...
 


 
voilà pour moi
j'espère que c'est pas trop long et que j'ai saoulé personne :D

n°8013322
panchopa
le lama de Lima
Posté le 28-03-2006 à 22:56:55  profilanswer
 

quand c'est bien écrit, ça saoule pas... et je ne te jetterai pas la pierre pour la longueur. J'ai ri à certains passages :d
 

n°8013802
cybercap
Ours véritable
Posté le 28-03-2006 à 23:41:29  profilanswer
 

panchopa a écrit :

quand c'est bien écrit, ça saoule pas... et je ne te jetterai pas la pierre pour la longueur. J'ai ri à certains passages :d


ok
merci panchopa  :jap:  

n°8013884
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 28-03-2006 à 23:51:09  profilanswer
 

Merci tout le monde, ça a l'air très bien, je vais essayer de ranger le 1er post :o


---------------
n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°8013933
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 28-03-2006 à 23:58:28  profilanswer
 

Voilà [:volta]


---------------
n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°8015254
talbazar
morte la bête, mort le venin
Posté le 29-03-2006 à 09:06:12  profilanswer
 

S'il te plait, ne lève pas les bras.
 
[:anchois]

n°8015412
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 29-03-2006 à 09:50:55  profilanswer
 

Je vais me gêner [:chatte de garde]


---------------
n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°8015453
Profil sup​primé
Posté le 29-03-2006 à 10:00:15  answer
 

[:popol]

n°8016536
Krapaud
Posté le 29-03-2006 à 12:58:55  profilanswer
 


 
plaît-il? [:krapaud]

mood
Publicité
Posté le 29-03-2006 à 12:58:55  profilanswer
 

n°8017747
minusplus
Posté le 29-03-2006 à 15:33:52  profilanswer
 

Spoiler :


Les dimanches étaient monotones : on ne recevait jamais personne. Donc, le jour où un albatros anglais a tiré la chevillette qui a fait choir la bobinette sur un verre à caïpirinha renversé, le ding ! a provoqué un branle-bas mesuré dans la maisonnée. J'étais nu sur mon sofa, en train de mariner dans le jus léthargique de mon week-end, hypnotisé par un quelconque reportage télévisé sur la durée de vie des amortisseurs hydrauliques des trains d'atterrissage des navettes spatiales américaines. Elle était dans la chambre et je pouvais entendre le cliquetis nerveux du clavier.  
 
J'enfile un kimono qui traînait heureusement sur le trajet vers la porte et j'ouvre. Je suis un temps aveuglé par le soleil (on ne sort pas beaucoup non plus) et le piaf qui se tient donc là annone difficilement :
- J'ai apporté des lilas.
En effet sa diction est fortement altérée par le bouquet de fleurs écarlates qu'il tient coincé au travers de son bec. Je me dit : c'est louche ; qui a déjà vu des lilas rouges ? En garçon poli que je suis, je l'invite à entrer d'un air touché à peine feint, vu qu'on m'apporte rarement des fleurs. Le volatile se dandine péniblement jusqu'au salon. Ses ailes de géant ne l'empêchent pas du tout de marcher, puisqu'elles sont repliées, mais elles ne lui offrent aucun balancier, puisqu'elles sont repliées. Les poètes ont généralement peu de notions de mécanique de base. Il saute sur le sofa et me scrute d'un air insistant. Comme je lui rend un regard de ruminant considérant un amortisseur hydraulique de train d'atterrissage de navette spatiale américaine, il dodeline de la tête pour agiter le bouquet. Encore six secondes de ce petit jeu et je finis par comprendre qu'il veut que je l'en débarrasse. Pendant que je me demande où placer le vase, de façon à ce qu'il ne dépare pas mon salon (et plus particulièrement qu'il n'occulte pas une paire d'appliques dont je suis très fier), il me remercie avec un fort accent espagnol que je n'avais pas remarqué. La faute aux lilas. Fugitivement, la pensée qu'il pourrait lacérer l'étoffe de mon sofa avec ses pattes ou son bec, qui a l'air acéré comme un lame, me traverse l'esprit. Je la chasse, c'est encore un coup à somatiser.
 
- Je me nomme Emilio de Vargas El Siniestro Anunciador Del Final Del Mundo Y De La Muerte De Toda Vida Para Mas O Menos Manana, me sort-il tout de go.
Un ange passe.
- Mais vous pouvez m'appeler Emilio.
- Ah ! moi je m'appelle...
- Je sais, c'est écrit sur votre sonnette.
- De fait. Et sinon, puis-je vous demander ce qui nous vaut l'honneur de votre visite M. Emilio ?
Il prend brèvement l'air atterré.
- Vous, vous ne parlez pas espagnol.
- Je dois vous avouer que non.
- Bon, je suis là pour vous annoncer une grande et terrible nouvelle,
Il dit cela de façon assez énigmatique et, étant donné que je suis nul en énigmes, j'appelle Val.
- S'il te plaît chérie, tu peux venir ? M. Emilio ici présent a une annonce à nous faire.  
Sans cesser de pianoter comme une furie sur son clavier, elle me lance :
- Impossible, j'suis en train d'énucléer un trois-quart orque barbare de niveau 37 et demi avec une cuillère à soupe +2 et sa famille commence à débouler le terril juste de l'autre côté de la rivière, va falloir que je leur ratatine le groin, que je les découpe en particules élémentaires, façon destruction de Sodome et Gomorrhe tu vois, enfin c'est la vie, hein, la turlute est une dure lutte comme disait machin en train de pomper King Kong, enfin j'me comprends...
C'est une fille définitivement exaltée, encline au soliloque, mais vraiment géniale en fait. Compréhensif, M. Emilio daigne me délivrer la teneur de son annonce à moi seul.
- Je suis là pour vous annoncer la fin du monde et la mort de toute vie pour plus ou moins demain.  
- Plus ou moins demain ?  
- Oui ça n'est pas très français mais bon, ce n'est pas ma langue maternelle, voyez-vous. Mais vous comprenez ce que je veux dire, n'est-ce pas ?
- Tout à fait, continuez, je vous en prie.
- Merci. Étant donné que vous êtes en fin de compte un bon garçon, que vous faites de efforts pour maintenir votre masse corporelle dans des limites raisonnables, que vous avez fini par accepter de vous marier sous une contrainte finalement minime, que vous aurez un enfant dans un an et quelques mois...
- Jamais ! je hurle.
Il n'y a que trois types de situation qui me font hurler de la sorte dans la vie. à savoir : la situation présente ; lorsqu'adolescent on me parlait mariage et lorsqu'à la petite école on me parlait de toucher la bistouquette des filles. Seule la Bêtise consisterai à conclure que je suis un garçon inconséquent puisque je ne céderai pas sur la question de la procréation. Jamais. Et on se rappellera alors de moi comme d'un homme de parole. Mon cri n'émeut pas M. Emilio qui poursuit ses révélations. Moi je l'écoute d'une oreille distraite. Le coup du gamin en plus de celui du sofa potentiellement abîmé, ça me fait comme une petite boule sous le sternum. Il faudra que je contrôle ça avec mon stéthoscope, voir si tout va bien. En attendant je me dis que je vais prendre une aspirine soluble, on ne sais jamais. Non c'est vrai quoi, la santé c'est aussi fragile qu'important. Je le coupe :
- Vous désirez quelque chose à boire ou à manger M. Emilio ? Pour ma part je vais me servir un heu, soda.
- Et bien le voyage a été long, je mangerais bien un petit quelque chose. J'ai remarqué que vous aviez une boite de corned-beef sur votre cheminée. Si ce n'est pas abuser, je la consommerais volontiers.
- C'est à dire que c'est un souvenir des tranchées de mon grand père, je ne sais pas si son contenu est encore comestible.
- Aucune inquiétude, on a l'estomac solide nous autres. Si vous voulez bien me l'ouvrir et me la touiller avec une cuillère, je n'apprécie le vieux corned-beef que lorsqu'il est onctueux comme un yaourt bulgare périmé.  
Ca me file la gerbe mais au moins il ne va pas l'ouvrir avec son bec, façon mouette hilare de Gaston Lagaffe. Mon sofa n'y aurait jamais survécu.  
- Vous n'auriez pas des fruits pour mettre avec ? des cerises ? Je suis un as du craché de noyau de cerises !
Il ne voit pas le raz-de marée de sueur froide qui me fait bafouiller depuis la cuisine :
- Ah non, désolé, j'aurais vraiment adoré voir ça dans mon salon mais ce n'est plus la saison.
- Ah. Il est bien court le temps des cerises de nos jours, répond-il comme si les albatros avaient une espérance de vie de trente-cinq siècles.  
 
Je reviens au salon avec sa boite touillée, mon verre et des gâteaux pour faire passer l'amertume du heu, soda. À mon grand étonnement ainsi qu'à ma grand satisfaction, il engloutit la mixture probablement délétère sans en mettre une miette sur le sofa. On croirait presque voir ma grand-tante en train de pique-niquer dans les jardins du château de son baron de mari. Je décide de reprendre l'avantage dans la conversation.  
- Ainsi donc M. Emilio, vous êtes un genre de prophète de l'apocalypse à plume si je comprends bien. L'Antéchrist volatile en quelque sorte...
Ca ne le vexe pas.
- C'est exactement cela.
- J'aurais cru que vous seriez plus grand.
Ca, ça le vexe.  
- Dis donc pendejo, y'a même pas la place dans ton salon pour que je déploie mes ailes à leur pleine envergure alors remballe tes sarcasmes.
Je louvoie
- Mais dites-moi vous venez d'où exactement ?
- De Leeds, en Angleterre. Je suis anglais.  
- Ah ?  
- Quoi, on n'a pas le droit d'être anglais avec un accent espagnol ?  
Bon, le coup de la taille ça l'a vraiment agacé, je décide de repasser en mode sage-comme-une-image.  
- Heu non, enfin si, bien sûr ! Notez que je suis moi-même adepte des choses atypiques et originales. Voyez ma sonnette de porte ou ma femme par exemple. Je connais même une fille qui a une poitrine à damner un saint et qui s'appelle Kristophe. Avec un K.  
Après avoir jeté un rapide coup d'oeil circulaire, il me sort :
- En revanche ton salon...
Alors là, c'est moi qui sens le coup de sang venir ! Pour faire tampon, j'appelle Val.  
- Dis, tu veux pas venir, M. Emilio me dévoile des choses réellement importantes et heu comment dire, je pédale un peu dans la semoule là.
- Nan ! J'suis coincée dans une grotte karstique d'âge permien en train de se remplir d'eau avec une canine de troll plantée dans la cuisse et une horde de magos hérétiques qui me zieutent d'un oeil pervers, va falloir les passer par les armes fissa, j'vais pisser du napalm et chier de l'agent orange, genre opération Rolling Thunder indoor si tu vois c'que j'veux dire, et quand ils se seront pris ça, z'ont intérêt à tendre l'autre joue ces branleurs ou j'leur fait avaler à tous une pastèque par le mauvais trou après que j'les ai enroulés dans de l'adhésif, enfin j'me comprends...
Il faudra que je couche mes mémoires par écrit un jour futur ; il y sera spécifié que ma femme se comprenait souvent et que ses combats étaient gratinés à souhait.
 
A ce point de cette étrange conversation, quelque chose me frappe tout à coup.
- Dites-moi M. Emilio, tout à l'heure vous avez affirmé que j'allais bientôt être père. Enfin si on omet le léger incident dont vous annoncez la venue je veux dire. Ceci signifie qu'en tant que héraut ovipare homéotherme de la fin des temps, vous connaissez le futur.
- En effet.
- Quel est le tirage gagnant du loto de la semaine prochaine ?
- A quoi ça va te servir ? Tu n'auras pas le temps d'en profiter avant l'apocalypse.
- Zut, je voulais refaire mon salon.
- Avant la fin du monde ? Une sorte de baroud d'honneur mobilier ? Bon sang, tu es vraiment d'un matérialisme affligeant. Je fais des centaines de kilomètres (bon, ça n'est pas le plus grave, comme tous mes congénères je peux voler sur des milliers de kilomètres sans ressentir la moindre fatigue), je daigne t'apporter la nouvelle la plus importante du monde, et avec des fleurs en plus, et toi tu te moques de ma taille, tu t'inquiètes pour ton canapé---ne fais pas l'étonné, j'ai bien vu ton regard quand je me suis installé dessus---et pour finir tu fais preuve à mon égard d'un simple intérêt cupide, dans un but totalement ordinaire.  
 
Là il m'a vraiment contrarié. Probablement parce qu'il ne faisait que me jeter la vérité au visage. Néanmoins, j'ai décidé que ça suffisait. La bille dans ma poitrine était devenue boule et ma vision commençait à se flouter. Du moins j'en avais l'impression.
- Bon écoutez M. Emilio, vous êtes bien rigolo là, posé sur mon sofa (et non pas canapé d'ailleurs je vous signale) mais maintenant j'en ai assez. C'est bientôt la fin du monde et j'ai un million de choses à faire avant alors prenez un Pépito et allez-vous en, s'il vous plaît.  
Il est parti comme il était venu, en prenant soin de couper quelques tulipes bleues dans mon jardin, probablement pour une autre visite. J'ai voulu informer Val de l'imminence de l'échéance de toute choses.
- Val, ...
- Bon écoute, j'ai vraiment pas l'temps de discuter là, alors à moins que tu veuilles m'annoncer la fin du monde, va plutôt sortir le chien tu veux ?
Je suis allé me balader avec le chien.  

Message cité 2 fois
Message édité par minusplus le 29-03-2006 à 15:42:50
n°8017788
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 29-03-2006 à 15:39:01  profilanswer
 

Minus, quelle surprise \o/
 
Une petite conjonctivite, m'sieur Krapo ? [:pingouino]

Message cité 1 fois
Message édité par In Ze Navy II le 29-03-2006 à 15:40:25

---------------
n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°8017824
minusplus
Posté le 29-03-2006 à 15:43:19  profilanswer
 

heu j'ai édité j'avais oublié un mot ! :o :D

n°8018045
lorelei
So goddamn slick it's a sin
Posté le 29-03-2006 à 16:12:23  profilanswer
 

Le choix des noms des personnages est tout à fait réjouissant, comme le reste de l'histoire, qui vient très probablement de faire irruption dans mon tiercé de tête tellement j'ai rigolé :D


---------------
Rock'n Roll - New Noise
n°8020044
panchopa
le lama de Lima
Posté le 29-03-2006 à 20:00:15  profilanswer
 

Y'a de l'inventivité :)
(par contre si je puis me permettre une légère remaque sur ton espagnol : el fin (final) del mundo ;) )

n°8020298
ObsydianKe​nobi
peloton suicida
Posté le 29-03-2006 à 20:34:10  profilanswer
 

cassebrik a écrit :

bon un scénario avait bien commencé à germer, mais si la date est maintenue en l'état, il est fort à penser que je ne puisse participer dans les temps... mais hors limite, sait on jamais, je vous soumettrai sans doute malgré tout quelques lignes  [:pingouino]


 
 
 
+1  [:prodigy]


---------------
Long-range goals keep you from being frustrated by short-term failures. RIP VC
n°8020303
cassebrik
RIP upsa
Posté le 29-03-2006 à 20:34:59  profilanswer
 
n°8020308
ObsydianKe​nobi
peloton suicida
Posté le 29-03-2006 à 20:35:47  profilanswer
 


 
 
Quoteur [:yoda_aloy]


---------------
Long-range goals keep you from being frustrated by short-term failures. RIP VC
n°8020324
cassebrik
RIP upsa
Posté le 29-03-2006 à 20:38:02  profilanswer
 


mais pas co-auteur  :o

n°8020342
ObsydianKe​nobi
peloton suicida
Posté le 29-03-2006 à 20:39:34  profilanswer
 

cassebrik a écrit :

mais pas co-auteur  :o


 
 
Paques aux hauteurs? [:pingouino]


---------------
Long-range goals keep you from being frustrated by short-term failures. RIP VC
n°8020353
cassebrik
RIP upsa
Posté le 29-03-2006 à 20:40:23  profilanswer
 

ObsydianKenobi a écrit :

Paques aux hauteurs? [:pingouino]


sur le Mont fuji  [:cassebrik]

n°8020581
ObsydianKe​nobi
peloton suicida
Posté le 29-03-2006 à 21:01:33  profilanswer
 

Le Mont Ténégro est bien aussi :o
 
Chacun sait qu'il est bien mont ténégro [:sonken]


---------------
Long-range goals keep you from being frustrated by short-term failures. RIP VC
n°8020611
cassebrik
RIP upsa
Posté le 29-03-2006 à 21:04:19  profilanswer
 

ObsydianKenobi a écrit :

Le Mont Ténégro est bien aussi :o
 
Chacun sait qu'il est bien mont ténégro [:sonken]


mieux que le mont Thana, en effet  :o

n°8020632
ObsydianKe​nobi
peloton suicida
Posté le 29-03-2006 à 21:05:40  profilanswer
 

Mont Saix aussi il est bien  [:vague nocturne]  [:vague nocturne]


---------------
Long-range goals keep you from being frustrated by short-term failures. RIP VC
n°8020659
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 29-03-2006 à 21:07:43  profilanswer
 

Dino ? Shirley ? [:pingouino]


---------------
n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°8020729
ObsydianKe​nobi
peloton suicida
Posté le 29-03-2006 à 21:13:21  profilanswer
 

ça des shirley dino?
 
moi aussi je trouve que ça déchire les dinos ! [:pingouino]
 
http://www.imax.com/t-rex/images/Tcentralimg.gif


---------------
Long-range goals keep you from being frustrated by short-term failures. RIP VC
n°8020741
ObsydianKe​nobi
peloton suicida
Posté le 29-03-2006 à 21:14:00  profilanswer
 

je sais, il est temps pour moi de me mettre en position "off" :jap:
 
Gordon, bonne nuit enfoiré :jap:


---------------
Long-range goals keep you from being frustrated by short-term failures. RIP VC
n°8022364
TOMATOBILL​I
Comme une ombre
Posté le 29-03-2006 à 22:54:25  profilanswer
 


c"est vraiment bien! :bounce:  
 
"Il faudra que je couche mes mémoires par écrit un jour futur"
c'est pour bientôt?
j'ai particulièrement aimé les phrases dans le spoiler (j'vais m'y habituer (au spoiler))  
ya des images très originales  
bravo
 

minusplus a écrit :

Spoiler :


"Les dimanches étaient monotones : on ne recevait jamais personne. Donc, le jour où un albatros anglais a tiré la chevillette qui a fait choir la bobinette sur un verre à caïpirinha renversé, le ding !"  
 
"la turlute est une dure lutte comme disait machin en train de pomper King Kong"
"vous êtes un genre de prophète de l'apocalypse à plume"  
"une canine de troll plantée dans la cuisse"  
 
 



n°8024257
rogr
Posté le 30-03-2006 à 01:20:11  profilanswer
 

je vote pour Lor [:-lilith-]

n°8025833
minusplus
Posté le 30-03-2006 à 08:20:25  profilanswer
 

panchopa a écrit :

Y'a de l'inventivité :)
(par contre si je puis me permettre une légère remaque sur ton espagnol : el fin (final) del mundo ;) )


ah wé, mon espagnol est très loin à vrai dire... :o

n°8025898
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 30-03-2006 à 08:58:29  profilanswer
 

MAJ premier post [:chrisbk]


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°8026037
Profil sup​primé
Posté le 30-03-2006 à 09:44:20  answer
 

Excellentissime !! Rien à redire !! [:xp1700]
On dirait du Pennac :miam:

n°8026269
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 30-03-2006 à 10:28:43  profilanswer
 

Mince, Pennac [:kbchris]


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°8026786
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 30-03-2006 à 11:40:36  profilanswer
 

J'ai trouvé mon pitch [:pingouino]


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°8026842
Gordon Shu​mway
Ça fout la frousse.
Posté le 30-03-2006 à 11:49:04  profilanswer
 

In Ze Navy II a écrit :

J'ai trouvé mon pitch [:pingouino]


http://www.papillonnez.com/photos/325654000127.jpg ? [:pingouino]


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Tees et autres trucs pour geeks | Mon Instagram il est bien. Suis-le.
n°8026965
lorelei
So goddamn slick it's a sin
Posté le 30-03-2006 à 12:04:00  profilanswer
 

J'ai failli la faire, et puis j'ai dit "non, ne te laisse pas emporter par le marketing polluant" :/


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Rock'n Roll - New Noise
n°8027070
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 30-03-2006 à 12:14:04  profilanswer
 

Mais Gordon, quoi ? :/
Je ne mange pas de ce pain-là :D
 
Non mais comment ai-je pu imaginer écrire ce truc en oubliant un personnage au passage [:pingouino]


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°8027259
ObsydianKe​nobi
peloton suicida
Posté le 30-03-2006 à 12:35:38  profilanswer
 


 
 
t'es fou tu veux la faire mourir? :D


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Long-range goals keep you from being frustrated by short-term failures. RIP VC
n°8027281
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 30-03-2006 à 12:38:01  profilanswer
 

Non mais même sous la menace je ne mange pas ces machins, là :D


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
n°8027289
ObsydianKe​nobi
peloton suicida
Posté le 30-03-2006 à 12:38:38  profilanswer
 

In Ze Navy II a écrit :

Non mais même sous la menace je ne mange pas ces machins, là :D


 
Ne donne pas des idées, comme ça  [:rhetorie du chaos]


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Long-range goals keep you from being frustrated by short-term failures. RIP VC
n°8027348
In Ze Navy​ II
Obsédée textuelle
Posté le 30-03-2006 à 12:45:22  profilanswer
 

Je ne connais personne d'assez détraqué pour imaginer me faire subir ça en vrai [:kbchris]


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n° 11 * RED * Tiens, voilà ton thé, c'est du café.
mood
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Posté le   profilanswer
 

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