Reprise du message précédent :

Y'avait du chauffage  

Idem !

D'ailleurs c'était ma deuxième déception du museum d'histoire naturelle de Londres. Dans la partie biologie humaine on a rien vu de ce genre. C'était des expos et expériences éducatives façon la cité des sciences. C'est pas mauvais mais c'est déjà vu. Dommage.
Et la galerie des dinosaures fermée... Sérieux... Les dinosaures merde ! J'ai du bol moi. En plus ils ont le premier t-rex découvert là bas. J'étais comme un dingue. Et je vois que c'est fermé pour un mois. Godammit !

C'est là où il y a les squelettes de dinosaures et les serpents à deux têtes dans les pots ?

Ouais ! Et les baleines (les autres), et tout et tout !

J'adore cet endroit

Et y a pas que toi Je connais au moins deux BD qui en parlent, dans Tartine de Clous (Fmurr, l'auteur du Génie des Alpages), le personnage principal vit dans un des squelettes de baleine et cohabite avec le fantôme de Jussieu qui dépoussière les dinosaures la nuit, et dans Les Baleines publiques (une BD qui paraissait dans le Journal de Spirou), le personnage principal, Broussaille, a des visions qui le conduisent au Muséum.

On a tellement l'impression de remonter le temps. Faut que j'y retourne tiens (et la galerie de l'évolution aussi!).

Et dans Adèle Blanc-Sec !

C'est vrai, j'avais oublié le pétrodactyle

Ça me donne envie de faire un paragraphe "les BD qui parlent d'art" dans le premier post, histoire d'ajouter du bordel

Merci beaucoup pour ce compte-rendu  

Il faut que j'aille voir la fin de l'expo Sepik, j'ai pas eu le temps de la voir en entier la dernière fois que j'ai été là-bas merci pour le compte-rendu Bobby's road. Effectivement, les crânes surmodelés, c'est toujours impressionnant (j'adore ça, j'espère qu'on ne va pas les retirer des musées avec la timidité que les gens commencent à avoir vis-à-vis des corps morts).

Sinon, pour le thème BD-art, les musées d'Angers (dans un programme de mise en valeur de plusieurs œuvres de leurs collections) mettent une BD en ligne par épisodes : Le Portrait d'Esther.

Je n'ai pas encore lu, mais j'ai l'impression qu'il va me falloir un petit temps d'ajustement pour me faire à la BD case par case en ligne, je trouve ça vraiment bizarre et la planche complète avec sa composition me manque sans compter qu'en général la réutilisation de cases m'agace beaucoup en BD papier et là, forcément, il y en a beaucoup.

loooooouuuuuuuuuuutre

C'est la fin de l'installation de Claude Lévêque au Louvre et j'ai toujours pas compris de quoi il était question...

https://vimeo.com/143861088

Je voudrais qu'on m'explique pour que je puisse mourir moins bête

(Et j'ai peur d'aller demander sur le topic "art contemporain, une arnaque ?" )

Ça parait pourtant limpide :
 

Le néon rouge qui tombait de la pyramide (c'était de lui), ça rendait plutôt bien. Mais là, c'est vrai que l'installation était très pauvre.

Oui, j'aime bien le néon de la pyramide. Par contre, je sais pas trop, j'imagine qu'il y a une idée de recherche sensorielle (ce que le texte cité par fdaniel corrobore) mais je ne vois vraiment pas le rapport avec la choucroute et je me dis qu'il doit y avoir quelque chose d'autre à comprendre... mais je vois pas quoi. Pourquoi les chaises en plastique ?

Il y a une interview dans Grande Galerie. De mémoire, l'enchevêtrement des chaises est censé évoquer à la fois les grands tableaux de bataille et la fonction défensive du rempart. Et les chaises en plastique, c'est pour le contraste avec la splendeur palatiale. Le problème c'est que ça ne fonctionne pas du tout, ça fait juste cheap.

Ha OK, je lis pas assez Grande Galerie  
 
Bon, donc au moins il y avait une volonté (mais pas vraiment réalisée) de faire un lien avec le lieu, c'est pas plus mal.

S'il y a des amateurs de mode et de zique classique, sachez que Galliera et le théâtre des Champs-Elysées organisent un combo conférence+concert samedi 13, gratuit sur inscription (en ligne) :

lien

A la Smithsonian Institution, il y a des restaurateurs qui s'amusent comme des petits fous

Contexte : les spécialistes sont en train de restaurer une maquette originale de l'Enterprise NCC-1701 utilisée pour le tournage de Star Trek (lien).

Bon, j'ai un petit coup de mou et la flemme de faire des CR, les expos sont finies et j'ai perdu mes notes  

Florence, portraits à la cour des Médicis (lien1, lien2) au musée Jacquemart-André, qui était comme toujours dans ce musée une exposition plutôt de petite taille. Pour ceux qui n'ont jamais visité, le musée Jacquemart-André est dans un petit hôtel particulier construit à l'époque des remaniements haussmanniens de Paris pour un couple de collectionneurs. L'hôtel a pas mal de pièces "en l'état" (genre boudoir, petit salon, chambres...) et, à l'étage, un petit espace d'exposition de quelques salles en enfilade avec des cimaises classiques. La disposition rend la circulation un peu compliquée (il y a un cul-de-sac) donc c'est assez difficile de naviguer quand il y a des visites guidées.

L'exposition "Portraits à la cour des Médicis" parle de la deuxième grande période Médicis à Florence. Si je ne me trompe pas (je trouve ça super compliqué) il y a deux "périodes Médicis" à Florence : une première au début de la Renaissance, celle où Laurent le Magnifique claque toute la thune de la famille en mécénat et où les Médicis finissent par se faire kickban de la ville (Laurent meurt en 1492, c'est facile de s'en souvenir).

La deuxième phase, c'est celle du pouvoir et d'un pouvoir qui plaisante pas trop et qui coïncide avec un style assez différent de ce que Raphaël faisait vingt ans plus tôt : c'est l'époque de Bronzino qui est vraiment la ligne directrice de l'exposition. La peinture est très lisse, glacée, les gens sont impassibles, le teint parfait, le visage inexpressif. Le portrait d’Éléonore de Tolède qui fait l'affiche en est un bon exemple, il est tout petit, peint sur métal, impec mais très froid.

C'est aussi la fête du Médicis sérieux qui explique qu'il est pas là pour plaisanter :

Bref, une série de portraits qui sont très mis en scène, parfois jusqu'à changer le visage du modèle, comme Laura Battiferni, érudite et commentatrice de Dante... à qui on a donné le profil de Dante :

Bref, une série de portraits de cette deuxième partie de la Renaissance avec Bronzino, Pontormo, Rosso Fiorentino, Andrea del Sarto, Santi di Tito. L'exposition était complétée par un petit documentaire d'Hector Obalk sur les mains peintes en particulier par Bronzino, qui était très très bien vu, et la progression dans l'exposition avait un sens (de la prise de pouvoir par les Médicis à des portraits plus "expressifs" sur la fin, en passant par les portraits de l'élite et des lettrés).

NB au passage : le musée est en travaux en ce moment donc on ne visite pas tous dans les appartements.

Plus que deux CR de retard

Dans la série expos finies, j'ai bien aimé Sepik, arts de papouasie Nouvelle-Guinée (musée du Quai Branly) même si la construction de l'exposition en elle-même ne m'a pas paru aussi évidente qu'à ses concepteurs.

Pour schématiser beaucoup, la société de Papouasie Nouvelle-Guinée telle qu'elle se présente aux ethnologues allemands du début du XXe siècle est organisée en cercles concentriques, selon des niveaux d'initiation. Ces niveaux d'initiations sont matérialisés dans le village lui-même : il y a les maisons des gens, dans ces maisons il y a des choses de la vie de tous les jours et des objets plus sacrés, et dans le village il y a des endroits qui sont réservés aux initiés.

On ne sait quasiment rien, si j'ai bien suivi, des initiations féminines, ce qu'on a c'est tout le schéma des initiations masculines et l'exposition essayait de reconstituer la structure d'un village (je sais parce qu'on m'a posé la question au sondage de fin d'expo ). En pratique, j'ai eu plus l'impression d'une progression du quotidien vers le sacré que de quelque chose de vraiment spatialisé. On arrive, assez vite, dans les maisons des hommes, les endroits sacrés où seuls accèdent les hommes initiés. Le sacré a un pied dans les maisons, on y trouve de grandes figurines à crochets qui canalisent l'esprit des ancêtres, mais quand on passe à la déco de la maison des hommes, Ikea peut aller se rhabiller.

Hii j'adore les crânes surmodelés
L'exposition aborde d'ailleurs le "problème" de ces crânes : avec la colonisation, les guerres entre les différentes populations disparaissent, et la chasse aux têtes était une des principales activités des hommes qui doivent trouver autre chose.

Et surtout, y a des dames toutes nues qui font peur :

C'est marrant d'ailleurs, parce que dans tous ces cercles de niveaux d'initiation réservés aux hommes, ceux qui sont passés par la bouche du grand crocodile (et qui ont des scarifications laissées par ses dents), ceux qui ont rapporté des têtes (ils ont le droit de porter un slip en peau de roussette, sexy), ceux qui ont le droit et le savoir de la culture de l'igname, il y a des ancêtres femmes partout, sur les grands crochets comme au-dessus (on y accroche sa bouffe et peut-être ses têtes coupées) ou dans les flûtes qui chantent avec des voix féminines pour l'initiation des jeunes garçons.

L'exposition était donc très axée sur le profane --> sacré, avec des thèmes (la décoration des maisons des hommes, les masques de cérémonie, la musique, les représentations des ancêtres). La présentation était sobre et bien fichue, à part un ou deux cartels difficiles à lire par-ci par-là. La symétrie entre le début de l'exposition (grandes pirogues) et la fin (longues sculptures de crocodiles) était très bienvenue.

(Si je me souviens bien, à gauche le grand visage est à la fois une représentation d'ancêtre et une sorte de grand bouclier qui sert à bloquer l'accès à l'étage de la maison des hommes en temps de guerre : double combo protection 2 en 1.)

Ça m'a plu, j'ai appris des choses mais il y a aussi toujours une impression très frustrante quand on sort d'une exposition ethnographique sur des sociétés à tradition orale. On imagine les ethnologues en train de courir partout pour enregistrer le plus de trucs possible, et au final on a loupé tellement de choses

(wtf l'antiflood)
 
                                        y avait pas que de l'igname dedans, hhheeeeehehehehe
                                                    /

 
C'est un génie de l'igname, j'ai trouvé intéressant que, dans le groupe linguistique d'où provient l'objet, la culture de l'igname soit un truc de l'élite. A priori, on s'attendrait à ce que la culture de trucs alimentaires soit quelque chose que tout le monde fait dans son jardin, hé ben pas là. Il faut déjà être un homme respecté, qui a des faits d'armes au compteur, pour avoir le droit d'apprendre les secrets de la culture de l'igname. Le génie a l'air sympa aussi

C'est une expo en trois parties sur trois ans (j'ai vu Hey II l'an dernier mais pas la I), c'est foisonnant, surprenant, choquant parfois. C'est centré sur l'art underground et alternatif, très varié (surréalisme pop, bande dessiné, art brut, tatouage...), y'a même un tout petit peu de vidéo.
Beaucoup d'artistes présentés pour la première fois en France, d'autres connus mais toujours pertinents (comme Dado, Mark Ryden, Richard Corben, Don Ed Hardy).
Des grosses claques, comme Gabriel Grun, Christian Rex van Minnen, Aleksandar Todorovic, Ron English, Ludovic Levasseur et des belles surprises (Steven Kenny et Choi Xooang notamment, que je ne connaissais pas du tout).
 
Si vous voulez une vraie bouffée d'imagination débridée, de prise de risques (qui n'évitent pas la gamelle parfois...), d'ouverture, c'est là que ça se passe. En plus le lieu est très sympa, et la librairie bien fournie. Par contre, j'ai trouvé l'édition de l'an dernier un cran au dessus, l'entrée est un peu chère (8,5€ c'est le tarif d'un musée, alors que c'est "juste" une expo temporaire), et il y a parfois très peu d’œuvres présentées pour certains artistes, d'où un côté frustrant (mais c'est le format qui veut ça).
 
J'ai adoré, j'y ai envoyé des gens qui ont adoré, d'autres qui ont détesté...
 
PS: j'ai la flemme de trouver des images, mais je peux vous proposer un lien vers le dossier de presse: http://www.hallesaintpierre.org/wp [...] III_FR.pdf

Ça a l'air intéressant, merci pour ce CR en tout cas les affiches dans le métro sont tentantes.  
 
Quand tu parles d'une grosse claque, est-ce que tu peux par exemple décrire une œuvre qui t'a vraiment paru impressionnante ? (c'est une histoire de technique utilisée, d'aspect de l’œuvre, de thèmes qu'elle évoque...)
 
J'ai regardé certains des artistes (je n'en connais quasiment aucun, que Richard Corben je dirais) et ça a l'air très varié. Christian Rex van Minnen, je sais pas ce qu'il prend mais je veux pas la même chose dans mon café le matin

J'avais prévu d'aller me coucher, mais comme j'ai le sentiment d'avoir un brin abusé par rapport à certains qui font des CR trop bandants (et qu'à ce propos ma copine vient de me dire qu'elle en avait encore pour au moins une heure ou deux de taf...), je précise bien volontiers. Par contre, j'ai des connaissances très limitées en matière d'analyse artistique, je me contenterais donc de dire des conneries et des commentaires assez généraux...
 
Grun: j'ai adoré ses références à la peinture de la renaissance dans le choix des thème et de la construction de ses tableaux. Il y ajoute des éléments qui créent un malaise (ça reviendra souvent) en jouant avec l'anatomie, l'hybridation des corps, ça pourrait être malsain ou gore mais c'est très poétique et puissamment évocateur, presque uchronique.
 
Rex van Minnen, justement, c'est son faux jumeau. Aussi de grosses références ultra-classique notamment aux portraits d'Archimboldo, mais avec une technique de folie furieuse, et le même gout pour le malaise mais carrément malsain et dérangeant pour le coup, avec des détails ultra-modernes et fluos.
 
Todorovic c'est un Serbe qui peint des tableaux pas immenses mais fourmillant de détails. C'est coloré, très politique, bourré de symboles faisant référence à l'art religieux orthodoxe mélangé à l'histoire moderne (idéologie communiste et impérialisme américain se téléscopent), c'est souvent drôle mais ça reste très critique.
 
Ron English. Une technique ultra réaliste, j'ai d'abord cru à des prises de vue avec des figurines en plastique (cherchez Rabbit House pour vous faire une idée). Il reprend des icones des multinationales, de la société de consommation pour les détourner et renverser complètement leur message initial (on y croise des clones anémiques de Mickey dans des avions en feu, des clowns terrifiants, des dinosaures en plastiques, des jouets mutants...) . Je me suis renseigné sur lui, il a fait des trucs très différents, moins psychédélique, et on trouve un documentaire sur lui, de Pedro Carvajal que je recommande vivement.  
 
Levasseur réalise des poupée à partir de fragments de peau, d'os, de cheveux, de corne, ça pourrait être macabre... et ça l'est, mais c'est pas trash, ça a une résonance très personnelle et honnête, on sent la fascination pour son sujet et presque de la bienveillance.
 
Choi Xooang fait des sculptures utlra réaliste à la Ron Mueck (mais pas grandeur nature, plus petit), agrémentées de détails bouleversants, comme cette femme nue agenouillée, les yeux clos, avec une énorme masse moitié végétale moitié champignon atomique qui lui sort de la tête.
 
Steven Kenny, encore un qui a bien potassé sa peinture renaissance (notamment son traitement de la lumière) qu'il réinterprète avec un univers très mélancolique, onirique et presque mystique. En fait, c'est symbolique mais tellement personnel et pas fait avec de gros sabots que ça échappe aux tentatives de rationalisation, sans que ce soit frustrant. On se laisse emporter.
 
J'allais oublier Eudes Menichetti, un type torturé mais qui a décidé que c'était pas une raison pour virer sérieux. Une technique hallucinante et inédite à base de feuilles métalliques martelées, triturées, fragmentées, de clous minuscules, d'inscriptions sibyllines ... Ses thèmes sont baroques, on ressent le désarroi dans lequel le laisse toute tentative d'explication de sa condition d'être humain, comme s'il s'excusait de proposer quelque chose qui touche à l'universel, sans pour autant arriver à s'extraire de lui-même. J'en aurais pleuré de compassion.
 
 
Voilà, c'était long et ça aurait été mieux avec des illustrations, mais on trouve facilement des exemples de tout ça sur le net.

Woaw ! J'en demandais pas tant, c'est un fantastique résumé ! Merci ! (Et les descriptions sont très bien, je trouve qu'on voit bien de quoi tu parles.)
 
Du coup, comme tu le suggères, j'ai googleimagé et j'en profite pour illustrer ton poste pour les feignants qui passeraient dans le coin J'ai pris une seule image pour chaque artiste donc forcément c'est une vue partielle.  
 

 
C'est marrant ce revival de la peinture Renaissance

Super, merci d'avoir compensé ma flemme
 
Tu as très bien choisi les œuvres, je me permets juste de rajouter celle-ci de Gabriel Grun, que je trouve très représentative.
 

Merci pour ce CR, je pense que je vias y'aller du coup !

Et donc, dans la série faut changer un peu de monde (mais pas trop) j'ai vu Anselm Kiefer au Centre Pompidou.

J'aime bien Kiefer donc je peux dire que j'aime (de) l'art contemporain, mais j'ai toujours l'impression que c'est un peu de la triche. L'art de Kiefer, en tout cas ses thèmes immédiatement accessibles, regarde vers le passé. C'est pas plus mal d'ailleurs, parce que quand on est allemand il y a un certain nombre de choses à digérer, si vous voyez ce que je veux dire Du coup, comme Kiefer reste beaucoup dans certains thèmes au long de sa carrière (la digestion du romantisme allemand par le nazisme, l'architecture nazie, les ruines de l'après-guerre, Wagner et ses personnages, les camps de concentration) certains lui reprochent parfois de s'enfermer dans les clichés de l'identité germanique.

Le truc c'est que Kiefer naît en 1945 dans un pays complètement ruiné, et si j'ai bien suivi il est l'un des premiers à réutiliser des images qui sont devenues tabou. Par exemple, le c-c-c-combo héros germanique + opéra de Wagner. Au XIXe siècle, pas mal de pays en Europe se cherchent une identité commune (l'Allemagne, l'Italie sont encore des confédérations de bouts de pays) et des tas de mythes nationaux émergent et sont exploités. Les légendes germaniques en font partie pour l'Allemagne. Par exemple, Lohengrin sur les murs du château de Louis II de Bavière à Neuschwanstein, c'est ça :

Lohengrin sur la scène du Festspielhaus de Bayreuth, c'est ça :

Le Festspielhaus de Bayreuth à l'anniversaire de Hitler, c'est ça :

C'est un raccourci brutal mais vous voyez l'idée (et je vous épargne Hitler représenté en chevalier, tout ça). Ce qui explique par exemple qu'après la 2e Guerre Mondiale les mises en scène de Wagner ça ressemble à ça :

Bref, le caskacornes n'est plus trop à la mode, n'est-ce-pas. Donc (stop la digression svp) quand Kiefer fait des trucs comme ceci :

plein de gens trouvent ça moyen.

L'expo à Beaubourg est (sauf si j'ai rien compris) thématico-chronologique : elle aborde des thèmes dans l’œuvre de l'artiste et ça tombe plus ou moins aussi dans des périodes de sa vie. Au début, des Heroische Sinnbilder (de la même série que le tableau ci-dessus) et des vitrines de livres brûlés, puis des thèmes wagnériens, des vues de champs désolés avec une palette suspendue au centre (un motif récurrent qui est plus ou moins remplacé par le tournesol plus tard). Une salle présente des peintures qu'il fait à un moment où il travaille dans un grenier d'école, avec des thèmes wagnériens mais quasi-aniconiques (ça me fait penser à certaines mises en scène des années 50-60 comme celle que j'ai mis en photo plus haut) :

Ici c'est Parsifal, évoqué par la lance, par les noms (Fal Parsi, Klingsor, Titurel, Kundry) et par la citation de l'opéra en bas de la toile.

Il y a une salle intéressante consacrée à des peintures architecturales assez chouettes (de la série consacrée au "peintre inconnu" ) et les très connues Margrethe et Sulamith en référence à un poème de Paul Celan qui a servi sur le topic du jeu des citations. Quelque chose que j'aime bien, c'est que sans connaître le poème (mais je crois qu'il est dans le livret de l'exposition, qui explique certaines œuvres) c'est chaud patate de comprendre ce qui se passe, mais ça n'empêche pas d'être sensible à l’œuvre : Kiefer peint des toiles énormes avec une peinture très épaissie, mélangée à de la gomme et du sable, avec des trucs collés dessus.

L'expo est articulée par une salle d’œuvres réalisée exprès, une série de petites installations dans des vitrines. Ensuite, il y a de nouveaux thèmes : Isis et Osiris, la kabbale, d'autres poèmes avec des œuvres qui me parlent plus ou moins. J'aime bien Die Halme der Nacht et Für Paul Celan: Aschenblume :

(la photo vous donne une idée de la taille des trucs)

Bon, on est toujours dans quelque chose de pas très joyeux et on a une impression d'obsession des camps de concentration, en tout cas le grand champ blanc avec cette perspective comme ça et les livres en plomb qui ressemblent à des restes d’autodafé (sans compter le titre) ça me fait vraiment penser à ça. Ce qui est d'autant plus surprenant quand on tombe tout à coup sur ça :

Il y a quelques peintures colorées, en particulier très récentes (années 2010) mais même avec ça les choses peuvent rester déprimantes (Pompidou en expose deux intitulées Les Fleurs du mal et Le Dormeur du val, on a vu plus jouasse comme thème).

Enfin, L'expo se termine par une installation qui vient d'une collection privée (le truc doit faire 80m², ça doit être sympa d'avoir ça chez soi, faut l'appartement qui va avec on va dire) qui relie l'histoire de l'identité allemande (et du romantisme allemand) non au nazisme cette fois mais à la bande à Baader.

Pour compléter et comme tout un pan de l’œuvre de Kiefer est laissé de côté (ses installations monumentales) on peut en visiter une qui a été montée dans le hall de Pompidou, et qui fait circuler dans trois container de transport superposés autour d'une sorte de chute d'eau faite de chutes de films qui sont des photos collées sur des rubans de plomb.

Pour conclure (je sais, il est temps ) Je trouve ça intéressant parce que c'est une œuvre "facile" par certains aspects. Quand vous vous baladez là-dedans, ça va vous évoquer des trucs parce que les motifs des tableaux (les livres brûlés, le serpent, l'épée, la lance, les forêts sombres, les champs désolés, la nuit, de vieux murs de brique, des fleurs, etc) sont reconnaissables et font appel à des images qui, pour une raison ou une autre, sont passées dans notre répertoire collectif : même si on ne comprend pas forcément l'intention de l'artiste, ça évoque des choses chez nous (par exemple l'installation du hall me fait penser à Inglourious Basterds en ce qui me concerne).

Si on a un peu de culture germanique (les noms des grands romantiques, les mythes utilisés par Wagner, un brin d'histoire) on peut comprendre des choses. Je pense que ça vaut le coup de visiter avec quelqu'un qui a un peu cette culture d'ailleurs, si vous avez un ami allemand traînez-le là et écoutez ce qu'il a envie d'en dire, c'est instructif. Par contre, il ne sera peut-être pas très content s'il a l'impression qu'on essaie de réduire sa culture, son identité, à Wagner + romantisme + nazisme, point à la ligne, ils ont peut-être envie d'en sortir un peu

Bref, c'est pas de l'art moderne follement conceptuel, ou en tout cas c'est fait en combinant des éléments qui individuellement peuvent nous parler, en ça je trouve que c'est plus sympa à visiter que d'autres choses. Par ailleurs, le bâtiment est très adapté, l'agencement de l'exposition avec les hautes cimaises blanches crée des perspectives qui mettent vraiment en valeur certains tableaux et le haut plafond avec les tuyaux@Beaubourg fait que les œuvres ne sont pas du tout écrasées, ni écrasantes.

Pour finir, faites gaffe, il y a beaucoup de monde, ne faites pas comme moi et prenez votre billet à l'avance.

mais non, l'Allemagne c'est également la bière blonde et les grosses berlines équipées pneus neige, hein.

Deux vidéos d'Axolot sur le Louvre :
Les Chefs d'oeuvres Méconnus : https://www.youtube.com/watch?v=Tll [...] 4032035995

Les curiosités du Louvre : https://www.youtube.com/watch?v=XhoZzh-Fkss

Assez sympa à voir, ça m'a donné envie de retourner au Louvre !

gninh hin hin

 
Visiblement, vous avez bien fait
 
Sinon, je suis pas fan de toutes les affiches de la campagne actuelle du musée d'Orsay, mais j'aime bien celle-ci :  
 

Réinventer.Paris (pavillon de l'Arsenal, Paris, jusqu'au 8 mai 2016)

Ça aurait presque sa place sur le topic TALMMQSR (rien que le titre), d'ailleurs j'ai hésité. Il s'agit d'une exposition gratuite des projets proposés dans le contexte d'un "appel d'offres" de la Mairie de Paris pour, euh, ben, réinventer Paris quoi.

En pratique, ce n'est pas vraiment un appel d'offre : pas de cahier des charges (pour "libérer les énergies" ) ce qui veut dire pas de compensation financière non plus (mais des centaines de participants tout de même). Les quelques dizaines de finalistes sont présentés avec un peu plus de détails, les autres simplement par une illustration.

Indépendamment des projets sélectionnés, dont on peut discuter en bon chieur de parisien (perso, j'étais là pour ça ) l'ensemble donne une assez bonne idée de ce qui est à la mode en ce moment. On peut se moquer des buzzwords (j'aurais vraiment dû prendre des notes, j'ai oublié à peu près tout ce que j'ai lu) et il y a des propositions sympa et d'autres beaucoup moins. Certains architectes (un peu trop nombreux ) ont l'air coincés dans les années 70 (gros cubes à fenêtres moches façon commissariat du XIIIe mais en blanc pour faire moderne) voire 60 (dessins qui ressemblent à de la SF en couverture de pulps ou en toile de fond de Doctor Who, période William Hartnell), il faudrait aller les chercher.

Je cite la description sur la page web de l'expo (où l'on peut aussi voir les images des projets sélectionnés) :

C'est marrant à visiter pour cocher son bingo-bullshit (à coup de stream building, d'éco truc etc), intéressant de voir les différents types de maquettes (les trucs oldschool, les grosses impressions 3D, le balsa, etc) et de bitcher sur les différents projets. C'est consternant parce qu'un projet sur deux a un calembour foireux dans le titre et un poster sur deux (pas toujours les mêmes) a une ou deux fautes d'orthographe (tsk tsk le stagiaire, mais bon, on le paie pas, on en a pour son argent).

L'exposition est assortie au rez-de-chaussée d'un dispositif (vendu comme innovant) de navigation sur une carte géante dont la réalisation semble vraiment épouvantable point de vue qualité technique. C'est vraiment très moche.

C'est gratuit, donc pas cher, et sympa à visiter pour essayer d'imaginer les choses (parce que c'est bien joli sur le papier, mais quand on a habité dans ce genre de rêve d'architecte on sait bien où ça peut merder ) et dire du mal (ou du bien, aussi) des projets. Y a des bonnes idées, d'autres qui semblent moyennes, et en tout cas ça offre prétexte à la discussion entre amis.

Merci pour le CR sur Hey III, je vais essayer d'y traîner mon bonhomme, il a de gros a priori sur l'art contemporain, mais vu la qualité de la sélection, je pense qu'il saura reconnaitre qu'il y a des trucs vraiment intéressants.

 
C'est aussi de l'art contemporain avec des images qu'on connaît, qui peuvent nous évoquer des trucs (j'ai l'impression) et donc auquel il est plus "facile" de réagir qu'à des machins complètement conceptuels.

Oui, complètement. Ca a l'air... disons... "accessible". Effectivement pas mal de peintures évoquent la Renaissance qu'on connait bien, c'est plus confortable à appréhender pour un conservateur comme mon mec

Yop,
y'a des parisiens au chômage/aux horaires décalés qui veulent bien se faire des mini kimusées/kigaleries en semaine avec moi ? J'ai du mal à me motiver à sortir seule en hiver, donc, hésitez pas, MP.
Pour info j'ai fait très peu de musées :
- Galerie de l'Évolution
- Galerie d'anatomie
- Carnavalet
- Branly
Je suis pas super branchée Beaux-Arts, c'est tout. Open pour le reste !

 
 
Je suis disponible les matins de la semaine prochaine.

En ce moment pour ma part je vais être dispo les lundis, si quelque chose se fait je m'incrusterai sûrement (mais le lundi y a plein de trucs que je veux voir qui sont fermés, mfflrlpfff).