| |||||
| Auteur | Sujet : [LIVRES] Vos lectures du moment |
|---|---|
Dora Doralina | Reprise du message précédent : |
Publicité | Posté le 01-10-2023 à 17:00:27 ![]() ![]() |
demars |
|
jamere20 |
|
gingeroots FUCK TRAE YOUNG | Bon j'ai le COVID cette semaine alors j'ai tenté La maison des feuilles, mais finalement j'essayerai une autre fois, quand je serai dans de meilleures dispositions |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | J'ai fini de lire Les Disparus de Daniel Mendelsohn, mais j'ai sauté tant de passages que je ne sais pas si ça compte C'est un livre que j'ai lu malgré le livre, en quelque sorte, parce que le sujet était suprêmement intéressant, mais traité… bah je sais pas, j'étais entre l'ennui et l'agacement peut-être une page sur deux ou sur trois. Tout part du grand-père de l'auteur, un vieux juif originaire d'un bled aujourd'hui ukrainien, Bolekhiv, et qui a émigré aux États-Unis avant la guerre. Le roman commence sur les réunions de vieux juifs américains de la famille étendue et des amis, qui se voient régulièrement pour parler du passé, et dont certains pleurent en regardant le petit garçon. Il ressemble tellement à Shmiel ! Ce Shmiel (Samuel), c'est le frère aîné du grand-père, qui a séjourné brièvement aux États-Unis avant la guerre et est reparti à Bolekhiv (Bolechow à l'époque, Bolekhov plus tard, c'est ça d'être trop près de la frontière) pour reprendre une affaire de boucherie familiale. À peu près tout ce qu'on sait à part ça, c'est que lui, sa femme et ses quatre filles ont été tués par les nazis, et il se dit que les filles ont été violées. On a une ou deux photos usées, avec des noms difficiles à déchiffrer derrière. Et la ressemblance de Shmiel avec Daniel. Atteint d'un cancer, le grand-père se suicide. Le narrateur qui l'adorait se retrouve en possession de sa correspondance, en particulier de lettres suppliantes de Shmiel durant la guerre, qui parle des persécutions et demande qu'on lui envoie de l'argent et qu'on fasse venir sa famille aux États-Unis. Les lettres ont l'air d'avoir été laissées sans réponse. Daniel part alors à la recherche de l'histoire de Shmiel, pour savoir ce qui lui est arrivé exactement, et essayer de deviner ce qui a pu se passer entre les deux frères. Ça part assez mal, il n'a même pas le prénom de toutes les filles, et pas beaucoup d'informations, et plein de vieux qu'il connaît meurent avant qu'il ait pu leur poser des questions… et surtout il se rend parfois même compte de leur identité trop tard vu que tout le monde a des surnoms. Une partie de l'intérêt du roman est là : le narrateur raconte au fur et à mesure. On assiste à sa prise de conscience que le personnage de telle photo n'est autre que tel vieux dude retraité qu'il a croisé toute sa vie et auquel il n'a jamais vraiment parlé étant enfant, a ses réflexions, à l'évolution des questions qu'il pose, puisque de proche en proche il va récupérer des noms de contacts, d'associations d'anciens, du cousin d'Untel qui a vu le gars qui avait parlé à Shmiel ce jour-là. Il passe des coups de fil, rencontre des gens normaux, exceptionnels, traumatisés, va à Bolekhiv, en Scandinavie, en Pologne, en Israel pour rencontrer des gens. Certains passages sont durs, soit en raison des témoignages directement, soit parce que le narrateur gamberge ensuite si tel et tel supplice qu'on lui a racontés ont été infligés à sa tante et dans quel ordre. Il revient plusieurs fois sur l'idée que la Shoah n'est pas un événement qui a eu lieu, c'est un événement qui continue d'avoir lieu tous les jours dans l'absence des gens et dans les cauchemars ou le traumatisme des vivants, et il y a une phrase glaçante dans un témoignage vers la fin du livre, du genre qui marque quand on le lit et après. C'est aussi une des limites du livre. Le gars nous raconte vraiment sa vie, et il est plutôt lourd. La question des relations entre frères, c'est-à-dire principalement Abraham (le grand-père) et Shmiel (mort à Bolechow en 1943 ?), et dans une moindre mesure Itzhak (émigré en Israël), est un des points centraux. Daniel se demande pourquoi Abraham n'a pas l'air d'avoir aidé Shmiel, et en filigrane il y a la question « est-ce que qu'il s'est suicidé seulement parce qu'il avait un cancer ou bien est-ce qu'il y a aussi la culpabilité ». Et Daniel en profite pour nous bassiner sur sa relation avec ses frères, en particulier Matt, qu'il a détesté quand il était plus jeune au point de lui casser le bras, et avec qui il mène une partie de cette quête et dont il se rapproche aujourd'hui. Problème : j'adore les histoires de gens qui cherchent dans des archives, reconstruisent les choses petit à petit, déduisent, corrigent, posent d'autres questions. Je déteste les histoires de drama familial, j'en ai rien à secouer de leur vie, je veux savoir ce qui est arrivé à Shmiel, Ester, Lorka et les autres, je veux apprendre des trucs sur l'[H|h]istoire Ça c'est super intéressant. Les limites de l'exercice sont évidentes : souvenirs flous, souvenirs choquants dont on n'a surtout pas envie de parler, pruderie de certains, traumatismes d'autres, et puis surtout, le fait que même dans une toute petite ville on ne fréquente pas tout le monde. Certains se rappellent deux sœurs, d'autres trois, d'autres quatre. Le portrait de l'aînée se dessine par petites touches, c'est probablement sur elle qu'on apprend le plus de choses alors que la personnalité d'autres reste complètement inconnue. Certains détails sont définitifs, d'autres varient d'histoire en histoire et ceux qui pourraient confirmer sont morts. Il essaie de faire gaffe à ça, de laisser les gens parler pour voir de quoi ils se souviennent. L'auteur fait référence à Proust et c'est bien vu, cette manière de caractériser des personnages comme on ferait une peinture en trois dimensions, une facette, une autre, un détail. C'est aussi un des putains de défauts du livre : il essaie d'écrire comme Proust, et je sais pas si c'est lui ou son traducteur mais y a pas moyen. Certaines phrases font deux pages, what the fuck. Et il dit aussi des trucs dans le désordre, donc parfois il saute d'une visite à une autre en laissant un truc en suspens (« et là Jack a dit un truc qui nous a fait nous arrêter complètement — et l'après-midi on est allés voir Bob »). Et l'écriture est si relou à lire qu'on n'a pas le courage d'essayer de raccrocher les wagons (donc j'ai jamais su quel était le truc important qu'avait dit Jack, on a dû me le dire à un moment mais j'ai pas fait le tri). Tout ceci est extrêmement agaçant. Mais pas autant que les digressions religieuses putain Très régulièrement, il intercale de longs passages en italique dans son histoire, où il raconte les parashah, si j'ai bien compris, des chapitres de l'Ancien Testament. Et après il raconte ce qu'en pensent deux grands commentateurs, Rachi (un rabbin français médiéval ultra célèbre) et Friedman (un rabbin américain contemporain) et leurs différentes interprétations. Il y a toujours un parallèle avec le texte et les recherches qu'il mène : il parle de l'Holocauste et de la Shoah par balles, et plus généralement du nazisme, et intercale des bouts de la parashah du Déluge ; il parle de frères qui s'aiment et se détestent, hop Abel et Caïn ; il parle d'assassinats et de trahisons et il intercale l'histoire du sacrifice d'Isaac, etc. Je ne trouve vraiment pas ça subtil, et pour être honnête, pas de très bon goût non plus (je comprends pas s'il essaie de faire un parallèle entre un châtiment divin et les nazis ?). Mais je n'ai pas la sensibilité religieuse de l'auteur ni aucune sensibilité religieuse du tout en fait, donc ça me passe probablement très au-dessus de la tête. Et en fait ça m'ennuie tellement de lire des gens qui discutent d'histoires bibliques incohérentes pour leur trouver une explication parce que telle lettre dans tel mot veut sûrement dire qu'à la place on pourrait lire tel autre mot que j'ai sauté tous ces passages donc je ne sais pas vraiment si ça finit par devenir intéressant. À l'arrivée, il y a des choses qu'on sait, et une vraie satisfaction de certaines découvertes, et d'autres qui restent un mystère probablement pour toujours. L'un des passages de la fin, où Daniel réussit à mettre le doigt sur un indice concret, est vraiment émouvant. Il y a même un (un seul) passage assez drôle où on apprend des choses sur un scandale local dans lequel est impliqué l'un des frères, et parfois un peu d'humour noir mais pas souvent. On apprend des choses sur la Shoah par balles et les collabos. On se pose des questions sur l'attitude des Ukrainiens et des Polonais à l'époque, et maintenant. Le narrateur noue des relations chaleureuses et se fait de vrais amis et ça remonte un peu le moral (mais y en a qui meurent, quand même). Je trouve ça assez dommage, le sujet, la démarche de recherche et les découvertes sont extrêmement intéressants. La façon d'en faire un livre, perso, j'ai vraiment pas accroché. Mais c'est un succès et il a été primé, donc je pense qu'il a bien mieux marché sur d'autres personnes.
Bref, voilà, un de ces livres qu'on aimerait aimer, mais qui vous en empêche. Message cité 1 fois Message édité par biezdomny le 04-10-2023 à 19:18:52 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
BoraBora Dilettante |
Message cité 1 fois Message édité par BoraBora le 04-10-2023 à 19:34:52 --------------- Qui peut le moins peut le moins. |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! |
--------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
Publicité | Posté le 05-10-2023 à 09:13:29 ![]() ![]() |
Dora Doralina |
|
BoraBora Dilettante |
--------------- Qui peut le moins peut le moins. |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Je pense même que je n'ai jamais entendu parler et j'ai fait une recherche rapide sur le topic et rien trouvé (à part le message de Dora Doralina) donc ça m'étonnerait qu'il n'y ait que moi Message édité par biezdomny le 05-10-2023 à 17:13:46 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Moi ça m'intéresserait de connaître le raisonnement : qu'est-ce qui fait que Dora Doralina s'est dit « oh ça va tout le monde l'a lu ». Parce que même pour des classiques, que ce soit dans le genre icône façon Autant en emporte le vent, ou dans le genre « on en a tous lu des extraits à l'école » façon Les Misérables, y a des tas de gens qui ont entendu parler des livres sans les avoir lus pour autant (c'est mon cas pour Autant en emporte le vent), ou alors (pour les Misérables) une page sur trois de l'édition abrégée qui était au programme de seconde cette année-là. Message cité 1 fois Message édité par biezdomny le 05-10-2023 à 18:40:44 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
BoraBora Dilettante |
--------------- Qui peut le moins peut le moins. |
Gwrach | La couverture médiatique de la sortie de ce roman semble avoir été plutôt limitée. Quand on cherche des avis de journalistes littéraires francophones (la traduction française a été publiée en 2010 puis en 2012 alors que le livre date de 1995), on trouve un papier de Elle mais pas tellement plus. Ca n'a pas l'air d'être un livre "connu" : 2 notes sur Senscritique, 218 sur Goodreads.
Message cité 1 fois Message édité par Gwrach le 05-10-2023 à 21:34:53 |
BoraBora Dilettante |
Message cité 1 fois Message édité par BoraBora le 06-10-2023 à 00:13:40 --------------- Qui peut le moins peut le moins. |
Gwrach |
|
GAS Wifi filaire© | Je note, j'adore les (auto-) biographies musicales. Je suis d'ailleurs dans celle de JM Jarre, très bien aussi. --------------- On a pas attendu les pneus en 180 pour attaquer ! |
BoraBora Dilettante |
--------------- Qui peut le moins peut le moins. |
Perfector Memento mori |
--------------- Randos |
GAS Wifi filaire© |
--------------- On a pas attendu les pneus en 180 pour attaquer ! |
GAS Wifi filaire© | On dirait un peu John Lennon comême --------------- On a pas attendu les pneus en 180 pour attaquer ! |
Perfector Memento mori |
--------------- Randos |
biezdomny MONSTERS DO NOT EAT QUICHE! | Le Comte de Monte-Cristo :
Message édité par biezdomny le 08-10-2023 à 02:28:17 --------------- Expos et musées — Égyptologie (stupid sexy Jean-François Champollion) — team bépo |
Zack etron | Tiens, ça a l'air pas mal du tout ça. |
Perfector Memento mori |
Aricoh gentil mais fo po pousser |
--------------- Samsung Galaxy S1 -> Samsung Galaxy S2 -> Samsung Note 2 -> Huawei Ascend Mate 7 -> ZTE Axon 7 -> OnePlus 6T -> Oppo Find X2 PRO -> Google Pixel 9 PRO XL |
Dora Doralina | J'ai peu aimé La ballade de l'impossible mais je vais me laisser tenter par Kafka sur le rivage.
|
Tillow J'aime les tierces picardes. |
--------------- Stabatmaterophile - Witches, Bitches and Britches. |
bouing_bouing |
--------------- The better you look, the more you see. |
true-wiwi |
--------------- It's a simple mistake to make, to create love and to fall. |
m'enfin meuuuunnoon Boaaaaafffffh |
|
parappa taliblanc | Tout à fait mon style, merci. --------------- DU LINO DE BATARD IMITATION CARREAUX DE CIMENTS ILLEGITIMES§§§ |
Publicité | Posté le ![]() ![]() |






