Rucsoid a écrit :
Interessé par l'orga. et la conduite du changement.
Selectionnable avec une formation universitaire orientée organisation industrielle ?
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Oui. Il faut arrêter de penser que le conseil c'est comme entrer à Harvard. Ce métier s'est démocratisé, attire beaucoup de gens c'est vrai, mais il y a beaucoup de cabinets qui s'ouvrent -souvent des associés ou de sénior managers de gros cabinets qui plafonnaient dans leur cabinet- . Ne vous méprenez pas non plus, c'est pas "facile" d'y entrer, c'est jouable pour peu qu'on soit bac+5 sur des sujets de type technique ou "commerce".
Désolé, mais un bac+5 histoire de l'art ça ne servira à rien. A moins d'être fils de ministre et de ramener des missions dans le ministère de papa/maman.
Sachez que le niveau de concurrence est très variable en fonction des régions et des villes. Donc, votre premier réflexe (je parle aux jeunes) c'est d'envisager un départ de votre ville pour aller dans un endroit où la concurrence est moins forte. Aller postuler à Paris dans un cabinet en sortant de l'université c'est aimer perdre son temps. Aller à Nantes, Rennes ou à Bordeaux augmente les chances.
Ensuite, n'oubliez pas que dans le conseil il y a un énorme turnover. C'est dans l'ADN de ce métier. Donc il y a toujours des places à pouvoir. Simplement, en été quand on recrute des JD il y a plein de concurrence, en fin d'année (septembre pour ceux qui vont attaquer en janvier). Donc évitez autant que faire se peut ces périodes si vous avez un profil atypique.
Allez sur les salons rencontrer directement les Managers & RH des cabinets qui font le déplacement. Et profitez-en pour vous "vendre".
Visez les gros cabinets généralistes, ils ont besoin de plein de monde à chaque fois. Par conséquent, ils sont moins regardants que les petits cabinets qui recrutent 3 personnes par an et qui sont hyper spécialisés.
Rucsoid a écrit :
Je pense que ton portait au vitriol prend très bien le contre-pieds du discours ambiant et nous avons tous compris que tu avais entrepris de démystifier la fonction. Je suis moi-même qqn de 'négatif' - voire polemiste - ; excessivement lucide / clinique, ce qui me fait passer à tort pour un pessimiste alors que je me considère juste comme un analyste froid.
Je te pose la question parce que ton discours me semble assis sur une assez longue expérience :
Avec une excellente formation universitaire suivie par un parcours accidenté (en réalité j'ai fait face à de hautes responsabilité hyper-jeune, environnements où le niveau intellectuel était mais alors très éloigné de mes espérances, missions à très hautes charges de travail etc ) et très diversifié - en restant dans le haut niveau - est-ce que j'ai une chance d'être sélectionné dans un cabinet pr faire de l'orga. / conduite du changement ... avec ce type de diplomes / xp / discours ?
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Ma réponse avec plusieurs mois de retard est oui. Mais il faut mettre en place une stratégie comme celle décrite plus haut.
Mon retour plusieurs années après avoir quitté le conseil et pris du recul.
Ce que j'ai aimé dans ce milieu :
- On est très tôt sensibilisé à l'aspect "politique" du travail en entreprise
- On apprend des méthodes de travail qui permettent d'avoir toujours quelque chose à quoi se racrocher
- On apprend à communiquer devant des interlocuteurs exigeants
- On apprend à travailler sous pression
- On apprend à s'adapter en permance
- On apprend le sens du service
- On apprend à faire des slides et à passer des messages
Ce que je n'ai pas aimé dans ce milieu
- Vous êtes de la chair à canon. C'est avance et ferme ta gueule !
- Le management est rarement à l'écoute : Il sait tout
- On est dans le milieu de l'entre soi : Les gens viennent des mêmes écoles et pensent presque tous pareil
- La politique prend le pas sur les résultats. Plus vous êtes bons en politique, mieux vous serez noté et augmenté
- Il faut avoir une flexibilité qui frise l'esclavage parfois (Nocturnes, travail le weekend, déplacements imprévus qui impactent votre vie familiale)
- Quelqu'un d'autre a la main sur votre développement, vous n'avez aucun pouvoir là dessus
- Vous êtes la dernière personne à qui on demande son avis quand on veut créer une équipe à staffer sur un projet. Comment dans ces conditions créer un parcours de carrière qui vous plait ?
- Le client met rarement en pratique ce que vous recommandez. Après avoir travaillé de longues heures des jours durant, c'est assez agaçant.
- Quelqu'un d'autre s'attribue vos mérites quand il y a un succès. Ca aussi c'est très frustrant
Aujourd'hui je suis passé de l'autre côté. Si on m'avait dit ça 8 ans avant que je siégerai au Codir d'une région (100+ M€ de CA) pour une multinationale avec une équipe de plusieurs personnes dont 80% on 8-10 ans de plus que moi, j'aurai ri au nez de la personne. Et pourtant je l'ai fait, sans avoir besoin d'un MBA pour y arriver. Comment ?
J'ai toujours su ce que je voulais faire comme job. Ça m'a permis dans les cabinets où je suis passé de choisir mes missions. Comme je faisais de l'excellent travail et que les clients m'adoraient, mes différents cabinets m'ont toujours positionné où je voulais. Et à chaque fois qu'ils ne l'ont pas fait, je suis parti. J'ai pris des risques, parfois mesurés, parfois énormes. Comme cette fois où à 25 ans j'ai dit au PDG de mon cabinet que s'il ne me dé-staffait pas d'une mission j'allais claquer ma démission dans la journée. Ou encore à ce Partner quand j'ai démissionné et qui m'avait dit qu'il me ferait beaucoup de mal dans le milieu à qui j'avais répondu que j'allais boire des bières avec son client principal (ce qui était vrai et il le savait car je lui remontais souvent des infos obtenues en "off" ) et que s'il faisait quoi que ce soit, je le démolirai aussi. On avait ce jour là signé un pacte de non agression.
J'ai été très déçu du comportement des gens. Ce côté ta gueule, on a le pouvoir on va te briser m'a toujours insupporté (après j'ai toujours été un rebelle). Voir avancer plus vite que soi des gens qui sont nuls en missions mais forts en flûte c'est très frustrant. Quand vous voulez des formations sur le fond vous devez batailler comme des tarés pour les avoir. Mais les formations bullshits pour apprendre à jouer de la flûte vous en aurez. Exemple, mon cabinet n'a jamais voulu financer ma certification LSS. J'ai fait un emprunt bancaire de 10 K€ pour le financer moi. Une fois certifié, quand ils approchaient les clients ils disaient au client "ne vous inquiétez pas on va mettre un black belt sur le coup". Et quand j'avais demandé une augmentation ils m'avaient dit , "on ne t'a jamais demandé de te certifier. Maintenant que c'est fait on en profite", j'avais démissionné la semaine d'après. Je vous raconte ça sans amertume, pour vous dire qu'on vous jouera beaucoup de flûte pour vous attirer, mais qu'une fois embauché, vous devrez lutter seuls pour avancer. Rien ne sera fait pour vous aider.
Mes conseils : Sachez vous ré-inventer. C'est à dire que vous devez suivre l'évolution de votre profession / practice. Qu'est ce qui fait fureur sur le marché ? Formez-vous à ça et surtout mettez-le en pratique. Faites plus que vos projets. Vous êtes bons sur quelque chose ? Créez une formation pour vos collègues. Rapportez à votre cabinet des informations obtenues en "off" chez le client (pas qui couche avec qui hein ? des trucs sur le business. Qui va être nommé où ? Qui s'en va , et qui le remplace ? Etc ... ), faites du développement commercial en accompagnant les managers qui le font. Ne restez pas 100% du temps chez le client. Repassez de temps en temps dans votre cabinet pour serrer les mains des gens qui comptent. La règle dans ce milieu c'est loin des yeux, loin du coeur. Bichonnez vos clients, si vous savez installer une relation d'affaire et même personnelle (j'ai pas dit de coucher avec ), en allant déjeuner, boire des coups , etc ... Avec eux, alors vous durerez dans ce milieu et serez apprécié de votre cabinet. N'hésitez pas à vous payer des formations certifiantes avec votre argent, l'impact est immédiat sur votre carrière.
Quand ma boite actuelle ou un des deux B des MBB m'ont approché (je n'aurai jamais eu l'idée de postuler chez eux), c'est parce que j'avais une expérience et une expertise collant parfaitement aux besoins actuels de mon milieu.
En conclusion, ne laissez jamais personne vous dire que ce que vous êtes c'est l'école que vous avez fait. Le chemin qui passe par le mérite existe aussi. Et ça, ça ne dépend que de vous.
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Only eyes washed by tears can see clearly